La Vie rémoise 1860

1860

Année des traités de commerce, du triomphe de la théorie du libre-échange, seuil d’une période de prospérité industrielle sans exemple jusqu’alors, et dont Reims, ses négociants, ses fabricants et la fourmilière de ses artisans d’usines retireront des profits remarquables.

En cinq années, la production du tissu de laine en tous genres s’élèvera de 60 à 100 millions : ce chiffre est impressionnant.

Après un affaiblissement passager occasionné par la guerre de 1870-71, le mouvement reprend son ascension ; il progressera indéfiniment jusqu’à la fâcheuse grève de 1880, provoquée et soudoyée par des intérêts rivaux. De cette époque date la décadence relative de l’industrie textile dans notre ville, et après 20 ans, à l’aurore du XXe siècle, la dépression s’accuse de 59 % pour les importations, 40 % pour les exportations. La grève est un outil à deux tranchants qu’on ne saurait manier trop prudemment !

Les mercuriales d’alimentation ont peu varié, d’une Saint-Sylvestre à l’autre. Le pain reste toute l’année à 0,20 la livre, au maximum. Le chocolat s’inscrit, de l’inférieur au supérieur, entre 1,10 et 2,70 le kilo. Le tabac, dont le prix était stationnaire depuis 1816 à 8 francs le kilo atteint le prix de 10 francs. Le poids des lettres, pour une taxe de 0.20, est fixé à 7 gr ½. Chez Labassée, rue du Jard, 110, on vend le bois de chauffage, en rondins de charme, bouleau ou hêtre, à 13 francs le stère.

Sous la municipalité Werlé, on pousse les travaux de voirie et d’embellissement de la ville. Le Grand-Jard va disparaître peu à peu. Ses vastes terrains marécageux s’étendaient encore à cette époque entre les rues du Jard et de Vesle, avec au sud pour limite le Port du Canal, et au nord, les maisons de la rue des Capucins jusqu’à rue Hincmar, et jusqu’au Jard, des rues Brûlée et Marlot. Son histoire parcourt un périple de sept siècles.

À l’ouest et au pied des remparts de l’ancien Durocortorum, cité gallo-romaine devenue le Rheims du Moyen-âge, s’étendait un vaste terrain inhabité qu’inondaient les multiples bras de la Vesle. Ce cours d’eau, de nos jours si paisible et docile, allongé mollement entre son allée de tilleuls et ses jardins maraîchers, avait répugné, jusqu’au XIVe siècle, à frayer un lit bourgeoisement bordé pour ses ondes limpides et murmurantes. Vagabonde à l’excès, cette fille de Gaule aimait la liberté et se montrait rebelle à toute entrave elle entremêlait çà et là, sans souci d’aucune esthétique ni d’aucune utilité, ses lacets fantaisistes. Les filets argentés de ses veines découpaient en casiers irréguliers ces marécages boueux, sortes de polders champenois, occupant tout l’espace circonscrit, du côté oriental, par la ville des archevêques, et à l’occident par la campagne rémoise, avec ses moulins proches.

C’est en 1360, sous Jean II dit le Bon, que ce sol saturé d’eau fut asséché en majeure partie pour la construction d’un nouveau rempart, et la débordante Vesle fut rejetée, sans rémission, dans le lit des fossés de cette circumvallation. La terre et l’eau aidèrent à faire front dès lors contre les envahisseurs venant de l’Occident.

À la fin du XIIe siècle, ce terroir appartenait aux archevêques de Reims.

L’ancienne cité gallo-romaine, la défunte Athènes des Gaules, qu’avaient ravagée et détruite les Vandales au Ve siècle, affectait à cette époque la forme d’un losange dont les côtés seraient limités de nos jours, par les rues de Contrai, Bourg-Saint-Denis (ou Chanzy), Talleyrand, Tirelire, – cette façade n’étant protégée par aucune muraille, puis par le boulevard Lundy, l’Esplanade Cérès, la rue Ponsardin, et la rue des Murs.

Un rempart désuet et inefficace protégeait de ce côté la cité. Autour de ce losange, des champs, des bois, et la rivière.

Vers l’an 1200, Guy Paré, l’archevêque, ayant donné aux échevins le terrain marécageux situé entre le bourg de Vesle et le Ban de Saint-Remi, jusqu’à la rue du Moulin, pour favoriser l’établissement d’une corporation de jardiniers, à l’exclusion de tout autre groupe d’artisans, le Grand-Jard vint au monde.

Il vécut jusqu’en 1853, – une durée de 650 ans. C’est un bel âge ! Depuis longtemps déjà, sa vieille face, corrodée, rongée par l’ulcère bâtisseur, s’était recroquevillée, ridée comme une pomme des Rameaux.

De partout, – tentacules d’un poulpe immense –, des rues allaient cheminer lentement sur son sol légumineux, y traçant leurs sillons dévorants, que borderaient des maisons ou des échoppes de boutiquiers. Il y faudrait des âges, évidemment ! Mais, sans tarder, le Bourg-de-Vesle prenait ses aises, élargissait le coude, écartait les doigts d’une main rapace, à l’index de laquelle on vit bientôt briller un joyau gothique qui fut la chapelle des Carmélites, à l’ombre de l’abbaye Saint-Denis.

Le ban de Saint-Remi, depuis longtemps, avait installé sur ses confins la mairie de Venise. Puis, le Jard-de-la-Poterne poussa hardiment sa pointe vers la Fleur-de-Lys.

Des maisons de craie y remplacèrent les huttes en planches des maraîchers, – premiers colons de cette terre nourricière, où ils œuvraient avec leurs bêches et leurs rateaux. En long, en large, des sillons neufs se tracèrent ; une nouvelle ville accolait ses maisons aux flancs de la face grimaçante du Grand-Jard.

À son tour, le couvent des Capucins s’implanta dans ces marais. Puis, des années passèrent, et le cancer parut être enrayé.

Les jardiniers avaient crié : holà ! et défendu leur sol sacré.

Les pierres meulières et les croyons avaient menacé de prendre leur place au soleil aux carottes, aux navets, aux choux et aux salades. Il apparut dès lors qu’un arrêt de l’invasion était urgent.

Les rues commencées s’achevèrent, se peuplèrent, et un monde mêlé de commerçants, d’usiniers, de commis et d’artisans de tous ordres, s’y coudoya, dans la fraternité d’intérêts et de coutumes, avec les disciples de Saint-Fiacre.

Et pendant des siècles encore, le Grand-Jard vécut. Puis, la Révolution vint tout remettre en question. À coup d’assignats, le chargé d’affaires d’un consortium de gens avisés qui savaient bien que le désordre et l’anarchie dans un pays comme la France sont fruits de saison hivernale et que le printemps a son tour, un notaire prit possession de ce moribond.

Grand-Jard allait mourir. Le jardinier Riquet, de la rue des Capucins, fut l’homme de paille chargé de réaliser en espèces sonnantes les tronçons du cadavre.

C’en était fait désormais de ce lieudit, qui perdit à la fois son aspect et son nom.

Tout renaît sous le soleil, et avec des formes variées. Ainsi que Rocambole, Grand-Jard n’est mort : il apparaît de nos jours comme l’une des sections les plus vivantes et pittoresques du premier canton de Reims.

Après le cataclysme, au cri : Debout les morts ! il s’est relevé, plus vivace, plus ardent à la vie que jamais !...

La Ville s’adjuge, pour le prolongement de la rue Marlot, - cette portion appelée rue des Treize-Maisons, s’ouvrant sur rue Brûlée, – la petite maison de la veuve Clément-Pingard, une cour et un jardin à Courtin-Canelle, un hangar, avec cour et jardin à Dessain-Courtin, et un jardin appartenant au filateur Lachapelle. Ce prolongement prendra le nom du feu général d’artillerie Boulard.

Pour le prolongement de la rue des Capucins, à partir de la rue Boulard jusqu’à la rue de Venise, des terrains de la section du Jard à J.-B. Barbier et Lachapelle et un terrain à Legros-Herbé, et sur la section de Venise, une maison à Mme Vve Allard-Schmitt, jardin et maison à J.-B. Lecomte, et les immeubles vétustes de Ad. Riquet et Victor-Etienne Charbaut.

On commence les travaux du square Colbert et ceux de l’égout de Contrai. Pour l’agrandissement de l’hôpital Saint-Marcoul, on fait l’acquisition à la famille Lundy de l’immeuble n° 90 du Bourg-Saint-Denis.

La nouvelle Gare est terminée ; seul le quai des voyageurs est recouvert, les trains de wagons restant à ciel ouvert.

On ouvre une Bourse de Commerce provisoire dans le local de l’Octroi, à l’Esplanade-Cérès. On livre à la circulation les deux sections de la rue d’Amour, entre Hincmar et Libergier, et entre les rues Large et de Thillois.

Les premières maisons de la rue des Capucins, entre la nouvelle rue Boulard et la rue du Jard, sont dues aux travaux des entrepreneurs Ballet, Queutelot, Aug. Petit et le maçon Desson.

Les enfants du quartier se livraient alors à des exercices imprudents sur les solives des planchers de ces nouveaux immeubles, à la grande inquiétude de leurs parents, et ils s’y crottaient les souliers, s’usaient les fonds de culottes, en tripottant à même dans la grève et le mortia.

Ceux de 1922 en font autant, dans l’immense chantier de constructions que devient notre Reims, après sa destruction presque totale par le canon boche ! Comme leurs ancêtres de 1860 à 1870, ils en conserveront un vif souvenir et garderont éternellement au cœur l’amour de la petite patrie nouvelle que des armées d’artisans s’acharnent à leur bâtir.

L’installation du peignage Isaac Holden, aux terrains des Coutures, allait donner un essor formidable au travail des laines brutes.

Quatre établissements seulement peignaient la laine à Reims : Pradine & Cie, – Croutelle, Rogelet, Gand, Grandjean & Ibry, rue Brûlée, – Lachapelle, aux Capucins, – Benoist-Malot et A. Walbaum, au Petit-Saint-Pierre, – qui adoptent la peigneuse Meunier, de Fourmies.

Les peigneurs à la main avaient alimenté nos usines jusqu’au milieu du XIXe siècle. Les premiers essais à la mécanique s’opérèrent en 1847, chez Pradine & Cie, qui apportèrent des modifications pratiques à la peigneuse Collier, remplacée depuis par la Schlumberger.

Les mutations de firmes sont peu importantes. Dans une ville industrielle qui comptait, au milieu du dernier siècle, 12 apprêteurs, 20 filateurs en laine cardée, ou en gras, une dizaine en laine peignée, ou en maigre, 50 négociants en laines, 10 marchands de blousses et déchets, autrement dénommés bastôdiers, 40 fabricants et négociants en laines peignées, 5 batteurs et 5 laveurs de laines, 3 couverturiers, 130 fabricants de tissus et 20 facteurs-commissionnaires, quatre ou cinq faillites n’ont aucune répercussion sur les opérations du groupe textile, servent tout au plus à faire ressortir la sanité du corps industriel et commercial.

Ces faillis sont des fabricotiaux, – de ces gaillards au teint fleuri et au ventre bedonnant qui sont plus souvent au cabaret qu’au comptoir ou à l’atelier. La faute en est à nos affriolants vins de pays, qui rougissent les trognes et mettent la gaieté au cœur et leur pointe d’esprit dans les méninges.

Les occasions de pécher sont fréquentes entre collègues ou clients de passage. Souvent on bâcle une vente au café. Les cabaretiers ne manquent pas en notre ville, à cette époque ; ils sont au nombre de 200. Cinquante ans plus tard, leur descendance avait atteint le chiffre de 1.200. Et, malgré cinq ans de guerre et de détresse, dans nos ruines à peine cadastrées, le syndicat de ces notables concitoyens enregistre un millier d’adhérents.

Ah ! ce n’est pas dans nos pays que l’on mourra de soif, même en année de sécheresse !

La profession d’ailleurs est agrèable, sans grands risques ni fatigue et mène son homme rapidement et gentiment à une confortable aisance ou... à la maladie de foie. Tout dépend de la façon de s’y prendre.

La seule liquidation vraiment onéreuse est celle de l’hurluberlu qu’on nomme Stanislas Vigoureux, qui s’essaie à tout, veut tout faire, tout étreindre, se vante et parlotte, boit et cafiotte, toujours en mouvement, sans souci de la balance des profits et pertes, et aboutit finalement à la culbute : faillite ou banqueroute. Il échappe à la prison, et les créanciers s’efforcent d’enrayer la déroute de leurs intérêts : on lui accorde un concordat. Désormais, le peignage, la filature, cardé et peigné, et le tissage mécanique de la rue de Contrai, 20, fonctionneront sous la raison sociale : Liquidation Vigoureux.

Quelques dissolutions de sociétés sont à signaler, notamment : Jules Millard & Traën, marchands de laines, rue du Levant, 9, et J.-B. Nyssen & L.-F. Moxe, fabricants, rue du Cloître, 5. On retrouvera Nyssen, plus tard, rue du Cloître, dans l’immeuble où l’éclaireur de l’Est s’imprimait en 1914.

Prat & Ridel, teinturiers, rue Marlot, 17, s’adjoignent leur contremaître Carnot.

L’exploitation des apprêts est désastreuse, et entraîne la déconfiture de la firme Nocton, Houpin, Roland & Nolin, puis J.-B. Drouet, rue du Jard, 13, auquel succéda Ch. Boutarel. Expropriés par la Ville, les bâtiments de cette usine seront abattus plus tard pour l’agrandissement de l’école communale du Jard.

Eugène Payard et Émile Gournail, associés dans le commerce des laines, transfèrent leurs bureaux à la Maison Courtagnon, rue du Bourg-Saint-Denis, 71.

Il est établi à Sainte-Ménehould un marché aux laines indigènes, qui fonctionnera tous les jours, dès 7 heures du matin, du 1er mai au 1er septembre, sur la place du Marché-aux-Comestibles. Ces ventes publiques de laines brutes ou toisons en suint et lavées à dos du mouton furent de durée éphémère, soit par défaut d’organisation, soit par inutilité sociale et économique.

L’idée en fut reprise avec succès en 1891 par les courtiers en laines Ch. Loilier, Alb. Bouché et G. Bonjean. Sous Loilier et un comité d’administration, cette organisation fonctionnait encore, et normalement, en 1914, dans les bâtiments de l’ancienne usine Walbaum & Desmarest, rue du Levant.

Lorsque Reims aura vu s’élever à nouveau les cheminées de ses fabriques, entendra tourner les peigneuses et battre les métiers à tisser, il est fort probable que des spécialistes reprendront l’œuvre abandonnée avec tant de regrets.

En attendant, les éleveurs champenois de la région rémoise ont paré à la crise d’achat par la fondation d’une Association de producteurs de laines qui, en 1921, a envoyé ou amené à Reims 75.000 kilos de matière textile en suint, laquelle, manipulée et manufacturée à la Société des Déchets, rue du Jard, 25, a été vendue directement à la consommation de filature par les soins d’un négociant-commissionnaire, avec des résultats tellement satisfaisants, que l’Association va renouveler cette expérience en 1922, et sur une plus vaste échelle.

Par un curieux enchaînement d’idées et de faits, un Syndicat agricole châlonnais a imaginé d’appliquer aux céréales la méthode employée pour la laine. On a fait l’acquisition des droits à la reconstruction et des dommages de guerre d’un moulin qui, sous une direction honnête et compétente, va moudre suivant les procédés les plus modernes, le blé de la région, en vue de la vente de la farine aux Coopératives de consommation.

Le groupement s’est assuré la, livraison des blés de 25 adhérents, et d’avance les produits sont retenus par les Coopératives et des particuliers. On envisage d’ailleurs la création d’une boulangerie pour la vente du pain à la même clientèle et aux établissements publics.

Le chapitre des menus faits locaux est en 1860, d’une aridité désolante qui s’explique par la fièvre de travail et d’affaires qui s’est emparée de cette ruche animée qu’est, en temps de prospérité, une cité industrielle.

On n’a même pas le temps de donner suite à un projet de cavalcade historique, dont le sujet prêtait à des somptuosités étincelantes : l’esprit d’économie prévalut, sans doute au bénéfice des œuvres de bienfaisance. Louis XIV, à son retour de la Campagne des Flandres, en 1667, rebroussa chemin, faute de subsides et de figuration.

Dans des arts différents, on signale deux débuts et deux noms, dont la notoriété ne va pas tarder à s’imposer : Ernest Duval, le pianiste désarticulé, joue en soliste pour la première fois dans un concert de la Rémoise. Et Me Lantiome, avocat, fait retentir les échos de notre Palais de Justice de ses premiers rugissements léonins et de ses premiers miaulements félins.

L’esprit champenois s’infiltre à nouveau sous les lambris solennels où la misère humaine et la chicane bestiale se livrent à leurs excès, sous l’œil inquisiteur et morne d’une magistrature sévère et digne. La vedette Lantiome tiendra longtemps l’affiche, au régal des dilettantes de la rhétorique basochienne.Des curiosités puériles apparaissent à l’horizon du petit commerce, des nouveautés peu impressionnantes, mais qui aident à alimenter les controverses dans les réunions féminines du même peuple.

Un épicier de la rue des Deux-Anges, n° 1, Lecygne, informe les badaudes interloquées qu’il possède, lui seul à Reims, une machine à scier le sucre, et qu’il vendra ce sucre en paquets de 80 ou 140 morceaux au kilo. Le sucre de la raffinerie Say était en vogue alors, et nos pères s’en approvisionnaient par pains hauts et coniques pesant dix kilos, enveloppés d’un épais papier bleu, lesquels trônaient sur les rayonnages des cuisines ou des buffets de salles à manger.

Leblanc, mercier-rouennier aux Loges-Coquault, annonce la mise en vente de chaussures inusables et imperméables. Ou Leblanc était un vulgaire bluffeur ou nos tanneurs d’alors de fichues bêtes. Et nous aussi, de ce siècle, car nos souliers s’usent et prennent trop souvent l’eau. Décadence ou indifférence ?

La Société Philharmonique renouvelle sa confiance aux membres de son bureau : le président, docteur Du Val, – jadis Duval –, et les administrateurs Sibire, Pérard, docteur J.-B. Desprez, distingués gratteurs de boyaux de chats.

La Société avait été fondée en 1832, et le choléra consentit à la ménager. Les exécutants-artistes furent payés au cachet, par répétitions et concerts. Le succès était dès lors assuré. Mais, en 1851, un vent d’économie souffle à travers les méninges de ses administrateurs : on supprime tout cachet, et c’est la décadence, la disparition, l’évanouissement.

En 1858, réorganisation avec cachets. On assemble chœurs et orchestre, au nombre de cent exécutants. Le trésorier Bailly voit fondre en ses mains amollies et découragées les fonds des souscripteurs. Le secrétaire Meurger, éditeur et marchand de musique et d’instruments, violoncelliste remarquable, aux longs cheveux blonds et bouclés et à la maigreur d’ascète, est d’une activité sans pareille. Son rival et maître Nathan, fils de l’antiquaire de la rue de Talleyrand, 7, prête son concours aux concerts de la Société.

Nos oreilles, à ce nom de Nathan, résonnent encore de la mélopée traînarde qu’envoyaient à l’horizon les cloches de Notre-Dame, sonnant à la Romaine, précisément à l’heure où le vieux père Nathan, devenu, à raison de sa profession et de son nez busqué, l’objet d’une malicieuse raillerie des gosses rémois, fut mené, par le chemin de la Synagogue, à sa dernière demeure :

Va-t-en,

Nathan

La terre t’attend !

Les concerts de la Philharmonique se donnaient soit au Théâtre de la rue de Talleyrand, soit dans les belles Salles de la rue Large, 38, chez Besnard-Malinet, et du Prado, place Drouet-d’Erlon, 70, – cette dernière sous Caillet et Béra.

La Musique avait suffisamment de temples à Reims, même la musiquette. Cet art-mineur soulevait les tutus des danseuses en de nombreux établissements voués à Terpsichore : Au Salon du Vaux-Hall, rue des Telliers, 15, sur l’emplacement même où les presses de la Dépêche du Nord-Est gémissent en l’honneur de ces modestes éphémérides locales ; – au Salon de Flore, rue de Normandie, chez Vignot, futur propriétaire du Café Saint-Denis.

Pour l’été, les couples faunesques s’enlaçaient au Jardin Besnard, boulevard du Temple, à l’angle de la rue actuelle de ce nom, à la Courtille, tenue par Dudin, faubourg de Paris, 30 ; au Jardin Vignot, à Sainte-Anne ; à l’Hermitage, chez Husson, faubourg de Paris, 48, et à la Chaumière, où trônait Danzoy, rue Coquebert.

En vérité, la Philharmonique n’était point l’hôtesse de ces bas-lieux de plaisir, car elle n’appelait à elle qu’une élite d’auditeurs recrutée surtout dans le monde de la bourgeoisie et du commerce. Elle possédait à cette époque des musiciens-amateurs remarquables, et parmi les violonistes, ce Sibire dont le nom et la réputation ont traversé les années sans tomber dans l’oubli.

Le teinturier-apprêteur Sibire était né à Reims en 1807. Elève de Bigot, ce fameux violoniste désigné par Chérubini pour être chef de pupitre à sa Messe du Sacre pour Charles X, il reçut ensuite des leçons d’Alard, et fit partie de ses quatuors, avec Vieuxtemps, Sivori, Franchomme, Casimir Ney, Julien Blanc. Il fut un des piliers fondamentaux de notre intermittente Philharmonique, sous Étienne Robert, son chef, et avec Maquart, Varlet, Goulet-Collet, Desprez, – cet excellent violoncelliste –, Belly, Chambon, Mülbach, professeur d’allemand au Lycée, et plus tard, Abel Maurice, N. Farre et Labitte.

Il mourait en 1883, le 11 mars, mais cette mort donna en quelque sorte le signal de la renaissance pour sa société qui, depuis la guerre de 1870-71, n’avait pour ainsi dire point donné signe de vie.

Et puisque nous évoquons tant de souvenirs lointains au sujet de cette Société de musique, pourquoi ne fixerions-nous pas ici, pour tous ceux qu’intéressaient et qu’intéresseront dans l’avenir les destinées de l’art musical à Reims, nos souvenirs personnels d’une époque rapprochée où, Sibire mort, et sa Philharmonique aussi, celle-ci allait renaître de ses cendres ?

En 1883, Wiernsberger père rassemble en noyau quelques musiciens dans les salons de M. Émile Mennesson, luthier, rue des Tapissiers. Il y a là Payard-Poterlot, Jacquemart-Ponsin, Charles et Victor Marteau, Meurger, Nérot, Bailly, Alexis Baudet, Navelot, le bijoutier et violoniste Bailly, cet autre Bailly, le tremblant et bégayant altiste dit le père Bailly, – Ernest Chauvry et son Pylade de pupitre, Eug. Dupont, le jeune frisé Blaise, dit Destable, violoncelliste encore en classes chez Abel Lajoie, celui-ci même, avec Benjamin David, Legendre, Georges Appert, et Wiernsberger fils, altiste et pianiste, puis chef des chœurs.

Une particularité du nouveau chef, Alsacien de naissance et féru de discipline technique, consistait à exiger de ses violonistes qu’ils tirassent et poussassent (grands dieux, quels barbarismes méridionaux !) l’archet à l’unisson. Notre défectueuse et libertaire éducation musicale se montrait rebelle à de tels assouplissements, d’un effet d’optique si remarquable dans les véritables orchestres des Pasdeloup, Colonne, Lamoureux et Chevillard. Celui d’entre nous qui ronchonnait le plus contre cette méthode d’exécution était notre doyen Payard, indiscipliné Gaulois s’il en fût.

L’essai de rénovation fut de courte durée : nous n’avions pas à notre tête la bonne humeur, le sourire et l’entrain qu’il aurait fallu !

Les répétitions prirent fin avant que rien de sérieux se fût élaboré. On avait mieux en tête ; on rêvait positivement d’une réelle résurrection de la Philharmonique, mais sous un chef connu et sociable à discrétion.

Les chœurs mixtes faisaient partie du projet. Ernest Lefèvre et Wiernsberger fils acceptèrent de se mettre à la tête du mouvement, assurés d’être suivis.

Wiernsberger père, d’abord placé à la tête des chœurs, céda la place à son fils. toutefois, les gestes et le ton caporalistes du père et du fils refroidissaient le zèle d’un grand nombre d’adhérents, surtout parmi les dames.

Dans une société recrutée parmi les amateurs, il faut aux chefs une patience angélique, une souplesse de félin, un tact, une abnégation, un dévouement hors pair. Ces deux excellents artistes possédaient certes, mais peut-être à dose insuffisante, toutes ces qualités foncières et qui dérivent de la nature et de la race.

Des altercations, de vives frictions se firent sentir entre eux et les messieurs et dames des chœurs. Par amour de la musique, par goût pour ces réunions amicales, par sympathie envers Ernest Lefèvre, lui, était d’un caractère souple et enjoué : il connaissait le fort et le faible de ces sortes d’associations d’amours-propres et d’individualités exigeantes et susceptibles, et il aurait fermé l’oreille à tous bruits discordants plutôt que de briser cet instrument merveilleux qu’est un orchestre dans les mains d’un compositeur de musique. Il était de ces pèlerins que l’idée mène à l’étoile contre tous les obstacles et résistances. Après, et disons au-dessous de Gustave Bazin, il a présenté le type-né des chefs d’orchestre d’amateurs renforcés de professionnels.

La suprématie de Bazin consista à faire de rien quelque chose, ou avec peu de ressources et de matières brutes, un composé brillant et acceptable aux oreilles difficiles de l’auditoire rémois. Bazin fut un véritable entraîneur d’archets et de poumons : il eût mené ses musiciens sur les routes les plus fleuries de dièzes et autres accidents à la clé des partitions les plus terrifiantes !

Quelle puissance de séduction et d’attirance ! un peu... sonore du verbe, un peu bluffeur, quelque peu carottier et lent en ses règlements de cachets, grand prometteur de rôties beurrées... oui ! mais, l’aimable homme ! et quelle noble et épique façon de tapoter l’épaule d’un récalcitrant, à qui on ne la fait pas ! et de le faire marcher !

Maints cachets de répétitions ou concerts, ou bals publics, traînèrent la savate dans ses tiroirs sans oser se montrer à l’avidité de ses professionnels qui auraient, en réalité, vendu leur dernière chemise à son profit, et aux plus osés et besogneux insistants, il savait faire entrevoir la lueur réconfortante de l’aurore de la semaine des quatre jeudis, où les rentrées de fonds le mettraient à même de satisfaire à ses engagements.

Cher et sympathique artiste ! tu mourus de l’affreux cancer des fumeurs, victime de tes senatores ou de tes députados et autres aromatiques havanes ! Sait-on ? saura-t-on jamais si tu pus auparavant apurer tes comptes et régler ton passif de promesses dorées ? Dors en paix ! la déesse Euterpe et ses disciples t’ont donné quitus à jamais !

En cinq secs, Bazin encadrait et exhaussait une œuvre musicale à un niveau d’exécution supportable. Négligence des détails, mais l’ensemble, le rythme, les crescendo, les forte et les piano, tout ce bruit s’enlevait, s’accrochait, se suspendait à la pointe de son bâton, comme les pièces de cent sous à la baguette du prestidigitateur.

Aux Pompiers, il fut Imperator. Les auditeurs suivaient de l’œil son prestigieux bâton, sûrs de sa maîtrise comme lui-même était sûr de ses exécutants.

Au moyen d'une poignée de mazettes secondées par une dizaine de bons solistes, il enlevait ce qu’il voulait au bout de son bras droit, ouvertures et fantaisies d’opéras, variétés pour instruments divers, polkas ou pas redoublés, valses ou mazurkas, symphonies telles que la Réformation de Mendelssohn, à vous faire pâmer, – et le tout avec une allure de marchand de crayons à la Mangin ! Ceux qui l’ont vu à l’œuvre ne l’oublieront jamais.

Avec Ernest Lefèvre, on revient à l’art raffiné : ce fut plus goûté, plus digne, plus sérieux... à peine mieux exécuté, – car nos cœurs n’étaient pas empoignés comme par ce magicien.

La période Ernest Lefèvre restera dans l’histoire musicale de Reims comme l’une des plus remarquables du siècle passé ce serait tout un chapitre flamboyant à écrire et des soirées triomphales à évoquer. Tous ceux de 1883 étaient présents, moins les défunts, qui tenaient ailleurs leur emploi à l’orchestre des élus ! et avec ces seniors, des juniors pleins de vaillance et aussi de présomption.

La majeure partie de nos concerts se donnait sur les planches du Grand-Théâtre. Curieux spectacle pour les regards ironiques et enflammés de la rotonde, – comble du parterre au paradis –, que l’agitation et le trémoussement de cette phalange de musiciens plus ou moins assurés de leur propre talent !

Nos têtes et nos gestes à tous prêtaient à la malignité d’un public discrètement gouailleur, surtout des non-payants, toujours trop nombreux pour la caisse de la Philharmonique.

Bah ! Mme Pommery était là, vivante encore pour notre bonheur à tous... et elle bouchait nos excavations !

Ceux d’entre nous dont le succès fut longtemps assuré furent le maître-premier-violon Forest, tout en nerfs, dodelinant de la tête et des épaules, soulevant et abaissant alternativement le manche de son instrument aux passages violemment rythmés, se remuant, se trémoussant sur son tabouret au siège de paille, comme le diable, paraît-il, le fait quand il tombe dans un bénitier ; puis voici papa Bailly, ex-comptable, aux lèvres lippues, aux yeux clignotants, toujours colophanant son archet aux traits difficiles, et en poursuite continuelle d'une mesure échappée !... et Nérot, à la tête d’artiste par sa chevelure blanche et ondulée admirable, sa barbiche en pointe et ses yeux si malins ! d’autres enfin, cocasses entre tous, qu’on voyait des nues, penchés, courbés sur la partition, attendant un secourable point d’orgue qui leur permettrait de rejoindre l’escadron tempétueux des violons, violoncelles, altos, contrebasses, cors et bassons, flûtes et clarinettes, tambours et cymbales, parfois emportés comme Pégase sur des nuages plus ou moins harmonieux, toujours redoutables et prêts à crever !

Ah ! ces bandes lyriques, assemblées au hasard de la fourchette pour faire nombre et meubler une estrade tenturée et électrifiée ! Dire qu’elles confrontaient, ces masses aventureuses et somnambulesques, sans honte ni hésitation, du Schumann, du Beethoven, du Mendelssohn, du Wagner, tout le tremblement de ces vénérables et super-boches qui nous consolent de leurs frères, et aussi notre Berlioz.

En ces dernières heures, peu de temps avant l’éclipse normale, et à la veille du cataclysme, la Philharmonique, sous Charles Stenger, eut son Waterloo, après l’Austerlitz de son nouvel Imperator, – une fois Ernest Lefèvre retiré dans ses limbes de Pouillon. N’avait-elle pas eu l’audace d’entreprendre la Rédemption de César Franck, – avec Louise Grandjean pour soliste ! C’était folie de Lucifer que l’Archange humilia justement.

Mais elle en mourut... et depuis, Ch. Stenger fut infirmier de nos armées, et nous tous filâmes, l’oreille basse, en exil.

Et revenus au sein de la petite patrie, nous rêvons d’une résurrection !

Les hommes sont incorrigibles, et les Vésuves ne sont pas éteints !...

On enregistre en 1860, les décès de quelques personnalités importantes de l’époque.

Dans le monde du papier imprimé, c’est Charles Béranger, rédacteur à Paris du journal La Patrie. Ex-ouvrier horloger, issu de la primaire, il s’était essayé dans la typographie et le journalisme. Il avait fondé à Reims, en 1835, l’Industriel de la Champagne, où, après les événements de 1848, et son arrestation pour délit d’opinion, il fut remplacé par Ch. Martin. Sous ce nouveau rédacteur, le journal prit le nom de Courrier de la Champagne.

Actuellement, c’est le Télégramme du Nord-Est. Béranger était un esprit fin, un causeur agréable, un écrivain limpide et concis.

En même temps que lui disparaît l’imprimeur-lithographe de la place d’Erlon, Boudié, associé de Camuzet.

Dans les tissus, Senart-Colombier se laisse emporter par la Camarde, mais sa veuve relève le sceptre et le maintiendra, dignement, longtemps encore.

Nicolas Henriot disparaît, mais reste auprès de nous, grâce à la dénomination d’une de nos rues.

Un nom très estimé apparaît au nécrologue : celui d’un Jacques Tortrat, entrepreneur de bâtiments, rue du Bourg-Saint-Denis, 98, décédé le 18 février 1860, à 78 ans. Ancien capitaine des sapeurs-pompiers, il fut conseiller municipal. L’Empire l’avait gratifié de la Légion d’honneur.

Il précède dans la tombe, de quelques mois, la veuve du filateur bien connu, Bertherand-Sutaine, des Longuaux.

Peu de mariages ont lieu dans les hautes sphères rémoises. Quelques figures non encore oubliées de nos jours fleuriront à notre palmarès de réjouissances nuptiales, – choisies parmi le menu peuple artisan et boutiquier.

Pierre Cocâtre, cordonnier dans le Jard et successeur du vieil Alvin, dit le père Alby, ou, encore, le père à la Minute. Alby réparait les chaussures à la minute et sur place. On ne trouve plus de ces spécialistes empressés de nos jours, ni aux prix de l’époque, où un ressemelage en règle et de bon cuir tanné coûtait 1 fr. 50 de belle monnaie blanche. Demandez au vieux (?) cordonnier Fusy, ce qu’il pense de ses ancêtres professionnels. Quelles poires ! s’écriera-t-il.

Cocâtre fut, en son temps, une victime pitoyable du mercantilisme le plus méridional qui ait jamais existé. Un marchand de pinard des quatre départements vinicoles lui avait livré un vin fabriqué avec de la fuchsine.

Le pauvre bouif faillit mourir, mais la justice, dit-on, intervint. Ce qu’il en fut pour l’empoisonneur patenté, on n’en sait plus rien, mais les gens du quartier eurent le spectacle rare d’une barrique de lait rouge que le commissaire de police fit vider dans le ruisseau. Certains nez concupiscents en pâlirent.

Il fallut à l’époque une répression énergique pour arrêter ces façons d’abreuver nos populations de l’Est. La Fuchsine avait remplacé le bois de Campêche, autorisé en ces temps, et le produit qu’on appelait à Reims le vin Lestaudin, du nom de son fabricant de la rue Hincmar. Singulière façon de remédier à la crise viticole du Midi !

Saluons le diplodocus Léopold Nocton et sa fiancée Elvire Badoureaux ! Le vieux Nocton a subi l’épreuve de la Grande-Guerre et montra souvent sa maigre carapace sur le boulevard du Temple, entre 1915 et 1918, aux temps brumeux où les Rémois en exil allaient faire ce qu’on appelait leur tour des Loges devant le restaurant Bonvalet, siège de la Société Amicale de la Marne. C’est là que se comptaient entre eux les échappés du bombardement et qu’on repérait les arrivants de Reims pour apprendre d’eux quelques bribes de la situation de notre ville sous les obus boches.

Un mariage dans la flanelle et le bolivar : Martin-Ragot.

Puis, ce type curieux, trieur de laines de profession usuelle, maître de natation d’occase, Abel Bonjean, ouvrier apprêteur en 1860, et qui épouse la fille de Pierre-Napoléon Guinot, originaire de Liry (Ardennes), et qui tenait un établissement de bains froids, sur la Vesle, à Fléchambault.

Bonjean reprit la succession de son beau-père, et plus tard, devint gérant-directeur de la Station des Bains-de-Rivière, installée à la moderne sur la Vesle, à hauteur du Château-d’Eau.

Le terroir des Bains-Guinot était la propriété de la famille Laviarde, dont le représentant le plus connu, Achille Laviarde, fut, en des temps d’opérette à outrance, roi d’Araucanie, à la mort d’Orélie-Antoine Ier. Royaume funambulesque et personnages bouffons, dont l’histoire a été esquissée à peine.

Bonjean fut l’un des janissaires du futur roi d’Araucanie, lorsque, simple sultan de Fléchambault, celui-ci terrorisait les Néreides aventurées dans le bassin Guinot, en apparaissant, en tenue de baigneur, au beau milieu du bain des dames.

En ces temps, Achille faisait de la politique en amateur. On le vit, en 1869, grand-électeur du candidat officiel Edouard Werlé, l’homme à la Maison de Retraite, contre le lénitif Jules Simon, l’homme aux petits jardins ouvriers, et, sur la fin de sa vie agitée, il apparaît, en 1873, aux côtés du Prince impérial, sur une photographie des fidèles tenants de l’Empire déchu, à Chislehurst.

Les coulisses de la politique voient souvent se glisser entre leurs portants de singuliers fantoches. Reims n’aura jamais l’historien de ses heures folles du siècle dernier ! Faut-il le regretter ?

L’une des filles d’Abel Bonjean, Irma, devint artiste-lyrique : elle était fort belle et douée d’un magnifique contre-alto. Sa beauté avait impressionné un tenant de la réaction bonapartiste à l’époque du 16 mai, celui-là même qui voulait des républicains, faire de la pâtée pour les chiens. Abel Bonjean en ressentit une douce fierté qui le mena, trop vite, malgré lui, au tombeau.

Et c’est sur cette gloire fuligineuse que nous baissons le rideau de la Revue de 1860.

À l’an suivant, d’autres compères et de non moins alléchantes commères, si possible !