Notices nécrologiques - P

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

PALLE (Docteur).

Médecin à Épernay, né à Orbais le 5 août 1839, décédé à Épernay le 10 décembre 1890, avait su se créer une position exceptionnelle, par la sûreté de son diagnostic et son habileté chirurgicale.

Il était l’ami de ses clients, pauvres et riches, des pauvres surtout auxquels il savait donner en même temps que les remèdes du corps, les consolations de l’âme. D’un esprit libéral et d’une grande droiture de sentiment, il s’était constitué le défenseur des intérêts du peuple.

Les soins empressés qu’il a reçus de ses confrères pendant sa courte maladie sont un sûr garant des sentiments affectueux que ceux-ci lui portaient.

Il s’est éteint entre les bras de son épouse, de ses fils auxquels il prodigua jusqu’à la fin des consolations et des conseils.

Après avoir vécu en homme de bien, il mourut en chrétien.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

PANIS (Celse Joseph).

Docteur en médecine, professeur honoraire à l’École de médecine, officier d’Académie, secrétaire de l’Association des médecins de la Marne, médecin du Bureau de bienfaisance, membre du Conseil d’hygiène, né à Chimay (Belgique) le 21 mars 1803, décédé à Reims, le 26 janvier 1885.

Avant la Révolution, son père était régisseur des biens d’une famille qui fut contrainte d’émigrer ; il racheta ces biens qui furent vendus comme bien national, et les rendit purement et simplement à ses anciens maîtres à leur retour en France.

Élevé plus tard avec l’héritier de cette famille, il se fit recevoir docteur en médecine à la Faculté de Paris. Il s’établit à Reims et débuta à l’époque du choléra de 1832. Il se prodigua, et dès lors sa réputation était faite.

Il s’adonna spécialement à la pratique des accouchements, devint, en 1838, professeur de cet art à la Faculté de médecine de Reims et exerça pendant 31 ans à l’Hôtel-Dieu, les fonctions de médecin-accoucheur.

L’École de maternité de Reims lui doit son immense réputation.

Il fut pendant 50 ans médecin du Bureau de bienfaisance.

Il succéda au docteur Philippe comme secrétaire de l’École de médecine et exerça des fonctions importantes sous MM. Landouzy et Maldan, dont il fut un collaborateur précieux.

Lorsqu’il prit sa retraite, en 1882, il reçut le titre de Secrétaire honoraire avec un objet d’art offert par ses confrères, comme marque de l’estime qu’il leur avait inspiré et des services qu’il avait rendus à la corporation.

Il reçut pendant sa longue carrière bien des témoignages de son mérite et de nombreuses récompenses ; ainsi, il comptait comme vaccinateur, neuf médailles d’argent, une médaille d’or et le prix unique partagé entre les trois principaux vaccinateurs de France.

M. Panis est mort à 82 ans, après une courte maladie, honoré de tous.

Source : AMB 1886.

PANIS (le Dr Alphonse Joseph).

Le 23 août, disparaissait une bien sympathique figure de notre monde médical rémois. Le Dr Panis succombait à l’âge de 67 ans, après une carrière consacrée an professorat et au soulagement des malades. Il était né à Reims le 6 août 1834.

Fils de médecin, le vénérable Dr Panis, il en avait hérité les qualités du praticien et les principes religieux.

Nommé professeur suppléant à la chaire d’accouchement à l’Hôtel-Dieu de Reims le 12 mai 1862, et professeur titulaire le 1er juillet 1874, il ne cessa ses cours qu’il y a treize mois, quand la maladie le força au repos.

De nombreux deuils l’avaient frappé depuis près de huit ans ; il avait perdu entre autres son gendre M. Noblet-Panis, industriel à Signy-l’Abbaye et conseiller général des Ardennes, et la femme de celui-ci qui avait précédé dans la tombe le fidèle compagnon de sa vie, morte il a quatre ans.

M. le Dr Panis laisse le souvenir d’un homme de bien.

Il avait été nommé officier d’Académie le 1er janvier 1884 et officier de l’Instruction publique le 13 juillet 1893.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

PAPILLON (Léandre).

Né à Vervins le 13 janvier 1813, mort en la même ville le 30 mai 1890.

A fondé avec son frère Théodore le « Journal de Vervins », qui a cessé de paraître peu après la mort de ses fondateurs, en 1890, au cours de la 53e année de son existence, mais il n'était plus depuis longtemps entre les mains de MM. Papillon.

Géologue, M. L. Papillon a formé, en collaboration avec M. F. Nogine, professeur de sciences au collège de Vervins, une intéressante collection de minéraux et de fossiles recueillis dans l’arrondissement de Vervins. Cette collection est à l’hôtel de ville de Vervins.

Archéologue, il était vice-président de la Société archéologique de Vervins depuis sa fondation (1873-1890). On lui doit beaucoup d’études sur l’archéologie locale, notamment : « Les peintures murales de l’église de Vervins », publiées en 1872 dans un recueil intitulé « La Thiérache », et « Les origines de Vervins », publiées dans le bulletin de la Société, année 1875, 1876, 1877.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

PAPILLON (Théodore Ferdinand).

Frère du précédant, né à Vervins le 23 août 1815, mort en la même ville le 24 mai 1890 ; ancien imprimeur-lithographe, ancien adjoint au maire, ancien président du tribunal de commerce, ancien commandant de la compagnie de Sapeurs-pompiers, ancien secrétaire trésorier de la Société de secours mutuels, a contribué largement à la fondation de cette dernière.

Comme lithographe, on lui doit un travail très remarqué, c’est la reproduction sur pierre d’une série de miniatures appartenant à des manuscrits de la bibliothèque de Laon, pour accompagner le texte d’une étude sur ces manuscrits, faite par M. Ed. Fleury, de Laon.

Il a dessiné aussi sur pierre d’anciens plans, d’anciennes vues d’abbayes, de Châteaux, de villes, etc., situés en Thiérache.

Fatigué par ces travaux auxquels il mettait tous ses soins, il perdit la vue quelques années avant sa mort.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

PAQUIER (l’abbé Jean-Baptiste).

Né aux Mazures (Ardennes), le 19 mars 1831, décédé le 11 juillet 1897, à Signy-le-Petit, dans sa 67e année.

Il montra de bonne heure son aptitude pour les études classiques et sa vocation pour le sacerdoce. Plus tard, l’autorité diocésaine, remarquant son goût pour les études supérieures, l’envoya à Rome, d’où il revint avec les titres de licencié en théologie et docteur en droit canon.

Ordonné prêtre à Rome, en 1857, il fut nommé, en 1858, vicaire Charleville ; puis il fut successivement curé de Bayonville, administrateur de Grandpré, curé de Verzenay, de Francheval, curé-doyen de Monthermé, en 1879, et doyen de Signy-le-Petit en 1885. Dans tous ces postes, il s’est attiré l’affection de tous par sa simplicité et aussi par cette douce gaieté qui animait ses relations avec ses plus jeunes confrères. Partout aussi, il prit soin de discerner ou de susciter des vocations à l’état ecclésiastique. Partout aussi, il contribua à l’embellissement des églises confiées à ses soins. Verzenay lui doit ces orgues, Monthermé et Signy leurs peintures murales. Animé en même temps d’une grande ardeur pour l’étude, il affectionnait l’hébreu et a laissé de volumineuses traductions.

Source : AMB 1898.

PARAVEY (Charles Hippolyte de).

Né à Fumay (Ardennes), le 25 septembre 1787, décédé à Saint-Germain-en-Laye le 15 mai 1871.

M. de Paravey laisse de nombreux travaux de linguistique sur l’Orient. Son corps a été ramené à Fumay le 28 novembre 1871.

Source : AMB 1872.

PARINGAULT (Jean Charles Eugène).

Né à Laon le 19 juin 1819 d’une famille très honorable. Doué d’une heureuse mémoire et d’une application soutenue, il fit d’excellentes études au collège Charlemagne à Paris ; il suivit ensuite les cours de l’école de droit et s’y fit recevoir docteur. Pendant son stage, il fut secrétaire de M. Chaix d’Est-Ange qui le fit nommer juge suppléant à Beauvais ; trois ans après il devenait substitut à Compiègne. Après la révolution de 1848, il fut envoyé à Vervins comme chef du parquet, et de là revint en la même qualité à Compiègne où il passa cinq ans, après quoi il retourna à Beauvais qui avait été le lieu de son début dans la magistrature.

C’est à Beauvais que ses bons et loyaux services furent récompensés par la décoration de la croix de la Légion d’honneur : il fut de plus appelé comme professeur de législation criminelle à la Faculté de Nancy qu’on venait de créer. Eugène Paringault ne conserva pas longtemps ce nouvel emploi, il donna sa démission en 1866. Il s’était retiré à Paris pour s’y livrer tout entier à l’étude du droit et des belles-lettres où il mourut prématurément le 20 décembre 1873. M. Paringault qui était un jurisconsulte érudit, un travailleur infatigable, un légiste d’une science profonde comme le prouve sa coopération à la Revue du droit français, laisse de nombreux manuscrits qu’heureusement ses héritiers ont eu la louable pensée de déposer en grande partie à la bibliothèque du Tribunal de Laon où ils pourront être consultés avec profit, surtout après la savante et consciencieuse classification qu’en a faite M. le président Combier.

Source : AMB 1875.

PARIS (Auguste Simon).

Ancien notaire à Épernay, ancien président de la société entomologique de France, décédé à Paris le 7 septembre 1869 à l’âge 75 ans. M. Paris était le père de l'éminent avocat de Reims.

Source : AMB 1870.

PARIS (Gaston).

Membre de l’Académie Française et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

Administrateur du Collège de France.

S’il est un nom justement honoré en Champagne pour la valeur et les talents divers de ceux qui le portent, c'est celui de la famille Paris, dont le berceau fut transporté du Poitou à Avenay avant le commencement du siècle. Elle a eu ou possède depuis lors des représentants à Épernay, à Avize, à Reims et au sein de la capitale, où elle se perpétue parmi les notabilités de l’Institut et du Collège de France.

Pour justifier cette notice consacrée ici à l’un de ses membres connu de tous les érudits, admis d’emblée à cette heure dans nos plus illustres Compagnies savantes, nous n'avons qu’à rappeler les titres qui font de M. Gaston Paris l’un de nos compatriotes les plus distingués. Il est né au pays rémois, à Avenay, le 9 août 1839, et des liens étroits de parenté et d’affection le rattachent encore à ce coin de terre fécond en souvenirs historiques. Là dorment leur dernier sommeil deux hommes célèbres de la contrée, son père, Paulin Paris, membre de l’Institut, né lui-même à Avenay en 1800, et son oncle, Louis Paris, ancien bibliothécaire de la ville de Reims, mort à Avenay en 1887. Dans les maisons du bourg, nous retrouvons la parenté et la descendance en nombreux rejetons de cette famille patriarcale, intimement unie à notre sol champenois.

Issu de cette souche féconde et héritier des traditions et du savoir paternel, M. Gaston Paris eut une carrière laborieuse entre toutes, avant d’atteindre les plus hauts grades scientifiques. Voici en quels termes elle est résumée dans la dernière édition du « Dictionnaire des Contemporains » :

« PARIS (Gaston-Bruno-Paulin), philologue français, naquit à Avenay le 9 août 1839. Après avoir terminé ses études classiques à Paris, au collège Rollin, il suivit les cours des Universités allemandes de Goettingue et de Bonn, où il étudia les langues romanes sous Diez. De retour en France, il entra à l’École des Chartes et obtint en 1862 le diplôme d’archiviste-paléographe. Il suivit en même temps les cours de la Faculté de droit et ceux de la Sorbonne. Il se fit recevoir docteur ès-lettres en 1865. Ensuite, professeur de grammaire française aux cours libres de la rue Gerson, répétiteur, puis directeur des conférences des langues romanes à l’École pratique des Hautes-Études, il suppléa son père en 1866 et en 1869 au Collège de France, où il lui succéda comme titulaire le 20 juillet 1872. Il a été élu membre de l’Académie des Inscriptions le 12 mai 1876, en remplacement de M. Guigniaut » (« Dictionnaire universel des Contemporains », par G. Vapereau, 6e édition, 1893. – « Magasin pittoresque », 15 février 1897, article d’Ernest Tissot, avec portrait).

Ajoutons que, chevalier de la Légion d’honneur en 1875, officier en 1886, M. Gaston Paris a été promu commandeur en 1895. La même année, il était nommé Administrateur du Collège de France.

Le point de départ de ses immenses travaux sur la philologie est son « Étude sur le rôle de l’accent latin », qui fut sa thèse de sortie à l’École des Chartes. Il y fit valoir tout son talent d’observateur, sa science de pénétration de la langue des vieux auteurs. Ses thèses pour le doctorat ès-lettres ne furent pas moins remarquées : elles eurent pour sujet le cycle de Charlemagne et les récits légendaires du faux Turpin, si célèbres dans la littérature du moyen âge.

Nous donnons les titres de ses principaux ouvrages, dont quelques uns devenus très rares :

1. « Études sur le rôle de l’accent latin dans la langue française », 1862.

2. « De Pseudo-Turpino », 1865.

3. « Histoire poétique de Charlemagne », 1865.

4. « La Vie de saint Alexis », 1872.

5. « Le Petit Poucet et la Grande Ourse », 1875.

6. « La Poésie du moyen âge », leçons et lectures, 1re série, 1885 ; 2e série, 1895.

7. « La Littérature française au moyen âge », 2e édit., 1890.

8. « Récits extraits des poètes et prosateurs du moyen âge », 1896.

Il a, en outre, publié un grand nombre de textes appartenant à notre ancienne littérature, le « Roman des Sept Sages », « Aucassin et Nicolette », la « Vie de saint Gilles », « l’Évangile de Nicodème », les « Miracles de Notre-Dame par personnages », le « Mystère de la Passion », etc., soit seul, soit avec divers collaborateurs, et il a traduit de l’allemand, avec MM. Brachet et Morel-Fatio, la « Grammaire des langues romanes » de son maître Diez.

En même temps qu’il éditait ces œuvres savantes, M. Gaston Paris devenait l’un des fondateurs de la « Revue critique » et de la « Romania » ; il ne cessa jamais de collaborer à la « Bibliothèque de l’École des Chartes ».

Tant de travaux valurent à leur auteur le titre d’associé ou de correspondant dans presque toutes les Académies de l’Europe. Les congrès des Sociétés savantes à Paris s’honorèrent d’être placés sous son patronage comme vice-président du Comité des travaux historiques et scientifiques. Rédacteur au « Journal des Savants », membre du Conseil de perfectionnement de l’École des Chartes, membre de l’Institut depuis vingt ans déjà, l’Académie Française l’accueillit dans ses rangs, le 28 mai 1896, en remplacement de Pasteur.

Admis à prendre séance le 28 janvier 1897, son discours de réception fut à la fois l’éloge du grand bienfaiteur de l’humanité et l’éloge de la science en général. ll eut pour Pasteur les plus profondes et les plus pénétrantes attentions, car il le peignit tout entier, dans sa vie morale comme dans son activité scientifique. Le voici dans sa simplicité au foyer domestique ; aussi modeste fut-il dans son glorieux jubilé :

« Pieusement dévoué à sa famille, dit-il, passionné pour sa patrie, Pasteur garda toujours aussi un respect filial pour la religion que lui avait enseignée sa mère. Ce grand novateur dans le domaine de la science était un homme de tradition dans le domaine du sentiment. Cela s’accorde bien, messieurs, avec d’autres traits de son caractère que vous avez pu apprécier. Vous avez admiré l’austérité de sa vie entièrement vouée au labeur, la simplicité de ses manières, son incomparable tendresse pour les siens ; vous avez plus d’une fois surpris les marques touchantes de cette sensibilité d’enfant qui s’alliait chez lui à la virilité la plus robuste. Ce rude combattant était resté voisin de la nature comme les héros antiques : comme eux, il fondait sans honte et devant tous en larmes, soit qu’il eut sous les yeux le spectacle des souffrances humaines, soit qu’il se sentît envahi par les souvenirs de ses premières années ou songeât aux amitiés tranchées par la mort, soit qu’il reçût, en ce jour incomparable de son soixante-dixième anniversaire, les hommages qu’apportaient à son génie les délégués enthousiastes du monde entier ».

M. Gaston Paris sut aussi faire revivre Pasteur en lui empruntant d’admirables maximes comme celles-ci : « La vraie démocratie est celle qui permet à chaque individu de donner son maximum d’efforts » – « Regarder en haut, apprendre au-delà, s’élever toujours ». Puis en terminant, s’inspirant de la vie entière de son héros, il traça à la jeunesse cet entraînant programme, qui confond l’amour de la vérité avec la pratique de la vertu :

« On dit à la jeunesse : « II faut aimer, il faut vouloir, il faut croire, il faut agir », sans lui dire et sans pouvoir lui dire quel doit être l’objet de son amour, le mobile de sa volonté, le symbole de sa croyance, le but de son action. « Il faut avant tout, lui dirais-je, si j’avais l’espoir d’être entendu, aimer la vérité, vouloir la connaître, croire en elle, travailler, si on le peut, à la découvrir. Il faut savoir la regarder en face et se jurer de ne jamais la fausser, l’atténuer ou l’exagérer, même en vue d’un intérêt qui semblerait plus haut qu’elle, car il ne saurait y en avoir de plus haut, et du moment où on la trahit, fût-ce dans le secret de sou cœur, on subit une diminution intime qui, si légère qu’elle soit, se fait bientôt sentir dans toute l’activité morale. Il n’est donné qu’à un petit nombre d’hommes d’étendre son empire ; il est donné à tous de se soumettre à ses lois. Soyez sûrs que la discipline qu’elle imposera à vos esprits se fera sentir à vos consciences et à vos cœurs. L’homme qui a, jusque dans les plus petites choses, l’horreur de la tromperie et même de la dissimulation, est par là même éloigné de la plupart des vices et préparé à toutes les vertus ».

La réponse de M. Joseph Bertrand au récipiendaire est un morceau de spirituelle franchise et de savoir littéraire. Ces chefs-d’œuvre sont familiers aux grands hommes de science : les œuvres du philologue et celles du chimiste furent également bien appréciées et louées par un mathématicien. – Il parcourut la série des publications de M. Gaston Paris, en donnant la plus brillante analyse du contenu de chacune d’elles ; il s’arrêta avec complaisance au beau livre, le dernier éclos : « Penseurs et Poètes », que nous n’avons pas cité plus haut, mais qui est un nouveau titre de gloire pour notre érudit, car il y parle de ses contemporains, de ses maîtres et de ses amis, Renan, Darmesteter, Mistral, Sully Prudhomme, Alexandre Bida et Albert Sorel, prouvant ainsi que l’étude des vieux poètes ne rend point insensible aux charmes et à la grandeur de notre littérature moderne.

La Champagne a félicité son illustre enfant. Il n’est que juste d’ajouter que les félicitations parties de la province natale ont vivement touché M. Gaston Paris, et qu’il en a donné un éclatant témoignage en venant assister, le 22 juillet 1897, à la séance publique annuelle de l’Académie de Reims. On fêtait ce jour-là le 50e anniversaire de l’élection de M. H. Paris, comme membre titulaire. M. Gaston Paris fit une lecture sur un Rémois du vieux temps, sur Guillaume Coquillart, fils du procureur, chanoine et official, poète au temps de sa jeunesse. Cette communication intéressa vivement le nombreux public attiré par la présence du célèbre écrivain, et resserrera les liens qui l’unissent si intimement déjà au pays rémois et à notre cité.

Reims, le 7 août 1897.

Henri Jadart.

Source : AMB 1898.

PARIS (Gaston).

Un hommage tout spécial est légitimement dû en Champagne à la mémoire de l’illustre champenois que fut Gaston Paris.

Sa vie et ses principales œuvres ont été déjà retracées dans cet « Annuaire » (1898), alors qu’on pouvait espérer voir sa carrière se prolonger jusqu’à sa limite normale. Elle eût toujours été trop courte ! Mais la fin est survenue après tant d’utiles travaux et tant de services rendus aux lettres françaises qu’on peut la juger encore longue. Personne peut-être n’aura embrassé plus sûrement, dès le début, tout l’essor d’une grande tâche, et ne l’aura accomplie plus religieusement en dépit de la mort. Ami de la vérité par dessus tout, Gaston Paris a compris et pratiqué le culte de l’érudition dans sa plus haute portée : il a fait revivre la langue et le passé littéraire de France dans tout leur éclat, à l’admiration du monde entier.

Une biographie de ce célèbre compatriote est inutile à présenter ici. Fils lui-même d’un grand savant dans le même ordre de travaux, Paulin Paris, neveu d’un bibliothécaire et écrivain d’un talent éprouvé, Louis Paris, cousin d’un avocat et jurisconsulte hors de pair, Henri Paris, son nom, uni aux leurs, s’imposait au milieu de nous et nous avons tous présents à l’esprit les phases de la vie, les traits du caractère de Gaston Paris.

À Avenay, où il naquit en 1839 et où il revint tant de fois si volontiers, à Reims où il donna plusieurs conférences à l’Académie sur le « Lay de l’Oiselet » et sur le chanoine Guillaume Cocquillart, il était bien connu et aimé, on peut le dire, de tous ceux qui l’entendirent ou l’approchèrent. Ajoutons, pour mieux motiver notre gratitude locale, qu’il tendit la main aux écrivains, historiens ou publicistes de la région, qu’il facilita leur accès dans les hautes sphères de l’Institut. Il est à notre connaissance personnelle qu’il accueillit et fit récompenser dans les Académies dont il était membre les ouvrages de M. l’abbé Cerf sur la Guerre de 1870 et de M. Charles Givelet sur l’église et l’abbaye de Saint-Nicaise. Il éprouvait un grand bonheur à se rapprocher du terroir, à humer l’air champenois.

Nous insistons particulièrement sur ce côté de l’homme intime, parce que d’autres aspects plus glorieux ont naturellement pris place et ont été surtout mis en relief dans les discours prononcés à ses obsèques. Il est rare de voir un tel accord dans l’éloge, d’entendre des accents aussi unanimes que ceux qui retentirent le jeudi 12 mars 1903 dans la cour du Collège de France. Un représentant de la ville et de l’Académie de Reims s’y trouvait, M. le docteur Henri Henrot, et il en a rapporté, avec les remerciements de la famille, l’impression d’un deuil plus que national. Tous les amis de la vieille province de Champagne s’unissent de cœur à cette glorification spontanée et sincère du plus illustre enfant de la province.

Un sentiment de regret se faisait jour néanmoins autour de nous et persistait dans nos cœurs en apprenant que la dépouille mortelle de notre compatriote ne reposerait pas dans le sol natal, dans ce cimetière des Paris à Avenay, déjà rempli de noms historiques et de souvenirs dont on est fier. Mais la sollicitude éclairée et tendre des deux sœurs du défunt, qui habitent Avenay, veillait en faveur du maintien des traditions. Si la tombe de Gaston Paris se dresse loin de nous, un lieu qu’il aima beaucoup aussi, à Cerisy-la-Salle en Normandie, si la piété de sa compagne l’entretient avec le soin qui lui est dû, son nom du moins avec le mérite, la leçon de sa vie, son amour de la vérité, se lisent quand même au cimetière d’Avenay. Nous en avons été touché et reconnaissant en parcourant ce champ funèbre le 2 novembre dernier.

Au-dessus de la dalle en marbre blanc qui recouvre la sépulture de Paulin Paris, né à Avenay en 1800, mort à Paris en 1881, se dresse maintenant une stèle en granit offrant une croix au sommet, et portant l’inscription suivante sur une plaque de marbre noir :

À LA Mémoire

DE

GASTON PARIS

NÉ À AVENAY

LE 9 AOUT 1839

5Liste de ses titres et fonctions successives)

DÉCÉDÉ À CANNES

LE 5 MARS 1903

INHUMÉ À CERISY-LA-SALLE (Manche)

Celui qui agit selon la vérité s’approche de la lumière (St-Jean)

H. Jadart.

Source : AMB 1904.

PARIS (Henri).

Avocat, l’une des célébrités du barreau rémois, né â Épernay, le 4 mars 1821, décédé à Avenay, le 6 avril 1902.

Henri Paris vint à Reims en 1846. C’est donc, pendant un demi-siècle qu’il resta attaché à ce tribunal où il avait marqué sa place et auquel sa haute valeur intellectuelle jeta un si vif éclat.

Henri Paris fut un maître. Que ne se rappelle-t-on avec un sentiment de réel respect, ce vieillard aux cheveux longs et bouclés, à l’œil pénétrant, gravir les marches du Palais, allant y porter sa parole chaude et vibrante.

« Véritable et terrible jouteur, il semblait puiser dans la lutte même des forces nouvelles. Loin de l’abattre, la lutte l’exaltait. Pas de redites. La plaidoirie de son adversaire lui fournissait des armes inattendues... » Ces paroles que prononçait à ses obsèques M. Mennesson-Champagne, bâtonnier de l’ordre des avocats, disent à quel degré il avait le don de la réplique qui lui venait d’ailleurs d’une parfaite connaissance de la jurisprudence.

Cette élocution abondante, claire, précise, que beaucoup se rappellent avoir entendue en plus d’une circonstance solennelle, il la conserva sa vie entière et la mit encore au service de la défense du droit et de la liberté dans le procès intenté à S. E. le cardinal Langénieux, à la suite des processions de 1900. C’était sa dernière plaidoirie, c’était le dernier effort d’une lutte qu’il avait soutenue sans faiblir jamais.

Henri Paris fut maire de Reims de 1874 à 1875.

Représentant du parti légitimiste, il alliait à ses convictions monarchistes un libéralisme sincère.

Il fut nommé douze fois bâtonnier de l’Ordre et il y a six ans, en 1896, ses confrères célébraient solennellement le cinquantenaire de son inscription au barreau de Reims, couronnement d’une carrière si noblement vécue et si digne d’être donnée en exemple.

L’année suivante, le 14 mai, une autre compagnie, l’Académie nationale de Reims, à laquelle Henri Paris appartenait depuis 1843, fêtait également les cinquante ans de présence à ses réunions ; il en avait été élu membre titulaire en 1847, secrétaire général en 1852, président en 1861, 1865, 1877 et 1890 et enfin doyen en 1899.

Henri Paris y fit de nombreuses lectures et publia, dans les « Travaux » de la docte société, de nombreuses relations. Nous citerons seulement (1869) les « Cahiers du Bailliage de Reims avec documents pour servir à l’histoire des États-Généraux de 1789 », son plus important ouvrage, mais cet homme de vaste savoir n’était pas resté inactif dans sa retraite et l’an dernier il éditait ses « Souvenirs de Famille », charmant livre plein de douce poésie, illustré de séduisants tableaux de la vie familiale d’Avenay, milieu qu’il chérissait et qui devait recevoir sa dépouille mortelle. Il le quittait d’ailleurs en philosophe : « Le présent est si triste, écrivait-il, dans la préface de ce volume, qu’il n y a pas à regretter de n’y plus prendre part ». Phrase qui le peint tout entier et qui dit assez son amour pour le bien et pour la morale, vertus que certains disent bannies de notre société décadente, mais qui germent encore cependant en bien des âmes.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

PARIS (Jean-Pierre).

Né à Haudrecy (Ardennes), le 23 mars 1804, et mort le 27 octobre 1870 à Saint-Hilaire-le-Petit.

Source : AMB 1871.

PARIS (Louis).

Ancien bibliothécaire de Reims, ancien directeur du Cabinet historique, membre de la Société des gens de lettres.

Le dimanche 4 septembre 1887, s’éteignait à Avenay (Marne) dans la 86e année de son âge, l’un des érudits champenois les plus féconds et les mieux méritants de notre province. M. Louis Paris succombait à une attaque subite, qui interrompit le travail de la veille et paralysa ses forces ; il mourait presque sans souffrances au milieu des siens, après avoir joui d’une sereine et tranquille vieillesse, qu’entourait de soins dévoués sa famille si nombreuse et si unie. Ses obsèques furent célébrées le mardi 6, au même lieu, avec le concours de la population qui l’aimait autant qu’elle l’estimait. L’époque des vacances priva beaucoup de ses amis d’assister à cette cérémonie, et particulièrement ses confrères de l’Académie de Reims, société dont il était membre honoraire et l’un des rares fondateurs survivants.

Tous les lettrés de la Champagne, tous ceux qui ont le culte de l’art, tous les amis intelligents du passé, devront porter le deuil de M. Louis Paris. Ses titres et ses services officiels ne seront oubliés ni à la Bibliothèque, ni aux Archives, ni au Musée, ni à l’Académie de Reims. Longtemps il travailla dans cette ville, qu’il quitta vers 1847, pour fonder et diriger à Paris une publication très utile aux travailleurs de la France entière, et qui se poursuivit, de 1855 à 1876, sous le nom de Cabinet historique. Jamais, cependant, il n’oublia sa province natale ; il y revenait volontiers séjourner chaque année durant les vacances d’automne, et il se décida, vers 1872, à habiter le bourg d’Avenay, centre commun de la famille Paris. Il dirigea de là, pendant plusieurs années, avec autant de zèle que de dévouement, la Bibliothèque municipale d’Épernay. Il avait vu le jour dans cette hospitalière cité, au commencement du siècle, et il lui consacrait ses derniers efforts, non moins heureux que ses débuts.

Une notice bibliographique énumérera la liste complète des productions de M. Louis Paris. Signalons seulement ici les plus notables en ce qui touche la Champagne : La Chronique de Champagne ; Reims pittoresque ; les Toiles peintes et les Tapisseries de Reims ; Remensiana ; Durocort ; Livret du Musée de Reims et Catalogue de la Bibliothèque ; Œuvres de Maucroix ; Chapelles, Labyrinthe et Jubé de Notre-Dame de Reims ; le Théâtre de Reims ; et enfin ce bel ouvrage en deux volumes qui résume avec tant d’érudition les annales si intéressantes de l’Abbaye d’Avenay. Voilà plus d’œuvres qu’il n’en faut pour mériter à leur auteur nos regrets affectueux et notre unanime gratitude.

La capitale n’avait jamais pu absorber tout entière cette franche et simple nature : c’était bien celle d’un Champenois par sang, écrivain de race, homme d’esprit, chercheur sagace et fin critique, plein de sincérité et de bonne humeur avec ses confrères, modèle d’obligeance envers les débutants dans la carrière des lettres. Digne frère de Paulin Paris, Louis Paris restera, comme l’une des plus originales figures de notre galerie provinciale.

H. J.

Source : AMB 1888.

PARIS (Paulin).

Membre de l’Institut, professeur honoraire au Collège de France, membre de la commission de l’École des Chartes, membre de la Société des Bibliophiles français, officier de la Légion d’honneur et de l’Ordre de Léopold, né à Avenay le 25 mars 1800, mort à Paris le 1er février 1881.

Issu d’une des principales familles de l’arrondissement de Reims, où les traditions de l’honneur et de la science sont héréditaires, il conserva toujours pour son pays natal et pour la ville de Reims, une vive affection.

Sa vie fut une vie de travail incessant, et jusqu’à ses derniers moments, il conserva ses goûts pour l’étude. Il avait acquis une érudition de bénédictin, ses travaux sérieux l’avaient fait nommer depuis longtemps professeur au Collège de France et membre de l’Institut, et avant sa mort, il eut la consolation de voir son fils, qui le suppléait depuis plusieurs années, nommé titulaire de la chaire.

Les principaux ouvrages de Paulin Paris, furent une traduction de Lord Byron, des études sur les productions littéraires du moyen âge, sur les vieux romans de chevalerie et les chansons de geste. Il connaissait à fond la vieille langue de nos aïeux, et il la lisait ou la parlait avec une telle netteté, que les auditeurs les plus étrangers à ce pittoresque langage, étaient tout surpris de suivre parfaitement le récit.

Malgré ses titres pompeux, Paulin Paris s’honorait d’être membre de toutes les sociétés littéraires de notre département, assistait le plus souvent à leurs assemblées annuelles et ne dédaignait pas d’y faire quelquefois des lectures intéressantes.

Tout ceux qui l’ont connu ou même simplement vu, se souviennent de cette physionomie sympathique qui, habituée à la fréquentation des hommes du plus haut rang, souriait aux plus humbles de ses collègues, et dont il était sûr en les quittant d’emporter l’affection.

Après de pompeuses funérailles à Paris, il fut ramené dans le caveau de sa famille à Avenay, où son cortège, s’il fut moins brillant, ne fut pas moins sympathique.

Source : AMB 1882.

PARIZOT (abbé).

Chanoine titulaire de la cathédrale de Soissons, né à Ramecourt, commune de Saint-Erme, le 1er janvier 1810, décédé à Soissons le 5 août 1891. Ordonné prêtre le 13 juin 1835, M. Parizot remplit pendant trois ans les fonctions de professeur de seconde au petit séminaire de Laon, fut curé de Parfondeval de 1838 à 1842, et de Saint-Vaast de 1849 à 1856. C’est à lui que cette dernière paroisse doit la construction de sa belle église.

Il fut nommé à cette époque, aumônier de l’hôpital de Laon, où il fournit une carrière de 33 ans de dévouement au service des pauvres. Le 28 avril 1889, il fut nommé chanoine titulaire de la cathédrale de Soissons, digne récompense de ses vertus sacerdotales, de son inépuisable charité et de son extrême bienveillance, dont le souvenir restera vivant au cœur de ceux qui l’ont connu.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

PARLIER (Charles Jules).

Général de brigade, officier de la Légion d’honneur, officier de l’instruction publique, né le 24 avril 1827 au Gué-d’Hossus (Ardennes), décédé à Saint-Étienne (Loire) le 17 septembre 1888.

Entré a l’école militaire de Saint-Cyr le 1er décembre 1844, il en sortit sous-lieutenant le 1er octobre 1846. Au moment de la guerre, il était depuis six ans chef de bataillon, le 21 décembre 1871 il était nommé lieutenant-colonel, en 1875 il devenait colonel et général de brigade en 1883.

Il avait été blessé deux jours avant la bataille de Sedan, à la tête d’un bataillon de chasseurs à pied ; il n’en resta pas moins à la tête de ses hommes pendant cette fatale journée, et fut envoyé par le général Douay sur le calvaire d’Illy pour y soutenir les efforts suprêmes de notre armée. Il rentra l’un des derniers à Sedan, d’où il fut emmené en captivité, comme ceux qui avaient refusé de prêter serment de ne plus servir la France pendant la guerre.

Son corps est inhumé au cimetière de Charleville dans une sépulture de famille.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PATEZ.

Chevalier de la Légion d’honneur, secrétaire archiviste au bureau arabe, né à Rethel en 1815, décédé à Alger le 18 décembre 1868.

Source : AMB 1870.

PATOUX (Léon).

Négociant en bois, capitaine-commandant des Sapeurs-Pompiers de Reims, président-né de la Compagnie des Sauveteurs, président de la Fédération des Officiers et Sous-officiers de Sapeurs-Pompiers de France et d’Algérie, médaillé d’honneur, chevalier de la Légion d’honneur, né à Sermaize le 17 mai 1838, décédé à Reims le 8 septembre 1888.

M. Patoux était un honorable négociant et il a certainement mérité les éloges dus à un homme de bien ; mais, en dehors de la vie privée, il fut pendant vingt ans attaché à la compagnie de pompiers de Reims, dont il était nommé sous-lieutenant en 1869, lieutenant en 1875, et enfin capitaine-commandant après la retraite de M. de Tassigny, dont il imita le dévouement. Cent fois il exposa sa vie dans les incendies pour donner une bonne direction aux travaux et ménager la peine des hommes.

Une fois il exposait sa vie pour sauver celle d’un sapeur ; une autre fois une échelle se brisait sous lui, on le relevait meurtri et blessé.

Gravement atteint par la maladie qui devait l’enlever et qui n’avait d’autre cause que son dévouement ; il voulut encore, quelques semaines avant sa mort, courir au feu à l’appel du clairon ; on fut obligé de le ramener.

On pourrait citer de lui une foule de traits de dévouement dont la presse a déjà retenti. Aussi reçut-il la croix de la Légion d’honneur.

En somme, le commandant Patoux était tellement connu et apprécié des compagnies de sapeurs-pompiers, qu’il fut, à l’unanimité, nommé président de l’Union des Officiers et Sous-officiers de Pompiers de France et d’Algérie.

Simple et modeste, il eut des funérailles de héros. Jamais on n’avait vu à Reims une manifestation pareille qu’à celle qui accompagna son cercueil.

Dans le cortège tous les rangs étaient représentés ; hauts fonctionnaires civils et militaires, membres de toutes les administrations, des sociétés de gymnastique et musicales, officiers de pompiers de toutes les parties de la France, ainsi que ses nombreux amis.

Mais ce qui fait plus d’honneur à sa mémoire que les couronnes et l’assistance officielle, c’est la manifestation spontanée de tous les Rémois, qui formaient une haie continue sur tout le parcours du convoi jusqu’au cimetière, et exprimaient, par leur attitude, non une vaine curiosité, mais un douloureux respect, comme pour un vaillant mort sur le champ de bataille.

Il est beau d’être honoré ainsi ; il est consolant pour une famille de savoir que ces honneurs sont mérités.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PAULUS (Nicolas François).

Aumônier du Saint-Cœur de Marie à Reims, ancien curé-desservant de Boult-sur-Suippe, né à Reims le 22 juillet 1798, décédé à Reims, le 10 septembre 1871.

Source : AMB 1872.

PAUPE (Claude Joseph César).

Ancien banquier, est né à Pontarlier (Doubs), le 12 avril 1799, décédé à Reims, le 28 mars 1876.

M. Paupe avait été administrateur de la Banque de France, du Théâtre et des maisons d’arrêt de Reims.

Source : AMB 1877.

PAVILLON (Auguste Émile).

Ancien chef de bureau des Contributions, décédé à Reims, le 21 janvier 1896, était né à Bellème (Orne), le 21 avril 1830. Arrivé pour son sort militaire à Reims en 1848, il logea alors à Bethléem, qui servait de casernements, et resta des nôtres lors de sa libération. Il était entré comme employé à la Mairie en 1851 au bureau des Contributions directes, et occupait, en outre, les fonctions de commissaire du Bureau de bienfaisance depuis 1864.

Esprit droit, à l’allure militaire, M. Pavillon était le conseil éclairé pour une foule de jeunes gens.

Durant la guerre de 1870, il déploya tout son zèle pour les logements militaires, redoubla d’ardeur pour secourir les nombreux ménages dont il avait la surveillance.

L’Administration municipale, ce dont il faut la féliciter, avait tenu à récompenser M. Pavillon de ses nombreux services : une médaille de vermeil grand module lui avait été décernée le 25 décembre 1887, et il lui avait été alloué, le 2 août 1890, une pension annuelle et viagère.

Source : AMB 1897.

PAYARD (Charles Émile).

Né à Reims le 15 avril 1848, décédé à Baccarat, le 26 août 1896, fut un brillant élève de l’École centrale, dont il sortit en 1870, avec le diplôme d’ingénieur des Arts et Manufactures. Il fit son devoir pendant l’Année terrible comme officier d’artillerie. Fait prisonnier par les Allemands, à la prise de Mézières, il fut envoyé en captivité à Magdebourg, et c’est à son retour en France qu’il entra comme ingénieur-chimiste aux cristalleries de Baccarat. Son amour du travail, son activité, son savoir technique le firent bientôt remarquer de ses chefs qui, cinq ans après, lui confièrent le poste de directeur de cet important établissement.

À ses obsèques, qui ont eu lieu à Reims, M. Alfred Walbaum, président du Tribunal de commerce, lui a dit le dernier adieu au nom des anciens élèves de l’École centrale.

Source : AMB 1897.

PAYART (Charles Félix).

Agriculteur, décédé à Châlons-sur-Marne, le 1er août dernier, était né à Somme-Veste, le 24 novembre 1824.

À la tète de son domaine agricole de Somme-Vesle depuis longtemps déjà, M. Ch. Payart fut assez heureux, grâce à de sages méthodes, d’en faire prospérer l’exploitation. Aidé par une vive intelligence qui lui fit découvrir les moyens propres à se rendre maître d’un sol souvent ingrat, il réussit brillamment dans la tâche qu’il s’était imposée en 1862, il obtenait une médaille d’or et l’année suivante la prime d’honneur du concours régional pour l’excellente tenue de sa maison et les résultats obtenus.

Membre du conseil municipal de Somme-Vesle pendant trente ans, il y rendit de grands services et la population n’a pas oublié son dévouement durant l’invasion allemande pendant laquelle, il l’aida largement à subvenir aux réquisitions ennemies. M. Ch. Payart était le père du Président du tribunal de Sainte-Ménehould.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

PAYART (Ernest Irénée).

Né à Frétoy (Oise), le 16 décembre 1821, décédé à Fieulaine (Aisne), le 14 novembre 1900, fut un homme bon et dévoué aux intérêts de la commune à la tête de laquelle il était depuis de longues années déjà.

Maire de Fieulaine, il montra dans ces fonctions, les véritables qualités de l’administrateur.

M. Payart était officier d’Académie et chevalier du Mérite agricole.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

PAYEN (Nicolas Stanislas),

Ancien maire de Berrieux, né le 30 octobre 1801, décédé le 8 août 1890.

Ayant été témoin de tous les événements importants qui s'étaient succédé depuis le commencement du siècle, il énumérait volontiers tous les gouvernements sous lesquelles il avait vécu. Il avait été de 1848 à 1870 maire de la commune de Berrieux, qu'il administra avec sagesse et intelligence.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

PAYER (Abbé Auguste Clément).

Curé-doyen de Vendresse, né à Moiry le 10 avril 1845, décédé à Vendresse le 30 janvier 1893, avait fait ses études au petit séminaire de Charleville et les avait couronnées par l’obtention d’un diplôme de bachelier ès lettres.

Entré au grand séminaire de Reims en 1866, il fut ordonné prêtre en juillet 1870 et envoyé comme vicaire à la paroisse Saint-Charles de Sedan, c’est là qu’il eut, après la funeste bataille, l’occasion de montrer la charité, le zèle et le dévouement dont fit preuve tout le clergé de Sedan.

Il joignait à ses fonctions de vicaire celle d’aumônier du Collège, où sa science et sa bonté lui gagnèrent l’affection des élèves.

Après avoir été pendant quinze ans curé de l’importante paroisse d’Haraucourt, il ne fit que passer à Braux, d’où il fut tiré en 1891 pour être nommé curé doyen de Vendresse. Il était l’ami et le modèle des prêtres de son doyenné ; bon et charitable, il fut vénéré de ses paroissiens. Il a fait sans bruit beaucoup de bien partout où il a passé.

Charles Remy.

AMB 1894.

PÉCHART (Paul Désiré).

Né à Paris le 4 juillet 1843, décédé à Charleville 27 octobre 1873, après avoir été successivement vicaire à Rethel, curé de Lumes et de Villers-Semeuse.

Source : AMB 1874.

PÉCHEUR (l’abbé Louis Victor).

Né à Oulchy-le-Château, le 29 mai 1814, ordonné prêtre à Soissons en 1840, avait été successivement vicaire à Château-Thierry, à Guise, puis curé à Laval, à Fontenay, et enfin à Crouy jusqu’en 1894, époque où il prit sa retraite et fut nommé chanoine honoraire ; dès lors, retiré dans son paya natal, il habita une partie de l’ancien prieuré, converti jadis en petit-séminaire ; de sorte que ce fut là le début et la fin de sa carrière. Il y mourut le 1er octobre 1898, dans sa 85e année.

C’était un excellent prêtre, mais aussi un savant archéologue. Aussi était-il lauréat de l’Institut, officier de l’Instruction publique, ancien secrétaire de la Société archéologique de Soissons, membre correspondant de la Société des antiquaires de France. Tout le temps qui n’était pas pris par son ministère sacerdotal, il le consacrait à de sérieuses études d’histoire locale et d’archéologie. Parmi les nombreux travaux qu’il nous a laissés, il nous faut citer son œuvre magistrale, fruit de 40 années de laborieuses recherches, les « Annales du Diocèse de Soissons », qui ne compte pas moins de dix volumes, dont neuf sont déjà publiés, et le dixième, traitant de l’époque actuelle, est resté manuscrit et déposé à la bibliothèque, sous la réserve expresse de ne le communiquer à personne et de ne le publier que trente ans après sa mort. Ce travail est un véritable monument élevé à l’histoire du Soissonnais.

Toutefois, il ne suffisait pas à l’activité de ce chercheur infatigable. Il a publié encore « l’Histoire de Guise » (2 volumes avec gravures, 1851) ; de nombreux articles et même des traités de longue haleine, dans les bulletins de la Société archéologique de Soissons, dont il fut trente ans le secrétaire. Signalons entre autres :

« Les Cahiers du Baillage de Soissons pour les États généraux » (1866) ;

« Le Cartulaire de Saint-Léger, de Soissons » (1868) ;

Le Mémoire sur la « Cité des Suessions » (1876) ;

« L’Histoire des Bibliothèques publiques du département de l’Aisne » ;

Les biographies de Lesur, Théodore Lorin, Stanislas Prioux, Manesse, Traizet, Houillier, Ange-Tissier, Pierre de Lavilly, Fossé d’Arcosse ;

« L’Itinéraire d’Attila dans le Soissonnais » ;

« Le Répertoire archéologique du canton d’Oulchy-le-Château et de Vic-sur-Aisne, etc., etc.

Source : AMB 1899.

PECHMANN (Madame Marie Amélie Henriette Élisabeth de).

Née à Landsberg (Bavière) le 6 janvier 1812, décédée supérieure du Bon-Pasteur de Reims le 10 octobre 1878.

Fille du baron de Pechmann, conseiller et grand-chambellan du roi Louis Ier de Bavière, et sœur du ministre de Pechmann, cette dame était supérieure du Bon-Pasteur d’Angers depuis 37 ans.

Elle passa 27 ans à Reims, en qualité de supérieure de la Maison que cette congrégation possède en cette ville. Cette pieuse dame, qui aurait pu vivre sur les marches d’un trône, préféra une pauvre maison de refuge et la compagnie de pauvres enfants dont elle se plaisait à panser les blessures physiques et morales ; c’est en grande partie à son administration que la Maison du Bon-Pasteur de Reims doit son développement, car cette femme charitable s’était fait un devoir de procurer à ses chers enfants un local vaste et aéré qui les préservât de tant de maladies nées dans les réduits privés d’air et de soleil. Sous ce rapport, comme sous le rapport moral, madame de Pechmann a bien mérité de l’humanité, et son nom mérite d’être inscrit parmi ceux que nous nous plaisons à honorer de notre respect et de notre reconnaissance.

Source : AMB 1879.

PECQUEUX (Abbé Marcel).

Ancien curé de Bucy-le-Long, est décédé à Crouy le 20 novembre 1892, où il s’était retiré, dans sa 74e année.

Né à Malzy, canton de Guise. le 31 mars 1819, il fut ordonné prêtre à Soissons en 1844 et occupa pendant 43 ans la cure de Bucy-le-Long.

Un souvenir tout à la fois honorable et douloureux se rattache à sa mémoire.

Le 9 septembre 1871, l’avant-garde du 4e corps de l’armée allemande arriva à Bucy et le commandant de ce détachement intima l’ordre à un vieillard de plus de 70 ans, M. Brun, d’aller pendant la nuit porter une dépêche au commandant de la place de Soissons. Celui-ci cherche en vain à faire comprendre à l’officier l’inutilité de cette tentative, vu l’obscurité et la fermeture des portes de la ville pendant la nuit. L’officier insista, il fallut obéir.

Ce fut alors que l’abbé Pecqueux voulut partager les dangers de cette mission. Arrivé à la porte de la ville, M. Brun essaya de parlementer avec la sentinelle qui croyant avoir à faire à l’ennemi réveilla le poste et l’officier donna ordre de faire feu. M. Brun fut atteint à la cuisse. L’abbé Pecqueux après avoir prodigué ses soins à son compagnon le ramena à Bucy où l’officier allemand se confondit en excuses plus ou moins sincères, sur la triste issue de cette mission qui aurait pu coûter la vie à deux hommes, sans utilité pour lui.

Charles Remy.

AMB 1894.

PEIGNÉ-DELACOURT (Achille).

Chevalier de la Légion d’honneur, docteur en médecine, correspondant de la Société des antiquaires de France, né à Reims en 1795, est mort dans sa 86e année, à Guise, le 14 juin 1881.

Après avoir exercé la médecine pendant un certain nombre d’années, M. Peigné-Delacourt avait acheté l’ancienne abbaye d’Ourscamp et y avait établi une manufacture des plus importantes.C’est de cette époque que date son goût pour les études archéologiques, et après avoir su conserver ce qui restait des abbayes d’Ourscamp et de Prémontré, M. Peigné entreprit de nombreux travaux sur l’archéologie du nord de la France.

On loi doit aussi l’initiative des grandes publications en tête desquelles figurent la reproduction du Monasticon-gallicanum, pour laquelle M. Léopold Delisle a écrit une préface.

Source : AMB 1882.

PEIN (Théodore).

Né à Châlons le 13 mai 1810, mort au même lieu le 13 janvier 1891.

Engagé volontaire le 1er février 1832, il fut promu chef de bataillon en 1849, lieutenant-colonel en 1855, et colonel en 1859. Il fit les campagnes d’Afrique où il se familiarisa avec la langue arabe et le dialecte kabyle : blessé plusieurs fois, porté à l’ordre du jour, il fut le 27 août 1860, nommé commandeur de l’ordre de la Légion d’honneur.

Il prit sa retraite à la veille d’être nommé général, mais en 1870, il reçut le commandement du fort de la Couronne du Nord à Saint-Denis, où il supporta le bombardement prussien.

Charles Remy.

AMB 1893.

PELET (Privat Joseph Claramont).

Comte de la Lozère, né en 1785, ancien administrateur des forêts de la Couronne, ancien préfet puis député du département de Loir-et-Cher, ancien pair de France, ancien ministre des finances, ancien membre du Conseil général du Gard, officier de la Légion d’honneur, et de l’ordre de Léopold de Belgique, ancien membre du Consistoire et du Conseil presbytéral de l’Église réformée de Paris, décédé à Villers-Cotterêts, le 9 février 1871, dans sa 86e année.

Source : AMB 1872.

PÉLETTE (Charles).

Né à Sedan le 25 février 1823, mort accidentellement à Charleville le 6 mars 1875. Ancien élève de L. Chéret, peintre distingué, il pratiquait son métier avec amour et s’était acquis une certaine réputation dans les arts.

La dernière exposition lui fit vendre deux tableaux d’un mérite réel, l’un le ruisseau de la Givonne à Doigny, l’autre le ruisseau de la Givonne à Oly.

Source : AMB 1876.

PÉLICIER (Paul).

Un érudit de grande valeur nous a été enlevé presque subitement à Châlons-sur-Marne, le 27 mars 1903, en la personne de M. Paul Pélicier, né à Paris, le 17 septembre 1838.

Archiviste du département de la Marne depuis 1878, membre non résidant du Comité des Travaux historiques, licencié ès lettres, agrégé et ancien professeur de l’Université, officier de l’Instruction publique, membre et ancien Président de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Marne, il était membre correspondant de l’Académie de Reims, etc.

Ces titres indiquent déjà suffisamment une vie laborieuse et de nombreux services rendus à l’érudition et aux érudits en Champagne, mais il faut y joindre la haute récompense de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, décernée eu 1883 à l’auteur pour un ouvrage de premier ordre sur l’histoire de France : « Essai sur le gouvernement de la Dame de Beaujeu ». La publication des lettres inédites de Charles VIII continua ses travaux sur cette période du XVe siècle.

En même temps s’élaboraient et se publiaient les inventaires des Archives départementales de la Marne, des Archives communales de Châlons, des Cartulaires de l’évêché et du chapitre, enfin les Cahiers de doléances du bailliage d’Épernay en 1789. Ce sont là d’utiles recueils qui assurent à la mémoire de l’archiviste la gratitude des chercheurs de la contrée. La sûreté de son commerce dans ses rapports avec le public, l’obligeance méthodique témoignée aux plus humbles comme aux plus savants, la bonté envers les candidats devant les jurys d’examens, sa régularité dans ses fonctions, toutes ces qualités en un mot perpétueront dans notre province la reconnaissance et l’estime bien légitimement dues à l’homme distingué qui nous quitte trop prématurément.

H. J.

Source : AMB 1904.

PELTIER (Gustave).

Gustave Peltier est né à Lalobbe le 4 août 1826 ; tout jeune il gardait les brebis de son père ; il entra au Séminaire et fut ordonné prêtre en 1851 ; successivement vicaire de Mouzon, puis de Rethel, et ensuite curé de Thin-le-Moutier ; en 1866, il fut appelé à la paroisse de Saint-Remi de Rethel et enfin au doyenné de Torcy-Sedan. Le 7 octobre 1884, S. E. le cardinal Langenieux le nomma supérieur des communautés de l’Enfant-Jésus et de l’Hôtel-Dieu. D’un caractère sérieux, doux et affable, il avait partout conquis les sympathies de ses paroissiens et celles du clergé. Une courte maladie l’enleva le 15 juillet 1888 dans sa 62e année. Après les funérailles célébrées dans la cathédrale de Reims, le corps fut transporté à Torcy-Sedan.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PELTIER (Louis Antoine).

Né à Soissons le 1er décembre 1815, décédé dans la même ville, le 5 août 1897, dans sa 82e année.

C’était le sauveteur légendaire de Soissons. Aussi était-il vice-président de la Société des sauveteurs de l’Aisne, dont le président est M. Arnould Rogier. Il était en outre membre honoraire de presque toutes les sociétés soissonnaises, voire même de celle des sauveteurs de Reims, et il ne manquait jamais d’assister à leur banquet annuel.

Toute son existence est remplie d’actes de dévouement : son premier sauvetage date de 1829, alors qu’il n’avait que 14 ans. Depuis il a continué sans relâche, et de nombreuses médailles couvraient sa poitrine aux jours de réunion. Il y a quelques mois à peine, il recevait à Compiègne la médaille d’or du département. Comme titre officiel, il eut les trois médailles d’honneur et tous les premiers prix, ainsi que les premiers diplômes des sociétés de sauveteurs de l’Aisne, de l’Oise et de la Marne. – Il est mort au moment où tous ses camarades de l’Aisne organisaient en son honneur une fête, qui devait avoir lieu prochainement.

Source : AMB 1898.

PELTIER (Docteur Jean Nicolas Gustave).

Ce fut une vie exemplaire que celle de M. le docteur Peltier, décédé prématurément le 8 Octobre 1900, à Grandpré (Ardennes). Comme médecin il fut un homme de science du plus haut mérite. Il avait puisé ses qualités de praticien dans les fortes études médicales, couronnées par l’internat dans les hôpitaux de Paris. Il aurait pu comme beaucoup de ses condisciples, occuper une place enviée dans sa sphère, mais il préféra revenir se fixer dans son pays ardennais et y mener une existence modeste et dévouée. C’est à Sedan, après la campagne de 1870, qu’il suivit comme attaché à l’ambulance de l’armée de la Loire, que M. le docteur Peltier vint résider, et c’est dans cette ville que pendant trente ans, il exerça, véritable sacerdoce, les fonctions de médecin de l’hospice et du bureau de bienfaisance. Sa notoriété était grande à Sedan et dans le pays environnant; en lui disparaît l’un des membres les plus en vue du corps médical du département des Ardennes.

M. le docteur Peltier n’avait que cinquante-quatre ans.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

PÉNASSE (docteur).

Le 10 décembre 1891, mourait à Sedan le docteur Pénasse-Demazy, chevalier de la Légion d’honneur et doyen des médecins du département des Ardennes.

C’était un homme de bien, un homme d’intelligence et de cœur. Né à Carignan en 1804, il fit de solides études médicales à la Faculté de Paris où il fut reçu docteur. En 1830, il fut attaché à une ambulance établie rue Saint-Honoré pendant les journées insurrectionnelles de 1830 ; il vint ensuite se fixer à Carignan, où il exerça son art près d’une vingtaine d’années.

Il laissa dans sa ville natale le souvenir d’un médecin savant, d’un praticien dévoué et charitable. Sa santé fut même ébranlée par un labeur incessant, et il vint se fixer à Sedan où il continua l’exercice de la médecine pendant une quinzaine d’années.

Il se retira alors de la vie active, mais il n’en resta pas moins l’homme de bien, fidèle à toutes ses affections. L’année terrible le fit sortir de la retraite qu’il avait si bien gagnée. Il retrouva alors l’ardeur de la jeunesse, et organisa rapidement l’ambulance de Balan, dans l’ancienne église, à l’extrémité du village.

Après la capitulation, il fut chargé du service médical d’une ambulance établie dans les magasins de la maison Varinet, à la Soulle.

Tous ceux qui l’ont vu à l’œuvre admirent l’ardeur, le dévouement, l’abnégation, le talent dont il fit preuve, et ce fut au milieu de la satisfaction générale que, quelque temps après, le Ministre de la Guerre le décora de la croix de la Légion d’honneur qu’il avait si vaillamment gagnée.

La guerre finie, le docteur Pénasse reprit sa vie simple et modeste, vivant retiré dans sa maison de Torcy, où il s’éteignit au milieu des siens, à l’âge de 88 ans.

Dr G. P.

AMB 1893.

PÉNOT (Pierre Alphonse).

Né à Champigny, le 20 mars 1828, chauffeur à la Maison Matot-Braine, médaillé d’honneur du Commerce et de l’Industrie, Membre de la Société de Secours mutuels de Saint-Brice-Courcelles.

Décédé à Reims, le 24 mars 1898, dans sa 71e année, inhumé le 27 mars au cimetière de Saint-Brice.

Tout le personnel de la maison Matot, patron en tête, a tenu à accompagner, jusqu’à sa dernière demeure, ce vieux serviteur fidèle et dévoué.

Source : AMB 1899.

PERCEBOIS (Victor Ernest).

Né à Grandpré (Ardennes) le 13 novembre 1832, décédé à cet Sainte-Ménehould le 8 mars 1895.

Licencié en droit le 17 janvier 1856, M. Percebois prête serment devant la Cour de Paris le 11 mars suivant et se fait inscrire le même jour comme avocat stagiaire au barreau de Sainte-Ménehould ; il est admis à titre définitif le 11 mars 1859. Il plaide sa première cause sous les auspices de M. Coilin, alors président du tribunal, devenu depuis son beau-père. Il est nommé juge suppléant à Vitry-le-François le 13 novembre 1859, juge titulaire à Joigny le 16 août 1865, puis à Épernay, puis à Reims ; enfin, président du tribunal de Sainte-Ménehould le 11 septembre 1875. Les qualités de l’honorable magistrat ont été résumées en deux lignes :

Vie irréprochable, catholique fervent, magistrat intègre, époux modèle. – Sa modestie a interdit tout discours à l’occasion de ses funérailles.

Il était vice-président du Bureau de bienfaisance et membre de la Caisse des Écoles.

Source : AMB 1896.

PERCHE (Alexandre Sébastien).

Né à Épernay le 13 janvier 1814, décédé à Paris le 15 février 1874.

Ancien notaire à Reims et ancien Vénérable de la Loge maçonnique de la Sincérité en cette ville.

Source : AMB 1875.

PÉRIN (Adolphe François).

Docteur en médecine à Reims, né à Roucy (Aisne) le 28 janvier 1836, décédé à Reims le 30 janvier 1879.

Praticien habile, M. Périn exerça son art dans notre ville pendant de nombreuses années avec zèle et dévouement.

Sa thèse de docteur devant la Faculté de Paris traitait De la Péritonite puerpérale.

Source : AMB 1880.

PÉRIN (Charles Jean-Baptiste Barthélemy).

Né à Laon le 24 novembre 1819, embrassa la carrière judiciaire qui fut pour lui couronnée à l’époque où il prit volontairement sa retraite, par le titre de juge honoraire au Tribunal de Soissons, ville où il s’était depuis longtemps fixé.

M. Périn ne se contenta pas d’être un magistrat éclairé et scrupuleux dans l’accomplissement de ses devoirs. Possesseur d’une fortune considérable, pouvant disposer de quelques loisirs, il se dévoua tout entier à sa ville d’adoption et au département de l’Aisne, où il rendit par ses travaux et ses libéralités de toutes sortes, les services les plus signalés à la chose publique.

Entre toutes les nombreuses fonctions qu’il a si dignement occupées et qui lui constituent des titres à la reconnaissance de ses concitoyens, nous citerons tout particulièrement sa longue et intelligente et paternelle présidence de la Société de secours mutuels des ouvriers de la ville de Soissons, société dont il avait fait, comme organisation et prospérité, l’une des premières de France.

Les statuts qu’il en a annotés et commentés avec sa haute science juridique et son grand cœur sont un véritable modèle du genre et établissent pour les associations de même nature, une jurisprudence sûre et précieuse. Aussi par son dévouement à la chose publique et par toutes les qualités de son esprit et de son cœur, M. Périn laisse-t-il une mémoire vénérée dans la ville de Soissons, où, accablé par un deuil de famille récent, il est mort le 23 juillet 1882. Il fut escorté au champ de l’éternel repos, par la population de la ville tout entière, qui lui a payé sur sa tombe le tribut de ses justes regrets.

Source : AMB 1883.

PÉRIN (Messire le chanoine Pierre Eugène).

Le chapitre métropolitain était en deuil le 15 mai dernier. Grand chantre de l’église métropolitaine de Reims, ancien supérieur du petit-séminaire, ancien aumônier de la congrégation de Notre-Dame, M. le chanoine Périn venait de s’éteindre doucement après une existence des plus dignes.

Né à Château-Porcien (Ardennes), le 21 avril 1820, il fit ses études au petit-séminaire de Reims, dont le supérieur était M. l’abbé Lambert. Ce dernier reconnaissant en lui l’étoffe d’un auxiliaire précieux, se l’adjoignit et en 1842, M. Périn était nommé professeur de cinquième dans cet établissement. En 1843, il devenait directeur et en 1866, les infirmités ayant obligé M. Lambert à se démettre de ses fonctions, celui-ci obtint d’être remplacé par son ancien élève. M. Périn ne quitta le petit séminaire qu’en 1876, date à laquelle il fut nommé chanoine titulaire.

Il restait l’aumônier de la congrégation de Notre-Dame où se porta dès lors sa sollicitude.

Au moral, M. l’abbé Périn était l’homme bon et serviable. Les anciens élèves du séminaire se rappellent son urbanité et son indulgence à atténuer les punitions tout en maintenant en vigueur les règlements de la discipline.

« Sa piété, écrivait M. l’abbé Gillet, dans le « Bulletin du Diocèse », exerçait une douce et profonde influence. Il lisait son bréviaire avec une ferveur joyeuse, qui faisait désirer à beaucoup d’élèves, le bonheur de le réciter un jour. Il célébrait la sainte messe avec une paisible gravité, touchait les cœurs de ses pénitentes par de religieuses exhortations. Aux retraites et aux premières communions, il édifiait par des allocutions simples, mais émouvantes, relevées de comparaisons et de traits historiques bien choisis. Jusque dans ses dernières années, il acceptait volontiers, pour obliger un confrère, de porter la parole dans quelque cérémonie extraordinaire ; et toujours, il le faisait avec plaisir et profit pour l’auditoire ».

Les premières atteintes du mal qui devait l’emporter se firent ressentir au commencement de l’année. Il succombait la veille de l’Ascension.

Ses obsèques furent célébrées à la cathédrale le 18 mai, avec la solennité des deuils capitulaires, rehaussées qu’elles étaient par la présence de Son Éminence le cardinal Langénieux, par le concours du haut clergé rémois et une grande assemblée de fidèles.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

PÉRINE de LA CAMPAGNE (Émile Gabriel Nicolas).

Né à Caen le 14 juillet 1815, membre du Conseil municipal de Laon, ancien vice-président de 1a Société de Secours mutuels, est décédé à Laon le 18 octobre 1884.

Venu à Laon en 1833, avec son père, qui était le fondé de pouvoir du receveur général de l’Aisne. il devint bientôt le secrétaire particulier de M. Desmousseaux de Givré, préfet de l’Aisne, et fut plusieurs fois élu au Conseil municipal.

Sa vie est celle d’un homme de bien, dont les qualités, les sentiments élevés et les manières élégantes avaient produit un profond attachement parmi ses concitoyens, auxquels il fat toujours dévoué et auxquels il rendit discrètement d’éminents services.

Il était, parait-il, un virtuose distingué, il avait été élève du Conservatoire de Paris ; on voulut le diriger vers la carrière artistique, mais il quitta l’école pour reprendre ses habitudes ordinaires et tranquilles, et ne profita de son talent musical que pour donner plus d’éclat aux concerts de bienfaisance qui se donnaient à Laon. Il n’en conserva pas moins les meilleures relations avec les célébrités artistiques de la capitale.

MM. Tilorier et Ernest Lemaire prononcèrent chacun un discours sur sa tombe ; le premier retraçant sa vie publique, et le second faisant connaître toutes les qnalités de l’homme privé.

Source : AMB 1885.

PÉRINET (Louis Victor).

Chevalier de la Légion d’honneur, ancien avoué, juge honoraire à Vitry-le-François, est né en cette ville en 1802 ; il y est décédé en novembre 1876, après avoir rempli dans sa ville natale une carrière longue et toujours utile à ses concitoyens, ce qui a fait dire à M. le président Philippe, en terminant le discours qu’il a prononcé sur sa tombe : « Il a passé en faisant le bien. »

Après avoir fait de brillantes études au collège de Vitry, le jeune Périnet alla à Paris faire son droit et son stage, puis revint au foyer paternel. Nommé avoué dans la même ville, il fut pendant de longues années une autorité dans les questions judiciaires.

Nommé en 1842 juge suppléant près le tribunal de Vitry, il céda son étude d’avoué, l’année suivante, pour exercer les fonctions de juge de paix du canton jusqu’en 1848. En 1859, il était nommé juge titulaire de ce même tribu¬nal. Enfin, en 1872, la limite d’âge l’ayant condamné au repos, il fut nommé juge honoraire. Non content de rem¬plir ses devoirs professionnels, il s’occupa des intérêts de la ville de Vitry en acceptant de ses concitoyens le mandat de conseiller municipal et de membre du bureau de bienfaisance.

Allié à une des familles les plus honorables du canton de Heiltz-le-Maurupt, il fut élu pendant plus de 20 ans membre du Conseil d’arrondissement, puis du Conseil géné¬ral, par les électeurs de ce canton, dont les intérêts lui furent toujours chers.

En un mot, comme officier ministériel, comme juge et comme administrateur, il avait acquis une grande notoriété, et aussi l’on a pu dire après sa mort qu’il avait bien mérité de son pays natal.

C. R.

Source : AMB 1878.

PÉRONNE (Dr Charles).

Né à Vouziers en 1841, mort à Arcachon le 11 juin 1893. Après avoir passé une thèse remarquée sur l’Alcoolisme dans ses rapports avec le Traumatisme (1870), Charles Péronne vint habiter Sedan. Sa belle conduite pendant la guerre lui valut la croix de la Légion d’honneur. Pendant douze ans, il fut le président de la Société de secours de Sedan et, à ce titre, il a publié plusieurs études sur des questions de mutualité et de philanthropie. On lui doit aussi des mémoires de médecine envoyés aux sociétés savantes ou publiés dans les journaux spéciaux.

Très aimé dans sa clientèle, à laquelle il consacrait tout son dévouement, il a laissé à Sedan un vide qui n'est pas encore rempli.

Charles Remy.

AMB 1894.

PÉRONNE (Louis Eugène).

Ancien notaire, ancien député, sénateur des Ardennes, né à Vouziers le 20 janvier 1832, décédé à Paris le 23 septembre 1893. Il fut notaire à Grandpré de 1860 à 1875. Aux élections du 14 octobre 1877, il fut élu député de l’arrondissement de Vouziers, et ne fut pas réélu en 1881.

Le 17 septembre 1882, M. Péronne fut élu sénateur en remplacement de M. Toupet des Vignes, décédé, et siégea au Sénat sans interruption, jusqu’à sa mort.

Il représenta pendant 22 ans le canton de Grandpré au Conseil général des

Ardennes, dont il était le vice-président.

Après une première cérémonie funèbre à Grandpré, où il avait occupé le poste de maire pendant un certain temps, M. Péronne fut inhumé à Vouziers.

Charles Remy.

AMB 1893.

PÉROT (Jules Jean François).

Artiste peintre, né à Châlons-sur-Marne au mois de juin 1814, est mort à Levallois-Perret, prés Paris, le 11 décembre 1876.

D’abord peintre sur verre, il fit de la peinture décorative sous la direction de M. Arban. Ils travaillèrent ensemble à Reims au Café Courtois, qui est une merveille de décoration comme salle de café, à la salle Besnard de Reims, au Café des Oiseaux à Châlons et à Vitry-le-François.

Dès son arrivée à Paris, Pérot fut attaché à l’atelier de Cicéri et travailla sous la direction de ce maître au palais des Tuileries, du Luxembourg et de Fontainebleau. On lui doit les peintures murales de l’église Saint-Bernard à Paris et celles du théâtre du Vaudeville ; il exécuta des travaux remarquables dans 1e château de Rauville, près de Malesherbes, une chapelle funéraire au cimetière du Père-Lachaise pour Mme la princesse de Bibesco, la chapelle de Ségur à Laigle et celle de l’abbé de Leudeville, enfin les peintures du théâtre de Nice.

Pérot avait pris part aux expositions de Lyon et de Vienne ; il obtint une récompense à cette dernière pour ses peintures sur reps monté sur panneaux de salon. Ces deux panneaux doivent être légués à la ville de Châlons, selon ses derniers désirs.

Source : AMB 1878.

PERRIBÈRE (Clément Victor).

Horloger-opticien, est décédé à Épernay, le dimanche 4 février 1871, dans sa 52e année. Par ses tendances artistiques et littéraires, il appartenait à la pléiade poétique éclose sous la Monarchie de juillet. On a de lui des poésies empruntes de grâces naturelles du pays méridional : on y trouve de gracieuses images, de la verve et l’honnête chaleur d’un cœur enclin à la rêverie. Il a publié les Fleurs d’Automne, précédées d’une introduction par A. de Martonne, Épernay et Paris, 1853, in-8°.

Source : AMB 1872.

PERRIER (Alfred).

Ancien inspecteur des forêts, décédé à Châlons, le 27 janvier 1897, à l’âge de 84 ans.

Il avait eu la douleur de perdre, il y a deux ans, la compagne de sa vie. Tous deux faisaient de leur fortune le plus noble usage. Cruellement atteints dans leurs affections par la mort de leurs deux jeunes filles, ils avaient cherché une consolation dans l’exercice de la Charité. C’est en grande partie à leurs libéralités que les écoles chrétiennes de Châlons doivent leur existence nouvelle, et l’une d’elles a reçu à juste titre le nom d’École Alfred Perrier.

L’établissement des sœurs de « Notre-Dame auxiliatrice », qui donnent gratuitement leurs soins aux malades, et encore une de leurs fondations.

Source : AMB 1898.

PERRIER (Benjamin).

Le dernier survivant des trois frères Perrier, si connus et ai aimés à Châlons, né à Châlons le 16 janvier 1801, est mort en cette ville le 15 juillet 1884, à l’âge de 80 ans.

Celui-ci ne suivit point l’exemple de ses deux frères, qui tous deux furent longtemps maires de la ville, et dont le plus jeune fut membre de l’Assemblée nationale ; il resta attaché à la conduite d’une grande maison de vins de Champagne, dont l’honorabilité égalait l’importance. Il sut, aussi bien que ses frères, répandre discrètement ses bienfaits.

Il avait un fils qu’il chérissait et qui était déjà à 26 ans, un écrivain distingué ; il était attaché d’ambassade à Rome, en 1860, lorsqu’il mourut au moment où l’avenir paraissait s’ouvrir devant lui, plein d’honneurs et de prospérités.

Il ne laisse plus qu’une fille mariée au baron de Launoy.

Source : AMB 1885.

PERRIER (Charles Nicolas).

Négociant en vins de Champagne, ancien maire de la ville d’Épernay, ancien conseiller général, ancien président du Tribunal de commerce, ancien député, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, né à Épernay le 1er janvier 1815, décédé à Épernay le 21 décembre 1878, à l’âge de 65 ans.

Chef d’une des plus importantes maisons de commerce de la Champagne, M. Ch. Perrier a rempli de hautes fonctions auxquelles l’avaient appelé la confiance du gouvernement et le vote de ses concitoyens ; il a été maire d’Épernay pendant 46 ans, conseiller général, député, président du Tribunal de commerce, capitaine des sapeurs-pompiers, président du Comice agricole, membre de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, membre de l’administration du Collège et des commissions de l’Hospice et du Bureau de bienfaisance.

Cette simple énumération dit assez combien il était estimé de ses concitoyens, et la nombreuse assistance qui accompagnait son cercueil indique aussi les regrets qu’il a laissés dans sa ville natale, où il est toujours demeuré, sans cesser de faire du bien.

Si sa fortune était considérable, sa bienfaisance et sa charité étaient inépuisables.

Sans parler des nombreuses et discrètes aumônes qu’il versait dans le sein des malheureux, et qui font son plus beau titre, nous dirons qu’il fonda à ses frais, en 1854, la maison des Orphelines de la ville d’Épernay ; en 1864, il contribua pour une large part à l’érection d’une chapelle pour le Collège. En 1867, il fit construire à ses frais une annexe à l’école communale des filles et un local pour le fourneau économique.

En 1870, il se démit de toutes ses fonctions autres que celles qui lui donnaient l’occasion d’exercer la bienfaisance, et dans sa retraite il se livra jusqu’à sa mort aux douces occupations qui convenaient à son cœur généreux et compatissant.

Source : AMB 1880.

PERRIER (Eugène).

Négociant en vins de Champagne, ancien député, ancien maire de la ville de Châlons-sur-Marne, ancien juge au tribunal de commerce, membre de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, officier de l’Instruction publique, chevalier de la Légion d’honneur, né à Châlons le 4 Juillet 1810, décédé en la même ville le 3 juin 1879.

Il commença ses études au Petit-Séminaire de Châlons et les termina au Collège de cette ville, et partout il obtint des succès et l’amour de ses maîtres.

Issu d’une famille qui avait acquis une haute position dans le commerce des vins de Champagne, il joignait à l’habile gestion de ses affaires commerciales le goût et l’exercice des travaux littéraires ; aussi le vit-on bientôt être juge suppléant, puis juge titulaire du Tribunal de commerce, en même temps qu’il était admis comme membre de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, dont il fut pendant cinq ans le secrétaire, et plusieurs fois le président.

Les mémoires de cette Société contiennent, outre ses comptes-rendus comme secrétaire et ses discours comme président aux séances solennelles, de nombreux travaux et rapports sur des sujets touchant à l’agriculture, à l’industrie, au commerce, à l’économie sociale, à la législation.

On retrouve son cœur d’ami affectueux dans les notices nécrologiques qu’il a composées sur plusieurs de ses collègues, MM. Théodore Pein, le Docteur Moignon, Caquot. Les arts avaient aussi pour lui des charmes, et dans les récits d’un Voyage à Naples, lu par lui en séance, il faisait passer dans l’esprit de ses collègues ses impressions sur les musées d’Italie.

Malgré sa valeur réelle et incontestée, il n’entra au Conseil municipal qu’en 1865, la retraite de son frère aîné, qui fut longtemps maire de la ville, ayant supprimé l’empêchement légal, et fut lui-même nommé maire en 1867.

Ses talents d’administrateur, son amour du travail, l’urbanité de son caractère lui avaient immédiatement conquis l’estime de ses administrés ; mais ce fut pendant l’occupation de Châlons par les armées allemandes, et lors des nombreux passages de troupes, que M. Eugène Perrier montra un dévouement à toute épreuve en face des exigences sans bornes de nos vainqueurs. Il risqua plus d’une fois sa liberté, peut-être sa vie, en soutenant avec fermeté les intérêts de la ville en face d’ennemis dont le sabre était la suprême raison, et qui avaient pour maxime : La force prime le droit. Aussi, après la paix, fut-il nommé chevalier de la Légion d’honneur, au grand contentement de ses administrés. Lors des élections de 1871, il fut élu député à l’Assemblée législative ; il avait fait acte de dévouement en acceptant le mandat de ses concitoyens ; il rentra, sans murmure et sans regret, en 1875, dans la vie privée ; le malheur vint l’y atteindre : après avoir perdu son épouse, son fils unique vint à mourir. Il demanda alors des consolations à l’étude, et il mourut avec la conscience de n’avoir jamais failli à ses devoirs publics ou privés.

Ses concitoyens, ses administrés ne perdront jamais la mémoire de son dévouement et des services qu’il a rendus à son pays.

Source : AMB 1880.

PERRIER (Joseph).

Ancien maire de la ville de Châlons, né à Châlons-sur-Marne le 10 juillet 1795, décédé le 11 juillet 1870.

M. Perrier, que la population châlonnaise se plaisait à entourer d’estime, avait conquis une haute position et une grande considération publique par une vie de travaux, de probité et d’honneur. Dans les hautes fonctions qu’il a remplies au tribunal de commerce, à la société académique de la Marne, dans les conseils départementaux, il s’est distingué par une remarquable connaissance des affaires et par un esprit éclairé et conciliant.

Source : AMB 1871.

PERRIER (Mme Émile).

Née à Paris le 17 juin 1836, vient de mourir à Châlons-sur-Marne, après une courte maladie, le 24 septembre 1884.

Fille du général Perrot, qui commandait alors la 2e division militaire, elle fut recherchée en mariage par M. Émile Perrier, qui est aujourd’hui 1e chef d’une famille occupant l’une des premières places dans le département de la Marne. Nous n’avons point à faire l’éloge de celui-ci, qui sait mener de front 1a conduite d’une importante maison da banque et de vins de Champagne, avec les travaux d’un lettré et les préoccupations de la bienfaisance. Cette simple énonciation nous donne la mesure des mérites de la vertueuse femme qu’il avait choisie ; mère de famille, d’un dévouement sans exemple, elle fut plusieurs fois éprouvée dans ses plus chères affections.

M. et Mme Perrier supportèrent vaillamment ensemble la perte de plusieurs enfants, et leur résignation ne fit qu’augmenter leur piété et leurs bienfaits.

Mme Perrier était l’àme de toutes les œuvres charitables de la ville, et non seulement elle usait de sa grande fortune pour répartir à pleines mains la charité, elle savait encore diriger les autres dans cette voie bienfaisante, et l’on a dit avec justice qu’elle exerçait à Châlons un véritable apostolat de charité.

Source : AMB 1885.

PERRIER de SAVIGNY (Mademoiselle Virginie).

Propriétaire à Savigny-sur-Ardres, née à Châlons-sur-Marne le 28 mars 1807, décédée à Savigny le 19 avril 1888, à l’âge de 81 ans.

Avec elle s’est éteint le nom de la famille patriarcale des Perrier de Savigny, qui, depuis un siècle, était la bienfaitrice de tous les malheureux. Mlle Virginie de Savigny suivant les traditions de sa famille a passé sa vie à faire le bien autour d’elle ; elle avait vu mourir, après ses parents, deux frères, deux sœurs et des neveux : la veuve de son frère, Mme Victor de Savigny, née de Vroil, venait de quitter le monde pour se livrer à la noble mission de soigner les malades. Elle n’eut, pour se consoler de toutes ces séparations douloureuses, que sa résignation à la volonté de Dieu, sa foi ardente, son espérance et son inépuisable charité.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PERSEVAL (Nicolas Pierre Eugène).

Né à Montmédy, décédé à Reims, dans sa 79e année, inhumé dans sa ville natale le lundi 1er mars 1897.

À l’âge de 15 ans, il vint habiter Reims, où des parents le placèrent dans le commerce des tissus en gros. Il s’établit plus tard et fut l’un des fondateurs d’une maison de négoce importante qui prospéra rapidement.

Peu à peu, il amassa une fortune considérable. Et, cependant, malgré le mouvement, une distraction et les attraits d’une grande cité, il n’oubliait pas Montmédy, et c’est dans son cimetière qu’il a voulu dormir son dernier sommeil.

Par testament, il a légué à l’hospice Saint-Charles une somme de 10.000 fr. et à la ville de Montmédy, 50.000 fr., à charge d’entretenir le cimetière et d’affecter le surplus à des œuvres de bienfaisance.

Source : AMB 1898.

PERSON (Pierre Nicolas Honoré).

Curé-desservant des Ayvelles, né à Contreuve le 28 février 1813, décédé aux Ayvelles le 9 septembre 1871.

Source : AMB 1872.

PESSEZ (Arsène).

Né à Sermaize le 2 février 1829, mort à Vitry-le-François le 24 novembre 1895, dans sa 67e année. Ancien professeur des classes élémentaires au collège de Vitry, il fonda le 18 novembre 1871, avec MM. Dehallays, professeur, et Hatier, avoué, le « Messager de la Marne », qu’il dirigea jusqu’à la fin de 1891.

Source : AMB 1897.

PETIT (Aristide Valmir).

Inspecteur général des forêts, chevalier de la Légion d’honneur, né à Renwez le 23 février 1827, décédé à Châlons-sur-Marne, le 1er février 1880.

Entré à l’École forestière en 1846, M. Petit remplit successivement les fonctions de garde-général à Strasbourg, à Corte (Corse), à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), à Coucy-le-Château et à Vierzon.

Nommé sous-inspecteur à Belfort en 1857, puis attaché aux bureaux du conservateur à Douai comme sous-inspecteur sédentaire, il garda ces fonctions jusqu’au 29 décembre 1865 ; à celte époque, il fut élevé au grade d’inspecteur et débuta en cette qualité à Dié (Drôme), d’où il fut appelé en 1868 à l’Inspection de Sedan (Ardennes).

C’est là que le surprirent les funestes événements de 1870. Il sut se montrer à la hauteur de toutes les graves circonstances. Sommé par les officiers de l’armée allemande d’avoir à livrer tous les documents relatifs aux bois de l’État, M. Petit répondit par le refus le plus formel ; il continua son service comme de coutume, lorsque la rumeur publique lui apprit qu’à la suite de marchés scandaleux passés avec une société belge, une partie des bois de l’arrondissement de Sedan allait être abattue. Grâce à son énergie et à son courage indomptable, il sut faire face au danger et s’opposer ainsi à la dévastation des domaines de l’État confiés à sa garde.

En récompense de ses services, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1873 et élevé au grade de conservateur des forêts en 1876 à Vesoul, où il ne resta qu’une année. Sur sa demande, il fut transféré à Châlons en 1877. Enfin un décret du 8 janvier 1880 venait couronner une carrière déjà si brillante en l’appelant aux éminentes fonctions d’inspecteur général.

Il ne devait pas, hélas ! les remplir un seul jour ! Une mort cruelle et prématurée l’enlevait brusquement à sa famille et à ses amis, et venait jeter le deuil et la désolation au milieu des siens, au moment où ils eussent dû être tout à la joie d’un avancement légitime.

Source : AMB 1881.

PETIT (Cyrille).

Né à Rozoy-sur-Serre, ancien curé de Juvigny, décédé doyen du Nouvion. Ordonné prêtre en 1858, fut successivement curé de Juvigny, près Soissons, en 1858 ; de Buironfosse, en 1869 ; doyen de Sains, en 1881 et du Nouvion depuis 1886.

Le diocèse de Soissons lui doit la construction de trois belles églises, à Saint, à Buironfosse et au Boujon, et nombre de vocations sacerdotales. Laborieux, actif, résolu, et, de plus, doté d’une certaine fortune, il en a fait le plus généreux usage.

Source : AMB 1897.

PETIT (Henri Raymond Victor).

Né le 13 août 1819, à Vernon (Eure), docteur en médecine. maire d’Hermonville, membre du conseil d’arrondissement, mort le 25 septembre 1872, d’une fin bien tragique en revenant de soigner un malade à Trigny (Marne).

Maire de sa commune, il fonda en 1853 une caisse d’épargne pour venir en aide à l’ouvrier économe. En 1855, il s’efforça d’établir une caisse de secours mutuels qui, hélas, ne dura que quelques années. Toujours préoccupé des intérêts de ses administrés, il sut, avec de faibles ressources, améliorer la vicinalité ; il créa, sur la place d’Hermonville, un square que plus d’une ville envierait, et donna ainsi à la commune un aspect nouveau.

Ami de l’ordre et du progrès, il contribua à la fondation d’une Bibliothèque communale et rendit l’instruction primaire entièrement gratuite ; sa mort laisse vacante dans le Conseil d’arrondissement de Reims, une place qu’il occupait avec une grande distinction.

Source : AMB 1873

PETIT (Louis François),

Soldat du premier empire, l’un des 75 braves qui, sous le commandement du général Davoust, tinrent en échec 25.000 Russes pendant trois quarts d’heure, le 13 février 1814, près de Hambourg, décédé le 5 janvier 1869 à Heiltz-le-Maurupt (Marne).

Source : AMB 1870.

PETIT (Louis Modeste).

Officier d’académie, délégué cantonal, succombait le 24 mai 1899 des suites d’un accès de paralysie qui l’avait terrassé la veille alors qu’il revenait d’une visite scolaire, et que des soins empressés n’avaient pu atténuer.

M. Petit était né à Normée le 23 mai 1827. Instituteur, il avait d’abord occupé ce poste dans son village natal où il resta de 1843 à 1869, puis à Venteuil.

Entré ensuite comme chef de bureau à la sous-préfecture d’Épernay, il y fut nommé secrétaire en 1871, et remplit ces fonctions jusqu’au 31 janvier 1892, époque à laquelle il fut nommé conseiller municipal.

M. Petit était secrétaire et membre de plusieurs sociétés ou commissions administratives. On lui doit une « Histoire de la ville d’Épernay », publiée tout récemment.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

PETIT (Marie Remy).

Chevalier de la Légion d’honneur, conseiller d’arrondissement, ancien maire de la ville de Montmirail, président de la Société de secours mutuels, administrateur de l’Hospice et du Bureau de bienfaisance, né à Paris le 27 janvier 1817, décédé à Montmirail le 15 février 1886.

M. Petit a commencé sa vie modestement et, suivant le discours prononcé sur sa tombe par M. le sénateur Le Blond, conseiller général du canton, il a dû à un travail persistant, courageux, loyal, la fortune qu’il a acquise et qu’il a employée, dans la seconde moitié de sa vie, a des œuvres d’utilité publique, à des actes de bienfaisance.

Par son testament, M. Petit a légué à la ville de Montmirail, la somme de 25.000 fr. pour en employer la rente à payer l’apprentissage de deux jeunes garçons et de deux jeunes filles.

Il a institué en outre sa ville natale pour sa légataire universelle, à la charge de fonder dans ses bâtiments et d’entretenir à perpétuité une maison de retraite pour les vieillards et les infirmes des deux sexes, que l’on devra appeler Maison de retraite Petit-Lemercier.

Source : AMB 1887.

PETIT (Pierre Louis).

Curé-desservant de Laval-Morency, né à Taizy, le 18 juin 1837, décédé à Laval-Morency, le 19 mai 1871.

Source : AMB 1872.

PETIT.

Ancien maire de Saint-Remy-sur-Bussy, décédé le 6 juin 1869.

Source : AMB 1870.

PETITBON (Ernest).

Ancien négociant, ancien lieutenant de la Compagnie de pompiers de Reims, né en 1842, décédé à Paris le 8 avril 1891, était un officier de pompiers modèle, plein de zèle et de dévouement ; il fut une des victimes de l’incendie Quentin ; aussi à son départ de Reims fut-il nommé lieutenant honoraire. Il faisait partie de l’Association des Médaillés d’honneur, et fut l’un des fondateurs de la Fédération des pompiers de France et d’Algérie.

Sa dépouille mortelle ramenée à Reims pour y être inhumée, reçut dans cette ville tous les honneurs dus à son rang.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

PETITFILS (Léon).

Né à Rethel le 28 février 1855, décédé à Reims le 12 mai 1895.

Issu d’une famille de laborieux ouvriers, Petitfils suivit avec succès les cours de l’école primaire jusqu’à l’âge de quinze ans, et entra comme apprenti typographe dans la maison Beauvarlet, où il puisa les premiers éléments de la profession. Il s’y perfectionna rapidement, et était devenu un excellent ouvrier, quant vint le moment de faire son service militaire : il y resta trois ans en garnison à Granville et en sorti avec les galons de sergent. De là, il voyagea quelque temps pour se perfectionner dans sa profession, et entra en 1880 dans la maison Matot-Braine, en qualité d’ouvrier typographe. Ses qualités d’ordre et de travail assidu le firent bientôt distinguer entre tous, et au bout de deux ans M. Matot lui confia l’emploi si laborieux et si délicat de prote d’imprimerie. Il s’en acquitta pendant quinze années de façon à se concilier l’estime et l’affection de son patron et du personnel placé sous ses ordres.

Entre-temps, et sans négliger aucune de ses occupations professionnelles, il s’adonnait à l’étude, suivait les conférences, étudiait les questions de mutualité et de solidarité, faisait partie de nombreuses associations, créait le Cercle républicain du troisième canton, acquérait dans la classe ouvrière un grand renom d’honnêteté et d’intelligence, en même temps que son caractère conciliant et serviable lui procurait une popularité du meilleur aloi. Aussi, la confiance de ses concitoyens l’envoya au conseil municipal, où il sut tenir honorablement sa place.

« C’était l’un des plus jeunes conseillers, dit M. le Maire, en lui adressant l’adieu suprême. Quand il prenait la parole, c’était toujours pour émettre une idée juste ou pour proposer d’utiles améliorations. Il examinait les affaires avec une intelligence saine et un grand bon sens, faisant son devoir simplement, sans se préoccuper de flatter le parti ouvrier qu’il représentait si dignement dans l’Assemblée communale ».

À mener ainsi de pair son travail professionnel et les fonctions civiques qu’il avait acceptées par dévouement, il surmena sa santé et ses forces : « la lame usa le fourreau », et la mort vint le frapper, à 40 ans, et l’enlever prématurément à sa famille et à ses amis.

L’éclat imposant de ses funérailles montra quelle place avait su se faire dans la cité rémoise ce modeste ouvrier typographe. Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Macquart, son collègue au Conseil ; Dr Langlet, président d’honneur du Comité républicain radical ; Galantin, président de la Société des anciens sous-officiers de l’armée de terres ; Détraigne, président du Cercle républicain du troisième canton ; Mansville, metteur en pages de la maison Matot-Braine ; Merlin, membre de la Caisse de secours des lithos-typos. Le deuil était conduit par M. le Maire : ses adjoints suivaient, ainsi que nombre de conseillers municipaux. Dans le cortège figuraient les délégués des principales sociétés mutuelles. Au cimetière, six discours ont été prononcés sur sa tombe :

par MM. Henrot, maire de Reims ;

Détraigne, président du Cercle du 3e canton ;

Henri Matot ;

Docteur Langlet ;

Galantin ;

Coutin, délégué de la Chambre syndicale de l’imprimerie.

Source : AMB 1896.

PETITJEAN (Louis Alphonse).

Né à La Capelle (Aisne), décédé à Reims le 26 mai 1873, à l’âge 73 ans.

Successeur de son beau-père, M. Bertrand-Provenchère, fabricant de pain-d’épice de Reims, qui fut fondateur de la maison dont les produits si renommés sont connus de toute l’Europe.

Source : AMB 1874.

PETITJEAN (Théodore).

Maire de La Neuvillette, décédé à Reims le 14 avril dernier; était un homme des plus estimables.

Son goût pour tout ce qui intéressait l’art, les objets de toute sorte qu’il avait réunis et avec lesquels il avait pu former une collection remarquable étaient bien connus des amateurs. On se souvient des nombreuses curiosités qu’il apporta en 1892 à cette Exposition si intéressante du Centenaire de Valmy, comme a l’Exposition rétrospective de 1896. Beaucoup purent apprécier sur place les richesses de ce collectionneur émérite qui, dans nos Expositions des Beaux-Arts encore, sut se montrer expert et artiste. Sa, mémoire survivra.

M. Th. Petitjean était né à Reims, le 11 juin 1836.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

PEUCHET (Pierre Nicolas Joseph).

Chef d’escadron en retraite, né à Villers-le-Tourneur le 1er octobre 1814, décédé le 21 octobre 1883 à Launois (Ardennes).

Il débuta dans le métier militaire en 1835, dans le 1er régiment de carabiniers et conquit successivement tous ses grades, grâce à ses aptitudes spéciales.

Lieutenant en 1858, il fut nommé en 1859, capitaine de gendarmerie du Pas-de-Calais et en 1867, chef d’escadron au choix ; il fut nommé officier de la Légion d’honneur en 1871. Durant sa carrière, il avait su s’attirer par son aménité et sa loyauté, l’estime de tous ceux qui l’ont connu.

Source : AMB 1884.

PEULEVÉ (Docteur Victor).

Chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu d’Amiens, professeur de pathologie externe et de médecine opératoire à l’École de médecine de cette ville, chevalier de la Légion d’honneur, décédé à Amiens le 29 janvier 1889.

Né en 1840 à Rocourt, canton de Neuilly-Saint-Front, Peulevé avait fait ses études classiques au Lycée de Reims et commencé ses études médicales à l’École secondaire de cette dernière ville.

Il était le neveu de l’amiral Bonnard, dans le caveau duquel il a été inhumé.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

PHILBERT (capitaine).

Officier de gendarmerie en retraite, directeur du Bureau régional de l’armée territoriale du 6e corps à Châlons, né en Lorraine, décédé à Châlons-sur-Marne en 1891.

Engagé volontaire à l’âge de 19 ans au 12e chasseurs à cheval, il entra l’année suivante à Saumur et en sortit maréchal-de-logis. Passé quelques années plus tard dans la gendarmerie, il fut nommé, en 1859 sous-lieutenant à la garde de Paris. Pendant le siège de cette ville en 1870, il fut versé au 2e régiment de gendarmerie.

Nommé capitaine en 1877, et placé à la tête de l’arrondissement de Mézières, il fut signalé par ses chefs comme un officier de gendarmerie des mieux doués.

Mis à la retraite en 1883, il demanda et obtint la direction du Bureau régional de l’armée territoriale à Châlons. Dans ces fonctions il fut très apprécié par l’état-major du 6e corps d’armée et sa mort prématurée y a laissé le souvenir d’un serviteur zélé et d’un officier distingué.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

PHILIPPE (le frère).

La mort est venue frapper un bon et saint vieillard, dont le nom, populaire s’il en fut jamais, a été connu de toute la France pendant 2 ou 3 générations. Le frère Philippe s’est éteint doucement, entouré de ses assistants et des Frères des écoles chrétiennes dont il était le supérieur général depuis 36 ans.

Sa vie entière fut consacrée à l’instruction et à la moralisation des enfants du peuple. Il y a quarante années qu’il dirigeait à Reims les écoles municipales, confiées à la direction de l’Institut des Frères, et il a laissé parmi la génération de cette époque des souvenirs qui ne s’effaceront jamais de l’esprit de ceux qui reçurent de ses mains les bienfaits de l’éducation.

Il était né en 1792, et sa vie, disait M. Armand Ravelet, n’est pas de celles qu’on raconte en quelques lignes... Directeur éclairé d’une immense famille religieuse qui étend ses rameaux dans tous les pays ; auteur de livres d’éducation et de direction dans lesquels il a déposé les fruits de sa piété et de son expérience, il était la première colonne de l’instruction populaire en France et dans toute l’Europe.

Pendant le siège de Paris, le frère Philippe s’empressa de mettre à la disposition des médecins le personnel de sa maison, et tous les frères s’empressèrent de prêter leur concours aux ambulances de la Presse. Et dans leurs nouvelles fonctions on les a rencontrés aux postes les plus périlleux ; braves parmi les braves, ils marchaient calmes et sans s’arrêter sous les balles et la mitraille. Au plus fort de la mêlée, ils couraient à nos blessés, inconscients de leur propre courage, ils passaient indifférents à côté des hommages publics, trouvant dans leur dévouement la seule récompense qu’ils ambitionnaient.

La conduite des Frères pendant le siège de Paris, dit M. J. d’Arsac, dans son excellent livre intitulé : Les Frères des Écoles chrétiennes pendant la guerre de 1870-1871, la conduite des Frères, dis-je, fit tomber bien des préjugés. Dans les camps, dans les palais des riches, dans les logements de l’ouvrier, leur nom n’était prononcé qu’avec respect. On s’entretenait d’eux jusque sur les places publiques ; chacun savait un épisode touchant relatif à ces vaillants brancardiers.

Aussi le gouvernement crut accomplir un devoir et répondre au vœu de la population en conférant au très honoré frère Philippe la croix de la Légion d’honneur.

Ce sont les actes de dévouement et de sacrifice au pays que manifestèrent ces humbles instituteurs du pauvre, et on ne peut s’empêcher de rendre hommage à leur patriotisme et à leur abnégation.

On ne pourrait citer tous les témoignages de reconnaissance que reçut le Frère Philippe pour l’admirable conduite de ses Frères, un volume ne suffirait pas pour les enregistrer ; citons par hasard une admirable lettre de Madame la générale Le Flô, une autre non moins belle du Préfet de la Seine, les remerciements bien vifs des docteurs Ricord et Demarquay, etc.

En fermant les yeux, le vénérable Philippe a dû mourir sans crainte, car il a passé son existence en faisant le bien.

Source : AMB 1875.

PHILIPPE.

Commandeur de la Légion d'honneur, ancien maire de Châlons, ancien colonel de cavalerie, décédé à Châlons le 6 septembre 1869.

Source : AMB 1870.

PHILIPPINE (l’abbé Jacques Léon Marie).

Né à Jouage-Mondaye (Calvados) le 17 mai 1853, mort à Dohis et Cuiry-lès-Iviers.

Originaire du diocèse de Bayeux, il avait été ordonné prêtre en 1878. Il fut d’abord vicaire à château Thierry, puis, en 1886, nommé curé de Dohis, où il exerça jusqu’à sa mort.

Source : AMB 1896.

PHILIPPOTEAUX (Auguste).

Né à Sedan le 17 avril 1821, décédé en la même ville le 21 février 1895.

Après d’excellentes études au collège de Sedan et à Paris, il fit son droit et fut reçu docteur à 23 ans. Nommé juge-suppléant au tribunal de sa ville natale, il fut adjoint au maire en juillet 1852 et maire de Sedan en 1855, poste qu’il conserva près de trente ans. C’est là qu’il fut témoin et victime des désastres de 1870, résistant aux exactions de la « commandatur », au péril de sa liberté, et sauvant le drapeau de la compagnie des Sapeurs-pompiers. Le 8 février 1871, il fut élu à l’Assemblée nationale, puis réélu en 1876, en 1891, en 1893, et acquit au Parlement une telle autorité que par sept fois la Chambre le choisit pour vice-président. Très libéral, il voulait des réformes réelles, possibles, et rejetait les utopies irréalisables. Il n’aimait pas non plus les persécutions antireligieuses, qu’il regardait surtout comme un anachronisme. Après le déclassement de Sedan, il créa, organisa une ville toute nouvelle, et mérita de voir son nom donné par la municipalité reconnaissante à la superbe avenue qui conduit à la gare.

Toute la ville prit le deuil à ses funérailles. Préfet, sénateur, maire, président de tribunaux portaient les coins du poêle. Des discours furent prononcés par M. le préfet des Ardennes ; par M. Lamour, bâtonnier des avocats ; par M. le sénateur Gailly ; par M. le député de Wignacourt ; par M. Villain, maire de Sedan ; par M. Bertèche, au nom des sociétés de secours mutuels ; par M. Adrien Parent, au nom de la Caisse de retraite, enfin, par M. le Dr Gairal, au nom de l’Association amicale des anciens élèves du collège Turenne.

Parmi ses nombreuses dispositions testamentaires, nous signalerons des legs de 4.800 fr. à l’Hospice, 2.400 fr. au Bureau de bienfaisance, 6.000 fr. à l’Association amicale du collège Turenne, 6.000 fr. à la fabrique de l’église Saint-Charles, 10.000 fr. à la Ville, enfin des legs à toutes les Sociétés de bienfaisance et de mutualité.

Source : AMB 1896.

PIAT (Charles Léon).

Décédé à Glion (Suisse), le 27 août 1899, était né à Vitry-le-François, le 3 décembre 1858.

Ancien élève de l’école polytechnique, ingénieur, M. Charles Piat fut envoyé à Tunis comme chef du service topographique. Il contribua en ces qualités à l’essor de la colonisation française en Tunisie et par son activité à organiser nos services et par l’énergie qu’il déploya en toutes circonstances.

Il faisait également partie du Comité consultatif du Cadastre de France.

M. Piat était chevalier de la Légion d’honneur.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

PICARD (Charles François Victor).

Officier de la Légion d’honneur, négociant, ancien président du tribunal de Saint-Quentin, ancien conseiller municipal de cette ville, ancien membre du conseil général de l’Aisne, né à Saint-Quentin le 28 brumaire an XII, décédé dans sa ville natale le 15 janvier 1883.

M. Picard tenait une place considérable dans la ville de Saint-Quentin et dans l’arrondissement par toutes les fonctions qu’il y avait remplies.

Il consacrait ses loisirs à écrire sur l’histoire locale et il était presque toujours chargé de faire les rapports de toutes les commissions dont il fit partie.

Il fut bienfaisant et charitable pendant sa longue carrière, et par testament il a laissé après sa mort des legs importants et nombreux, qui témoignent de ses sentiments et de son amour pour toutes les institutions utiles de son pays.

Ces différents dons s’élèvent environ à la somme de 500.000 francs, répartis entre la municipalité, les hospices et différentes œuvres de charité, parmi lesquelles une somme de 300.000 francs pour fonder un asile de vieillards.

Source : AMB 1884.

PICARD (Jean-Baptiste).

Né à Beaumont-en-Argonne (Ardennes) le 17 décembre 1790, mort centenaire au même lieu en 1892.

Incorporé en 1809 au 13e régiment d’infanterie, il fut fait prisonnier la même année à Flessingue et conduit sur les pontons anglais où il resta jusqu’en 1814.

Il se battit en 1815 à Ligny et à Waterloo, où il reçut deux blessures à l’attaque de la ferme des Quatre-Bras.

Charles Remy.

AMB 1893.

PICART (Achille Augustin).

Entrepreneur de démolitions à Paris, chevalier de la Légion d’honneur, né à Berrieux le 14 janvier 1847, décédé à Paris le 6 janvier 1890, à l’âge de 44 ans. Il a été inhumé dans son pays natal.

Fils d’un menuisier, il avait quitté son village pour aller à Paris chercher fortune. Il entra comme commis chez un entrepreneur de démolitions et se fit lui-même entrepreneur. Son nom et sa maison étaient très connus ; au moment où le baron Haussmann transformait la capitale, il fit place rase dans beaucoup de quartiers. C’est lui qui démolit encore les Tuileries, l’ancien Hôtel de Ville, le quartier de la caserne Henri IV, une partie de l’avenue de l’Opéra, de l’ancien Hôtel des Postes, près duquel se trouvait la maison de Charlotte Corday, et l’emplacement de l’École de Médecine, où était la maison de Marat.

C’est dans son chantier de la place da Trône que se trouve immobile l’ancienne horloge du pavillon central des Tuileries. Très actif et très intelligent, M. Picart s’était créé une place à part parmi les grands entrepreneurs parisiens ; il était chevalier de la Légion d’honneur et avait mérité la croix par ses grandes entreprises et aussi par la part glorieuse qu’il avait prise dans la guerre de 1870-71.

On raconte de lui des exploits qui prouvent son intrépidité ; deux fois fait prisonnier par les Prussiens, deux fois il leur échappa. Il appartenait comme capitaine au 15e régiment d’infanterie de la territoriale.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

PICART (Charles Hubert).

Ancien avocat, ancien vice-président du tribunal de Charleville, officier d’Académie, est mort le 20 avril 1901, dans la villa de Saint-Nicolas, commune de Pargny-Resson. Il était né à Rethel.

Doué d’une grande intelligence, d’une volonté tenace, il fit rapidement ses humanités et son droit, et, après avoir accompli son stage d’avocat, il embrassa la carrière de la magistrature. Au bout de quelques années, apprécié de ses supérieurs, il obtint le poste de vice-président du tribunal de Charleville, poste qu’il conserva jusqu’en 1883, époque où la loi qui réformait la magistrature, supprima une des deux Chambres de la ville. Contraint à une retraite prématurée, Me Picart, encore dans la force de l’âge, dans toute la plénitude de son talent, ne voulut pas rester dans l’inaction. Il reprit courageusement sa robe d’avocat et défendit avec succès de nombreuses causes devant la cour d’assises des Ardennes. Ce n’est que depuis quelques années qu’il avait abandonné, bien malgré lui, sa noble carrière, tenaillé par la terrible maladie qui devait le conduire au tombeau.

À ses obsèques célébrées dans l’église de Pargny, trop petite pour contenir la nombreuse assistance, on remarquait aux premiers rangs les juges, les avocats, et derrière eux les personnes les plus notables de la région.

Après la cérémonie, le cercueil qui, selon le désir du défunt ne portait ni fleurs, ni couronnes, fut ramené au cimetière de Rethel, non par les rues de la ville, mais par les chemins de La Neuville que M. Picart affectionnait dans sa jeunesse.

Me Descharmes, du barreau de Charleville a prononcé un discours très élogieux, mais en même temps très sincère sur la tombe de l’honorable magistrat.

H. Baudon.

PICART (Joseph Pierre Constant).

Huissier, conseiller municipal, capitaine de la Compagnie d’Arc, né à Commenchon (Aisne), le 21 mai 1846, décédé à Chauny le 1er février 1898.

Il avait succédé, le 24 février 1875, à Me Ponchelet, et depuis vingt-deux ans, il avait su mériter et conserver les sympathies de tous par son obligeance et par la façon conciliante dont il s’acquittait des devoirs de sa charge.

Source : AMB 1899.

PICHANCOURT (Joseph Auguste).

Médecin à Bourgogne. Né à Aruffe (Meurthe-et-Moselle), décédé à Bourgogne le 17 août 1892, à l’âge de 61 ans.

Pichancourt avait commencé ses études à l’École de médecine de Reims en 1848 et s’était installé à Bourgogne en 1855. Il se créa immédiatement une clientèle nombreuse et attachée, à laquelle il donna sans marchander tout son dévouement. Très sympathique, toujours souriant, prêt à rendre service, fidèle dans ses amitiés, cœur excellent, il a laissé dans le village de Bourgogne, dont il fut maire pendant plusieurs années, d’unanimes regrets.

Il a publié plusieurs observations intéressantes dans les Bulletins de la Société médicale de Reims.

Charles Remy.

AMB 1893.

PIERKOT (abbé).

Aumônier du noviciat de l’institut des Frères de la Doctrine chrétienne de Reims, né à Vireux-Molhain (Ardennes), est décédé à la maison du noviciat le 14 mai 1891, à l’âge de 42 ans ; il remplit jusqu’à la fin la mission qui lui avait été confiée avec le dévouement d’un saint prêtre.

Les paroisses de Fléville et des Hauts-Buttés où il avait été successivement curé ont gardé le souvenir de son zèle et de ses vertus.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

PIERLOT (Alphonse).

Décédé le 19 septembre 1881, négociant en vins, ancien maire de Tours-sur-Marne, membre titulaire de la Société d’horticulture et du Comice agricole de l’arrondissement de Reims, etc., etc.

Né à Ay en 1812, de pauvres artisans, M. Pierlot manifesta, dès son plus jeune âge, une certaine intelligence. Orphelin, il dut, à M. Vautrin, un des édiles de la cité, la faveur d’entrer dans la pension Renaut, puis ensuite comme petit clerc cher M. Leroy, notaire. Plus tard, il créa une maison de commerce de vins de Champagne à Tours-sur-Marne, qui lui permit de réaliser une grande fortune. En reconnaissance de l’instruction qu’il avait reçue gratuitement, il dota sa ville natale d’une somme de 80.000 fr. destinée à la construction d’un groupe scolaire.

Source : AMB 1882.

PIERLOT (Jean Ernest).

Licencié ès lettres, professeur de seconde au lycée de Charleville, né à Sedan le 27 mai 1857, décédé à Charleville le 13 janvier 1889.

Entré dam l’enseignement en 1876, comme bachelier ès lettres, il se fit recevoir licencié, et obtint la chaire de rhétorique au collège de Soissons qu’il échangea pour une chaire de seconde au lycée de Coutances ; mais, voulant se rapprocher de son pays natal, i1 sollicita et obtint le même poste au lycée de Charleville.

Il avait borné là pour le moment son ambition, afin de pouvoir rester avec son père qu’il adorait. Lui-même était chéri de ses élèves, quand une courte maladie vint l’enlever à l’âge de 32 ans.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

PIERMÉ (Adolphe).

Directeur du journal « La Loi », décédé en juin dernier, était originaire de Bruyères-et-Montbérault.

Il était le descendant et le digne représentant d'une honorable famille de la région. D’une grande bonté, d’un cœur juste et droit, il incarnait toutes les qualités nécessaires à la direction du journal « La Loi », publication à laquelle il consacra pendant 28 ans ses forces d’intelligence et d’activité.

M. Adolphe Piermé était officier de l’Instruction publique.

Albert Baudon.

Source : AMB 1908.

PIERRARD (François Léon).

Né à Balan (Ardennes) le 24 février 1842, mort à Sedan le 10 avril 1896. Adjoint au maire, il supportait presque seul le fardeau des affaires municipales, depuis l’élection du maire, M. Villain, à la Chambre des députés. Homme de bien, homme d’affaires, aimé et respecté de tous dans ses fonctions administratives, il meurt entouré d’une considération et de regrets universels.

Des discours ont été prononcés sur sa tombe par M. Villain, maire et député, Hannedouche, inspecteur primaire, Lamour de Léocour, Tellier et Dr Gairal. M. Pierrard était officier d’Académie.

Source : AMB 1897.

PIERRARD-PARPAITE (Jean Joseph Jules).

Constructeur-mécanicien et manufacturier, chevalier de la Légion d’honneur, ancien membre du Conseil municipal de Reims et de la Société de Secours Mutuels dite de Saint-Éloi, né à Mouzon (Ardennes) le 29 Janvier 1808, décédé à Reims le 31 Mars 1879.

Après avoir travaillé comme ouvrier mécanicien dans les principales villes de France, M. Pierrard vint à Reims vers 1827 ; il entra dans un atelier de serrurerie et de construction de machines pour filatures en cardé.

Intelligent, travailleur et d’une conduite exemplaire, M. Pierrard employait tout le temps que lui laissait son rude labeur à étudier et à s’instruire. Aidé des conseils de son patron et soutenu par une volonté opiniâtre, il devint son associé peu de temps après.

En 1834, il reprit pour son compte la maison où il avait débuté et donna une nouvelle extension à cette industrie.

À cette époque, Reims n’avait pas de fonderie de fer et l’industrie lainière commençait à prendre son essor ; il était difficile alors de construire des machines aussi justes et aussi perfectionnées que de nos jours. M. Pierrard créa, en 1835, à Reims, la première fonderie de fer du département. Cette initiative, due à lui seul, contribua beaucoup au développement de la construction des machines dans cette ville et fut l’auxiliaire des progrès de l’industrie lainière.

Malgré les difficultés que présentait à cette époque l’introduction d’une nouvelle industrie, M. Pierrard obtint, en 1836, une médaille d’argent pour l’exposition de ses produits; il s’agrandit au fur et à mesure de ses ressources, s’appliquant toujours à ajouter à ses machines les derniers perfectionnements.

En 1852, M. Pierrard augmenta l’importance de son usine, transforma l’établissement primitif de construction, et y adjoignit des ateliers de peignage, filature et tissage mécanique, qui lui facilitèrent l’étude de ses machines.

Pendant cette période d’agrandissements et de recherches continus, il inventa et perfectionna différentes machines destinées au travail de la laine, qui sont très appréciées.

Ses efforts furent récompensés aux différentes expositions de 1852, 1867 et 1878. En 1867, ses œuvres avaient été couronnées par l’étoile d’honneur, et jamais décoration ne fut plus méritée ni plus dignement portée. Ses concitoyens, appréciant ses mérites, le nommèrent conseiller municipal.

Cet homme, qui avait eu des débuts pénibles, comprenait mieux que personne les difficultés de la vie. Il se préoccupait du bien-être de ses ouvriers, fonda dans son établissement une société de secours mutuels et fut président de la Société dite de Saint-Éloi.

Source : AMB 1880.

PIERRET (Théodore).

Curé-archiprêtre de Rethel, né à Aiglemont (Ardennes) le 21 octobre 1879, décédé à Rethel le 1er avril 1888, fit ses études au séminaire de Charleville, et son cours de théologie au grand séminaire de Reims ; il fut ensuite envoyé à Rome, d’où il revint au bout de trois ans avec le grade de docteur en théologie. Il y avait puisé le goût du beau et des fortes études littéraires et historiques qu’il n’abandonna point pendant le reste de sa vie. Aussi était-ce un lettré et un érudit que M. l’abbé Pierret, qui publia un volume intitulé : Conférences aux Mères chrétiennes, une Vie de M. l’abbé Ludinart ancien curé de Rethel, et un Manuel d’archéologie qui lui valut d’être nommé membre de la Commission des Bâtiments civils des Ardennes. Ordonné prêtre par Mgr Gousset, archevêquc de Reims, il fut d’abord vicaire de la cathédrale de Reims, chanoine honoraire de la Métropole en 1850, puis curé des Minimes de Sault-lès-Rethel ; en 1862, il était nommé curé-archiprêtre de Rethel. Un séjour de 26 ans dans cette belle paroisse lui permit de développer au profit de ses paroissiens les qualités brillantes de son esprit et surtout les affectueuses aspirations de son cœur.

Il joignait à sa parole éloquente la pratique de la charité, aussi sa mémoire survivra-t-elle portée par le souvenir du bien qu’il a fait.

Il laisse en manuscrit un ouvrage sur l’église de Rethel, qui, est confié, dit-on, à un jeune et savant historien qui ne tardera point à publier cet ouvrage.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PIERROT (Claude Marie Auguste Alphonse).

Né à Montcel et Happonquet (Vosges), le 24 juillet 1865, docteur en médecine, médecin-adjoint de L’hôpital-hospice Auban-Moët, aide-major de 1ère classe, de réserve, décédé à Épernay, le 22 juillet 1898, et inhumé le 25. Le service fut célébré en l’église, Saint-Pierre-Saint-Paul.

Source : AMB 1899.

PIÉTON (Ferdinand).

Une noble et sympathique figure disparaissait le samedi 4 mai 1901, laissant un vide profond dans le barreau rémois et une mémoire respectée de tous.

M. Ferdinand Piéton, avocat renommé de notre cité, était né à Paris le 21 février 1824. Issu d’une famille d’hommes de loi, après de laborieuses études littéraires, juridiques et pratiques, il vint s’installer à Reims, comme avocat, en 1853, et il fut inscrit au barreau le 9 novembre de cette année, après un court séjour à Épernay. Dès lors, M. Piéton fut des nôtres. Sa carrière se passa tout entière dans ce tribunal où pendant un demi-siècle, il sut s’acquérir par l’aménité du caractère et la bonté du cœur, la sympathie de tous ses confrères.

Ses plaidoiries étaient des plus remarquées et comme le disait à ses obsèques, Me Brissart, bâtonnier de l’ordre des avocats « la correction du style, l’élégance de la période, le choix de l’expression propre ou originale, l’élévation des idées, faisaient, avec la diction merveilleuse et un geste sobre, de chacune d’elles, un modèle du genre ». M. F. Piéton était membre titulaire de l’Académie nationale de Reims où il remplit plusieurs fois les fonctions de président. Il y fit d’intéressantes lectures de législation, fut le rapporteur écouté de divers concours de poésie et eut l’honneur de prononcer l’éloge funèbre de Mgr Landriot, de l’architecte Reimbeau et de M. Leseur.

C’était un beau caractère, un esprit d’élite et un grand cœur. Sa vie si honorable se terminait avec la satisfaction du devoir accompli, seule consolation des âmes élevées qui trouvent dans ce sentiment intime le remède souverain aux jours d’épreuves et de souffrances.

Une nombreuse assistance accompagnait M. Piéton à sa dernière demeure. Au cimetière, Me Brissart, au nom de l’ordre des avocats, et M. H. Jadart, au nom de l’Académie de Reims, retracèrent éloquemment l’existence de cet homme de bien.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

PIÉTON (Louis Hubert).

Avocat, ancien avoué, membre du conseil municipal d'Épernay, décédé le 21 janvier 1869.

Source : AMB 1870.

PIETTE (Louis Édouard).

Né à Vervins (Aisne) le 9 juillet 1806, mort en la même ville le 17 août 1890, ancien président du tribunal de commerce de Vervins, ancien membre du conseil général et ancien député de l’Aisne, président de la Société archéologique de Vervins, chevalier de la Légion d’honneur.

Député de 1867 à 1870 pour l’arrondissement de Vervins.

Conseiller général pour le canton d’Aubenton, élu en 1863.

Décoré le 4 août 1867.

Président de la Société archéologique depuis sa fondation (1873 à 1890).

S'occupant beaucoup du passé archéologique et historique du département de l’Aisne, il a enrichi son cabinet de nombreux ouvrages et documents sur le département qu’il n'a jamais quitté.

La Société archéologique lui doit un travail remarquable intitulé Les minutes historiques d’un notaire de Vervins, XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, publié dans le bulletin de la Société, de 1873 à 1882. C’était un des hommes les plus érudits du département de l’Aisne.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

PIETTE (Louis Victor Amédée).

Ancien contrôleur des Contributions directes, homme de lettres, membre de la société archéologique de Soissons, officier d’académie, né à Vervins le 25 juin 1805, décédé à Soissons le 1er mai 1883.

Dès ses plus tendres années, Piette avait éprouvé une grande inclination pour les travaux de l’esprit; il commença à Saint-Acheul de fortes études qu’il alla terminer au collège de Charleville.

Puis il entra dans l’administration des contributions directes, où il fut successivement contrôleur dans l’Eure, dans la Seine-Inférieure et dans la Seine-et-Marne ; puis de 1830 à 1842, il exerça ses fonctions à Saint-Quentin, d’où il fut envoyé successivement à Compiègne, puis à Laon ; il prit sa retraite comme contrôleur principal en 1868, pour s’occuper plus activement de travaux historiques.

Dès 1830, il commença à éléver pierre à pierre au département de l’Aisne un véritable monument historique.

Voici les titres de ses principaux ouvrages :

Essais sur l’Histoire de Vervins (1836-1841).

Histoire de l’Abbaye de Signy (1847).

Itinéraires gallo-romains du département de l’Aisne (1856-1862).

Histoire de l’Abbaye de Thenailles (1878).

Les bulletins des sociétés académiques de Soissons, de Laon et de Vervins, dont il était membre, contiennent en outre une grande quantité de notices telles que : Le Prieuré de Saint-Lambert, de Blérancourt, le Régiment de Vervins, la Maison du Temple à Soissons. Il laisse encore d’intéressants manuscrits.

Jusqu’à la fin de 1882, M. Piette avait conservé toute son activité, lorsqu’à cette époque il se sentit mortellement atteint de la maladie qui l’enleva à l’âge de 75 ans.

Ses nombreuses collections de notes et sa bibliothèque historique doivent passer à la ville de Vervins.

Source : AMB 1884.

PIETTE (Paul Henri Louis Ferdinand).

Ex-premier président de la Cour d’Appel de Pau, officier de la Légion d’honneur et décoré de l’Ordre du Mérite de Saint-Michel de Bavière, né à Charleville (Ardennes), décédé à Pau le 30 juillet 1889.

Après d’excellentes études au Collège de Charleville, il allait faire son droit à Paris en même temps qu’il suivait les cours de la Sorbonne, et du Collège de France. Il se fit d’abord inscrire comme avocat au barreau de Metz, puis après avoir été juge-suppléant à Bruges, fut nommé substitut à Sedan, ensuite procureur impérial à Sarreguemines. Son savoir et son éloquence, en même temps que ses qualités personnelles, le firent nommer en 1870 comme substitut du procureur-général à la Cour de Metz.

M. Piette fut appelé en 1872 comme avocat-général à la Cour d’Alger, où il eut à porter la parole au nom du Gouvernement contre les chefs Arabes révoltés.

Huit ans après, il revint en France, et occupa les mêmes fonctions à Limoges en 1880, et en 1883 il était installé en qualité de premier président de la Cour d’Appel de Pau. C’est là qu’il mourut.

Ses obsèques ont eu lieu à Rumigny, son pays natal, au moment où i1 comptait revenir y prendre bientôt sa retraite.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

PIGEON (Henri Remi).

Curé doyen de Machault, était né à Saint-Quentin (Aisne) le 2 juillet 1805. Il était tout jeune quand sa famille vint se fixer à Reims ; après avoir été élevé au Petit Séminaire, il y fut professeur, et exerça ensuite le ministère à Saint-Quentin-le-Petit, à Ludes, à Saint-Remi de Rethel ; enfin, en 1853, il fut nommé curé-doyen de Machault, où il demeura trente six ans.

Il était respecté et aimé par son aménité, sa cordialité et la plus exacte régularité. Il mourut à Machault, le 20 mai 1888, en la fête de la Pentecôte.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PILARD.

Curé de Tourcelles-Chaumont, né à Dom-le-Mesnil (Ardennes) le 25 août 1827, décédé le 30 juillet 1870.

Source : AMB 1871.

PILARDEAU.

Curé de Malandry (Ardennes), né en 1846, décédé 1e 3 décembre 1876, né à Mazures, près de Charleville (Ardennes). M. Pilardeau continua la restauration de la vieille église de Malandry, qu’il décora dans un séjour de dix-huit mois à peine de stalles, pavés et verrières.

Source : AMB 1878.

PILLE (Charles Henri).

Né à Essômes (Aisne), le 4 janvier 1844, mort à Paris, âgé de 53 ans. Élève de Barrias, Pille fut un peintre et un dessinateur de grand talent. Ses tableaux, les premiers surtout, faits sur des sujets historiques, avaient quelque chose de la manière classique. C’étaient : « Jean-Frédéric, électeur de Saxe, jouant aux échecs pendant qu’on lui annonce sa condamnation à mort » ; « Sibylle de Clèves haranguant les défenseurs de Wittemberg » ; puis d’autres œuvres, d’un caractère plus moderne : « le bois de la Soudraye », « le Cabaret », le portrait de Benjamin-Constant.

Mais c’est surtout comme dessinateur à la plume qu’Henri Pille s’était fait une réputation. On appréciait ses larges compositions embroussaillées de personnages, de guerriers, de chevaliers aux brillantes armures qui défilaient au milieu des vieilles villes, aux toits pointus, aux tourelles gothiques. Les dessins qu’il fit, dans un ordre d’idée fort différent, pour l’œuvre d’Alfred de Musset, sont agréables sans avoir pourtant toute la grâce spirituelle et mélancolique du poète.

Henri Pille était président de la Société des artistes illustrateurs.

Source : AMB 1898.

PILLE (Henri)

I

Au premier rang des notabilités que la mort a enlevées, dans le monde des Arts, au cours de l’année 1897, figure le peintre Henri Pille, décédé le 4 mars dernier, à l’âge de 53 ans. C’était une des physionomies les plus originales du groupe d’artistes qui campent sur les hauteurs de Montmartre. Sa disparition soudaine a causé d’unanimes regrets, non seulement sur « la Butte » qu’il habitait depuis longtemps, où il était connu de tous et bien chez lui, mais au grand public parisien qui goûtait son talent et s’amusait de ses façons insolites, de sa tenue plus que négligée, de l’aspect malingre et falot de ce rapin mâtiné de paysan chez qui s’alliaient la bonhomie et la malice champenoises.

Si nous ajoutons que Pille était bon, serviable, désintéressé, toujours prêt à donner son concours à toute œuvre charitable qui s’organisait à Montmartre ou ailleurs, on s’expliquera mieux encore les sympathies qu’il s’était acquises dans tous les mondes, et, notamment chez ses confrères, de quelque école ou de quelque clan qu’ils fussent.

Henri Pille est né le 4 janvier 1844 à Essômes, un gai vignoble des bords de la Marne, voisin de Château-Thierry. Son père, ancien pharmacien (rue Saint-Louis, au Marais), retiré des affaires avec une honnête fortune, l’envoya au collège de cette ville ; mais Henri resta obstinément fermé aux enseignements de Noël et Chapsal. Il découragea bientôt tous ses professeurs, sauf le maître de dessin que les crayonnages de l’enfant avaient frappé. Cet homme de savoir et d’expérience, nommé Jacquinet (voir notice), se chargea d’inculquer au jeune Pille les premiers principes de l’art du dessin, et quand il le jugea suffisamment préparé, il conseilla aux parents de l’envoyer à Paris. Ceux-ci l’y suivirent pour le surveiller de plus près.

Il entra en 1861 dans l’atelier de Barrias. Il avait alors 17 ans. Ses camarades furent tout d’abord tentés de sourire de ce « nouveau » au maintien gauche et inquiet, à l’accent campagnard, piteusement recroquevillé dans des habits trop courts ; mais ils se prirent vite d’amitié pour ce brave garçon, très doux sous son écorce fruste, qui avait le mot drôle, le propos salé ; et de fait, le paysan d’Essômes ne fut pas longtemps en reste avec la gouaillerie parisienne de ses camarades.

C’était de plus un excellent élève remarquablement doué, docile et attentif aux leçons du maître, quoiqu’il montrât déjà des tendances très personnelles que Barrias se garda bien de contrarier.

Les parents du jeune artiste le tenaient de très court. Ils déliaient difficilement les cordons de leur bourse, et je tiens leur parcimonie pour responsable jusqu’à un certain point des habitudes de bohême attardées qui devinrent pour Henri une seconde nature. Trop docile pour rompre violemment avec la famille, il fit de nécessité vertu, tira une originalité de sa mise invraisemblable, à laquelle il se résigna d’abord et se complut ensuite. Il y mit même un brin de pose, et devint le personnage hirsute, dépenaillé, qu’on eut pris pour un besogneux quelconque si deux yeux d’un bleu clair, limpides et fouilleurs, n’avaient averti qu’on n’était pas en présence du premier venu. Encore ces yeux se dérobaient-ils 1a plupart du temps sous l’inculte toison qui débordait sur son front songeur.

Le nom de Pille figure pour 1a première fois au livret de 1864 avec un dessin à la plume inspiré d’une poésie de Walter Scott, mais c’est du Salon de 1865 que date véritablement son début. On raconte qu’il apporta lui-même au Palais de l’Industrie son tableau pauvrement encadré, le père Pille n’ayant pas jugé que la chose valût le sacrifice d’une riche bordure. Un flot de jeunes artistes se groupa aussitôt autour de la nouvelle toile, détaillant à qui mieux mieux les qualités de la peinture.

– Ah ! vous trouvez ? hasarda timidement l’auteur avec cet accent que se remémoreront facilement ceux qui ont connu l’artiste, ça ne vaut pourtant pas grand’chose...

Les rapins qui le prirent pour le commissionnaire s’amusèrent de sa naïveté :

– Ah ! ça ne vaut pas grand chose, eh bien mon garçon, nous te souhaiterions d’en faire autant...

– Ben sûr que j’en ferais autant, pisque c’est moi qui l’a fait...

Étonnement des rapins ; félicitations, poignées de main ; c’est la camaraderie qui s’ébauche, c’est la notoriété qui commence.

Le tableau représentait le peintre hollandais Van der Helst, entouré de sa famille. Il y avait joint un dessin à la plume : « Cavalcade de la fête Jean La Fontaine à Château-Thierry. Ainsi, dès son premier pas, sans souci du courant qui portait plutôt les artistes vers la reproduction des scènes contemporaines, il s’adonna au genre historico-anecdotique auquel il resta fidèle, et trouva dans sa plume l’outil propre à traduire vivement toutes les fantaisies cursives de sa pensée, outil qu’il n’abandonna jamais plus.

Le tableau du Salon de 1866, « Jean-Frédéric, Électeur de Saxe, jouant aux échecs et continuant sa partie au moment où le duc d’Albe lui annonce sa condamnation à mort » ; « Les Noces de Rosa » (Le tonnelier de Nuremberg) du Salon de 1867, montrent, avec de réelles qualités de peintre, une évidente inexpérience de la composition. Sujets peu clairs que les indications du catalogue ne suffisent pas toujours à faire comprendre. Pille les empruntait généralement à ses lectures, mais il n’avait pas comme Delacroix par exemple, l’art de tirer du livre et de bien mettre en scène le point intéressant qui eût fait tableau.

C’est au salon du 1868 qu’il sortit brillamment du rang avec « Sybille de Clèves haranguant les défenseurs de Wittemberg sur les remparts de cette ville ». Le jeune peintre a, cette fois, donné sa mesure en déployant ses dons de coloriste en des harmonies nacrées très délicates. Les têtes, peintes par méplats sûrement touchés, rappellent le caractère des figures d’Holbein dont il était naturel que le peintre s’inspirât en traitant un sujet allemand contemporain du maître allemand.

Les camarades de Pille – et les camarades ne sont pas des juges commodes – lui décernèrent unanimement la médaille. Pille lui-même, conscient du sérieux effort qu’il avait fait croyait la mériter. Le jury commit la faute de ne pas la lui donner ; mais il ne tarda pas à réparer ce tort. Entre temps, le comte de Nieuwerkerke qui voulait du bien au jeune artiste originaire de son département, avait acheté « Sybille de Clèves » et l’avait envoyé au musée de Saint-Quentin. Cette bonne aubaine permit à Pille d’aller faire un tour en Allemagne où l’attiraient instinctivement ses curiosités d’artiste. Il en rapporta les éléments du « Marché de Munich », qui lui valut la médaille en 1869.

Ce premier voyage en Allemagne avait porté bonheur au peintre. Il y retournera plus d’une fois, attiré par d’étroites affinités d’art. Nuremberg est en quelque sorte sa patrie spirituelle. Il est également en parenté d’âme avec la Suisse. Il s’était fait à Berne, à Bâle, à Zurich, à Fribourg, etc., des amis toujours prêts à l’accueillir et à le fêter la chope à la main.

De tous ses voyages, il ne rapportait jamais que des notes rapidement consignées sur de petits albums de poche, où il crayonnait les détails typiques de costumes, d’ameublement ou d’architecture qui le frappaient et qu’il utilisait plus tard. C’est de là qu’il tirait ces lucarnes, balcons, lanternes, enseignes d’hôtellerie en fer forgé, etc., qui étaient comme le monogramme de ses compositions.

Le Salon du 1872 met définitivement le peintre hors concours avec « l’Automne » qui est resté sou œuvre la plus populaire, mille fois reproduite par la pointe et le burin. Tout le monde a dans la mémoire ce couple silencieux, rêveur, plongé dans l’évocation mélancolique des belles années d’autrefois. Comme fermeté d’exécution et précision du rendu, le peintre n’ira pas plus loin.

Il ne se passait pas d’année sans que Pille ne signât quelque production frappée au coin de sa personnalité. Les principales sont : « Les accords matrimoniaux », du Salon de 1873 ; « Un pardon aux environs de Guéménée », Salon de 1874 ; « Le décret du 24 février 1793, annoncé à son de caisse dans un village breton », Salon de 1875 ; « L’entrevue du matin » (1876) ; « Le bois de la Saudraie », épisode des guerres de la Vendée, tiré du roman de Victor Hugo : « 1793 » ; « Le corps de garde », du Salon de 1883, où le peintre s’est représenté dans le soldat en justaucorps rouge qui tient le gobelet et va lancer le dé ; « La Tentation », du Salon de 1885, etc.

Nous nous arrêterons un peu plus longtemps à « La messe à Pavant », du Salon de 1890, parce que, ce tableau appartient au Musée de Reims. Pavant est un village voisin de Nogent-l’Artaud, qu’habite l’été le frère du peintre.

De l’angle du bas-côté, où l’artiste s’est placé, on entrevoit, dans la buée lumineuse du sanctuaire, l’officiant à la chasuble brodée d’or et les enfants de chœur en surplis blancs et rouges soutanelles. Des stalles du chœur émergent les têtes graves des gros bonnets de l’endroit. L’assistance est nombreuse. Les femmes endimanchées, mais point toutes également attentives et recueillies, débordent jusque dans la basse nef de l’église. Il paraît, qu’on n’y voit pas souvent pareille affluence ; mais Pille aura mis la bonne mesure pour faire plaisir à M. le curé.

Il y a, dans l’église de Pavant, nous disait notre ami, une pierre tombale qui se couvre d’humidité quand le temps tourne à la pluie. Cela indique aux gens du pays qu’il y a urgence d’engranger les récoltes. Aussi entrent-ils à l’église, non pas pour prier le bon Dieu, mais pour consulter le baromètre, ce qui désole M. le curé. Cela me rappelle les naïves objurgations qu’un pauvre prêtre de campagne adressait à ses trop rares ouailles :

–« Je sais bien, disait-il, qu’en moisson, vous êtes trop occupés pour suivre les offices ; mais entrez toujours en passant dire un petit bonjour au bon Dieu ; ça ne vous prendra pas grand temps et cela lui fera plaisir ». (Absolument textuel).

« La messe à Pavant » est, avec « Olympe de Clèves », les deux seuls tableaux que l’Administration des Beaux-Arts ait jamais achetés au peintre. Le musée du Luxembourg ne possède rien de lui. C’est qu’il n’était pas homme à demander quoique ce soit à qui que ce fût, à faire jouer des influences ou à courir les antichambres ministérielles. Il attendit tranquillement dans son atelier que la croix de la Légion d’honneur lui tombât du ciel eu 1882. Il la porta modestement et n’en donna pas pour cela un coup de brosse de plus a son paletot.

II

Pille donna une nouvelle formule du portrait en peignant plusieurs de ses amis, grandeur demi-nature, non plus sur des fonds de convention gris-souris ou lie de vin, mais dans leur milieu familier, entourés des objets qui disent leurs travaux habituels et complètent leur physionomie. Ce fut d’abord Coquelin cadet, dans son rôle de « l’ami Fritz », digérant béatement la choucroute, auprès d’une chope de bière, en savourant sa longue pipe de porcelaine. C’est tout un tableau de genre, d’une touche vive et ferme, d’un ton franc, clair, et vigoureux pourtant, égayé par mille accessoires, bahuts, dressoirs chargés de faïences strasbourgeoises, grès et étains exécutés avec la sûreté que l’on sait.

La tentative avait trop bien réussi pour que le peintre ne la renouvelât point. On l’approuvait de sortir du tableau pseudo-historique à costumes pour aborder des sujets d’un intérêt plus actuel. Il nous montra successivement, dans l’intimité de l’atelier, Jundt, le peintre originaire de l’Alsace, voué aux sujets alsaciens (1882) ; Benjamin-Constant, dans son décor favori de tapis et d’étoffes d’Orient (1884). En 1887, l’animalier Paul Vayson ; en 1889, Jules Roques, le directeur du « Courrier Français », au milieu des journaux, cartons à dessins, paperasses qui encombrent le cabinet de la rédaction.

« Le Bourgmestre », du Salon de 1892, pour lequel Pille me demanda de lui prêter ma tète, ce qui me donna l’occasion de voir de près ses procédés de travail, clot cette série de portraits que je tiens pour la meilleure partie de son œuvre.

Qui n’a pas vu l’atelier de Pille ne peut s’imaginer le désordre épique qui y régnait. Pas un siège, pas une table où ne s’empilât une pyramide de papiers, de journaux, d’albums, de livres ; pas un coin du parquet qui ne fut jonché de friperies, de loques avec lesquelles le peintre habillait son mannequin et ses modèles. Jamais plumeau ne se hasarda dans cet asile sacré de la poussière et du microbe, et je ne sais pas de boutique de chiffonnier qui eût pu lutter avec cet indescriptible capharnaüm.

Eh bien ! contraste piquant, cet homme qui avait une telle incurie pour tout ce qui concernait son « home » et sa personne, tenait sa palette propre et devenait, le pinceau à la main, sage, rangé, méthodique, allant son petit bonhomme de chemin, sans hâte, sans impatience nerveuse, sans risquer jamais les résultats acquis, comme font les emballés qui se noient dans la pâte ou les instinctifs qui se laissent entraîner aux petits bonheurs de l’inspiration.

C’est qu’aussi Pille savait peindre dans le sens classique du mot – ce qui devient rare, maintenant que chacun invente à sa convenance les modes d’expression les plus bizarres. Sa technique était sûre. Il ne tâtonnait pas. Il avançait prudemment, comme s’il posait chaque touche à titre définitif, et, de fait, il exécutait autant que possible du premier coup, et retouchait peu. Sa palette était très sobre, ce qui est le meilleur moyen de ne pas s’égarer. Il arrivait à donner la sensation du relief par la justesse du ton, et sa peinture avait un aspect solide bien qu’elle ne fût que très légèrement empâtée. Le plus souvent il attaquait d’emblée la toile blanche, sans esquisse préalable, d’après le plan plus ou moins nettement entrevu dans son cerveau, conduisant son travail morceau par morceau, bouchant les trous de sa composition avec le bric-à-brac de l’atelier, armes, brocs, tapis, faïences, qu’il traitait d’ailleurs avec une rare virtuosité ; après quoi il raccordait tant bien que mal, au moyen de quelques sacrifices finals, les parties exécutées isolément. Cette pratique avait ses dangers. Elle explique les défauts de proportions, les maladresses de composition, les erreurs de perspective aérienne qui étonnent dans plusieurs de ses tableaux.

Le tableau de 1893 : « Les Bâlois fêtant le 9 juin 1601, le premier centenaire de la réunion de leur ville à la Confédération helvétique. – Singulier titre et singulier sujet ! – « Puritains et Cavaliers », du Salon de 1894, pouvaient donner lieu à des critiques de ce genre. « Les Stratégistes », du Salon de 1895 (Souvenir de la Guerre de trente ans), sont un prétexte à costumes militaires de la première moitié du XVIIe siècle, et la journée des barricades, « 12 mai 1588 », lui fournit le thème du tableau du Salon de 1896 qui devait être son dernier.

III

Bien que la mort l’ait pris, jeune encore, dans la pleine maturité de son talent, l’œuvre de Henri Pille est relativement considérable ; et pourtant, il ne produisait guère, bon an mal an, qu’un tableau, deux au plus ; mais comme il ne se dépensait jamais à ces études à côté dont l’artiste fait habituellement son régal personnel, il n’y avait jamais perte de temps pour ce travailleur pratique. Toute toile commencée aboutissait, et s’il bornait sa production à son unique tableau du Salon qu’il attaquait habituellement six semaines avant l’extrême délai des envois, et finissait à point nommé, c’était pour consacrer les meilleures heures de la journée aux travaux d’illustration qui constituaient la partie productive de son labeur. Pourquoi cet homme si bien doué, à qui sa situation aisée eût permis un effort d’art plus hardi et plus haut, s’est-il condamné à des besognes inférieures, jusqu’à dessiner des en-tête de prospectus, des programmes, des bannières et autres menus travaux ? C’est que le pauvre garçon avait à payer la rançon de ses faiblesses. Heureusement pour nous qui n’avons à nous occuper que de l’artiste, le dessinateur valait le peintre.

C’est, la plume aux doigts, que Pille déploya le plus d’invention, d’originalité, d’observation et de fantaisie. Il semblait accomplir ainsi sa fonction naturelle. Il produisit une quantité prodigieuse de dessins semés un peu partout. Les uns, tracés d’une plume experte et sommaire, étaient légèrement avivés d’aquarelle ; le plus grand nombre étaient exécutés entièrement à la plume, par un travail serré, menu, jamais banal, et toujours intelligemment approprié à l’objet qu’il s’agissait d’exprimer. Il était pourvu d’une mémoire merveilleuse, et son cerveau était un répertoire où il n’avait qu’à puiser pour évoquer à son gré toutes les époques et tous les styles. Les costumes, les modes de tous les temps lui étaient familiers. Châtelaines coiffées du hennin, reîtres, échevins, bourgeoises flamandes aux atours empesés, il savait par cœur le moyen âge, la Renaissance et les siècles plus rapprochés de nous. Avec l’archaïsme du vêtement, il trouvait le port et l’air de tête concomitant à l’habit. Mais ne fourvoyez pas Pille dans les mondaines élégances de la vie moderne. Il n’y est pas sur son terrain. Sa gaieté même ne va point sans quelque lourdeur et son humour est d’essence plutôt germanique que parisienne.

La collection du « Chat noir », et celle du « Courrier français », journal hebdomadaire illustré, qui poussa souvent le fameux principe de la liberté dans l’art au-delà des limites permises, contiennent ses compositions les plus originales, et il faut lui rendre cette justice que jamais il ne donna à ces recueils peu sévères une seule page qui ne pût être mise sous tous les yeux.

Sa facilité de production, servie par une mémoire encyclopédique, trouva naturellement son emploi dans les travaux de librairie. Les éditeurs de livres illustrés, Alphonse Lemerre, en tête, eurent recours à son talent. Il faudrait tout un chapitre bibliographique pour énumérer les nombreux ouvrages qu’a égayés sa verve humoristique.

Pille eut toujours ce qu’on appelle : « une bonne Presse ». La critique – si tant est qu’il y ait encore une critique – lui fut clémente, non pas seulement parce qu’il avait du talent, mais parce que ce doux excentrique ne portait ombrage à personne. Ses confrères ne voulurent voir que les qualités de ses tableaux, qualités assez solides pour qu’on passât facilement condamnation sur leurs faiblesses. Il plaisait aux aînés par les côtés qui le rattachaient à 1a tradition. Il désarmait les jeunes parce qu’il était toujours prêt à s’associer aux scies que ceux-ci montaient contre l’Institut, éternelle cible des rapins en mal de fumisterie. C’était aussi un modeste. Les compliments le mettaient mal à l’aise. Il se défiait de la sincérité des beaux parleurs, et perçait souvent d’un coup d’épingle leurs ballons gonflés de rhétorique. Un jour qu’un de ces phraseurs lui cherchait, pour le flatter, une filiation avec les vieux maîtres hollandais et lui disait : « Vous descendez d’Ostade ou de Van der Hoeck ».

« – J’crois plutôt, répondit-il de son air bonasse et finaud, que je descends tout simplement de pâpâ...»

Jamais on ne surprit chez lui l’ombre d’une méchanceté à l’adresse de ses confrères. Il observait à l’égard de leurs ouvrages la circonspection avec laquelle il évitait tous les terrains glissants. Cet irrégulier n’était point un subversif. En grattant un peu le bohême, on trouvait l’homme de bon sens natif. Ces qualités lui valurent d’être nommé du Comité des 90, lors de la fondation de la Société des Artistes français. Il en fit toujours partie depuis. Il était aussi de tous les jurys, car on le savait naturellement porté à l’indulgence et ami en toutes choses des solutions modérées et pratiques.

Ce garçon d’apparence famélique était bel et bien propriétaire. Après la mort de son père, en 1874, il quitta son atelier de la rue Duperré pour aller habiter l’immeuble qu’il fit construire boulevard Rochechouart. Construire, gérer un immeuble, voilà bien du tracas vraiment pour un homme qui en avait horreur. Heureusement son frère aîné se chargea de tout, surveillant les travaux, administrant, touchant les loyers en mandataire vigilant. Quand Henri intervenait, c’était pour modérer le zèle de son factotum et obtenir quelque délai en faveur d’un locataire dans l’embarras. Le vaste atelier qu’il s’était taillé dans sa maison était bien connu des parasites de tout ordre : solliciteurs qui venaient relancer le membre du jury de peinture, mendiants à domicile qui frappaient incessamment à sa porte et qu’il ne renvoyait jamais sans une aumône... à moins qu’il ne fût momentanément aussi gêné qu’eux – ce qui lui arrivait quelquefois.

Ce singulier capitaliste marquait si mal qu’une locataire, emménagée de la veille, le rencontrant au bas de l’escalier, porta instinctivement la main à sa poche. Elle lui eût tendu un sou si la concierge ne l’avait arrêtée d’un signe en lui disant à l’oreille : « C’est votre propriétaire ».

Il savait tout le premier qu’il ne payait pas de mine, et ces sortes de méprises n’étaient pas pour l’étonner. On a raconté qu’un jour une portière voyant ce pauvre hère se glisser dans « sa maison » lui cria : « Eh ! là bas, on ne chante pas dans la cour ». Bien des fois aussi, on l’empêcha de monter chez les gens... surtout à l’heure du dîner. Plus d’une fois, des concierges, de ceux qui redoublent de vigilance à cette heure solennelle, l’éconduisirent formellement pendant que les amphitryons s’étonnaient de l’inexplicable retard de leur convive. Le brave garçon toujours bon enfant, s’éloignait en marmottant : – « C’est que « je m’aurai » trompé de jour ; je n’en fais jamais d’autre ».

Quand par hasard il se risquait dans le monde, avec son habit noir étriqué, un mouchoir blanc tortillé à son cou en guise de cravate, c’était à qui des jeunes et élégantes femmes présentes s’empresserait autour de lui pour obtenir un de ces crayonnages instantanés qu’il improvisait avec une si merveilleuse facilité au revers des menus et sur tous autres bristols qu’on lui tendait. Je le vis dessiner pendant toute une soirée, appuyé au panneau d’une porte, des scènes paysannes, des gardes champêtres grotesques, des pompiers pompettes, des maires de village ventripotents, etc. Quand le papier vint à manquer, un des assistants offrit son plastron immaculé que Pille décora aussitôt d’un rapide croquis au milieu de l’hilarité générale. A quelqu’un qui le plaignait d’être mis aussi abusivement à contribution, il répondit : – « Ça m’est bien égal, ça m’ennuie moins que de causer ».

Nous pourrions multiplier ces anecdotes. A quoi bon ? Nous nous bornons à celles-ci, parce que nous pouvons en garantir l’authenticité. Elles suffisent, du reste, pour faire connaître l’homme dont nous avons raconté la vie et examiné l’œuvre. Sa vie; qu’il eût pu se faire plus digne et plus heureuse, reste sympathique quand même, parce que, chez lui, 1e cœur était bon. Son œuvre offre cette particularité qu’il est remarquablement homogène. Il marcha pendant trente ans, sans en dévier jamais, dans la voie où son tempérament d’artiste l’avait engagé dès le premier jour, sans se laisser troubler par les préoccupations de modernisme qui tourmentaient nombre de ses confrères. Son œuvre est assurément très honorable. Nous croyons qu’il ne donne pas entièrement la mesure du peintre. Pille n’a pas mis en valeur, comme il aurait pu le faire, s’il ne s’était pas gaspillé en infimes travaux de commerce, les dons rares dont la nature l’avait comblé et que son honnête patrimoine lui permettait de développer dans la plus complète indépendance.

Frédéric HENRIET.

Source : AMB 1898.

PILLE (Louis).

Louis Pille, lauréat du grand prix d’architecture, pensionnaire de l’Académie de France à Rome, est mort à la Villa-Médicis, le 24 décembre 1899 au seuil d’une carrière qui s’annonçait des plus brillantes. Il a été enlevé en quelques jours par une fièvre pernicieuse contractée au cours d’un voyage d’études où il s’était imprudemment surmené.

Louis-Charles-Henri Pille naquit à Paris le 17 octobre 1868 ; mais il appartient au département de l’Aisne par ses origines familiales, et le village d’Essômes, près Château-Thierry, le regarde comme un de ses enfants. Il manifesta, tout enfant, un goût singulier pour le dessin. Son père, frappé de ses dispositions, mais redoutant pour lui les aléas de la carrière artistique, s’efforça de le diriger vers les études architecturales.

L’enfant, doué tout à la fois d’une imagination vive et d’un esprit positif, entra d’autant plus facilement dans les vues paternelles que, favorisé par les avantages de la fortune, il pouvait prendre la profession par ses beaux cotés et laisser aux confrères moins bien partagés la gérance des maisons de rapport et autres petits profits du métier.

Il entra en 1887 dans l’atelier de J.-L. Pascal, architecte du Gouvernement, inspecteur général des bâtiments civils, membre de l’Institut, et fut admis, l’année suivante, à suivre les cours de l’École des Beaux-Arts. Il ne tarda pas à s’y distinguer et obtint, en 1893, la médaille d’émulation, récompense exceptionnelle d’une valeur de 1.800 francs, sorte de prime d’encouragement accordée à l’élève pour l’aider à produire son premier travail.

Pille releva la galerie de la Banque de France dite « Galerie dorée », à cause de sa somptuosité et qui est la plus belle de Paris après la galerie d’Apollon au Louvre. M. Pascal, architecte de la Banque de France, lui facilita l’accès de ce monument qui ne s’ouvre pas au premier venu. Pille trouvait donc en plein cœur de Paris de l’inconnu, de l’inédit, excellente condition pour réussir. Son talent fit le reste.

L’Hôtel qu’occupe la Banque de France, fut bâti en 1620 pour le secrétaire d’État Phélippeaux de la Vrillière. Il passa en 1713 au comte de Toulouse qui lui donna son nom et y fit faire des changements considérables par l’architecte Robert de Cotte. Celui-ci remania, compléta, embellit la galerie dorée dont les dessins primitifs sont de François Mansard, les sculptures de Vassé, et les peintures de François Perrier.

L. Pille a reproduit fidèlement l’aspect de cette riche décoration aux pilastres cannelés, coiffés de chapiteaux corinthiens, aux voussures ornées de figures aux reliefs puissants. Il exposa ce remarquable travail au Salon de 1894. Ce coup d’essai fut un coup de maître. Les peintres se récrièrent sur les qualités de largeur, de souplesse, d’harmonie de ces lavis d’architecte qui semblaient l’œuvre d’un peintre. Ils applaudirent de meilleur cœur encore quand ils surent que le débutant était le neveu de leur regretté confrère, Henri Pille.

Ce premier succès en présageait de plus grands. Il concourut pour le prix de Rome en 1896. Le sujet imposé aux 1ogistes consistait en un projet d’un Hôtel de la Marine : Pille fut l’heureux vainqueur de ce tournoi. Quelques mois après il était installé à la Villa Médicis où il ne compta bientôt que des amis.

Avide de voir, d’étudier, d’accumuler des documents ; doué avec cela d’une prodigieuse facilité de travail, Louis aimait passionnément les voyages. Déjà plusieurs fois il avait accompagné en Hollande, en Suisse, en Italie, son oncle Henri ; que la Société des Artistes français déléguait habituellement aux Congrès pour la défense de la propriété artistique et littéraire qui se tenaient tantôt à Berne, tantôt à Munich ou à Milan. Ce fut donc avec joie qu’il accomplit, en 1898, le voyage réglementaire de Grèce. Il reçut l’accueil le plus cordial à l’École d’Athènes dont il fut quelques temps le commensal. Il rapporta de la péninsule hellénique des études, des souvenirs qui ont fait pour la plupart l’objet des envois auxquels sont astreints les pensionnaires de seconde année.

La Sicile, cette île charmeuse sur laquelle plane un souvenir de la Grèce antique, dont le sol est jonché de tant de ruines, tentait sa curiosité d’artiste. Il y alla pendant l’automne de 1899. Pourquoi cette terre, vantée pour la salubrité de son climat, lui fut-elle funeste ? Toujours est-il qu’il y puisa le germe de la maladie qui devait l’emporter.

Au lieu de revenir en toute hâte à la Villa Médicis comme 1a prudence le conseillait, il poursuivit son voyage jusqu’à Palerme. Quand il rentra à Rome, le mal avait pris un caractère dont le malheureux jeune homme ne soupçonnait pas la gravité. On prévint la pauvre mère qui arriva le 23 décembre au chevet de son cher malade. Il mourut le lendemain 24 décembre, gardant jusqu’à la fin sa pleine connaissance.

La mère et le fils avaient pu confondre leurs larmes, échanger leurs dernières tendresses.

Les obsèques ont été célébrées à l’église Saint-Louis-des-Français, le jeudi 28 décembre. M. Guillaume, membre de l’Institut, directeur de l’Académie de France conduisait le deuil. Les ambassadeurs de France au Quirinal et au Vatican. MM. Barrère et Nisard. Mgr le cardinal Mathieu. M. l’abbé Duchesne, directeur de l’école d’archéologie au palais Farnèse, les pensionnaires de France, confrères du défunt, et toute la colonie française, assistaient à cette douloureuse cérémonie dans un recueillement profond.

À l’issue du service, M. Guillaume se fit l’interprète des sentiments qui étreignaient tous les cœurs. L’atelier dont Louis faisait partie délégua un des siens pour accompagner la pauvre mère pendant le funèbre retour. L’ambassade s’empressa de délivrer toutes les autorisations nécessaires, et le corps fut ramené, à Nogent-l’Artaud (Aisne), où eurent lieu le 3 janvier 1900 le service et l’inhumation au cimetière du pays, dans la chapelle que Louis faisait construire pour son père, décédé un an auparavant. Cet édifice qui est sa première œuvre exécutée, devenait ainsi son propre tombeau avant même qu’il l’eût achevé.

M. Roujon, dans une de ses improvisations dont il a le secret, a vivement touché la nombreuse affluence de gens de Nogent et des villages voisins venus pour témoigner de leurs sincères sympathies à l’enfant du pays et à son inconsolable mère. Puis M. Pascal, le maître et l’ami, parla avec tout son cœur de son jeune élève, victime de son ardeur au travail et caractérisa avec sa haute autorité son talent qui promettait pour l’avenir la production la plus féconde et la plus originale. Un des camarades du défunt, M. Debas, prononça aussi quelques paroles émues au nom de l’atelier Pascal.

Au grand palais des Champs-Élysées, à l’Exposition décennale, un nœud de crêpe signale au visiteur l’envoi posthume du pauvre artiste si prématurément frappé. Cet envoi, aussi sobre qu’éloquent, remet tout simplement sous nos yeux, placées l’une à côté de l’autre, la première œuvre de l’artiste : la Galerie dorée du Salon de 1894 et le Tombeau de Médicis qu’il envoya de Rome en 1899, et qui, de l’aveu de M. G. Larroumet, secrétaire perpétuel de l’Académie Française, est la plus parfaite de ses productions. Le rapprochement de ces deux ouvrages permet de mesurer les progrès réalisés de l’un à l’autre, et, conséquemment, la perte que le pays a faite.

Frédéric Henriet.

Source : AMB 1901.

PILLE (Oscar).

Ancien magistrat, membre du Conseil général de l’Aisne, maire de la commune de Chézy, membre de la Société archéologique de Château-Thierry, né à Essômes le 22 janvier 1823, décédé à Chézy, au château de l’Abbaye, le 19 mars 1886.

Son père, notaire à Essômes, lui fit commencer ses études au collège de Château-Thierry ; qu’il acheva au collège Charlemagne ; après avoir fait son droit, il entra dans la magistrature et débuta juge suppléant à Senlis, puis à Meaux. Il fut ensuite juge titulaire dans la même ville.

En 1864, il donna sa démission pour revenir dans son pays natal, et fut à cette époque élu au Conseil général de l’Aisne, où il siégea jusqu’en 1878. Il s’y était fait remarquer par sa compétence pour les questions d’agriculture et de vicinalité.

Maire de Chézy pendant 20 ans, son administration a été des plus actives et des plus fructueuses.

Il sut maintenir l’ordre dans sa localité et y adoucir les maux de l’invasion en empêchant de tout son pouvoir les exactions de l’ennemi.

Il faisait partie du Comice agricole et de la Société d’archéologie de Château-Thierry.

Son médailler est l’un des plus remarquables de son département.

Source : AMB 1887.

PILLODS (Charles Louis).

Officier d’Académie, né a Héricourt (Haute-Saône), décédé à Reims le 16 juillet 1888, eut l’honneur d’être appelé le premier à la direction de l’École professionnelle de Reims. Surveillant-généra1, avant la funeste guerre de 1870-71, à l’École industrielle de Mulhouse, le modèle des établissements similaires créés en France, depuis lors, il fut contraint par l’annexion de quitter son poste pour occuper à Épinal des fonctions analogues. C’est là que le rencontra M. le docteur Doyen, alors maire de Reims, chargé de l’organisation de l’École professionnelle. Frappé de ses connaissances en matière d’enseignement technique, il parvint à l’attacher à l’école récemment fondée en qualité de directeur.

Sous son impulsion, l’École professionnelle prit un développement rapide et se plaça bientôt au premier rang parmi ces établissements dont l’utilité, pour ne pas dire la nécessité, n’est plus à démontrer aujourd’hui.

Nommé officier d’Académie à la suite des succès obtenus par l’École à l’exposition de 1878 il pouvait espérer d’autres distinctions, et les récompenses méritées par les travaux des élèves de notre grand établissement dans diverses expositions régionales le faisaient d’ailleurs présager. Mais 1a mort, qui ne fait guère attendre ceux qui se dévouent à l’instruction de la jeunesse, comme le témoigne encore la fin prématurée de M. le proviseur Gasquin, ne lui a pas permis de goûter le fruit de ses travaux.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

PINEAU (Marie Jules).

Docteur en médecine, né à Chauvigny (Vienne), le 25 mai 1839, décédé à Laon, le 2 janvier 1903.

Après une brillante carrière comme médecin militaire, M. le docteur Pineau avait pris sa retraite avec le grade de médecin-major de 1ère classe et de médecin principal de l’armée territoriale ; la croix d’officier de la Légion d’honneur avait justement récompensé les très distingués comme les plus dévoués services.

Il s’était alors fixé à Laon, où il avait antérieurement contracté avec la nièce et la fille adoptive de M. et de Mme Ed. Fleury, la plus heureuse alliance, et il s’était vite acquis dans ce pays toute considération pour sa personne, toute confiance dans ses mérites professionnels, tonte reconnaissance aussi pour le dévouement qu’il apportait auprès de ses malades.

Vice-président de la Société des Officiers retraités, médecin de la Compagnie du Nord, médecin du service des Enfants assistés, ancien vice-président du Comité de la Croix-Rouge française, M. le docteur Pineau s’était donné sans réserve aux personnes et aux œuvres. C’était le plus assidu, le plus actif, le plus dévoué et aussi l’un des plus charitables. Sa perte a été vivement ressentie.

A. C.

Source : AMB 1904.

PINGUET-VÉDIE (Charles).

Ancien architecte à Saint-Quentin, né à Saint-Quentin 1e 3 mai 1806, où il est décédé le 9 juillet 9589, était un véritable artiste ; c’est à lui que l’on doit la restauration du vieil hôtel de ville de Saint-Quentin.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

PINON (Michel Félix).

Ancien secrétaire du bureau de l’instruction publique et ancien membre de l’Académie, naquit à Reims le 9 février 1804, décédé dans cette ville le 12 octobre 1876.

On a de lui plusieurs articles et des poésies signés F. P. qui ont paru dans différents journaux et dans l’Almanach de la Marne, de l’Aisne et des Ardennes ; il a aussi collaboré en 1844 au Journal de Reims, dans lequel il fit paraître sous le titre de Journal d’un Bourgeois de Reims, en 1814, une série d’articles assez estimés où sont retracés les malheurs et les catastrophes sans nombre de l’invasion étrangère.

Ces notes peuvent être consultées avec fruit et peuvent servir un jour pour l’histoire de Reims.

Source : AMB 1877.

PINON (Paul).

Négociant et industriel, membre de la Chambre de commerce et administrateur de la Succursale de la Banque de France, né à Reims le 15 septembre 1833, décédé dans cette ville le 20 juin 1885.

Le commerce rémois est bien éprouvé depuis quelque temps : après M. Rachel, et en même temps que M. Martin-Ducrocq, M. Paul Pinon descendait au cercueil, lorsque peu de jours auparavant il était plein de force et de santé.

Par son travail et son aptitude, il était arrivé à créer à Reims une maison importante de fabrication spéciale.

Deux discours prononcés sur sa tombe par M. Walbaum, président de la Chambre de commerce, et par M. de Tilly, ami de la famille, ont mis en lumière les mérites du commerçant, de l’industriel, et les qualités du cœur qui distinguaient le père de famille.

Source : AMB 1886.

PINSART (Antoine Louis).

Président honoraire du Tribunal de Sedan, né le 4 février 1796 à Saulces-Champenoises (Ardennes), décédé à Paris le 16 avril 1873, inhumé à Sedan, le 18 du même mois.

Jurisconsulte distingué, homme d’esprit par excellence, liseur infatigable, M. Pinsart avait cette situation peut-être unique d’être légiste remarquable, causeur aimable et savant à la portée de tous, il s’assimilait avec une rapidité extrême, les connaissances de tous genres, et il portait un arrêt sur une œuvre littéraire avec la même facilité qu’il rédigeait un jugement.

Estimé de tous, aimé de ses amis et de ses proches, il laissera un grand vide dans cette ville désormais si tristement célèbre.

Source : AMB 1874.

PINTEVILLE-CERNON (le Baron de).

Agriculteur, maire de Cernon, décédé au château de Cernon, près Châlons-sur-Marne, le 7 septembre 1878.

Issu d’une des plus anciennes familles de Champagne qui remonte au XIVe siècle, ses ancêtres étaient maréchaux héréditaires de la comté-pairie de Châlons.

Leur histoire est liée à tous les événements importants de l’histoire de cette ville.

Son père était l’un des agriculteurs les plus estimés du pays. On lui doit l’initiative de la plantation des sapins en Champagne, avec M. Loisson de Guinaumont, et M. l’abbé Mesnard, ancien principal du collège de Châlons et oncle de madame Anaïs Ségalas.

L’aïeul de M. de Pinteville fut élu représentant de la noblesse aux États Généraux en 1789 ; c’est à lui que la ville de Châlons dut son école d’artillerie.

M. le baron de Pinteville est né en 1801.

Après avoir fait de fortes études, suivant en cela l’exemple de beaucoup de ses ancêtres, il embrassa l’état militaire et entra dans les gardes du corps, d’où il passa comme sous-lieutenant dans les chasseurs à cheval, avec lesquels il fit la campagne d’Espagne en 1823.

Au retour de la campagne, il donna sa démission d’officier, pour faire ses études de droit et entrer dans la magistrature.

En 1850, il était substitut à Toul ; lorsque arriva la Révolution de 1848, il donna sa démission de magistrat, pour rester fidèle à la dynastie qu’il avait servie, et à laquelle il resta toujours fidèle.

Il s’occupa de continuer l’œuvre de son père au château de Cernon ; tout en s’occupant d’agriculture, il exerçait autour de lui la bienfaisance, dont la commune de Cernon et la ville de Châlons ont souvent ressenti les effets.

Sa grande activité lui fit accepter souvent des fonctions gratuites ; il fut longtemps président du Comice central et du Conseil général des Assurances mutuelles du département de la Marne.

Ses connaissances étaient fort variées et aucune question ne lui était étrangère ; il était membre titulaire de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne et membre correspondant de l’Académie de Reims.

Son dernier mémoire sur la reconstitution de l’armée, après la guerre de 1870, a été très apprécié, même en haut lieu.

Source : AMB 1879.

PIOT-FAYET (Louis Gustave).

Né à Sainte-Gemme le 4 février 1849, décédé dans la même commune le 11 avril 1895.

Il était maire de Sainte-Gemme, conseiller d’arrondissement, délégué cantonal, secrétaire du Comité cantonal du Comice agricole pour le canton de Châtillon-sur-Marne, membre du Comité central de viticulture. C’était un agriculteur érudit, très considéré, très sympathique dans sa région.

Source : AMB 1896.

PITOUX (Paul).

Docteur en médecine à Vireux-Wallerand, né à Vireux-Molhain, le 20 juillet 1855, décédé le 11 juin 1893, à l’âge de 38 ans, commença ses études à Belfort et les acheva à Sedan. À 16 ans, il avait ses deux diplômes de bachelier ès lettres et ès sciences, et à 2l ans celui de docteur en médecine.

Le travail intellectuel lui était facile, et rempli de science il travailla encore à devenir un praticien consommé.

En 1880, il vint s’établir à Fumay où l’on apprécia bien vite sa valeur et ses confrères étaient charmés de sa délicatesse.

Mais bientôt des raisons de famille l’appelèrent à Vireux-Wallerand, son pays natal où il gagna l’affection de tout le pays, car la bonté et le désintéressement faisaient le fonds de son caractère.

Sa vie fut courte, mais fertile en bonnes actions.

Charles Remy.

AMB 1894.

PLANCHE (Contre-amiral Jacques Ferdinand).

Commandeur de la Légion d’honneur, né à Grenoble le 28 janvier 1829, ancien commandant de la place de La Fère pendant la guerre de 1870-1871, décédé à Toulon le 10 avril 1894 a laissé de profonds souvenirs dans la petite ville où il commanda à terre avec le grade de capitaine de frégate. Réduit à de pauvres ressources, il fut obligé de se rendre après une courte mais honorable résistance.

Après la guerre, commanda le Calvados et le Dayot ; en 1877, il fut nommé capitaine de vaisseau dans la division d’instruction, puis dans la division d’Islande. Il fut ensuite promu contre-amiral, et remplit les fonctions de major de la flotte de Cherbourg.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

PLEURS (Marie Henri de).

Membre du Conseil général de la Marne pour le canton d’Anglure, président du Comice agricole de Sézanne, né au château de Pleurs le 16 juillet 1812, décédé au même château le 9 mars 1877.

Descendant d’une des plus anciennes familles de Cham¬pagne (XIIe siècle), il continua dignement les traditions de ses ancêtres.

M. le marquis de Pleurs s’occupait beaucoup d’agricul¬ture, dont il aimait à encourager les progrès dans les différents comices qu’il a présidés.

Source : AMB 1878.

PLICOT (Charles Eugène Alfrède).

Docteur en médecine, était originaire de Fère-Champenoise où il naquit le 18 février 1831.

Ancien interne provisoire des hôpitaux de Paris, praticien distingué, avant tout homme de devoir, M. le docteur Plicot donna à la population de Fère-Champenoise les soins les plus assidus, ne reculant devant aucune fatigue.

Sa mort, arrivée le 26 juillet dernier, fut, pour le pays de Fère, un deuil profond, mais le souvenir de l’honorable défunt y restera longtemps vivace comme d’ailleurs sa mémoire respectée survivra au sein de l’Association des Médecins de la Marne dont il faisait partie et au nom de laquelle, M. le docteur Evrard, d’Épernay, prononça des paroles émues, rappelant ce que fut l’homme privé et le médecin.

Albert Baudon.

source : AMB 1904.

PLOCQ (Toussaint).

Est né le 2 janvier 1796 à Soissons, où son père était avoué. En 1820, il succéda à son père, céda son office à la fin de 1838, devint alors avocat et exerça cette profession jusqu'en 1848.

Ses opinions libérales le firent nommer, aussitôt la révolution de 1830, membre du conseil municipal de Soissons et en 1832, adjoint au maire de la même ville. Il contribua activement en cette double qualité à l’assainissement et à l’embellissement de la ville, au redressement et à l’élargissement des rues, à la réorganisation des divers services municipaux. Réélu au conseil municipal jusqu’en 1848, il n’est resté adjoint que jusqu’en 1849, le gouvernement s’étant alors refusé à le maintenir dans ces dernières fonctions.

À la révolution de 1848, il a été nommé commissaire administratif de l’arrondissement de Soissons, mais remplacé presque aussitôt. Bientôt après, lui fut conféré le mandat de représentant du département de l’Aisne à l’Assemblée constituante. Il fut élu le 10e sur 14 par 68.000 voix. Il figura dans cette Assemblée au nombre des républicains modérés, appuya de ses votes le général Cavaignac, combattit la candidature de Louis Bonaparte à la présidence, et rentré dans la vie privée après la dissolution de la Constituante, il vota contre le rétablissement de l’Empire et resta le constant adversaire de la politique impériale.

Il est mort le 17 juin 1870, à Vauxbuin près Soissons, juste à temps pour ne pas voir ni même pressentir nos affreux désastres. M. Quinette, son collègue à la municipalité de Soissons et à l’Assemblée constituante, a, sur sa tombe, ainsi résumé et caractérisé sa vie : « M. Plocq, a été toujours et avant tout l’homme du droit, l’homme du devoir. On a pu différer avec lui d’opinion, on n’a jamais pu lui refuser son estime ».

Source : AMB 1871.

PLONQUET (Jean-Louis).

Né à Craonne (Aisne), le 11 février 1824, décédé à Chierry (Aisne), le 24 juin 1897, dans sa 74e année.

Il avait commencé ses études médicales à l’École préparatoire de Reims en 1843, et il y devint premier interne de l’Hôtel-Dieu. Diplômé à Châlons, il suivit une année les cours de la Faculté de Paris et vint fixer sa résidence à Ay, dont il fut successivement nommé conseiller municipal, adjoint au maire et délégué cantonal.

Praticien zélé autant qu’habile, il était le plus écrivain viticulteur, économiste et humanitaire. Ce qu’il a publié de mémoires, de brochures, sur la médecine, l’agriculture, l’apiculture, la viticulture, l’horticulture, est incroyable ! Il en avait été récompensé par des centaines de médailles et de diplômes dont il était fier à juste titre. Il était de plus membre des académies de Reims et de Châlons, membre du Comité phylloxérique de la Marne, membre des sociétés d’horticulture de Reims et d’Épernay et de plusieurs comices départementaux.

Nous citerons, parmi ses principaux écrits : « la Topographie médicale du canton d’Ay », « la monographie d’Ay », divers mémoires sur « l’Alcoolisme », sur « les Truffes en Champagne », sur « l’Hygiène des écoles », sur les « Enfants trouvés », sur la « fabrication du Vin de Champagne », des « Notices biographiques », sur maintes célébrités champenoises, ouvrages qui presque tous ont été couronnés par des sociétés académiques ou agricoles.

Il était officier d’Académie, médecin du Bureau de Bienfaisance et membre de nombreuses sociétés scientifiques ou économiques. Sentant à la fin ses forces s’affaiblir, il s’était retiré d’abord à Épernay chez son gendre, puis dans une villa de Chierry, près château Thierry. Il fut enterré à Craonne, dans une sépulture de famille, le 26 juin 1897.

Source : AMB 1898.

POETTE (Frédéric).

Né en 1811 à Savy, canton de Vermand (Aisne). Professeur au séminaire de Laon, puis curé d’Ardon, économe du grand séminaire de Soissons en 1851, nommé curé de Guignicourt en 1852, décédé le 28 novembre 1870.

On doit à ce prêtre actif, zélé et persévérant, la restauration de la belle église de Guignicourt.

Source : AMB 1872.

POETTE (Jules Amédée).

Secrétaire général de la Mairie de Saint-Quentin, né à Gricourt (Aisne) le 31 janvier 1832, décédé dans cette ville, le 18 mai 1896 dans sa 64e année.

Il avait débuté dans l’enseignement, puis était entré à la Caisse d’Épargne et de là, au secrétariat de la Mairie (1868), poste qu’il occupa avec une rare distinction, surtout aux jours difficiles de 1870-1871.

Ont parlé sur sa tombe : M. Mariolle, maire de Saint-Quentin, M. Malézieux, sénateur, M. Français, ancien maire.

À l’issue du service, le corps partit pour le Petit-Fresnois (commune de Gricourt), pays natal du défunt.

Source : AMB 1897.

POIDEVIN (Jean-Jacques).

Né à Urvillers, canton de Moy, en 1796 ; d’abord vicaire de Saint-Martin de Laon et de Condé-en-Brie puis desservant de Cierges-en-Tardenois, enfin curé de Noury depuis 1825, décédé en janvier 1871. Homme austère et d’une Sainteté peu commune, sa paroisse conservera longtemps le souvenir de ses vertus.

Source : AMB 1872.

POIFFAUT (Eugène).

Sous-préfet de Reims, né le 23 mars 1850, décédé le 5 avril 1896, à l’âge de 46 ans.

Originaire de Dôle (Jura), il avait été successivement sous-préfet de Calvi (11 mai 1877), de Pontarlier (30 décembre 1877), de Gray (22 mai 1885) ; secrétaire-général du département de la Corse (31 mai 1885), sous-préfet d’Épernay (22 mai 1896), de Verdun (7 janvier 1891), et enfin de Reims, le 17 mars 1893.

M. Poiffaut s’était rapidement acquis, par sa bienveillance et son urbanité, la considération et l’estime de tous ; aussi laisse-t-il à Reims, avec la réputation d’un excellent administrateur, d’unanimes regrets.

Les obsèques ont eu lieu, à la Cathédrale de Reims, en présence de toutes les autorités de la ville et d’un grand concours de peuple.

À la gare, d’où le corps a été transporté, pour être inhumé à Dôle, dans un caveau de famille, des discours ont été prononcés par M. l’archiprêtre de Notre-Dame ; par M. Fosse, préfet de la Marne ; par M. Maillet-Valser, adjoint, au nom de l’administration municipale ; par M. Habert, sous-préfet d’Épernay ; par M. Marlier, président du Conseil d’arrondissement, et par M. Charles Lhotelain, au nom du Comice agricole de l’arrondissement de Reims.

Source : AMB 1897.

POILLOUE de SAINT-MARS (général).

Ancien commandant du 12e corps, né à Condé (Nord), le 6 août 1832, décédé à Paris le 15 mai 1897. Le service funèbre fut célébré le mercredi 19 mai à Notre-Dame de Passy, et le corps transporté à Pinon, pour être inhumé dans un caveau de famille.

Sorti l’un des premiers de Saint-Cyr comme sous-lieutenant au 16e léger, c’est en Algérie qu’il prit ses premiers grades. Au début de la guerre franco-allemande, il était chef de bataillon au 100e d’infanterie et assista au blocus de Metz. Il fut blessé à Saint-Privat et reçut quelques jours après la croix d’officier de la Légion d’honneur. Promu lieutenant-colonel en 1875, il fut envoyé à Nancy au 69e d’infanterie, qu’il commanda ensuite comme colonel jusqu’à sa nomination de général de brigade, en 1883.

Promu divisionnaire en juillet 1889, il fut placé à la tête de la 8e division d’infanterie à Paris, et appelé, en 1893, à commander le 12e corps, à Limoges. Il était depuis 1892, grand officier de la Légion d’honneur.

C’est une personnalité qui disparaît. Il avait mérité le surnom de « père du soldat », tant il se préoccupait du bien-être et de l’hygiène des troupes placées sous son commandement. Ses ordres du jour, d’un ardent patriotisme, étaient d’une saveur caractéristique.

Source : AMB 1898

POINCENET-DELANERIE (Jean).

Né à Suippes le 28 janvier 1831, décédé à Reims le 10 juillet 1904, dut à un travail opiniâtre la situation enviable qu’il avait acquise dans le commerce des tissus.

Fils d’un peigneur de Suippes, c’est à Reims qu’il vint vers 1860. Son intelligence et son activité devaient le conduire à la fortune. Il s’occupa de la fabrication et dirigea avec succès l’importante maison qu’il avait créée jusqu’au jour où la maladie vint arrêter son activité. M. Poincenet n’avait pas oublié son pays natal comme en témoignent les legs qu’il fit à la commune de Suippes. Il fonda également, deux lits aux Petites Sœurs des Pauvres, en faveur des travailleurs de l’industrie lainière. Son nom, bien rémois, allié à celui de la famille Gabreau, restera en honneur dans notre ville.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905. POINSIGNON (Maurice).

Inspecteur d’Académie honoraire, mourait à Châlons-sur-Marne le 22 novembre 1899, à l’âgé de quatre-vingt-six ans. Il y remplissait ces fonctions depuis 1861, après avoir été longtemps professeur d’histoire à Rodez, à Angers, à Grenoble, censeur au Mans et à Douai et inspecteur d’Académie à Montauban. Vers 1847, il avait interrompu sa carrière universitaire, et, après avoir été le précepteur de l’amiral de Mackau, à Paris, il fut appelé dans notre ville, en 1853, par M. Werlé, afin de faire l’éducation de son fils.

Nous rappellerons seulement ici ce que fut l’historien :

On doit à M. Poinsignon, la création du « Bulletin officiel de l’Instruction primaire » qu’il fit suivre d’une « Géographie de la Marne » et d’un « Atlas cantonal », mais l’érudit et l’homme de labeur consciencieux se retrouve surtout dans son « Histoire de la Champagne et de Brie », parue en trois volumes, en 1885. De nouvelles recherches dans les dépôts d’archives l’obligèrent à donner une seconde édition de cet important ouvrage qu’il offrit au public en 1897 et pour lequel l’Académie nationale de Reims lui décerna une médaille d’or dans sa séance du 20 juillet 1899.

Il a publié aussi une traduction de l’« Histoire de Richer », moine rémois du Xe siècle, et l’« Histoire des quatre premiers siècles du Moyen âge ».

M. Maurice Poinsignon était officier de l’Instruction publique et chevalier de la Légion d’honneur.

Il était né à Metz le 6 mai 1814.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

POIRRIER (Louis Alfred).

Sénateur de la Marne, né à Esternay, le 30 novembre 1826, décédé dans ce village, le 16 septembre 1898.

Élu le 7 janvier 1894, en remplacement de M. Margaine, il fut réélu le 7 janvier 1897, contre M. Vallé.

Il avait dû sa première élection aux républicains radicaux ; mais peu à peu il avait pris rang parmi les conservateurs.

Source : AMB 1899.

POISSON (Ch.)

Officier de la Légion d'honneur, ancien sous-préfet de Reims, décédé à Paris le 20 février 1869.

Source : AMB 1870.

POMERA (Jean Nicolas).

Instituteur à Bourg-et-Comin, pendant plus de cinquante ans, décédé le 13 février 1873. Modèle d’exactitude et de dévouement dans ses modestes fonctions, il fut encore dans les habitudes de la vie un homme de foi par excellence. Aussi ses élèves dont plusieurs sont prêtres aujourd’hui ont-ils élevés à sa mémoire un monument funèbre, témoignage de leur reconnaissance.

Source : AMB 1874.

POMMERA (Michel).

Vieux brave soldat du premier Empire, un de ceux qui préféraient la mort que de se rendre, décédé à Baslieux-lès-Fismes (Marne) le 12 février 1870.

Source : AMB 1871.

POMMERY (Mme veuve, née Jeanne Alexandrine Mélin).

Née à Reims en 1819, d’une famille relativement modeste, et décédée dans son château de Chigny-les-Roses, près Reims, le 18 mars 1890, à l’âge de 71 ans.

Ses funérailles, qui eurent lieu à la cathédrale de Reims, furent grandioses par leur simplicité et la sincérité des regrets de la foule immense qui l’accompagnait. Notre tâche n’est pas de décrire cette touchante cérémonie ; nous dirons seulement que le deuil était conduit par M. le Maire de Reims, représentant la reconnaissance publique de la ville. Son cortège était suivi par toute la colonie viticole de la Champagne, par les représentants des arts qu’elle avait protégés, des pauvres qu’elle avait soulagés, par ses nombreux employés et ouvriers auxquels elle avait toujours porté le plus grand intérêt, et par la foule immense admiratrice de son caractère et de sa bienfaisance.

Plus de 70 couronnes de fleurs portées à bras par les ouvriers de la maison, envoyées par les sociétés et les vignobles des alentours, suivaient la dépouille mortelle de Mme Pommery.

Nous voudrions pouvoir retracer ici les principaux traits de la belle carrière de cette femme de tête et de cœur, qui, propriétaire d’une des premières marques de Champagne, a su donner en toute occasion des preuves d’intelligence, d’énergie et de générosité. Ses ouvriers lui témoignaient les plus vives sympathies, et sa mort a été pour la ville de Reims un véritable deuil public.

La maison des vins de Champagne dirigée par Mme Pommery était au début d’une assez minime importance. Après avoir racheté la maison Vibert et Greno, le mari de la défunte fonda la maison Pommery et Greno. À la mort de M. Pommery, sa veuve prit d’une main ferme et virile la direction des affaires ; elle y déploya une énergie, une intelligence et une habileté extraordinaires, puissamment secondée dans la direction des affaires par un collaborateur dont la prudence égalait la fermeté. Chaque année, la maison grandissait d’importance, élargissait son cercle d’activité, se créait des relations et des débouchés nouveaux en Angleterre et dans toutes les parties du globe. C’est alors que, transformant rapidement les anciennes crayères du quartier Saint-Remi, elle créa ses caves et édifia ces constructions élégantes qui resteront une des merveilles de Reims.

Aussi la maison prospéra-t-elle rapidement, et, à sa mort, elle était arrivée à l’apogée de la fortune et de la renommée.

Cette fortune acquise par son intelligence, elle en usait généreusement au profit des œuvres charitables et des institutions utiles de la ville de Reims. Elle a doté la caisse des écoles maternelles et l’orphelinat de Saint-Nicaise, sans compter tout l’argent qu’elle distribuait avec abondance aux sociétés de secours mutuels, de gymnastique, de musique. Elle n’oubliait point les misères et les infortunes de toutes espèces, et ses ouvriers étaient surtout l’objet de toute sa sollicitude.

Il nous faudrait citer chacun des appels faits à la charité publique en faveur des infortunes ou des victimes des catastrophes locales pour dresser une liste de ses bonnes œuvres ; son nom se trouvait en tête de toutes les souscriptions charitables. Jamais un affligé digne de commisération n’a imploré vainement d’elle une assistance. Celle-ci était toujours proportionnée au malheur à réparer.

Amie passionnée des beaux-arts, elle protégeait les artistes et encourageait leurs travaux en rétribuant largement leurs œuvres ; sa maison était un vrai musée où étaient réunies une foule de richesses artistiques. Après la disparition de l’Angélus de Millet, enlevé au prix d’or, Mme Pommery, voulant conserver à la France un autre chef-d’œuvre du même peintre, acquit les Glaneuses au prix de 300.000 fr., et en fit don à l’État par acte notarié.

En 1870, Mme Pommery ne voulut pas abandonner sa maison ; elle tint tête aux généraux allemands que la ville la mit dans l’obligation de recevoir, et elle profita des relations indispensables qu’elle était obligée d’avoir avec ses hôtes forcés, pour obtenir quelques avantages en faveur de ses compatriotes.

Mme Pommery eut deux enfants, M. Louis Pommery et Mme la comtesse de Polignac, qui approuvèrent avec satisfaction, après le décès de leur mère, ses libéralités en faveur de la ville de Reims à laquelle elle a légué par son testament :

1° Au musée sa collection de faïences, à la condition qu’elle sera placée dans une salle qui portera son nom,

2° Une somme de sa 5.000 fr. pour aménager cette salle,

3° Le buste en bronze de M. Vasnier, son collaborateur, par Chavalliaud,

4° Une somme de 200.000 fr. pour la construction d’une maison de convalescence, pour les malades forcés de quitter l’Hôtel-Dieu sans être complètement guéris,

5° Une somme de 20.000 fr. au bureau de bienfaisance,

6° Une somme de 5.000 fr. à la Société de charité maternelle,

7° Une somme de 5.000 fr. à la Société protectrice de l’enfance,

8° Une somme de 2.000 fr. à la Miséricorde,

9° Une somme de 2.000 fr. à Bethléem,

10°Une rente de 500 fr. pour fonder un prix d’honneur au Lycée de jeunes filles,

11°Une somme de 100.000 fr. à la caisse de retraite de ses ouvriers.

Aussi la ville de Reims qu’elle comble de ses bienfaits doit-elle classer le nom sympathique de Mme Pommery, à côté de celui de Mme veuve Clicquot, d’impérissable mémoire parmi les célébrités de la Champagne.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

POMPERY (de).

Ancien maire de Ciry-Salsogne, fut un des hommes les plus entreprenants du canton de Braine. Après avoir essayé des barrages d’irrigation sur la Vesle, dans la vue d’augmenter le produit des riches terres et des prairies qui sont situées dans cette région, il songea à créer une fabrique de sucre. Depuis, M. de Pompery s’est retiré chez son gendre, le général de Carten, où il est décédé le 4 mars 1873, sa dépouille mortelle a été ramenée à Ciry, où la famille a, croyons-nous, une sépulture particulière.

Source : AMB 1874.

PONCHON (François Louis).

Prêtre de Saint-Sulpice, professeur au grand Séminaire de Reims, né à Orange (Vaucluse) en 1809, professeur au grand Séminaire de Toulouse et au grand Séminaire de Reims depuis 1845, décédé le 16 octobre 1884 à Reims.

Source : AMB 1885.

PONSARD (Édouard).

Ancien député, ancien membre du Conseil général de la Marne, ancien maire d’Omey, président du Syndicat agricole libre de la Marne, administrateur de la Société des Agriculteurs de France, président du Comice agricole de Châlons, membre honoraire du Comice de Reims, décédé à Vouciennes (Marne), le 22 décembre 1902.

Avec lui disparaît l’agronome qui a rendu le plus de services à l’agriculture champenoise dans la seconde moitié, du XIXe siècle. Si les machines agricoles se sont depuis longtemps répandues dans le département de la Marne, c’est à lui qu’on le doit ; c’est lui également qui y a propagé l’emploi des engrais chimiques. À l’époque où l’on ne s’occupait pas encore des assurances mutuelles, M. Ponsard avait fondé des caisses de secours contre la mortalité du bétail et contre la grêle. Il a été dans sa région le promoteur de tous les progrès. Aussi quand les membres du Conseil général de la Marne, sans distinction d’opinion politique, se sont réunis le 16 avril 1901 pour célébrer dans un banquet le cinquantenaire de M. Ponsard en qualité de représentant du canton de Marson à l’assemblée départementale, M. Vallé, président du Conseil général, actuellement Garde des Sceaux, a-t-il pu lui dire aux applaudissements unanimes de ses collègues : « Il n’est pas une œuvre entreprise par le département en faveur de l’agriculture à laquelle votre nom ne soit attaché.

La croix de la Légion d’honneur, le mandat de député, mieux que cela la profonde estime de tous ceux qui vous connaissent, amis comme adversaires, sont venus s’ajouter à ces témoignages de gratitude et à votre patrimoine déjà si riche de dignité, de probité et d’honneur ».

M. Ponsard avait été député à l’Assemblée nationale.

Ses obsèques ont eu lieu le 26 décembre à Châlons, au milieu d’une grande affluence de cultivateurs venus de tous les points du département pour rendre un dernier hommage au vaillant lutteur qui a pris pendant plus de cinquante ans la défense de leurs intérêts.

M. Ponsard était originaire de Vitry-le-François. Il y était né le 4 juillet 1825.

(Bulletin du Comice agricole de Reims).

Source : AMB 1904.

PONSART (Hubert Fulgence).

Négociant en laines, conseiller municipal, fondateur-président d’honneur de la Société de gymnastique la Vigilante, né à Sommepy le 20 février 1826, domicilié à Reims, décédé à Cannes (Alpes-Maritimes) le 17 janvier 1886.

M. Ponsart était de cette génération d’hommes si nombreuse de son temps à Reims, qui, venus inconnus et sans grand pécule, sont arrivés, par l’ordre, le travail et l’économie à une position de fortune très respectable.

Aîné d’une nombreuse famille, aussitôt qu’il s’est senti en état de le faire, il a pris avec lui deux de ses frères et une sœur, qu’il a fait participer plus tard à ses affaires. Cette association fraternelle a prospérée et c’est au moment où ils pouvaient jouir du fruit de leurs travaux, que M. F. Ponsart, l’un de ses frères et sa sœur sont morts à quelques mois d’intervalle, après de courtes maladies.

M. Fulgence Ponsart était l’un des membres les plus intelligents du Conseil municipal de Reims. Il n’était ni un homme de parti, ni un homme bruyant ; aimant à faire le bien, il s’acquittait de cette noble tâche, sans affectation, simplement ; aussi a-t-il emporté avec lui les regrets unanimes des personnes qui l’ont connu.

Source : AMB 1887.

PONSART (Jean Marie Joseph).

Chanoine titulaire de l’église métropolitaine de Reims, ancien archiprêtre de Vouziers, né à Lagery, décédé à Reims le 5 février 1869.

Source : AMB 1870.

PONSINET (Jean Marie Basilique).

Ancien conseiller à la cour de Nîmes, décédé à Soissons le 1er novembre 1873, à l’âge 79 ans.

M. Ponsinet était né à Caurel, près Lavannes (Marne), d’une famille honorable de cultivateurs dont les descendants existent encore à Caurel et à Saint-Souplet. Après de brillantes études au Lycée de Reims, il obtint, à la Faculté de droit de Paris, le titre de licencié, et en 1819, il était nommé notaire à la résidence de Reims.

Il conserva ces fonctions jusqu’en 1832, époque à laquelle il les résigna en faveur de l’honorable M. Gilbert, décédé adjoint au maire de Reims.

M. Ponsinet ne tarda pas à se faire inscrire au tableau des avocats ; il exerça cette profession libérale pendant quelques années, puis entra dans la magistrature et fut nommé en titre à la résidence de Reims.

M. Ponsinet, homme de progrès, appartenait à la cause libérale ; nommé conseiller municipal de Reims et en même temps représentant du canton de Beine au Conseil général, membre de la Commission des Hospices de Reims, il s’était fait remarquer par ses connaissances administratives et d’une profonde étude des besoins du pays. La politique, dans laquelle il s’était jeté avec ardeur, devait avoir pour lui ses mécomptes ; adversaire de M. Houzeau-Muiron, il ne put empêcher l’élévation de ce dernier à la dignité de député ; il se vit fermer l’entrée du Conseil municipal et du Conseil général à la fois : ces circonstances, d’autant plus douloureuses pour lui qu’il portait un vif intérêt à la ville de Reims et au canton de Beine, le déterminèrent à solliciter un changement de résidence comme magistrat ; il fut nommé conseiller à la Cour de Nîmes, où il acheva sa carrière dans la magistrature.

M. Ponsinet s’était allié à une famille des plus honorables de Rethel ; il avait épousé Mlle Pauffin, sœur du regretté M. Pauffin, décédé en 1870, le plus ancien des maires du département des Ardennes.

Source : AMB 1874.

PONSINET (Nicolas Auguste).

Né à Saulces-Champenoise, le 29 septembre 1832, doreur, décédé à Reims, le 3 décembre 1897, et inhumé le 6. Le service a été célébré en l’église Notre-Dame. Le portrait de cet habile autiste a été lithographié par Messieux.

Source : AMB 1899.

PONSINET (Victor Félix Hippolyte).

Né à Reims, le 5 décembre 1811 était venu mourir dans sa ville natale, le 6 janvier 1901 après une carrière des mieux remplie dans la magistrature.

Nommé en 1839 juge suppléant à Sainte-Ménehould, puis substitut du procureur, à Alençon, il remplit ensuite les fonctions de juge à Mâcon et de juge d’instruction, et enfin celles de président du tribunal de Wassy.

M. Ponsinet appartenait à l’Académie nationale de Reims et en était le doyen. Son élection dans la compagnie savante datait de 1842 : il y fit plusieurs lectures, intéressantes insérées dans les « Travaux » de cette Société : « Notes de voyage sur Bourg-en-Bresse » ; « Note sur un titre de 1499 relatif à Robert de Lenoncourt » ; « Noël de l’Argonne », etc.

Le défunt était officier d’Académie.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

POQUET (Hector).

Né à Esquehéries, le 2 juillet 1821, décédé dans cette commune le 11 avril 1889. Ancien adjoint au maire, membre du Conseil municipal et de la Commission administrative du bureau de bienfaisance d’Esquehéries, il s’était acquitté de ses diverses fonctions avec zèle et dévouement.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

POQUET (l’abbé Eusèbe Alexandre).

Ancien directeur de Saint-Médard, chanoine honoraire et missionnaire apostolique, curé-doyen de Berry-au-Bac, secrétaire de la Société archéologique de Soissons, inspecteur des Académies du Reims, de Beauvais et de Laon, officier d’Académie, décédé à Berry-au-Bac, le 29 décembre 1897, dans sa 90e année, et inhumé le 3 janvier 1898.

Né à Chalandry, le 19 avril 1808, d’une honorable famille de cultivateurs, M. l’abbé Poquet commença ses études chez le curé de son village, puis les termina aux séminaires diocésains. Ordonné prêtre en 1832, il fut d’abord curé de Nogentel, près de Château-Thierry ; ensuite, en 1843, son évêque Mgr de Simony, lui confia la direction de l’institution naissante des Sourds-Muets de Saint-Médard-les-Soissons. Il fit preuve, dans cette mission délicate et difficile, d’intelligence et de dévouement, et pendant les dix années qu’il y passa, il poursuivit sans relâche le développement de cet établissement, et assura par son zèle son existence jusqu’alors précaire et incertaine.

De Saint-Médard, à titre de repos, Mgr de Simony appela M. Poquet à desservir le dépôt de mendicité de Villers-Cotterêts, où il resta cinq ans. De là il fut nommé au doyenné de Berry-au-Bac, qu’il ne voulut plus quitter et dont il a fait reconstruire l’église, aujourd’hui un vrai bijou d’architecture.

C’est qu’à cette époque, il s’était épris d’une passion irrésistible pour l’archéologie. Tout en surveillant ses travaux et en cherchant de l’argent pour les payer, il publiait sur « Longpont » et « Fervaques », dans l’« Almanach Matot-Braine », d’importants articles. Nous citerons, parmi ses publications l’« Histoire de Château-Thierry » ;les « Annales des Sourds-Muets » ; le « Rituel de la Cathédrale de Soissons au XIIIe siècle », avec des notes et une savante préface ; le « Manuscrit de Gautier de Coincy », avec des miniatures de la fin du XIIIe siècle ; « l’Entrée de Jules César dans la Gaule-Belgique » ; la « Vie de saint Rigobert, archevêque de Reims » ; et une foule de notices sur des abbayes, des personnages célèbres, sur les légendes historiques du département de l’Aisne. Inutile d’ajouter qu’il ne négligea pas la monographie de Berry-au-Bac.

Les pièces qu’il a recueillies sur l’histoire locale et les manuscrits qu’il possédait, font de sa bibliothèque, une des plus importantes et des plus curieuses du département de l’Aisne.

Source : AMB 1899.

PORLIER, voir RUBELLES.

PORTANIER de LA ROCHETTE (François Désiré).

Né à Rodez (Aveyron), en 1844, mort à Paris le 7 mars 1895.

Quoique méridional de naissance, M. de la Rochette était devenu champenois par son mariage. Il avait été le secrétaire de M. Leblond : il franchit rapidement les étapes de la magistrature et fut nommé conseiller à la Cour d’appel ; il y a deux ans, il présidait les assises à Reims. Le canton de Montmirail l’avait en grande estime et l’envoya siéger au conseil général, qui le nomma son vice-président. Le magistrat à ses hommes ne dédaignait pas de se montrer dans son canton agronome distingué, et il fonda un Syndicat agricole, dont il était le président, et qu’il laisse en pleine prospérité.

Ses obsèques furent célébrées à Paris, à l’église Saint-Germain-des-Prés. MM. Poirrier, Reboul et Vallé ont prononcé des discours sur sa tombe.

M. de la Rochette était chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie, chevalier du Mérite agricole.

Source : AMB 1896.

PORTEVIN (Charles Victor Émile Barthélemy).

Avoué, ancien adjoint au maire de Reims, ancien conseiller d’arrondissement, juge au tribunal civil, administrateur des Hospices, vice-président de l’Association amicale des anciens élèves du Lycée de Reims, officier d’académie, né à Champillon (Marne) le 4 décembre 1821, décédé à Reims le 3 mars 1886.

M. Portevin fit ses études au Collège de Reims, devenu le Lycée national, et rien ne prouve mieux les bonnes relations qu’il en rapporta que ce fait qu’il fut élu membre du conseil et vice-président de l’Association des anciens élèves.

M. Portevin fut longtemps avoué et quelque temps avocat, et tous ses confrères ont rendu le meilleur témoignage de sa science théorique et pratique des affaires, de ses bonnes relations confraternelles, etc.

Membre du Conseil municipal, adjoint, conseiller d’arrondissement, il fut immédiatement apprécié pour ses connaissances, la droiture de son jugement, l’utilité de ses conseils et le dévouement qu’il déploya en toute circonstance. Républicain convaincu, il combattait les idées opposées, respectant les personnalités.

Il était assez populaire dans la ville de Reims, pour pouvoir briguer la députation aux élections législatives de 1880. Étant resté en ballottage avec la majorité relative, il se désista en faveur d’un autre candidat, qu’il supposait plus apte que lui à remplir ce mandat.

En 1880, il fut nommé juge au tribunal civil de Reims, aux applaudissements de tous ses anciens collègues du barreau de Reims qui connaissaient sa bienveillance, son impartialité, son aptitude à étudier une affaire et l’importance de sa science juridique.

Dans l’allocution prononcée sur sa tombe, M. Renard, président du Tribunal civil, se résume ainsi : « Il n’appartenait au Tribunal civil que depuis quelques années ; il a su cependant y marquer sa place à tout jamais. Admirablement préparé à l’exercice de ses dernières fonctions, guidé par une rare expérience, par une science profonde du droit, par un esprit juridique d’une netteté et d’une sûreté remarquables, par une droiture absolue, M. Portevin a obtenu au Palais dès le jour de son entrée dans la judicature, la grande confiance et l’autorité que les une et les autres nous souhaitons pour nous-mêmes, comme prix de nos efforts et de notre sollicitude.

La perte éprouvée par le corps judiciaire, pour l’administration de 1a justice, est donc bien sensible et d’un autre côté, chacun de nous, individuellement, regretta profondément l’exquise aménité et la distinction d’esprit qui faisaient le charme des relations de M. Portevin.

Puis M. le docteur Henrot, maire de Reims, fit l’éloge de l’adjoint, de l’administrateur de son expérience, de sa modestie, de son amour pour l’instruction à tous les degrés ; il y ajoute un précieux éloge du père de famille : « L’esprit de famille, dit-il, était pour lui un véritable culte. Nous avons toutes les attentions touchantes qu’il témoignait, il y a quelques mois à peine, pour sa vieille mère qui s’est éteinte presque en même temps que lui. »

Enfin, M. Roze, an nom de l’Association des anciens élèves du Lycée, a fait ressortir dans M. Portevin les qualités les plus précieuses du cœur et de l’esprit qui lui avaient valu ce long attachement de ses anciens camarades d’études et de tous les membres de l’Association, et son autour pour les jeunes élèves dont il applaudissait les succès.

Source : AMB 1887.

PORTIER (Victor).

Chevalier de la Légion d’honneur, commissaire de surveillance administrative près le chemin de fer du Nord, chef de bataillon de l’armée territoriale, né à Laon le 1er novembre 1827, décédé à Crépy-en-Valois en 1883.

Engagé volontaire en 1848, il fut nommé sous-lieutenant dans la garde impériale en 1850 et après avoir fait vaillamment les campagnes de Crimée, d’Italie et de France, en 1870-71, il se retira avec le grade de capitaine.

Il fut grièvement blessé à Gravelotte, où il resta jusqu’au lendemain couché sur le champ de bataille ; d’après le témoignage de ses camarades, Portier était le soldat du devoir qui, a une grande bravoure, joignait le meilleur cœur.

M. Portier remplissait les fonctions de commissaire de surveillance à Crépy-en-Valois depuis 1879.

Source : AMB 1884.

POTHIER (Auguste).

Né à Épernay 25 octobre 1827, mort à Villersexel, le 15 janvier 1871.

Parti le 4 juin 1848 après avoir devancé l’appel, il entra dans le 41e de ligne qu’il quitta en 1851 pour le 72e, où il fut nommé sergent-major le 12 décembre.

Adjudant sous-officier le 14 octobre 1857, il embarquait à Toulon, le 3 mars 1859, pour la campagne d’Italie. Son régiment prit une part active aux batailles qui suivirent l’entrée des armées françaises dans le Milanais. Le 24 juin, Pothier gravissait avec sa compagnie, sous un feu plongeant, la côte qui domine Solferino, et il arrivait avec cinq hommes près de la tour dite la Spia d’Italia (l’Espionne d’Italie), parce que de sa plate-forme on découvre presque toutes les villes de la Haute-Italie. Trois jours après, il était nommé sous-lieutenant.

Lieutenant le 24 janvier 1863, il partait pour Rome le 1er mai 1868, en qualité de capitaine-trésorier de la Légion romaine.

Nommé capitaine le 21 juillet 1870, et rappelé en France, il fut placé à Tarascon, dans un régiment de marche. Capitaine adjudant-major le 1er octobre suivant, il annonçait à sa famille son entrée en campagne : « il me tarde, disait-il, d’entrer en ligne, trop heureux si nos efforts sont couronnés de succès ».

Nommé chef de bataillon par le ministre de la guerre Gambetta, le 17 novembre 1870, il entrait dans le 45e régiment de marche, au moment où le général Bourbaki allait tenter une marche audacieuse sur Belfort : « Je ne puis rien dire, écrivait-il à cette occasion, concernant nos opérations militaires ; mais je puis vous affirmer que nous avons une belle armée, bien organisée, et qui ne demande qu’à marcher en avant. Puissions-nous bientôt vous délivrer, ainsi que notre pauvre France ! »

Un mois plus tard, cinq affaires meurtrières l’avaient mis en évidence, et M. Gambetta, qui sut, au milieu d’innombrables soins, faire d’excellents choix le nomma chevalier de la Légion d’honneur (21 décembre) ; mais déjà le succès des armées françaises était compromis, et le mouvement projeté sur Belfort, prévu par l’ennemi qui envoyait d’Allemagne des renforts considérables. Malgré le retard de sa marche, l’armée attaqua avec son courage ordinaire les Allemands retranchés dans le village de Villersexel. Rien ne put résister à l’admirable élan des soldats républicains, défenseurs du sol national. « C’est, dit le colonel Prévot, à la tête du bataillon dans le village de Villersexel, qu’il enlevait au cri de Vive la France ! que le commandant Pothier a été tué d’une balle reçue à la tête.

Source : AMB 1872.

POTIER (Jean Félix Alexis).

Cultivateur-éleveur à Courcy (Marne), né à Saulces-Monclin, le 17 juin 1852, décédé dans ce village, le 3 janvier 1898.

C’était le fils de M. Potier-Créquy, agriculteur à Saulces-Monclin, et le frère de M. Félix Potier, directeur du haras d’Écordal. Les deux frères s’étaient fait, dans la Marne et dans les Ardennes, une grande réputation pour l’élevage du cheval et leur nom a souvent brillé sur les hippodromes de Sedan, de Charleville, de Fourmies, de La Capelle, etc.

Source : AMB 1899.

POTIER (Pierre Jules).

Lieutenant de vaisseau, commandant en second du vaisseau Latouche-Trouville, né à Rethel le 10 octobre 1847, décédé en mer le 3 mars 1879, à l’âge de 32 ans.

Cet officier de marine distingué avait déjà donné plus d’une preuve de ses capacités militaires.

Au siège de Paris, M. Potier avait commandé les batteries de Choisy et s’était fait remarquer par son sang-froid, son courage et son patriotisme. En récompense de ses services, il fut décoré de la Légion d’honneur à l’âge de vingt-trois ans.

Distingué par l’amiral Pothuau, qui appréciait ses remarquables qualités, M. Potier était estimé de ses camarades et pouvait contempler l’avenir avec la légitime espérance de laisser un nom glorieux dans les cadres de la marine.

Il avait fait ses études au Collège Notre-Dame de Rethel.

Source : AMB 1880.

POUILLARD (Nicolas Auguste).

Naquit à Attigny le 1er juin 1824, dans une modeste maison de la rue Witikin, où son père, Charles Pouillard, exerçait la profession de tanneur. La mort prématurée de ce dernier le priva de bonne heure de la sollicitude paternelle, mais elle lui préparait un avenir auquel il n’eut probablement jamais pensé : quelques années plus tard, sa mère épousait, en secondes noces, M. Garet, imprimeur-typographe à Charleville. C’est ainsi que le jeune Pouillard se trouva initié aux travaux du grand art de l’imprimerie qu’il exerça durant son existence.

De plus, M. Garet devint l’éditeur et l’un des fondateurs du seul organe de publicité qui existât alors dans le département : le Courrier des Ardennes.

M. Pouillard succéda à son beau-père dans la propriété de ce journal. Cette position lui permit d’augmenter l’importance de ses ateliers qui ne tardèrent pas à former l’établissement typographique le plus considérable du département des Ardennes.

Il est mort à Charleville le 8 octobre 1884, dans un âge relativement peu avancé, mais avec la satisfaction d’avoir uni par le mariage une fille chérie à notre célèbre statuaire Croisy.

Source : AMB 1885.

POULAIN (Jules César).

Chevalier de la Légion d’honneur, ancien filateur et manufacturier, ancien membre de la Chambre et du Tribunal de commerce, ancien conseiller municipal, ancien maire de la ville de Reims, officier d’Académie, né à Crouy-sur-Ourcq le 27 novembre 1822, décédé à Reims le 27 juin 1886.

Arrivé à Reims en 1856, M. Poulain fut successivement directeur de l’usine du Mont-Dieu et en 1866 devint associé de la maison Benoist père et fils, dont il dirigea l’établissement de filature et de lissage des Capucins jusqu’en 1881.

Esprit chercheur et persévérant, M. Poulain fit preuve, durant sa carrière industrielle, d’une grande activité et d’une intelligence constante ; en dehors de ses occupations quotidiennes, il se livra à l’étude des questions d’économie politique et sociale et fut l’un des fondateurs de la Société industrielle, à la prospérité de laquelle il se dévoua tout entier.

En 1868, ilfut élu juge au Tribunal de commerce ; il était depuis longtemps membre de la Chambre de commerce, et il apporta dans ces fonctions une grande compétence et tout le zèle dont il était capable.

Pendant l’invasion, M. Poulain, en qualité de membre du ConseiL municipal, mêla courageusement ses efforts à ceux de ses collègues, pour arriver à satisfaire un ennemi insatiable et adoucir pour ses concitoyens les rigueurs de l’occupation.

Réélu en 1871 en tête de la liste républicaine, il se trouva désigné par le suffrage universel pour les fonctions de maire de Reims ; il se consacra tout entier à cette tâche délicate et apporta, dans son passage à l’hôtel de ville, les mêmes qualités de travailleur intelligent et dévoué, qu’il avait montrées dans toutes les fonctions dont il avait été investi.

À cette époque, malgré la paix, la mairie n’était point une sinécure. La ville était encore occupée par une forte garnison allemande, qui oubliait quelquefois que la guerre était finie, dans leur contact avec les habitants. Il fallait arriver à faire cesser cet état de choses en retirant le soldat de chez l’habitant et veiller à la livraison des réquisitions. Les finances étant fortement ébranlées, il fallut recourir à l’emprunt et résoudre une foule de problèmes pour lesquels M. Poulain dut mettre en œuvre tout son talent d’économiste.

M. Poulain garda peu de temps l’écharpe, et reprit ses fonctions de conseiller municipal où il déploya également le plus grand zèle.

On lui doit plusieurs brochures sur des questions économiques, sur la situation ouvrière, sur la question de l’épuration de la Vesle, et plusieurs mémoires intéressant la ville de Reims ou sur des questions pendantes au Conseil municipal.

Source : AMB 1887.

POULET (Nicolas Antoine Constantin).

Né à Givet en 1789, ancien notaire, vice-président de la caisse d’épargne, adjoint au maire de Givet, de 1824 à 1852, décédé en cette ville à laquelle il a toujours été dévoué, le 17 juin 1872.

Source : AMB 1873.

POUPLIER (l’abbé Louis Édouard).

Le 4 décembre 1900, la paroisse de Signy-l’Abbaye célébrait en une cérémonie touchante les obsèques de son vénérable doyen, M. l’abbé Pouplier. Une grande partie de la population et de nombreux prêtres, parmi lesquels M. l’abbé Compans, vicaire-général, et M. l’Archiprêtre de Rocroi, étaient venus apporter leurs témoignages de regrets.

L’œuvre a laquelle M. l’abbé Pouplier s’était attachée, nous voulons parler de la reconstruction de l’église, n’avait pas été sans ébranler sa santé. Néanmoins c’est avec la joie d’avoir pu mener a bien cette entreprise, qu’il terminait dans la souffrance, sa vie de prêtre, toute de vertus.

Au cimetière, M. le Maire se fit l’interprète des habitants pour dire un suprême adieu à l’homme de bien qui s’était signalé par tant de services et M. le Président du conseil de fabrique rappela, une dernière fois, l’œuvre qui conservera à Signy le souvenir du regretté doyen.

Le défunt était originaire de Charleville où il naquit le 18 juillet 1843.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

POURRIER (Alfred).

Né à Laon, magistrat distingué, nommé en 1837 juge suppléant à Clermont (Oise), puis à Vervins en qualité de substitut. Appelé en 1844 en qualité de juge au tribunal de première instance de Laon, il devint, en 1849, juge d’instruction, puis Président du Tribunal de Doullens; enfin Conseiller à la Cour d’Amiens en 1861 ; décoré, en 1868, à cause de ses éminents et longs services, il est mort au mois d’octobre 1872.

Source : AMB 1873.

POURRIER (Jules Nicolas).

Ancien secrétaire-général, conseiller honoraire de la Préfecture de l’Aisne, chevalier de la Légion d’honneur, né le 6 décembre 1810, décédé à Laon, le 21 août 1896, dans sa 86e année.

Après de fortes études commencées au collège de Laon et achevées au collège de Saint-Quentin, M. Jules Pourrier suivit à Paris les cours de l’école de droit, prit le grade de licencié et revint dans sa ville natale.

M. Jules Pourrier entra à la Préfecture comme secrétaire particulier de M. Paulze d’Yvoy. Il fut également secrétaire particulier de M. de Crévecœur, autre préfet de l’Aisne. En 1848, il fut nommé conseiller de préfecture et, en 1852, secrétaire général. En 1865, M. Jules Pourrier fut nommé vice-président du conseil de préfecture et retraité en 1873 avec l’honorariat de ces fonctions. Durant sa longue carrière administrative, M. Jules Pourrier avait conquis dans tout le département de nombreuses et fidèles amitiés. Il avait pour Laon, sa ville natale, une telle affection que, malgré les offres d’avancement qui lui furent souvent faites, il ne voulut jamais la quitter, et la ville perd en lui un de ses meilleurs enfants.

Source : AMB 1897.

POUSSIN (abbé).

Né à Rozoy-sur-Serre (Aisne), en 1819, fut nommé vicaire à Saint-Remi, professeur au petit séminaire de Reims et membre titulaire de l’Académie ; il avait quitté le diocèse vers 1863, et vient de mourir, le 22 août 1893, curé de Villeneuve-Loubet, près Nice. Doué d’un goût très vif pour les études archéologiques, M. l’abbé Poussin a laissé plusieurs œuvres utiles en ce genre : la Monographie de l’église et de l’abbaye de Saint-Remi de Reims, avec dessins par E. Leblan, in-8°, Reims, 1857, un Manuel d’archéologie chrétienne, avec planches gravées, in-8°, Paris, Sarlit, 1861, et plusieurs notices, études et comptes rendus insérés dans les Travaux de l’Académie de Reims, t. XXII et XXIII. Nous ignorons les publications qu’aurait faites cet écrivain actif et fécond depuis son départ de Reims.

H. J.

AMB 1894.

PRANARD (Joseph Mathieu Charles).

Originaire de Rocroi, conseiller municipal de Rethel, rédacteur du journal l’Espoir depuis 24 ans ; esprit droit et juste, il avait su concilier l’estime et l’affection de tous en conservant sa dignité. Il accorda un concours dévoué à toutes les œuvres utiles et charitables ; atteint d’une attaque de variole, il succomba après quelques jours de maladie, dans la nuit du 1er au 2 janvier 1871 à l’âge 49 ans. On a de lui plusieurs pièces de vers et des chansons patriotiques sur les Ardennes, imprimées à Rocroi il y a dix-huit ans.

Source : AMB 1872.

PRÉGNON (Jean-Baptiste).

Curé-doyen de Torcy-Sedan, décédé le 15 avril 1871, à l’âge de 66 ans.

Né à Virton le 23 février 1805, M. Prégnon a passé les 42 années de sa carrière sacerdotale à Torcy ; chanoine honoraire de Reims et du Mans, membre correspondant de l’Académie de Reims, on lui doit un ouvrage en trois volumes in-8° intitulé : Histoire du pays et de la ville de Sedan.

Le conseil municipal de cette ville, réuni pour honorer sa mémoire, a par délibération du 17 avril 1871, décédé à l’unanimité qu’un terrain au cimetière de Torcy serait concédé gratuitement à perpétuité par la ville pour y fonder la sépulture de M. le curé Prégnon. En outre, il a été décidé que la ville coopérerait pour une somme à la dépense du monument que la famille aurait l’intention d’élever.

Source : AMB 1872.

PRÉVOTEAU (l’abbé Paul Evrard).

Curé de La Ferté, décédé le 4 mars 1897, à l’âge de 69 ans.

Dans les différents postes qu’il occupa, comme vicaire à Fumay, comme curé à Semide, à Fépin, à Maubert-Fontaine et à La Ferté, il remplit ses fonctions sacerdotales avec un zèle infatigable. Ce fut surtout à Maubert-Fontaine, où il exerça son ministère pendant 23 ans, qu’il se dépensa, donnant, sans compter son temps, son argent, sa vie. Aussi fut-il obligé de demander un poste moins important. Il fut envoyé à La Ferté, où la paralysie vint l’atteindre et le retint quatre ans cloué sur un fauteuil, en pleine lucidité d’esprit, et gémissant de ne plus pouvoir remplir les fonctions de son ministère.

Il rendit son âme à Dieu le jeudi 4 mars, et ses funérailles eurent lieu le lundi 8, en présence d’un grand nombre de prêtres et de tous ses paroissiens. En l’absence du doyen de Carignan, ce fut M. le supérieur du petit séminaire de Charleville qui y présida, et qui, après la messe, lut une lettre de S E Mgr le cardinal, donnant à ce saint prêtre les hommages son affection et de ses regrets. Au cimetière, le président du Conseil de fabrique prononça l’adieu suprême.

M. l’abbé Prévoteau était né à Sedan (Ardennes), le 16 mars 1828.

Source : AMB 1898.

PRIGNET (Benjamin).

Né en 1825, aumônier de l’asile des Aliénés à Châlons, ancien curé de Givry-en-Argonne, décédé le 25 septembre 1870 à l’âge de 45 ans.

Source : AMB 1871.

PRIN (Louis François Edmond).

Né à Dormans le 1er avril 1821, décédé à Paris le 6 avril 1895.

Avocat à la Cour d’appel depuis un demi-siècle et conseiller général pour le canton de Dormans, depuis vingt-cinq ans ; président de la Section cantonale ; chevalier de la Légion d’honneur. Savant jurisconsulte, d’une autre intelligence et d’un esprit cultivé, en même temps, que d’un caractère bon et affable, il a rendu de grands services au canton de Dormans.

À ses funérailles, célébrées avec une grande solennité, le préfet, M. Vallé, député, le maire de Dormans, celui de Troissy, l’inspecteur primaire, ont tour à tour fait ressortir les rares qualités de l’homme public et du père de famille, et ont signalé sa vie comme un enseignement et un exemple à suivre.

Source : AMB 1896.

PROSSE (l’abbé Michel).

Curé de Messincourt, né à Sedan le 20 mai 1861, est mort le 11 janvier 1897, des suites d’une douloureuse maladie. Ses obsèques ont eu lieu au milieu d’une assistance attristée, dans la paroisse dont il était depuis quelques années le pasteur zélé et dévoué.

Source : AMB 1898.

PUBEREAU (Charles Louis), voir SAINTE-FOY.

PUISEUX (l’abbé Jules Ernest).

Né à Suippes le 21 juin 1825, ancien élève de l’école des Carmes, ordonné prêtre en 1869, ancien curé de Festigny, de Bussy-le-Château et de Coolus, chanoine honoraire de Châlons, aumônier du Collège et de la prison militaire, membre titulaire de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Marne, ancien secrétaire de cette société, ancien directeur de la « Semaine religieuse » du diocèse de Châlons, membre correspondant de l’Académie nationale de Reims, est décédé à Jérusalem, le 20 mai 1896, dans sa 51e année, au cours d’un pèlerinage en Terre-Sainte, et y a été inhumé, avec solennité, par les soins de M. Ledoulx, consul général de France.

En dehors de ses communications à la Sorbonne, de ses rapports comme secrétaire de la Société académique de la Marne, de ses nombreux travaux de morale, d’histoire locale, et d’un manuscrit non encore édité sur l’histoire de l’église Notre-Dame-de-l’Épine, sa dernière et importante œuvre dont quelques fragments ont été publiés, on doit à l’abbé Puiseux, l’aimable et érudit écrivain aux sentiments larges et généreux, les ouvrages suivants :

1881. « L’instruction primaire dans le diocèse de Châlons avant 1789 ». – 1882. « L’instruction primaire dans le département de la Marne pendant la Révolution ». – « Cahier des doléances du tiers-état rural du Bailliage de Châlons ». – 1887. « Vie et lettres de Mgr de Prilly, évêque de Châlons », 2 vol. – « Le théâtre du Collège de Châlons au XVIIe siècle ». – 1889. « Le jubilé du Petit-Séminaire de Saint-Memmie ». – 1889. « Un soldat de la guerre de Sept ans ». – 1890. « Les fêtes du couronnement de Notre-Dame-de-L’Épine ». – 1891. « Vie M. Musart, curé de Somme-Vesle ». – 1892. « Notice sur Louis Grignon ». – 1895. « Vie de N.-S. Jésus-Christ ».

Source : AMB 1897.

PUYSÉGUR (Gaspard, comte de).

Mort au mois d’avril 1874 à l’âge de 43 ans, maire de Buzancy, chef de bataillon des mobiles de l’Aisne, officier de la Légion d’honneur, décoré de l’ordre du Medjidié de Turquie et de l’ordre de la valeur militaire de Sardaigne.

La famille de M. de Puységur est une des plus anciennes et des plus illustres des Ardennes.

En 1649, Jacques de Chatenet, seigneur de Puységur, était vicomte de Buzancy et il fit 43 campagnes, se trouva à 120 sièges et 20 batailles.

Deux de ses descendants ont été lieutenants-généraux, et en 1730, Jacques de Puységur fut élevé à la dignité de maréchal de France.

Source : AMB 1875.