Hôtel Werlé

Hôtel Werlé dit Rœderer

23, boulevard Lundy

(ex-15, boulevard du Temple)

Note : Ce texte a été publié, pour l'essentiel, en décembre 2000, dans le n° 8 de Regards sur notre Patrimoine, publication de la Société des Amis du Vieux Reims.

En survolant de manière superficielle le patrimoine rémois du XIXe siècle, nous vous proposons une nouvelle rubrique pour vous présenter quelques belles demeures rémoises qui ont, pour le moment, étaient épargnées par les promoteurs immobiliers.

C’est au cours d’une visite-promenade, organisée par la Société des Amis du Vieux Reims, en mai 1997, que nous avons parcouru le boulevard Lundy et que nous nous sommes attardés sur certains beaux hôtels particuliers, comme ceux des familles Godbert, Mignot, François, Ruinart de Brimont, pour finir en apothéose par l’hôtel Rœderer où nous avons été généreusement reçus par l’actuel propriétaire M. Jean-Claude Rouzaud.

Terminer notre visite par la plus prestigieuse demeure de l’aristocratique boulevard aura été un grand privilège. En effet, l’hôtel Rœderer présente la rare particularité d’être toujours occupé par une famille qui a su en maintenir la splendeur.

Quelques mots sur le boulevard du Temple, car tel était son nom avant qu’on ne le débaptise, malheureusement, au profit de Jean-Pierre Lundy (1809-1886), le généreux bienfaiteur des Hospices et du Musée des Beaux-Arts de Reims. Je dis malheureusement car je trouve toujours préjudiciable de débaptiser une rue tout en approuvant que l’on honore dignement la mémoire de notre illustre concitoyen. Rappelons que le boulevard du Temple fut créé à la suite de la démolition des anciens remparts. Il tirait son nom de l’ancienne commanderie des Templiers, qui se trouvait à proximité. Ce n’est que le fait du hasard si aujourd’hui on y trouve le Temple protestant.

Sous la municipalité d’Édouard Werlé, dès 1852, on traça de grands boulevards plantés d’arbres de la Porte Mars à la Porte Dieu-Lumière. Sur ces boulevards seront édifiés de riches hôtels particuliers, sous Napoléon III et jusqu’en 1914. La Grande Guerre épargnera. la plupart de ceux-ci. Hélas, on ne pourra en dire autant des municipalités successives qui délivreront les permis de démolir. C’est ainsi que l’hôtel Krug laissera place à cette énorme verrue, bien placée dans la courbe du boulevard, que l’on nommera pompeusement « Résidence de la Commanderie ». Plus récemment, le jardin de l’hôtel Hourblin vient d’être impitoyablement sacrifié pour faire place à un cube de béton. L’hôtel Hourblin a été épargné côté cour, mais côté jardin il est aujourd’hui caché par le « cube » qui, bien qu’habillé de pierre de taille, n’en demeure pas moins inesthétique et a pour grave préjudice de masquer la façade latérale du bel hôtel Mignot.

Les vastes terrains ainsi libérés par les démolitions furent mis en adjudication par la Ville de Reims. C’est donc sur l’une des plus belles parcelles du boulevard du Temple, que le comte Alfred Werlé de Montebello va faire édifier un superbe hôtel par l’architecte Alphonse Gosset (1835-1914), selon Herbé (dixit René Druart). Bien situé, le terrain donnait à la fois sur le boulevard, sur les rues Coquebert et Andrieux, et avait pour unique voisin, au n° 17, le parc de l’hôtel de Bary, détruit pendant la Grande Guerre, qui a fait place au Centre de tri des P.T.T. Cet hôtel de Bary avait défrayé la chronique en son temps par le dramatique incendie, survenu en 1889, lors d’un bal destiné à marier Alexandre de Bary à Mlle Kunkelmann. Reconstruit par Alexandre de Bary (1854-1899), au fameux mausolée, qui défraya aussi la chronique, mais scandaleuse cette fois, par ses frasques amoureuses. Plus tard, en 1915, Léon Daudet, dans son ouvrage « Hors du joug allemand », dénoncera cette maison comme un repère d’espions en y consacrant un chapitre intitulé « Les espions Mumm et le supplice de Reims ». Il y a ainsi des maisons marquées par le sort.

C’est donc un magnifique hôtel de style Louis XVI, dont la façade perpendiculaire au boulevard s’ouvre par un perron, agrémenté d’une marquise, sur une cour d’honneur encadrée des pavillons du portier et des communs, que l’on peut admirer à travers les grilles du n° 23 (ex-n° 15 jusqu’en 1923). La porte d’entrée, ornée de heurtoirs en bronze en forme de serpents, est encadrée de piédroits, en pierre, surmontés de pots-à-feu.

Les quatre façades en pierre de Romain, au ton chaud, décorées de drapés d’une grande élégance, de postes (ces petites vagues qui semblent se poursuivre), de cannelures ornées, d’oves, de feuilles d’acanthe et autres ornements classiques de belle facture, comportent 44 ouvertures principales. Quatre cheminées monumentales de pierre sculptées encadrent la toiture de zinc, dont l’imposant brisis d’ardoise comporte 18 lucarnes de pierre, ainsi que 15 œils-de-bœuf aux drapés de plomb.

La bâtisse, qui avait pour dimensions au sol 16 mètres 70 sur 21 mètres 70, laissait la place à un vaste jardin aménagé par J.B. Debay, horticulteur-paysagiste, jardinier en chef de la famille Werlé. Celui-ci avait sans doute réalisé, en 1892, le parc du château de Pargny, pour la comtesse Werlé, dont le réaménagement, en 1910, fut confié à Édouard Redont.

Léon Olry-Rœderer entreprit la restauration de cet hôtel, en 1927, par les soins des architectes rémois Paul Bouchette (1869-1952) et Louis Bouchez (1885-1954).

Les façades furent restaurées, en leur état primitif, en pierre de même nature ou analogue à celle existante : socles en Euville ou Vendresse ; cordons en Savonnières ; appuis, bandeaux et corniches en Saint-Dizier ; parements en pierre de Romain.

On ignore la composition et la disposition des pièces, mais celles-ci devaient être à peu près semblables à celles qui nous sont connues, en 1927, par le dossier de permis de construire.

Après avoir franchi les quelques marches du perron, on entrait dans un vaste vestibule, carrelé de marbre blanc et rose, sur lequel donnaient les pièces de réception, aux vastes proportions et dont la hauteur sous plafond était de 4 mètres 70, composées d’un cabinet de travail, d’une bibliothèque, d’un salon, d’une salle à manger, cette dernière était desservie par un office et un escalier de service dissimulés derrière le grand escalier.

Cuisine, salle des gens, séchoir, lingerie, calorifère, cellier, fruitier, garde-manger, plonge, wc, composaient le sous-sol.

Du vestibule, par un monumental escalier d’honneur en marbre, à la magnifique rampe en fer forgé Louis XVI, on accédait au premier étage. Celui-ci comportait : hall central – salon-fumoir – chambre avec toilette – autre chambre avec toilette, bain, wc – autre chambre avec toilette, bain, penderie, wc – et un office.

Le 2ème étage, auquel on accédait par un bel escalier à balustres de chêne Louis XVI, se composait de 6 chambres avec toilette, dont une avec bain et wc.

Enfin le 3ème étage, réservé aux domestiques, mais non dépourvu de confort, avait 6 chambres avec lavabo, 3 chambres avec toilette, et une salle de bain pour l’étage.

Les parquets de chêne, pour les pièces principales, étaient à bâtons rompus ou en fougères.

Les cheminées étaient en marbre blanc Louis XVI pour le grand salon, fleur de pêcher Louis XV pour la salle-à-manger, vert Empire pour le cabinet de toilette, vert de Lez Louis XV pour la chambre de M. Olry, rouge Royal pour les chambres d’amis, et en marbre pour toutes les chambres du 2ème étage.

Il semblerait que la décoration intérieure fut confiée au cabinet de l’architecte rémois Émile Dufay-Lamy (1868-1945), car j’ai la chance de posséder une douzaine de calques et autres « bleus » réalisés, en 1928, par Louis Guérin (1860-1941), architecte, employé de Dufay-Lamy. Ainsi les magnifiques boiseries de hauteur, en chêne, de style Louis XV, qui lambrissent la salle-à-manger pourraient avoir été dessinées par Louis Guérin. Ceux-ci travaillèrent également pour Mme Olry-Rœderer, pour son domaine des Commelles. Il ressort de ces dessins que l’on avait opté pour le style Louis XV, pour le grand salon, et le style Louis XVI, pour les chambres d’amis, l’escalier du 1er au 2ème étage ainsi que le vestibule du second étage.

La date de construction ne nous est pas connue. Léopold Lesigne nous dit que c’est un des premiers hôtels édifiés sur cette avenue spacieuse (n° 15) et on peut conjecturer que la construction soit de 1866, car Eugène Dupont nous apprend dans « La Vie Rémoise en 1867 » qu’un fourneau économique fut installé dans un terrain du boulevard du Temple, vis-à-vis la maison Alfred Werlé, et appartenant à M. Krug. D’autre part le fils aîné va naître 18, rue du Marc, en 1866, alors que les 4 autres enfants vont naître 15, boulevard du Temple de 1869 à 1881. À noter que les 5 enfants, comme leur père, ont parmi leurs prénoms celui de Barbe. Probablement un hommage à la Veuve Clicquot-Ponsardin, qui se prénommait Barbe, et qui était à l’origine de la fortune de la famille.

L’hôtel fut donc occupé successivement par le comte Alfred Werlé au moins de 1867 à 1905. Il semblerait qu’il ait partagé la maison avec sa fille et son gendre le comte de Mun, car les deux noms figurent dans les annuaires de 1901 à 1905. Mais Alfred Werlé est mentionné également, dès 1900, au 18 de la rue du Marc, où il décédera en 1907. Son billet de décès précise qu’il s’agit du domicile, cependant c’est aussi à cette adresse qu’Alfred Werlé y avait les bureaux de son consultat. Comme il est décédé à 15 heures, peut-être est-il mort à la tâche ? Rappelons qu’il était consul de S. M. l’Empereur de Russie pour les départements de la Marne, Haute-Marne, Aisne, Aube, Ardennes, Meuthe, Meurthe-et-Moselle. Dès 1909 on y trouve Léon Olry-Rœderer jusqu’en 1914. En 1929 Paul Mure ainsi que Léon Olry-Rœderer, de retour en 1931. Puis, en 1933, Paul Mure, administrateur délégué, L. Stazart, maître d’hôtel, E. Duplessis, valet de pied, A. Mengousse, valet de pied, A. Ledieux, chauffeur, H. Mansuy, concierge. En 1936, la veuve Louis (sic) Olry-Rœderer, négociante en vins de Champagne. Après quelques années d’abandon, la restauration de l’hôtel fut entreprise peu avant les années 70.

Quelques mots sur ses occupants : Alfred Werlé était le fils d’Édouard (1801-1884), maire de Reims, député, et de Louise Émilie Boisseau. Lors de son décès, en 1907, ses titres et qualités sont impressionnants : Charles Barbe Alfred Werlé, comte romain, propriétaire, négociant en vins de Champagne, administrateur des Chemins de fer de l’Est, consul de Russie, membre de la Chambre de commerce de Reims, commandeur de l’ordre de Pie IX, commandeur de l’ordre de Charles III d’Espagne, Maire de la commune de Pargny-lès-Reims. Il avait épousé, en 1865, la fille du duc de Montebello, fils aîné du Maréchal Lannes, Mathilde Henriette Louise Thérèse Lannes de Montebello. L’intarissable Eugène Dupont relate ce mariage dans « La Vie Rémoise » en ces termes : Puis s’avance dans toute la gloire et la splendeur d’un grand nom local accolé d’un autre grand nom français, le superbe Alfred Werlé, teint frais et rose, qui comparaît devant son père, le Maire de Reims, au bras d’une descendante de Lannes, le « bras droit » de Napoléon. Le nom de Werlé va s’allonger de la particule et bientôt se faire précéder d’un titre nobiliaire et papalin. Le comte Werlé de Montebello sera l’une des figures les plus vivantes et l’une des notabilités les plus remarquables, dans sa retraite discrète et quelque peu « bougonneuse », de la Famille rémoise. On le verra, non sans regret, plus tard, par dépit électoral, secouer la poussière de ses escarpins sur la Cité acariâtre qui dédaigne ses présents et dénigre ses mérites. Les foules électorales sont éclectiques, capricieuses et changeantes. A certaine heure, elles reviennent sur leurs jugements, et les héritiers du paria recueilleront le bénéfice de leurs faveurs retrouvées. Tel M. Bertrand de Mun, qui sera un jour député du vignoble rémois. Ce n’est pas toujours le semeur qui récolte ! Dupont fait ici allusion à la résignation de sa loge au Théâtre de Reims, suite à son échec électoral, ce qui revenait en quelque sorte à la suppression d’une importante subvention. De la comtesse Werlé il est peu question, elle devait être discrète et charitable car L. Lesigne ajoute : La maison du bibliophile était encore le siège d’une bienfaisance discrète, inlassable, et les pauvres gens, atteints de maux d’yeux, y rencontraient, offerts avec une délicatesse ingénieuse, toute féminine, un soulagement à leurs infirmités.

Les Werlé marièrent leurs filles dans des familles prestigieuses, Eléonore devint marquise du Cauzé de Nazelle, Marthe princesse de Caraman-Chimay, et enfin Marcelle comtesse de Mun. Ils perdirent leur fils de 29 ans, le vicomte Édouard, en 1905, et la comtesse eut le malheur de perdre une fille de 27 ans, en 1908. Ils reposent à Pargny-lès-Reims où est signalé comme curiosité, en 1913, la chapelle funéraire de la famille Werlé. Ils y possédaient un magnifique château, où la Comtesse Werlé de Montebello s’était retirée dès 1911 et y vivait encore en 1925, année de son décès, et dont il ne reste plus que le parc transformé en lotissement résidentiel. Enfin, précisons qu’Alfred Werlé était le chef, depuis 1884, de la Maison Veuve Clicquot-Ponsardin et qu’en outre il était le beau-frère de l’ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, du député de Reims Adrien de Montebello (1851-1935) et de Napoléon Magne, fils du ministre des finances de Napoléon III.

On peut imaginer la splendeur des fêtes qui se donnèrent dans cet hôtel, les luxueux équipages, la brillante société, ne serait-ce que lors du mariage de Marthe Werlé, en 1889, où son beau-père se présente à l’état civil sous les noms et qualités suivants : Marie Joseph Guy Henri Philippe de Riquet, prince de Chimay, prince de Caraman, ministre des Affaires étrangères de Belgique, membre de la Chambre des députés, officier de l’ordre de Léopold, chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de première classe de l’ordre de Pie IX, commandeur grand croix de l’Étoile Polaire, grand cordon de l’ordre du Soleil Levant, Grand croix de la branche Ernestine de Saxe, Grand cordon des ordres de Notre-Dame de la Conception de Villa-Viçoza, de la Couronne de la Roumanie, et de la Rédemption africaine, chevalier de deuxième classe de l’ordre de Sainte Anne de Russie, chevalier des ordres de Constantin et de Dannebrog, demeurant en l’Hôtel du ministère à Bruxelles. Ce qui a dû faire pester l’employé de l’état civil, d’autant plus qu’un témoin de l’époux s’annonce comme : Eugène Baron Beyens, 70 ans, Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Sa Majesté le Roi des Belges près le Gouvernement de la République française, Grand officier de l’ordre de Léopold, Grand officier de la Légion d’honneur, Grand croix des ordres de S.S. Maurice et Lazare d’Italie de la Guadelupe du Mexique, du Christ du Portugal, de la Couronne de Chêne, et de Charles III d’Espagne, commandeur de l’ordre d’Isabelle-la-Catholique d’Espagne, etc. demeurant à Paris, Hôtel de l’ambassade, ami. On peut se demander ce que peut encore cacher le « etc » ? Malgré ses titres ronflants, Alfred Werlé a dû se sentir quelque peu écrasé !

Nous avons vu plus haut que la maison fut occupée par le comte Bertrand de Mun (1870-1963), fils d’Albert de Mun, de l’Académie française, père du catholicisme social, qui après son mariage, en 1897, avec Céline Adrienne Barbe Marcelle Werlé, quittera son état d’officier, pour diriger la Maison Veuve Clicquot-Ponsardin. Autre personnalité marquante de la ville, Bertrand de Mun, député de la Marne, sera notamment président de la Chambre de Commerce de Reims de 1929 à 1940.

Quant à Léon Olry-Rœderer (1869-1932), il n’est peut-être plus utile de le présenter, c’était bien sûr le patron de la Maison Louis Rœderer, mais c’est surtout dans la mémoire l’homme de la « Maison de la Mutualité » qui fit don à la Ville de Reims de sa maison de l’impasse des Deux-Anges (berceau du Champagne Louis Rœderer) avec le terrain y attenant et toutes ses dépendances jusqu’à la rue des Élus. Il était le fils de Jacques Olry (1833-1901), attaché aux Affaires étrangères, et de Léonie Rœderer (1839-1887), elle même fille de Louis (1809-1870), qui sera l’associé d’Hugues Krafft (1804-1877), père du fondateur de la Société des Amis du Vieux Reims. Outre une fille qui devint comtesse de Jarnac en épousant un Rohan-Chabot, ils eurent deux fils (Victor et Léon) qui furent autorisés, par jugement en 1889, à s’appeler Olry-Rœderer. Victor (1860-1903) fut également chef de la maison Louis Rœderer ; sa veuve deviendra marquise de Rochegude. Leur descendance est représentée par les familles Doynel de Quincey, Maljean et de Galard de Brassac de Béarn. Léon Olry-Rœderer n’a pas sa rue à Reims, par contre la petite ville de Conches-en-Ouche (Eure) a été plus reconnaissante du don qu’il fit à la commune, afin de s’agrandir, d’une partie de la forêt qu’il y possédait et se rendait souvent, en son domaine de Lierru, où il se plaisait beaucoup. Léon Olry-Rœderer comptait parmi les membres fondateurs de la Société des Amis du Vieux Reims.

Le propriétaire actuel, M. Jean-Claude Rouzaud, P.D.G. du Champagne Louis Rœderer est le fils de Mme Marcelle Rouzaud, qui est elle-même la fille de Mme Léon Olry-Rœderer, née Camille Milpied (1892-1975), et qui se classe parmi « Les 100 Français les plus riches » avec une fortune estimée, en 1987, de 400 à 450 millions de Francs si l’on en croit Le Nouvel Observateur , ou de 300 à 330 millions si l’on se réfère à L’Expansion. Nous ne sommes plus à 100 millions près !

À l’heureux temps où l’on ne craignait pas les cambriolages, Léopold Lesigne nous dit, à propos de l’hôtel Werlé, que la maison renfermait des toiles de Brascassat, Delaroche, Meissonnier, etc. Elles accompagnaient la plus magnifique collection de livres, à reliures somptueuses, à provenances illustres, qu’un amateur puisse rêver. La maison était prédestinée à accueillir une riche bibliothèque, car plus tard Ernest Renart, le libraire de Maisons-Alfort, qui fut également libraire à Reims, nous apprend par son fameux « Répertoire général des collectionneurs », en 1908, que M. Olry-Rœderer possédait une Collection de livres à gravures du XVIIIe siècle, en remarquable état de reliure ou avec épreuves de choix, l’une des plus belles de France formée par feu M. Louis Rœderer. Tableaux et objets d’art. Selon Ernest Kalas, cette bibliothèque passait pour la plus riche de France après celle du duc d’Aumale, à Chantilly.

Fermons la porte en rêvant à la somptueuse bibliothèque qui a fait place au grand salon où nous avons eu le bonheur d’être reçus.

Jean-Yves Sureau.

29.9.2000.

Sources :

    • Almanachs Matot-Braine 1932, 1933.

    • Annuaires Matot-Braine de 1874, 1876, 1878, 1880, 1882, 1884, 1889, 1898, 1901, 1905, 1909, 1911, 1913, 1922, 1925, 1928, 1931, 1936.

    • Annuaire Rémois, A. Marguin, 1895.

    • Annuaire Sinet-Martin 1929, 1933.

    • Annuaire Mondain de Reims, 1911.

    • Archives municipales de Reims – état-civil et dossier de permis de construire n° 5609 du 25.2.1927.

    • Dictionnaire biographique de la Marne, Paris, Flammarion, vers 1907 (notice sur Alfred Werlé par Éd. de Frayssinet).

    • Revue de Champagne et de Brie 1896.

    • Léon Daudet, « Hors du joug allemand », Paris, 1915.

    • René Druart, notes sur les rues de Reims, les architectes, etc. (Archives des AVR).

    • René Druart, « Les transformations de Reims au XIXe et au XXe siècles », Reims, Matot-Braine, 1960.

    • Eugène Dupont, « La Vie Rémoise », 1865, 1907.

    • Joseph Valynseele "Les Maréchaux du Premier Empire, leur famille et leur descendance", Paris, 1957.

    • Ernest Kalas, notes manuscrites (Archives des AVR).

    • Georges Lallemand, « Édouard Werlé », Société des Amis du Vieux Reims, 1954.

    • Léopold Lesigne, « Reims à l’eau-forte », 1904.

    • Ernest Renard, « Répertoire général des collectionneurs de la France, de ses colonies et de l’Alsace-Lorraine », Paris 1895-96, 1908, 1912

    • Ris-Paquot, « Annuaire artistique des collectionneurs », Paris 1879-1880.

    • L’Expansion, du 23.1.1987.

    • Le Nouvel Observateur, du 16.10.1987.

    • Exposition Édouard Redont (1862-1942), organisée par Olivier Rigaud, du 1er avril au 11 juin 1997.

Avec mes remerciements à Mme Colette Cortet, notre archiviste, pour sa précieuse collaboration.