Notices nécrologiques - BO-BZ

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

BOBŒUF (Pierre Alexis Francis).

Naquit à Chauny (Aisne) le 6 septembre 1807.

Après 1830, Bobœuf entra comme surnuméraire dans les bureaux du ministère Guizot. Plus tard, nous le retrouvons au cabinet Casimir Périer, ou de nombreux loisirs lui permettent de s’adonner entièrement à sa passion favorite, l’étude de la chimie.

C’est vers cette époque que, grâce à ses connaissances, il trouva d’abord des procédés jusqu’alors inconnus dans l’application des couleurs, et donna, par son activité, un développement très considérable à l’industrie des fleurs artificielles.

Après s’être lancé dans des opérations que la révolution de 1848 arrêta brusquement, Bobœuf, complètement ruiné, se remit à l’étude de la chimie, notamment à celle des huiles minérales.

Tous ses soins portèrent d’abord sur les propriétés de l’acide phénique, dont la longue préparation était fort coûteuse. Après de nombreux essais, Bobœuf trouva une solution, se fit breveter pour son procédé de préparation, qui donnait trente-six fois plus de produit, et qui consistait à traiter directement toutes les huiles par une solution concentrée de soude.

Le Phénol Bobœuf était découvert.

Bientôt il ne fut plus question que des propriétés vraiment merveilleuses de ce nouveau produit comme désinfectant énergique, antiputride, antiscorbutique, anti-épidémique et hémostatique, guérissant, prévenant ou détruisant la gangrène, le charbon, etc. Plus tard, Bobœuf découvrit dans le phénol de nouvelles propriétés au point de vue de l’élevage du bétail, du typhus et autres maladies des animaux.

L’Académie des sciences, reconnaissant les services rendus à l’humanité par Bobœuf, lui décerna en 1861 le prix Montyon ; enfin après tant de travail, Bobœuf succomba à la tâche le 26 novembre 1874.

Le département de l’Aisne pourra à juste titre revendiquer son enfant comme un des bienfaiteurs de l’humanité.

Source : AMB 1876.

BOCQUILLON (Henri Théophile).

Naquit à Crugny (Marne) le 5 juin 1834.

Sans autre appui que son mérite personnel et sa persévérance dans l’étude, il s’éleva par degrés à une position honorable que l’estime publique entoure justement de sa considération. Le libre essor de ses qualités natives, la lutte courageuse de sa jeunesse contre l’âpreté du sort, contre les difficultés matérielles de la vie firent de l’humble villageois un docteur ès sciences, un docteur en médecine, un professeur de Faculté, un savant.

Au sortir de l’école de son village, Henri Bocquillon commença ses études classiques au collège de Sainte-Ménehould.

Mais il avait à compter avec les rigueurs de la destinée ; elles abrégèrent pour lui la durée du séjour au collège : à l’âge de seize ans, il lui fallut pourvoir à son existence et se suffire à lui-même.

Ce dur apprentissage de la vie lui fit passer quelques années à la pension de Fismes, où il fut chargé d’apprendre à lire aux petits enfants.

Trois ans après, il était bachelier ès-sciences et partait pour Paris.

Après plusieurs années d’études fécondes, il est en 1858 attaché au lycée Napoléon, d’abord comme maître répétiteur, comme professeur de dessin et préparateur de physique, de chimie et d’histoire naturelle. Professeur suppléant de sciences physiques et naturelles au lycée Louis-le-Grand en 1862, il devient enfin titulaire de la même chaire au lycée Henri IV en 1864, puis au lycée Fontanes en 1867.

En 1861, Bocquillon présenta à la Faculté des sciences de Paris ses thèses de docteur. Elles furent très remarquées du monde savant et obtinrent le prix Trémont.

Il préparait en même temps sa thèse pour le doctorat en médecine qu’il présenta en 1866. Ce travail fut honoré d’une distinction nouvelle et obtint une médaille d’argent.

Dès cette année, 1866, Bocquillon fait un cours de botanique médicale à l’École pratique de médecine : ce poste d’un ordre élevé devenait la juste récompense de tant d’années studieuses.

H. Bocquillon publia, successivement son Manuel d’histoire naturelle (1866), La Vie des plantes (1868), un travail sur Les Champignons et les Lichens (1869), et devint agrégé de la Faculté de médecine.

Une carrière encore longue paraissait assurée, quand il s’éteignit subitement en quelques minutes au milieu des siens au mois d’avril 1884.

Source : AMB 1885.

BODART.

Médecin né à Autreppes, décédé le 15 septembre 1874 dans son pays natal.

Doyen des médecins du département de l’Aisne, M. Baudart exerçait la médecine depuis l’âge de 19 ans tant à l’armée qu’à Autreppes où il avait su acquérir l’estime et la considération générales.

Source : AMB 1875.

BŒSCH (Charles).

La lutte pour la vie crée, à notre époque, la tâche plus ardue et l’homme moderne n’a pas toujours raison dans l’opiniâtreté de l’effort, du rocher de Sisyphe. Nombreux. sont-ils ceux-là qui, malgré une inébranlable volonté fécondée par l’espoir d’un juste succès final, ont jonché la carrière sans atteindre le but ! C’est que la résistance corporelle s’épuise à ces combats. Sous l’appel incessant de l’esprit à la matière, l’équilibre se rompt et notre temps verra se multiplier ces catastrophes.

Ce cas est bien celui de notre regretté ami et confrère Charles Bœsch, dont le décès brutal (30 juillet 1902) a causé à tous ceux qui l’ont connu, une douloureuse surprise.

Né à Reims le 1er juin 1861, d’une famille modeste, il ne dut compter que sur lui. Après une première initiation professionnelle dans sa ville natale, il arrive à Paris et de 1880 à 1884, est attaché comme sous-inspecteur aux travaux de reconstruction de l’Hôtel de Ville. En 1885 il obtient, au concours, la construction de l’Hôtel de Ville d’Attigny (Ardennes) et restaure l’église d’Hochfelden (Alsace). Il édifie à Reims de nombreuses maisons particulières et c’est à lui qu’on doit en grande partie cette sorte de Renaissance qui, depuis quinze ans, a transformé l’habitation. Appelé à Odessa pour la construction de plusieurs établissements industriels, il fut ensuite chargé par le Ministre du Commerce et de l’Industrie d’une mission spéciale dans la Russie méridionale

Il faut lui attribuer quantité de travaux communaux : mairies, écoles, etc... la restauration de l’église de Sermiers, la reconstruction de la ferme des Marquises, un modèle du genre, et plusieurs grands établissements pour la manutention des vins de Champagne; on lui doit aussi la Salle des Fêtes Degermann.

Membre de la Commission des logements insalubres, il y fut parmi les plus actifs.

Il était aussi vice-président de l’Union Syndicale des Architectes français, gage honorable de la considération et de l’estime de ses confrères !

L’homme est disparu, mais ses œuvres restent attestant pour la plupart un réel talent ; cependant il avait débuté très jeune dans notre profession, obligé qu’il fût par la mort de son père d’assumer la lourde charge de le remplacer auprès de sa famille. Il ne faillit jamais à cette tâche qu’aggravaient encore des épreuves trop fréquentes et tous ceux qui l’ont connu s’accordent à louer son intelligence professionnelle, sa loyauté et, ce qui est plus, ce qui est tout, sa bonté !

L’architecte Armand Mauroy.

Source : AMB 1904.

BOHAM (Madame Marie Adèle de).

En religion sœur Sainte-Adélaïde, supérieure générale de la communauté de l’Enfant-Jésus de Reims, depuis 1859, décédée à Reims le 6 février 1890.

Née à Fresne (Marne) le 3 juin 1813, d’une famille noble et distinguée des environs de Reims, elle était entrée en religion en 1837, dans la maison même où elle avait été élève et où elle a depuis 52 ans, sauf un séjour de trois ans, de 1852 à 1855, comme institutrice à Wasigny, rempli à l’Enfant-Jésus les fonctions de maîtresse, de supérieure de cet établissement d’éducation chrétienne, dont sont sorties tant d’élèves distinguées qui remplissent dans la contrée toutes les conditions de la société.

Supérieure générale depuis 1859, elle eut à compléter l’œuvre de construction de la maison de Reims, qui est aujourd’hui l’un des établissements scolaires les mieux appropriés, dont la propérité est toujours croissante.

Le soin de celle-ci ne faisait pas oublier à la supérieure les établissements du dehors, qui sont très nombreux. Aux vingt écoles fondées avant 1859, elle en ajouta encore un nombre d’autres dans d’importantes localités. Cette prospérité fut bien mêlée de quelques épreuves pénibles pour son cœur de mère.

L’année scolaire 1870 s’acheva au milieu des préparatifs d’une guerre formidable qui devait faire de nombreuses victimes ; une ambulance fut préparée à la communauté de Reims et reçut les premiers blessés français, tandis qu’à Buzancy, à Pouru, à Brévilly, les sœurs prodiguaient les soins à nos soldats.

Plus tard, ce fut le retrait du cours normal d’institutrices, dont la communauté avait été chargée depuis 1853. Elle surmonta ces peines, grâce à sa fermeté.

Au milieu de tant d’événements tristes ou heureux, Mme de Boham avançait en âge soutenue par ses vertus et l’affection de ses sœurs.

Elle avait célébré solennellement, il y a trois ans, ses noces d’or, marquant ses cinquante années d’entrée en religion. Malgré le poids de l’âge, elle put encore gouverner la maison pendant trois ans. Dans les premiers jours de février dernier, elle se vit arrêtée par une indisposition que l’on croyait légère, mais qui eut pour résultat l’aggravation d’une maladie de cœur, qui la minait lentement. Sa mort, arrivée paisiblement le 6 février au matin, fut un grand deuil et une perte pour la communauté tout entière.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

BOISSEAU (Louise Émilie).

Née à Reims, le 30 août 1815, épouse de M. Werlé, ancien maire de la ville de Reims, décédée le 19 août 1876.

Issue d’une ancienne famille rémoise, Mme Werlé était une femme très charitable et surtout très modeste, aimant à faire le bien sans ostentation et sans bruit.

D’un abord très facile et doux, elle ranimait toujours par des paroles bienveillantes les pauvres qui dans le besoin venaient lui demander assistance ; aussi était-elle aimée des classes indigentes, qu’elle secourait toujours de sa bourse. Le lendemain de sa mort, M. Werlé a donné au bureau de bienfaisance 2.000 fr. pour faire distribuer des vivres aux indigents.

Il a également fait don de 100.000 fr. à la Maison de Retraite pour l’agrandissement de cet hospice des vieillards.

Source : AMB 1877.

BOISSEAU-BÉCHET (Louis Félix).

Oncle de MM. le comte Werlé et Olry-Rœderer, député de l’Eure, né à Reims le 30 juin 1809, est décédé à Chenay le 17 février 1891, dans sa 83e année. Il avait été pendant 33 ans maire de cette commune. Après un service à Chenay, il fut ramené pour être inhumé à Reims, où ses obsèques ont eu lieu à la cathédrale.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

BOISSONNET (André Denis Alfred).

Général au génie en retraite, ancien sénateur et président du Conseil général de la Marne, est décédé à Paris, après une carrière noblement remplie.

Sorti de l’École Polytechnique, en 1834, Alfred Boissonnet passa comme sous-lieutenant du génie à l’École d’application de Metz qu’il quitta en 1836 pour entrer lieutenant au 3e régiment.

Capitaine en 1841, il prit part, comme commandant le génie de la première division à l’armée des Alpes, au siège de Rome en 1849, et fut fait chevalier de la Légion d’honneur.

Il fit en 1854 la campagne d’Orient, où il prit part aux batailles de l’Alma et d’Inkermann, et se distingua particulièrement au siège de Sébastopol et à Malakof.

Lieutenant-colonel en 1860, puis colonel en 1863, il commandait, depuis 1866, l’École Polytechnique, quand éclata la guerre de 1870. C’est alors qu’il prit part aux sanglantes batailles qui se livrèrent sous les murs de Metz : Borny, Gravelotte et Saint-Privat.

Interné, après la reddition de Metz, à Neuwied, puis rentré à la paix, en France, il fut successivement membre du Comité des fortifications en 1872, inspecteur général du génie en 1873 et 1874, et passa dans le cadre de réserve 1er mars 1875.

Peu de jours avant, il avait été élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur.

Élu par le canton de Sézanne conseiller général, en 1856, M. Boissonnet, pendant plus de vingt ans, fut membre de ce Conseil dont il a été nommé président par plusieurs élections successives.

En 1876, le général Boissonnet était élu membre du Sénat; il a cessé, en 1879, de faire partie de la Chambre haute.

M. le général Alfred Boissonnet était né à Sézanne, le 19 décembre 1812.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

BOISSONNET de LA TOUCHE (baron Estève Laurent).

Général de division, grand officier de la Légion d'honneur, décédé à Paris, le 22 février 1902, à l'âge de 90 ans.

Le baron Boissonnet était l'aîné des deux frères Boissonnet, tous deux généraux appartenant au cadre de réserve.

Fils du maréchal-de-camp Boissonnet, Estève Boissonnet entra à l'École polytechnique et fit sa carrière dans l'artillerie. Il servit longtemps en Algérie, notamment sous les ordres du vaillant général Duvivier.

Officier d'ordonnance du duc d'Aumale, il fut chargé de la garde de l'émir Abd-el-kader, lorsque celui-ci fut fait prisonnier, et il l’accompagna à Paris, à Amboise, puis à Brousse, en Asie mineure.

Sous l’Empire, Boissonnet devint général de brigade et commanda pendant la guerre l’artillerie de l’armée de Ducrot. Blessé grièvement à la bataille de Champigny, il fut promu divisionnaire et nommé membre du Comité d’artillerie. Très versé dans la langue arabe, le général Boissonnet a publié divers ouvrages ou traductions. Il a créé près d’Alger un domaine agricole important. L’inhumation a eu lieu à Sézanne.

X…

Source : AMB 1903.

BOITEL (Alexandre Clément).

Chanoine du Chapitre de la cathédrale de Châlons, membre titulaire de la Société d’agriculture de la Marne, né à Vertus le 19 novembre 1799, décédé à Châlons le 27 novembre 1881.

Il fut l’un des trois premiers prêtres qui, après la restauration du diocèse de Châlons, reçurent l’ordination des mains de Mgr de Prilly, le 12 mars 1824.

Il fut successivement vicaire de Saint-Loup, de Notre-Dame-en-Vaux, curé de Vitry-en-Perthois, puis de Saint-Alpin de Châlons où il attacha son nom à la restauration de cette église. En 1844 il fut nommé curé-doyen d’Esternay et en 1850, il était appelé au même titre à Montmirail. En 1860, ses longs services lui valurent le titre de chanoine titulaire.

Travailleur infatigable, il publia les monographies de toutes les paroisses où il avait exercé son ministère, sans compter les nombreux rapports qu’il fit à la Société d’agriculture dont il était membre correspondant depuis 1850 et titulaire depuis 1861.

Entre autres ouvrages sur l’histoire locale publiés par lui, on compte : Vitry ancien et nouveau, Vie de Saint-Alpin, Histoire du canton d’Esternay, Histoire de Montmirail, Histoire du Bienheureux Jean de Montmirail.

Enfin, il résuma tous ses travaux sur le département de la Marne dans un ouvrage en deux volumes, sous le titre de Beautés de l’histoire de Champagne.

Sa vie fut celle d’un prêtre fervent et d’un infatigable chercheur.

Source : AMB 1883.

BOIVIN.

Agent voyer d’arrondissement en retraite, expert dans les affaires administratives, décédé à Rethel le 18 juin 1889, né en 1812. Son jugement sûr, sa connaissance des affaires, ses relations recherchées avec les gens lettrés lui avaient créé bien des amitiés.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

BOIZARD (Alexandre).

Ancien secrétaire de la sous-préfecture de Saint-Quentin, est décédé dans sa 83e année, à Saint-Quentin, était un ancien lieutenant d’infanterie qui avait assisté en 1831 au siège d’Anvers.

Étant venu se fixer à Saint-Quentin, il fut nommé capitaine de l’une des compagnies de la garde nationale, et plus tard fut appelé au secrétariat de la sous-préfecture.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

BOIZEL (Louis Gabriel Auguste).

Négociant en vins de Champagne, né à Épernay, le 21 janvier 1834-, mort dans cette ville, le 9 mars 1902.

M. A. Boizel n’avait que 69 ans. De nombreuses notabilités sparnaciennes assistaient à ses obsèques rendant hommage à sa sympathie qui lui avait valu successivement les fonctions de juge au tribunal de commerce et celles de conseiller municipal.

Les coins du poêle étaient tenus par M. Fleuricourt, maire d’Épernay, M. Mathieu Duensing, d’Avize, M. Nestor Sauvage, M. Albert Chausson, d’Épernay. Le deuil était conduit par M. Legée-Boizel, son gendre, MM. Édouard et Alfred Boizel et leurs fils, frères et neveux du défunt.

La cérémonie religieuse a été célébrée en l’église Notre-Dame. Au cimetière, M. Fleuricourt, se conformant au désir du défunt qui ne voulut ni discours ni couronnes sur sa tombe, s’est contenté, au nom du Conseil municipal, d’adresser un dernier adieu à son regretté collègue qui fut conseiller municipal durant 18 années consécutives.

L’une des filles du regretté défunt, Mlle Julie Boizel, est devenue l’épouse de M. Paul Coutant, avocat à la Cour d’appel de Paris, député de l’arrondissement d’Épernay.

X…

Source : AMB 1903.

BOIZET (Désiré).

Né à Écordal (Ardennes), le 30 octobre 1836, mourut an même lieu le 20 février dernier. Il avait publié, il y a quelques années, une petite « Histoire d’Écordal » qui contient quelques renseignements utiles sur les seigneurs et les anciennes légendes du pays.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

BOLLINGER (Joseph Charles Alfred).

Négociant en vins de Champagne à Ay (Marne), succombait le 23 juillet 1899 des suites d’un terrible accident d’automobile.

Né à Ay le 3 mars 1844, il en avait été maire de 1888 à 1892, et durant ces quatre années, son esprit d’équité et son sincère dévouement à la chose publique lui acquirent l’estime de tous ses concitoyens. Son urbanité native comme sa constante mansuétude étaient bien connues à Reims, à Épernay et dans les autres villes environnantes où il comptait de nombreux amis.

Membre du Syndicat du commerce des vins de Champagne, M. Bollinger en était l’un des plus actifs et des plus zélés collaborateurs : sa compétence commerciale et son activité sans cesse renaissante ne se démentirent jamais ; il le prouva dans ses efforts à assurer à notre commerce l’usage exclusif de la dénomination « Champagne » que les autres contrées cherchaient à usurper ; dans l’organisation de l’Association viticole champenoise ; comme encore, à la veille de sa mort, par sa souscription aux statuts que le Syndicat avait rédigés en vue d’une participation à l’Exposition de 1900.

Les qualités du négociant et de l’homme privé furent rappelées sur sa tombe si tragiquement ouverte, par M. Krug, au nom du Syndicat du commerce des vins de Champagne ; par M. Aubert, au nom de la Croix-Rouge dont le défunt était président, et enfin, par M. le Dr Grangé, adjoint, au nom de la municipalité d’Ay.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

BONCOURT (Marie Barbe Henriette).

Née à Saint-Quentin, si honorablement connue par ses vertus, sa touchante bonté et la multitude de ses bonnes œuvres, est décédée à Saint-Quentin, laissant à la ville un capital de 17.500 fr. et la nue propriété d’une inscription de rente de 450 francs, pour aider à la construction d’une église au faubourg d’Île, 20.000 fr. aux hospices pour la fondation de deux lits d’incurables, 2.000 fr. au bureau de bienfaisance, 15.000 fr. à l’établissement des petites sœurs des pauvres, 2.000 à la conférence de Saint-Vincent-de-Paul, 500 fr. à la société des crèches, 20 paires de draps pour les indigents et les malades de la Charité, 7.000 fr. à l’église paroissial pour la fondation de messes. Ainsi le souvenir de la respectable dame est-il acclamé à Saint-Quentin par les bénédictions des pauvres et par la reconnaissance de la cité entière.

Source : AMB 1872.

BONJEAN (Henri).

Contremaître de tissage, mort à Reims à l’âge de 67 ans.

M. Bonjean est un de ces hommes modestes qui ont rendu le plus de services à l’industrie lainière de notre ville ; aussi les ouvriers sous ses ordres ont-ils tenu de lui rendre les derniers honneurs et chargé un des employés de sa maison d’être l’interprète de leurs sincères regrets.

M. Desteuque, un de nos plus honorables négociants, a tenu à cœur de prononcer sur sa tombe un remarquable et éloquent discours où il témoignait les regrets que causait sa mort, et les ouvriers se joignant à M. Desteuque ont fait prononcer par un de leur délégué, un discours bien senti et qui prouve que le véritable mérite et la simple modestie n’excluent en rien le savoir, la bonté et la bienveillance.

Source : AMB 1875.

BONNEDAME (Alphonse).

Prote d’imprimeries de l’« Argus Soissonnais », où il était entré en 1841, c’est-à-dire il y a 56 ans, est décédé subitement à Soissons le jeudi 28 janvier 1897, à l’âge de 74 ans. La veille encore, il était à son travail, et rien ne pouvait laisser pressentir un l’imminente catastrophe. Il avait, en 1891, reçu la médaille d’honneur du ministre de l’intérieur. Auxiliaire dévoué, excellent camarade, obligeant et serviable, il avait l’affection de tous, et emporte d’unanimes regrets.

Né à Soissons le 19 février 1823, il était le frère de M. Henri Bonnedame, décédé imprimeur à Épernay, et l’oncle de M. Raphaël Bonnedame, directeur du « Vigneron champenois ».

Source : AMB 1898.

BONNEDAME (Henri Frédéric).

Imprimeur à Épernay, né à Soissons en 1818, mort à Épernay le 14 décembre 1886.

D’abord excellent ouvrier typographe à Soissons et à Paris, Henri Bonnedame devint à Épernay, en 1860, un prote émérite, puis en 1870, le directeur de l’une des meilleures imprimeries de la région. Sa méthode scrupuleuse et son art consciencieux y survivent, d’ailleurs, dans la personne de son fils, M. Raphaël Bonnedame, auquel il avait cédé sa maison depuis plusieurs années.

Les travaux de Bonnedame père ne se bornèrent pas à des publications éphémères : ils ont produit des œuvres durables que les bibliographes enregistreront avec honneur. Les Contes rémois seront toujours, entr’autres, l’un des types de son goût et de son intelligence du métier. Il imprima divers journaux, l’Écho sparnacien, la Vérité, etc. Mais surtout i1 fonda en 1873, le Vigneron champenois, cet organe si utile à tous ceux qu’un intérêt quelconque rattache à la viticulture, comme le proclamait sur sa tombe M. le docteur Plonquet. Il avait aussi contribué à établir la florissante société d’horticulture d’Épernay. Aussi, de toutes parts, les témoignages d’estime et de regrets se sont manifestés lors de la mort prématurée de ce vaillant ouvrier de l’art et du progrès sous tontes ses formes.

H. J.

Source : AMB 1888.

BONNET (Jean-Claude).

Né à Velye (Marne), le 6 juin 1778, décédé dans sa commune le 20 juin 1870.

Engagé volontaire au 2e de ligne le 5 frimaire an VII, il servit sous Masséna à Zurich, sous Bonaparte au Mont-Saint-Bernard, à Marengo, aux passages du Mincio et de l’Adige, enfin au combat naval de Trafalgar en 1805. Gravement blessé, il revint à Alexandrie, où après une longue convalescence il fut mis à la retraite avec cette note de ses chefs : Le sergent Bonne a toujours été dans nos rangs le type de l’honneur, du zèle et de la bravoure.

Source : AMB 1871.

BORGNET (Jean-Louis Charles Frédéric).

Né à Saint-Germainmont (Ardennes), le 26 février 1812, décédé au même lieu, le 27 mars 1894. La longue existence de ce prêtre fut consacrée entièrement au ministère paroissial ; il en passa toute la partie active dans la commune de Sévigny-Waleppe, dont il restaura et embellit l’église avec un soir remarquable ; il prit sa retraite et passa ses dernières années dans son village natal, au sein de son honorable famille, et toujours au service des pauvres et des malades qui sollicitaient sa charité.

H. J.

Source : AMB 1896.

BORGNET (Jules).

Décédé le 22 octobre 1872, à Namur, à l’âge de cinquante-quatre ans.

Originaire des Ardennes, M. Borgnet s’était fixé depuis longtemps en Belgique, où il avait été nommé archiviste de l’État, professeur d’histoire à l’Athénée, membre de l’Académie royale Belge et secrétaire de la société archéologique.

M. Borgnet possédait des connaissances historiques très étendues. Il a fait d’importantes publications sur les archives des Ardennes belges, l’histoire du Comté de Namur, etc., etc.

Source : AMB 1873.

BOSLER (le lieutenant-colonel Lucien).

Officier de la Légion d’honneur, président de la Société des anciens combattants de 1870-71, avait de magnifiques états de service.

Engagé volontaire en 1853, à l’âge de 18 ans, il fit les campagnes de Crimée, d’Italie, du Mexique, d’Algérie, mais ébranlé par les fatigues, il dut rentrer en France en 1875 afin de rétablir sa santé. Il portait fièrement les médailles commémoratives de ces nombreuses campagnes, au cours desquelles il avait été l’objet de fréquentes citations à l’ordre du jour.

Il mourut à Reims le 18 février 1899, dans sa 64e année, et fut inhumé à Rethel, son pays natal.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

BOUCAUMONT (Pierre Claude).

Chanoine titulaire de l’église métropolitaine de Reims, ancien supérieur du petit Séminaire de Charleville. Né à Charleville le 27 mai 1795, décédé à Reims le 17 Février 1872.

Source : AMB 1873.

BOUCHÉ (Hippolyte François).

Ancien négociant en vins de Champagne, né à Mareuil-sur-Ay le 13 août 1814, décédé le 12 juillet 1886, était membre du Conseil municipal de Mareuil et du Conseil d’arrondissement d’Épernay.

Cet homme de bien et d’une modestie proverbiale laisse surtout une réputation commerciale des mieux établies et des plus méritées.

Source : AMB 1887.

BOUCHÉ (l’abbé Pierre Jean Calixte Charles).

Né à Mailly (Marne), le 11 août 1827, commença ses études à l’âge de seize ans, et fut un des plus brillants élèves du séminaire de Reims. Aussitôt ordonné prêtre, il devint professeur de philosophie au petit séminaire : en même temps, il prêchait à la cathédrale, était aumônier à la Chapelle de la Mission, et présentait des mémoires très étudiés à l’Académie de Reims.

Pendant l’épidémie de 1854, le cardinal Gousset l’envoya dans la paroisse de Trépail, décimée par le choléra, et l’abbé Bouché y passa six semaines à peu près seul pour soigner les malades, ensevelir les morts et réconforter les survivants.

À la suite de ces travaux écrasants, le cardinal Gousset le nomma chanoine honoraire et curé de Givonne. M. Bouché devint peu de temps après curé des Minimes de Rethel, et en 1866, archiprêtre et curé de Vouziers.

Dans ce poste, il s’adonna avec zèle et activité à toutes les œuvres religieuses et charitables de 1a paroisse. Il reprit des projets antérieurs pour l’achèvement de l’église, et employa, en 1869, quarante mille francs pour édifier deux nefs latérales et orner de vitraux peints toutes les fenêtres ; de même pour la chapelle de l’hospice, dont il fut l’architecte.

En 1870, la ville était par sa position géographique, exposée à tous les désastres. M. Bouché alla au devant de l’ennemi, et supplia le chef d’épargner sa paroisse. « Vous êtes un héros, lui répondit celui-ci, et à cause de vous, à moins d’excès graves contre mes soldats, la ville sera épargnée ».

Après le combat de Beaumont, 400 blessés, moitié français, moitié allemands, sont évacués sur Vouziers. L’Hospice comblé, les écoles, beaucoup de maisons et le presbytère deviennent autant d’ambulances dont l’abbé Bouché est l’aumônier et l’organisateur infatigable. Ce dévouement lui permet d’intervenir auprès des Allemands en faveur de toutes les infortunes de ses concitoyens. Il joint ses efforts aux prières de Mme Tharel pour obtenir la grâce de son mari ; il sauve la vie aux malheureux habitants de Voncq. Avec Mgr Landriot, enfin, il fait délivrer les habitants de Chestres, prisonniers à Reims à la suite d’une attaque de francs-tireurs sur le territoire de la commune.

Après la guerre, M. l’abbé Bouché fut décoré de la Légion d’honneur ; jamais’ distinction ne fut plus justement décernée.

Lorsque, plus tard, l’enseignement religieux fut banni dans les écoles publiques, M. l’abbé Bouché considéra comme un devoir impérieux l’établissement des écoles chrétiennes et réussit à en assurer l’existence.

Dans ces dernières années, des épreuves douloureuses et répétées avaient altéré sa santé et rendu difficile l’accomplissement de ses devoirs. Il résolut de renoncer à une tâche au-dessus de ses forces et de se retirer dans une petite paroisse.

L’imminence de son départ lui causait une impression qui aggrava sa maladie. Après avoir échappé à une première crise, il mourut subitement le 14 septembre 1899. Par humilité, il avait voulu des funérailles sans fleurs, sans couronnes, sans discours ; mais une foule de deux mille personnes fit cortège au pasteur universellement regretté : une souscription publique, rapidement couverte, assure au prêtre, appauvri par ses aumônes, un lieu de repos immuable au milieu de tous ceux qu’il a secourus et consolés en trente-trois ans.

XX. C.

Source : AMB 1900.

BOUCHÉ de SORBON (Adolphe Joseph Adam).

Né à Reims le 1er janvier 1803, décédé à Troyes le 14 juillet 1875.

« Après avoir fait de sérieuses études, il se destinait à la carrière du barreau, et pendant plusieurs années il exerça avec talent la profession d’avocat près le tribunal de Reims ; mais bientôt, nommé juge suppléant près le même tribunal, il abandonna définitivement le barreau pour suivre la carrière de la magistrature, qu’il devait parcourir avec tant de distinction.

Nommé d’abord juge d’instruction à Joigny, puis juge à Épernay, il revint quelques années plus tard en même qualité au tribunal de Reims, sa ville natale qu’il aimait tant. M. Bouché de Sorbon ne pouvait rester longtemps ignoré à Reims ; en effet, le 22 juillet 1859, il fut appelé à la présidence du tribunal d’Épernay. Enfin, sans l’avoir sollicité, M. Bouché de Sorbon fut nommé, le 5 mars 1864, président du tribunal de Troyes, et depuis 1873 il jouissait de sa retraite. Par la dignité de sa vie, l’austérité de ses mœurs, son intelligence, sa profonde connaissance du droit, M. Bouché de Sorbon réalisait en sa personne l’idéal du vrai magistrat. Impartial par nature autant que par un profond sentiment du devoir, M. Bouché de Sorbon savait écouter avec cette attention calme et froide qui rassure le plaideur et est le signe antérieur de l’impartialité.

Source : AMB 1876.

BOUCHER (Isidore).

Capitaine d’artillerie, chevalier de la Légion d’honneur, né à Revin, décédé à Besançon le 7 septembre 1891.

Il était deuxième canonnier en 1828 ; en 1859 il était nommé sous-lieutenant, et en 1861, lieutenant à la Garde impériale. En 1867 il est nommé capitaine en second, et en 1870 capitaine en premier.

En 1859, il fait la campagne d’Italie. En 1861-62, il est envoyé en Afrique.

Retraité en 1870, il prend part à la guerre contre l’Allemagne, fait prisonnier et est interné à Cologne.

Après son retour de captivité, il se retira à Besançon, où il fut administrateur des salines de Châtillon, et administrateur de la caisse d’épargne de Besançon. Il était administrateur de la Société fraternelle des anciens officiers.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

BOUCHER-LANDRAGIN (Jérôme).

Avoué honoraire à Charleville, né à Bazeilles le 6 août 1878, décédé le 6 avril 1891, a été trouvé mort, dans un wagon de 2e classe faisant partie du train venant de Châlons. Son fils, M. Boucher, lui avait succédé comme avoué à Charleville. Le barreau en robe accompagnait le cercueil suivi des notabilités des villes de Charleville et de Mézières, et d’une foule nombreuse.

M. Schmitt, avoué, a adressé quelques paroles d’adieu à son ancien confrère.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

BOUCHEZ-LEVERNIEUX (Jean-François).

Avoué honoraire, né à Warmeriville, le 2 juillet 1823, mort à Charleville, le 26 février 1895.

Pendant les 32 ans qu’il exerça les fonctions d’avoué, il fut un modèle de correction et de loyauté, en même temps que son affabilité et son égalité d’humeur le rendait d’un commerce agréable et sympathique. Tout le barreau de Charleville assistait en robe à ses obsèques. M. Agez, avoué, a prononcé les paroles d’adieu sur la tombe de son ancien confrère.

M. Bouchez-Levernieux était le père de M. Bouchez-Leheutre, maire de Charleville.

Source : AMB 1896.

BOUDSOCQ (Marie-Anne).

En religion sœur Sainte-Marie de la Visitation, supérieure de l’hôpital-général de Reims, née à Rocquigny (Ardennes) le 6 messidor 1799, décédée à Reims le 17 janvier 1870, ayant passé 52 ans de sa vie au service des pauvres.

Source : AMB 1871.

BOUET (Joseph).

Né à Cholet (Maine-et-Loire) le 24 janvier 1835, fut un des meilleurs élèves du collège municipal de cette ville, jusqu’en troisième, et ensuite au petit séminaire d’Angers, où il garda constamment le premier rang. Déjà il se faisait remarquer par une intelligence pénétrante, un travail assidu, une piété franche, une grande égalité d’humeur. De 1853 à 1858, il fit son grand séminaire, puis alla perfectionner ses études théologiques par un séjour de deux ans à Saint-Sulpice. Il professa la philosophie au séminaire d’Issy pendant cinq années et fut pendant huit ans professeur de morale et de dogme à Saint-Sulpice. Chargé en 1874-75 de la visite des maisons dirigées par la Compagnie de Saint-Sulpice en Amérique, il fut à son retour envoyé à Reims comme supérieur du grand séminaire. Dans ce poste, qu’il a occupé 19 ans, il ne cessa de se faire tout à tous et épuisa sa santé dans un travail infatigable, qui le conduisit prématurément au tombeau. Il a laissé une grande réputation de science, de sagesse et de bonté.

Source : AMB 1898.

BOUET (l’abbé Joseph).

Né à Cholet (Maine-et-Loire), le 24 janvier 1837, prêtre de St-Sulpice, ancien chanoine honoraire et ancien supérieur du Grand Séminaire de Reims (1875-1894), mort à Issy (Seine), le 6 octobre dernier.

Ce saint prêtre avait consacré plus de vingt ans au service de notre diocèse.

Source : AMB 1897.

BOUILLARD (Victor Isidore Édouard).

Né à Montcornet (Aisne), le 30 mars 1819, décédé également à Montcornet, le 13 juillet 1896, dans sa 77e année, conseiller municipal, vice-président de la commission des finances, membre du bureau de bienfaisance et administrateur de la caisse d’épargne, administrateur de la Société de secours mutuels depuis sa fondation (1869), créateur de la section de Montcornet (Société de secours aux blessés). Il avait été délégué cantonal, etc.

C’était un homme de bien dont la longue existence fut un modèle exemplaire de charité et de dévouement familial. Deux discours ont été prononcés sur sa tombe par M. Lépinois, ancien maire, au nom du conseil municipal, et par M. Berriot, instituteur.

Source : AMB 1897.

BOULANGÉ (Stanislas)

Né à Aire (Ardennes) en 1841, mort au même lieu en novembre 1900. Au moment de son décès, M. Boulangé exerçait les fonctions de juge d’instruction au tribunal de Troyes. Sa carrière judiciaire avait été des plus laborieuses : notaire à Braisne, puis avoué à Reims, et juge suppléant au même siège en 1882, il devint juge titulaire à Nogent-sur-Seine en 1884, et enfin à Troyes. Il s’était fait estimer dans ces postes divers par la dignité de sa vie et par l’intégrité poussée jusqu’au scrupule qu’il apporta partout à l’accomplissement de son devoir professionnel. Ses amis et ses collègues déplorent sa fin prématurée. Son monument, par H. Wendling, vient d’être placé sur sa tombe au cimetière d’Aire

H. Jadart.

Source : AMB 1902.

BOULANGER (Jean-Baptiste Louis).

Né en 1812 à Verzy, décédé en janvier 1878 à Romainville, près Paris.

M. Louis Boulanger était un artiste distingué, qui s’était perfectionné au contact d’Eugène Delacroix. Il avait obtenu des médailles à nos salons, où il se fit remarquer par des tableaux de genre d’un goût délicat et par des portraits, des fleurs et des paysages. La Société des Amis des Arts de Reims a exposé des œuvres charmantes de M. Boulanger. Ses tableaux étaient fort appréciés des connaisseurs, et beaucoup rappelaient des vues de Fontainebleau, de la Lorraine et de la Marne.

Il a fait en outre, il y a déjà longtemps, un certain nombre de travaux de décoration, entre autres au Petit-Séminaire, à l’ancien Théâtre, au café Harlem.

Homme de goût, Louis Boulanger laisse une collection d’objets d’art extrêmement intéressante, sur laquelle l’administration du Louvre a l’œil depuis longtemps.

Source : AMB 1879.

BOULARD (capitaine).

Né à Hans (Marne) le 22 mai 1793, s’est éteint à Châlons-sur-Marne le 6 octobre 1873.

Entré au service comme soldat le 23 novembre 1812, il fit les campagnes de 1813 et 1814, Caporal à Lützen, fourrier à Bautzen, nommé sergent-major à Leipzig, aux affaires de Wilhemsbourg, il est mis à l’ordre du jour de l’armée pour sa brillante conduite et nommé chevalier de la Légion d’honneur ; il avait alors 20 ans. Il se distingua pendant le blocus de Strasbourg lors de la pénible campagne de France.

Licencié en 1815, il reprit du service en 1820 et rentra dans la garde royale et fut de nouveau licencié en 1830.

Rappelé au service et incorporé au 16e de ligne, il fut nommé capitaine en 1838 et admis à la pension de retraite en 1844. Retiré à Châlons, il prit la direction de la compagnie d’assurances mutuelles contre l’incendie pour le département de la Marne.

Membre titulaire de la Société d’agriculture, de la Société vétérinaire et du Comice agricole de la Marne, correspondant de l’Académie de Reims, des sociétés d’agriculture et d’histoire naturelle de Lyon, de la Haute-Garonne, de Seine-et-Oise, de la Sarthe, de Saint-Quentin. Le capitaine Boulard qui unissait à l’amour du sol natal un vif penchant pour l’agriculture a écrit de nombreux opuscules et divers mémoires sur l’histoire, la biographie et l’agriculture.

Il laisse un nom honorable et respecté, et pour ses nombreux amis des regrets unanimes.

Source : AMB 1874.

BOULOGNE aîné (Alexandre).

Ancien conseiller municipal, négociant rémois, décédé à Reims, le 8 janvier 1897, a laissé par testament 60.000 fr. aux Hospices de Reims, et une somme de 15.000 fr. à la Ville pour la fondation d’un prix annuel en faveur d’un ouvrier rémois de la teinture.

Source : AMB 1898.

BOUQUET (François Florentin).

Ancien instituteur, ancien délégué cantonal, officier d’Académie, membre de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Marne, né à Vavray-le-Petit le 9 mars 1812, décédé à Poix (Marne) le 17 juin 1882.

L’homme dont nous allons parler n’était qu’un modeste instituteur de village, mais il a rendu plus de services à son pays, que beaucoup d’autres placés plus haut : avec une volonté ferme et persévérante, il s’éleva lui-même et sans maître, de simple artisan, sans brevet supérieur, qu’il surpassait de beaucoup par son instruction. Son école de Poix, arrondissement de Châlons-sur-Marne, fut citée dès 1838 comme modèle et il obtint cette année, la médaille d’argent offerte par le Ministre de l’Instruction publique.

Dès avant 1840, il fut l’un des premiers à donner à ses élèves des leçons d’agriculture pratique, ce qui attira sur lui l’attention de la Société académique de la Marne, qui le nomma membre correspondant dès l’année 1847.

Non content d’enseigner les méthodes, il les mettait lui-même en pratique, et montrait aux cultivateurs de Poix et des environs, ce que l’on pouvait obtenir en abandonnant la routine ; aussi était-il une autorité au Comice agricole de Châlons et dans tout le canton de Marson.

Plusieurs de ses rapports au Comice central et à la Société d’agriculture de la Marne ont mérité l’impression.

Citons en particulier en 1846, un mémoire sur les prairies artificielles ; en 1860, un rapport sur le concours d’apiculture. Moraliste et économiste, il publia une brochure sous ce titre : Mémoire sur la moralité des campagnes, où il jette un des premiers le cri d’alarme depuis si souvent répété, sur les dangers de l’émigration des paysans dans les villes. Il voulait l’instruction pour tous, mais il exigeait qu’elle fût pratique et appropriée aux besoins de chacun suivant sa condition, sous peine de faire des déclassés et des incapables, raisonnant de tout, excepté de leur métier ; il voulait surtout la morale prêchée par l’exemple des parents et de l’instituteur.

Il fut collaborateur du Cours d’études pour la partie des mathématiques et partagea pour un tiers le prix de 4.000 fr. qui fut décerné à cette publication par le ministère de l’Instruction publique.

Le mémoire eut un assez grand succès, il fut couronné par la Société d’agriculture de la Marne, et lui valut quelque temps après la rosette d’officier d’Académie.

Nous pourrions en dire encore plus long sur cet homme utile et modeste, mais il suffit de conclure que né au village, il a tout fait pour contribuer à l’amélioration de la culture et du sort des villageois.

Source : AMB 1883.

BOURBIER.

Doyen des médecins de Saint-Quentin, médecin des hospices depuis 1820, chevalier de la Légion d’honneur depuis août 1867, président honoraire de la Société médicale du département de l’Aisne, président de la Société médicale de l’arrondissement de Saint-Quentin, ancien président de la Société académique, fondateur de la Société d’horticulture, médecin des prisons, il conserva ce poste autant que ses forces lui permirent, médecin gratuit de l’asile des sœurs des pauvres il fut un de leurs protecteurs les plus généreux, décédé à Saint-Quentin le 7 mars 1874 à l’âge de 84 ans.

Source : AMB 1875.

BOURDON (Pierre Antoine Émile).

Appartint durant de longues années à la vie publique. Élu maire de Châlons-sur-Marne en 1883, il occupa ces fonctions jusqu’en 1900, c’est-à-dire pendant 17 ans. Les scènes orageuses qu’il eut à soutenir au conseil municipal mirent son nom en vedette. Comme tout homme politique, il eut ses amis et ses ennemis. Il fit beaucoup pour l’embellissement de Châlons, mais on ne peut que déplorer la décision prise son mandat, de la démolition de la chapelle du Collège, monument d’une rare valeur archéologique. Les actes de vandalisme deviennent de véritables crimes quand ils ne sont dictés que par une haine aveugle et de mesquines raisons.

L’administration municipale de M. Bourdon annexa le Petit-Fagnières à Châlons et ses sous elle que furent terminés les travaux d’élargissement de la rue de Marne. On lui doit aussi la création du square Carnot, la construction du cirque et l’installation des tramways électriques.

M. Bourdon décédé à Châlons-sur-Marne, le 11 mai 1901, n’avait que 71 ans. Il était né à Rosnay-l’Hôpital (Aube), le 20 septembre 1830.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

BOURDONNÉ (Philippe Louis).

Né à Paris le 25 août 1805, mort à Reims le 12 septembre 1877, membre de l’Université, grammairien et économiste.

La vie de M. Bourdonné a été remplie par un labeur incessant : il embrassa de bonne heure la carrière de l’enseignement et fit ses débuts dans plusieurs pensions de Paris avant 1830.

En 1833, il fut reçu instituteur communal à Reims.

Ses travaux sur la grammaire et sur les autres matières de l’enseignement lui valurent plusieurs médailles et récompenses académiques avec le titre de membre correspondant de la Société de Grammaire de Paris et de plusieurs autres sociétés savantes.

Élu en 1838 membre du Comité supérieur d’enseignement à Reims, il y resta attaché pendant toute sa durée. Le 1er février 1841, il est nommé directeur de l’École supérieure municipale de Reims, qui précéda l’École Professionnelle actuelle ; il dirigea cet établissement pendant longtemps avec distinction. Ses travaux le firent nommer en 1844 membre correspondant de l’Académie de Reims.

Il s’adonna pendant toute sa vie à l’Étude des questions économiques, philosophiques, religieuses et étymologiques et publia plusieurs ouvrages sur ces matières.

Il a publié une première partie sur l’étymologie des noms propres, et le manuscrit de la seconde partie était prêt à être livré à l’impression quand il mourut presque subitement au milieu de ses travaux littéraires.

En prenant sa retraite, il avait quitté Reims pour n’y revenir que quelque temps avant sa mort.

Il avait mis à profit son temps en mettant au jour diverses publications dont nous ne citerons que la dernière : la Philosophie du sens commun, Macédoine littéraire.

Nous dirons en finissant que la variété de ses travaux prouve un esprit souple et solide se prêtant à toutes les exigences d’une volonté ferme.

Nous rappellerons pour mémoire que pendant une dizaine d’années qu’il fut absent de Reims, il fut membre du conseil d’hygiène du canton de Fismes, du conseil municipal de Donchery (Ardennes) et de la commission des hospices de Valence-d’Agen (Tarn-et-Garonne).

Source : AMB 1878.

BOURÉE (Adolphe).

Journaliste, rédacteur en chef du Courrier des Ardennes, né à Vienne-la-Ville (Marne) en 1835, décédé à Menton le 26 février 1889.

M. Bourrée fit ses études au Lycée de Reims, concourut pour l’École polytechnique et fut déclaré admissible. Il entra alors au service de la construction de la Compagnie des chemins de fer des Ardennes; mais n’y ayant pas trouvé sa voie, il entra dans le journalisme, et fit pendant quelque temps partie de la rédaction du Courrier de la Champagne ; il entra ensuite au Courrier des Ardennes, dont il devint le rédacteur en chef ; mais, à la suite de dissentiments avec l’administration de ce journal, il le quitta pour fonder à Charleville le Réveil des Ardennes, qui fusionna plus tard avec le Courrier des Ardennes, dont M. Bourée fut le directeur.

Conservateur convaincu, il était un polémiste ardent, mais d’une urbanité dont il ne se départit jamais, malgré la virulence des attaques de ses adversaires.

Atteint d’une maladie qui ne pardonne pas, il était allé demander le soulagement, sinon la guérison, au climat du Midi. Il est mort à Menton le 26 février 1889 et fut inhumé à Vienne-la-Ville, lieu de sa naissance, pour lequel il avait toujours conservé un grand attachement, entre sa mère qu’il chérissait et son père dont il vénérait la mémoire.

Il a laissé une relation de l’un de ses voyages en Italie.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

BOURGEOIS (Charles Jean-Baptiste).

Membre du Conseil général pour le canton de Suippes, chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie, président de la Société de secours mutuels de Suippes, etc., est né à Suippes le 23 août 1820.

Après avoir fait ses études au collège de Châlons-sur-Marne, il alla étudier le droit à Paris et obtint le diplôme de licencié. Doué d’une élocution facile, i1 eût pu suivre avec distinction la carrière de la magistrature ; mais animé de goûts simples, aimant la vie des champs et dépourvu d’ambition, il préféra revenir habiter sa belle et paisible propriété de Nantivet et partager ses loisirs entre l’étude et les services qu’il se sentait appelé à rendre à ses concitoyens. Nommé en 1852 membre du Conseil général, en remplacement de son père, il y siégea sans interruption jusqu’à sa mort, arrivée le 22 janvier 1878. Il y défendit avec un zèle ardent les intérêts qui lui étaient confiés, ce qui ne l’empêcha pas de conserver l’estime de ses adversaires, qui étaient forcés d’admirer la courtoisie de ses manières et la loyauté de son caractère ; d’un accès facile, il accueillait avec bienveillance tous ceux qui venaient solliciter de lui quelque service. Héritier de l’amour que son père portait à son pays natal, il donna à ses compatriotes des marques incessantes de son dévouement à leurs intérêts, et c’est surtout à son influence et à ses démarches répétées que Suippes est redevable de son chemin de fer.

Il laisse un fils, M. Jules Bourgeois, magistrat à Troyes, qui, résolu à suivre les traditions paternelles, a déjà donné à ses compatriotes des marques nombreuses de son dévouement.

Source : AMB 1879.

BOURGEOIS (Philippe Adolphe).

Colonel du génie en retraite, né à Mézières le 29 juin 1819, est mort à Paris le 19 juin 1904, fils d’un colonel d’artillerie, né aussi à Mézières et petit-fils de M. Putheaux, qui fut maire de Mézières sous l’Empire.

Élève de Polytechnique en 1838 avec le n° 38, il en sortit comme sous-lieutenant du génie ; le 4 janvier 1863, il était nommé chef de bataillon attaché au corps expéditionnaire du Mexique. En 1870, il était commandant du génie à Cherbourg pour les forts et batteries de côtes ; il fut nommé lieutenant-colonel le 19 novembre 1870 et conserva ses fonctions à Cherbourg. Colonel le 4 février 1876, il dirigea le génie à Oran, puis à Bordeaux.

Admis à la retraite le 23 juin 1879, il comptait alors 42 ans de service et 17 campagnes le 12 août 1867. Il avait été fait officier de la Légion d’honneur.

Ses obsèques ont eu lieu à Mézières, il repose dans un caveau de famille à Saint-Julien. De nombreux habitants de Villers-Cernay où le colonel Bourgeois se plaisait tous les ans à passer un mois ou deux pendant la belle saison, assistaient à ses funérailles.

Ernest Henry.

Source : AMB 1905.

BOURGOIN (Edme).

Né à Saint-Cyr (Yonne) le 23 mai 1836, mort subitement à Paris, d’une hémorragie cérébrale, le 10 février 1897, dans sa 63e année.

Docteur ès-sciences et agrégé de la Faculté de médecine de Paris, il fut nommé, en 1879, professeur à l’École de pharmacie et membre de l’Académie de médecine. En 1885, il devint directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux. Il a publié de nombreux ouvrages scientifiques, notamment : de l’« isométrie » ; des « Alcalis organiques » ; « Principe de la classification des substances » ; « Traité de pharmacie galénique », etc.

M. Bourgoin avait été élu député de l’arrondissement de Vouziers, le 20 août 1893. Il était officier de la Légion d’honneur depuis le 9 juillet 1891.

Ses obsèques ont eu lieu le vendredi, 12 février, à Saint-Nicolas-du-Chardonneret, à Paris, et l’inhumation au cimetière Montmartre.

Source : AMB 1898.

BOURGOIN (Jeanne Caroline).

Dite en religion mère Sainte Benoîte, religieuse hospitalière de Hôtel-Dieu de Reims, décédée le 1er mai 1870, à l’âge de 37 ans et dans sa 13e de profession.

Source : AMB 1871.

BOURGUIGNON (abbé A.)

Curé de Matton, né à Mézières en 1832, décédé à Matton le 7 juillet 1899, fut ordonné prêtre en 1857, débuta comme vicaire de Givet et curé de Rancennes. Dans ce poste modeste, il sut conquérir une popularité que 30 ans d’absence n’ont pas effacée dans le souvenir de ceux qui l’ont connu. Il fut ensuite appelé à la cure de Jandun où il passa la plus grande partie de sa carrière sacerdotale.

M. l’abbé Bourguignon était un grand cœur et d’une charité inépuisable : on en cite des exemples qui seraient incroyables s’ils n’étaient attestés par des témoins oculaires. Ici, c’est un incendie qui a dévoré la chaumière et le mobilier d’une pauvre famille : l’abbé Bourguignon, après avoir donné lui-même l’exemple de la générosité à ses paroissiens, va dans toutes les maisons quêtant des provisions, du bois, des meubles, de la paille, qu’il entasse dans une voiture empruntée et qu’il va décharger aux pieds des malheureux incendiés.

Là, en août 1870, il se dépense auprès des soldats français qui traversaient en grand nombre sa paroisse et les environs se dirigeant sur Mézières et sur Sedan ; pour leur procurer les secours spirituels et temporels, il marchait à côté de la colonne, et les soldats allaient s’apprêter à combattre et à mourir, en venant le sac au dos, le fusil sur l’épaule, lui demander son ministère tout en marchant.

Au mois de septembre, c’étaient les Bavarois qui emmenaient avec eux des prisonniers qu’ils maltraitaient affreusement ; le curé de Jandun et le vieux maire, M. Thomas, qui voulaient les secourir furent saisis et emmenés par ces barbares qui, exaspérés par la contenance fière de l’abbé Bourguignon lui faisaient subir de si horribles traitements, qu’il résolut de fuir. On était près de Launois. Profitant d’un moment d’inattention de la part des Allemands, il se jette de côté ; par malheur, il tombe dans un fossé très profond, et lorsqu’il veut en sortir, des baïonnettes sont contre sa poitrine, et il est criblé de coups. Mais, de ses mains nerveuses, il saisit deux baïonnettes pour s’en servir comme de levier afin de sortir du fossé ; les deux fusils partent en même temps : il est blessé aux bras et aux mains. Les Bavarois le traînent parles pieds et le laissent pour mort sans secours dans une grange abandonnée.

Les soins de M. le Dr Philippoteaux, médecin de Launois, pendant de longs mois, le rendirent à la vie. Sa guérison ne fut jamais complète ; mais il vécut encore vingt ans remplissant avec la même ardeur son ministère de charité et de dévouement. Une telle vie, toute d’héroïsme, fut couronnée par une belle mort. Le jour de Pâques, très souffrant, il voulut néanmoins célébrer la messe, après laquelle il s’alita pour ne plus se relever.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

BOURGUIGNON (l’abbé Eugène Émile Marie Joseph).

Né à Gros-Fays (Belgique), le 2 janvier 1864, décédé à Fépin, le 18 août 1898, curé de Fépin et Montigny. D’une famille nombreuse et très chrétienne, il fut placé, après sa première communion, au petit séminaire de Bastogne. Ayant terminé ses études ecclésiastiques au grand séminaire de Reims, il fut ordonné prêtre au mois de au novembre 1888, nommé curé de Landrichamps, et quatre ans plus tard, curé de Fépin et Montigny. Il avait fondé une société de secours mutuels qui a produit les meilleurs résultats.

Il se noya dans la Meuse, le jeudi 7 août, et ce malheur jeta les deux villages dans une profonde consternation. Ses obsèques furent célébrées sous la présidence de M. le Doyen de Fumay, assisté de M. l’Archiprêtre de Sedan, de M. le chanoine Legros, doyen de Givet, et de plus de 40 prêtres de la région.

Source : AMB 1899.

BOURIN (Charles Ernest).

Né à Sedan, mort à Signy-l’Abbaye le 1er juin 1892. Élève de l’École de Saint-Cyr, il entra dans la cavalerie, fit les campagnes du Mexique et de France et publia dans le Spectateur militaire des études très remarquées. On lui doit une bonne édition des Souvenirs militaires du baron Hulot, général d’artillerie. Bibliophile distingué, E. Bourin a laissé plusieurs documents manuscrits : ses nombreux amis n’oublieront jamais sa bonté native, la sûreté de ses relations et l’amour qu’il portait à ses chères Ardennes, menacées, croyait-il, par la neutralité douteuse de la Belgique.

Charles Remy.

AMB 1893.

BOURNEL-DARDENNE (Robert Thomas).

Ancien notaire, juge suppléant, juge de paix, né à Rethel, décédé en cette ville le 10 février 1870, âgé de 86 ans.

Source : AMB 1871.

BOURNIZET (Mlle F. P. J.).

Née à Vouziers le 13 juillet 1828.

Mlle Bournizet, dont la vie entière a été consacrée à soulager les malheureux, a légué à l’hospice de Vouziers la somme de 10.000 francs.

Source : AMB 1871.

BOURQUIN (Antoine Marie).

Officier d’académie, bibliothécaire de la ville d’Ay, est décédé le 23 février 1878. Homme d’un grand mérite, ancien élève de l’école normale supérieure, M. Bourquin fut tour à tour professeur de rhétorique et de philosophie dans différents collèges. Il débuta à Châlon-sur-Saône, fut ensuite nommé successivement dans les collèges de Tours, Troyes, dont il devint membre de la Société académique ; professeur à Châlons-sur-Marne, Cambrai, puis au collège de Sainte-Ménehould, dont il fut pendant plusieurs années le principal, et enfin au lycée de Reins.

Après cette longue et laborieuse carrière universitaire, M. Bourquin vint se retirer à Ay, où il fut nommé bibliothécaire dès la fondation, lorsque M. Nitot fit don à la ville de sa remarquable collection de livres.

M. Bourquin, né à Mareuil-sur-Ay en 1801, était âgé de 77 ans. Il laisse deux fils qui portent glorieusement son nom. L’aîné, élève de l’école normale supérieure, professe encore dans l’Université. Le second est actuellement juge de paix du canton de Verzy.

J.-L. P.

Source : AMB 1879.

BOURRE (Victor Eugène).

Ancien magistrat, président honoraire du tribunal civil d’Épernay, chevalier de la Légion d’honneur, président du conseil d’assistance judiciaire, membre de la commission administrative des hospices et du comité consultatif des établissements de bienfaisance, né à Saint-Quentin le 23 décembre 1825, avait épousé en 1861 Mlle Godart, de l’une des plus honorables et des plus anciennes familles d’Épernay.

Il avait rempli pendant plus de vingt ans les fonctions de président du tribunal civil d’Épernay, après avoir été précédemment juge d’instruction au même siège.

Il prit sa retraite en 1877, et fut nommé aux applaudissements de tous ses collègues et du barreau, président honoraire ; depuis il remplissait les délicates fonctions de président de l’assistance publique, du comité consultatif des établissements de bienfaisance et de la commission administrative des hospices.

Il est décédé à Épernay le 30 septembre 1893.

Charles Remy.

AMB 1894.

BOUTHILLIER de CHAVIGNY (marquis de).

Dont tout récemment la femme, née de Villiers de la Noue, avait été une des victimes de l’incendie du Bazar de la Charité, vient lui-même de mourir à Paris, âgé de 59 ans, à la suite d’un funeste accident. Au moment où il visitait les travaux de construction du pont Alexandre III, il fut heurté par un omnibus et eut plusieurs côtes enfoncées.

Il était le beau-frère du marquis de La Rochelambert et du vicomte de Villiers de la Noue.

Source : AMB 1898.

BOUTHILLIER-CHAVIGNY (marquis de).

Maire de Montmort depuis 1852, ancien auditeur au Conseil d’État, gentilhomme de la chambre du roi Charles X, ancien membre du conseil général de la Marne, décédé le 12 août 1880, en son château de la Charmoye, à Montmort.

Il était le chef d’une famille originaire de Bretagne qui a produit plusieurs personnages éminents et utiles pour leur pays.

Source : AMB 1881.

BOUTMY (François André).

Maître de forges à Messempré, maire de la commune de Pure, vice-président du Conseil général des Ardennes, président de la commission départementale, membre de la Chambre de commerce de Sedan, chevalier de la Légion d’honneur et officier d’Académie, né à Paris le 19 novembre 1815, décédé à Messempré le 19 novembre 1890, à l’âge de 75 ans, a eu une vie pleine de travail soutenue par une grande intelligence.

À ses nombreuses qualités, M. Boutmy joignait une grande affabilité et une large bienfaisance. Aussi trouva-t-il sur son chemin le succès dans ses entreprises et des honneurs bien mérités dont nous venons de faire l’énumération.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

BOUTROY (Félix).

Notaire à Marle, décédé le 4 octobre 1874. Nommé notaire en 1857, il sut grâce à sa probité et à son aménité s’attirer l’estime de ses concitoyens, qui le nommèrent membre du conseil municipal. Dans les délibérations, il prenait toujours la parole, et ses avis prévalurent souvent. Plus tard, il accepta les fonctions de secrétaire du Comice agricole, et s’en acquitta à la satisfaction générale. Dans la vie privée, sa conversation était charmante ; aussi est-il sincèrement regretté de ceux qui l’on connu.

Source : AMB 1875.

BOUTROY.

Chef de bataillon, né à Autremencourt (Aisne), blessé à Wissembourg le 4 août 1870 et mort à Mannheim des suites de sa blessure. Bien du temps s’est écoulé avant que la famille pût rapporter à son pays d’origine le corps de ce vaillant officier, mais les regrets qu’avait fait naître sa perte ne s’étaient pas affaiblis : il était de ceux dont le souvenir vit longtemps.

M. Debretonne, capitaine 24e de ligne, à retracé la courte mais brillante carrière du commandant ; nous n’y ajouteront que quelques mots :

Lorsque M. Boutroy eut été relevé du milieu des morts et porté à l’ambulance de Wissembourg, il vit venir à lui le prince royal qui avait voulu visiter cette ambulance. Le prince eut pour notre compatriote les paroles les plus bienveillantes et voulut bien lui témoigner le cas qu’il faisait de la bravoure de l’armée française : « Vos soldats, dit-il en serrant la main du commandant, se sont battus comme des lions ».

La perte d’officiers comme lui est douloureuse pour le pays et pour l’armée. Poussant jusqu’à l’exagération le sentiment du devoir, toujours prêt au sacrifice, M. Boutroy était de plus un esprit distingué, réfléchi, et qui connaissait à fond le métier des armes.

Source : AMB 1872.

BOUTRY (Paul Charles).

Architecte honoraire du département de l’Aisne, avait rempli dans ses fonctions actives, de nombreux travaux.

Sorti de l’École normale en 1851 avec un des premiers numéros, il fut nommé architecte détaché du ministère de l’Intérieur en Corse et à Fontevrault. De là, il vint se fixer à Saint-Quentin où il exécuta la caserne de gendarmerie et les agrandissements de la Société industrielle. De nombreuses écoles sont également dues à son talent professionnel.

Mort à Saint-Quentin le 16 juillet 1904, M. Boutry était né à Valognes (Manche), le 22 août 1831.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

BOUXIN (André François Ferdinand).

Fabricant de papiers, maire de This, né 1e 17 mai 1819, décédé le 4 septembre 1896, dans sa 78e année.

Il eut fort à souffrir des Prussiens en 1870, avec le maire de Neuville-les-This, dont il était l’adjoint. Enfermé dans l’église, il fut roué de coups par les soudards allemands, et ne reçut pas moins de cinquante coups de bâton. Taxé a une contribution de mille francs par les Prussiens, il fut poussé a coups de crosse dans une voiture et ramené chez lui pour leur verser la contribution demandée.

Source : AMB 1897.

BOUXIN (l’abbé Paul Eugène Auguste).

Chanoine honoraire de Soissons, vicaire de Laon, né à Rougeries (Aisne), le 29 juillet 1857, décédé à Laon, le 27 octobre 1902.

M. le chanoine Bouxin appartenait à cette catégorie de prêtres érudits qui, non contents de consacrer leur existence au soulagement des âmes et de se confiner dans les devoirs du sacerdoce, dépensent leurs loisirs au service de l’histoire et de l’archéologie.

Nommé en 1880 au vicariat de la Cathédrale de Laon, il y resta attaché jusqu’à sa mort arrivée si prématurément, partant dans un monde meilleur, non sans laisser ici-bas la trace d’une vie consciencieusement remplie, d’une étape toute de travail et de science. Il avait étudié cette Cathédrale de Laon si curieuse à tant de points de vue et la remarquable monographie qu’il en publia faisait espérer, pour l’avenir, d’autres travaux non moins primés. À ce titre, il fit partie de la Société académique de Laon qui perd en lui un de ses membres les plus actifs.

Nous n’avons pas à nous occuper de sa vie de prêtre : elle se dépensa dans le dévouement, 1’activité et la charité qu’il ne cessa d’apporter dans son ministère comme dans ses fonctions d’aumônier de l’ancien collège, de l’ancienne Institution Routier et surtout de l’Institution des jeunes sourdes-muettes et aveugles.

Les lignes que M. le chanoine Bouxin avait écrites pour notre « Almanach » de l’an dernier, sur « La première grande Horloge de la Cathédrale de Laon », montrent avec quelle science historique et quelles recherches de sources, il traitait ces questions ; elles suffisent aussi pour nous faire regretter la perte d’un collaborateur précieux que nous aurions voulu conserver longtemps encore.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

BOUZON (Amédée Alexandre, l’abbé).

Né à Châlons-sur-Marne le 26 octobre 1818, curé de Moiremont, décédé dans cette commune, le 4 mars 1897, où il exerçait depuis 19 ans les devoirs de son ministère. À ses obsèques, affluence considérable, à peu près tous les curés du doyenné, notamment le curé de Saint-Étienne-au-Temple, ancienne paroisse du regretté défunt, qui y était demeuré pendant trente ans. M. le curé de Saint-Étienne était accompagné de quelques paroissiens, qui avaient voulu rendre un dernier honneur à leur ancien pasteur. M. l’archiprêtre de Sainte-Ménehould a dit la messe et donné l’absoute, aidé de MM. Rouy, son premier vicaire, et Faye, curé de Courtémaut.

Le conseil municipal de Moiremont, le maire en tête, assistait aux obsèques, ainsi qu’une grande partie de la population, où le regretté abbé Bouzon ne laissera que de précieuses sympathies et un pieux souvenir.

Source : AMB 1898.

BRADY (le Colonel Louis Paul).

Était né à La Fère, le 29 janvier 1818.

La famille Brady fournit à l’armée toute une lignée de braves.

Fils de militaire, Brady avait embrassé la carrière des armes: Sorti de l’École polytechnique en 1837, il prit part à la campagne de Crimée, où attaché à l’état-major du maréchal Canrobert, il se distingua sur les champs de batailles. Pendant la campagne d’Italie, l’empereur Napoléon se l’adjoignit en qualité d’officier d’ordonnance ; et en 1870, nous le retrouvons à Metz, où il fut compris dans la capitulation.

Officier de la Légion d’honneur, officier de l’Épée de Suède, commandeur des Saints Maurice et Lazare, commandeur de l’ordre du Sauveur de Grèce, etc., etc., le colonel Brady, grade auquel ses brillants états de services l’avaient élevé rapidement, donna sa démission en 1875. Il devait encore se dépenser pour la France dans sa collaboration comme vice-président de la Société de secours aux blessés de la Croix Rouge (comité de La Fère).

Il terminait ses jours, le 29 octobre dernier, à l’abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois où il vécut, pendant vingt-huit ans, entouré du respect de tous.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

BRAMET (Louis Bernard).

Curé de Taissy, chanoine honoraire de la Métropole de Reims, né à Gomont (Ardennes) le 8 février 1808, décédé à Taissy le 8 mai 1879.

Il exerça son ministère sacré pendant quarante ans dans la même paroisse et sut toujours mériter l’estime et la sympathie de ses concitoyens.

Source : AMB 1880.

BRANCHE de FLAVIGNY (Pierre Alexandre Gustave), voir FLAVIGNY.

FLAVIGNY (Pierre Alexandre Gustave BRANCHE de).

Propriétaire, ancien officier d’infanterie, président du conseil d’administration de la caisse d’épargne de Soissons, vice-président de la Société archéologique, trésorier de la confrérie de Saint-Vincent-de-Paul, ancien membre du conseil de fabrique, décédé le 14 mai 1897, à l’âge de 86 ans.

Né le 3 février 1811, c’était un des doyens de la ville de Soissons, qu’il habitait depuis fort longtemps, et où il s’était fait de nombreuses relations par son affabilité, sa bienveillance, sa charité. Ses obsèques ont eu lieu le lundi 17 mai, en la Cathédrale.

Source : AMB 1898.

BRANDIER (Jean Victor).

Ancien professeur et sous-principal du Collège de Châlons, né à Auve le 22 avril 1798, mort à Châlons en janvier 1879, a vu passer pendant plus de trente ans dans sa classe bien des générations d’élèves qui sont répandus dans toutes les classes de la société.

II était le contemporain et l’émule des Joppé, des Camaret, des Maupassant, qui ont tant contribué à la haute réputation du Collège de Châlons.

Ce modeste fonctionnaire, à qui tant de personnes sont redevables de hautes situations acquises, aussi bien que du développement des sentiments les plus élevés, a donné l’exemple d’un dévouement sans bornes, et c’est à juste titre qu’à sa mort on le proclame homme de bien.

Source : AMB 1880.

BRAUER (général).

Général de division, grand-officier de la Légion d’honneur, décédé dans sa propriété d’Urcel (Aisne) le 3 juillet 1887, dans sa 72e année.

En 1834, il sortait de l’École de Saint-Cyr, comme sous-lieutenant, et en 1858, au moment de la guerre d’Italie, il était colonel du 19e de ligne.

En 1870, au moment de la déclaration de guerre, il était général de brigade et commandait à Nancy. Il a pris part aux batailles de Borny, de Rezonville et de Gravelotte. En 1871, après son retour de captivité, il commandait, pendant l’insurrection de la Commune, une brigade sous les murs de Paris. Il y fut blessé d’une balle, le 25 mai.

Nommé général de division en 1872, grand-officier de la Légion d’honneur en 1878, fut mis en 1880 dans le cadre de la réserve, et vint se retirer à Urcel, canton d’Anizy-le-Château, où il est mort.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

BRAUX (Charles Gabriel PIAT, baron de).

Décédé en son château de Boucq (Meurthe-et-Moselle) y était né le 18 janvier 1837.

M. le baron de Braux appartenait à une vieille famille de Lorraine qui très probablement tirait son origine de notre province de Champagne, deux pays intimement liés par l’histoire, et comme tel, il se trouvait apparenté avec les Clermont-Tonnerre, les des Robert, Chandon de Briailles, Cugnon d’Alincourt, de Witasse, d’Aligre, etc.

Érudit et bibliophile, amateur de beaux livres et surtout de ceux intéressant la Lorraine, M. le baron de Braux publia aussi d’importants travaux.

Quelque temps avant sa mort, il nous adressait son étude sur un Ex-libris de la famille de La Salle et une autre relative à une lettre de Fabert. Si nous signalons ces publications, c’est qu’elles touchent de près notre région, mais il convient de citer, quoique étrangers à celle-ci, les « Mémoires de François de Châteaufort » et le « Journal de sa femme, Anne-Cécile Senturier » , et surtout sa belle édition du « Héraut de Lorraine » de François Perrin de Dommartin, ouvrage antérieur à tous les armoriaux de la province imprimés jusqu’alors, ce dernier publié avec l’active collaboration de M. Edmond des Robert.

M. le baron de Braux avait été douloureusement frappé dans ses affections les plus chères. De ses deux filles, la première quitta ce monde dans la fleur de ses dix-huit années ; la seconde, mariée au marquis Gaspart de Clermont-Tonnerre mourut de même prématurément.

M. Léon Germain de Maidy, secrétaire de la Société d’archéologie lorraine, a retracé la belle existence de M. le baron de Braux, enlevé trop tôt à sa famille et aux sciences historiques.

De Braux : « de gueules au lion d’argent, langué et armé d’or ».

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

BRAY (Alexis Marie Victor).

Mort à Clamart, le 17 novembre 1896, dans sa 59e année. Fils du fondateur de la maison d’édition Bray et Retaux, et élevé dans un milieu très littéraire, il n’entra qu’assez tard dans le journalisme, après une pointe vers l’armée, puis vers l’industrie. C’est au Havre qu’il débuta, en pleine possession de ses idées et de sa plume. Venu par hasard à Saint-Quentin, en 1880, il y fut rédacteur en chef du « Journal de Saint-Quentin », et après une année de rédaction, il racheta cet ancien journal pour en prendre la direction complète, et ne le quitta que douze ans plus tard (23 juillet 1893), vaincu par un mal impitoyable. Journaliste de haute race, il avait pour devise : « À tous ceux qui passeront en gouvernant, tandis que le pays demeurera en travaillant, nous demanderons deux choses : la Paix et la liberté ».

Voici son portrait tracé par un de ses confrères :

« Tous ceux qui ont vu M. Bray à l’oeuvre, ceux surtout qui sont quelque peu entrés dans son intimité, rendront hommage au désintéressement, à la délicatesse de sentiments, à la courtoisie et à la parfaite loyauté de l’homme privé non moins que du publiciste. Et si, parfois, quelque trait acéré a pu partir de sa plume élégante, mais vive, de celui-ci, on peut être sûr qu’il visait simplement quelque travers, mais qu’il ne cherchait jamais à atteindre la personne d’un adversaire ».

Source : AMB 1898.

BRÉBANT (Jean Louis Nicolas).

Docteur en médecine, lauréat de l’Institut et de l’Académie de médecine de Reims, conseiller d’arrondissement, ancien conseiller municipal, membre de la Chambre consultative d’Agriculture, né à Balham (Ardennes) le 3 janvier 1827, décédé à Reims le 29 juin 1886.

Tout d’abord élève du petit Séminaire de Reims, il fut nommé instituteur en 1841 ; fonctions qu’il résigna deux ans plus tard, pour venir à Reims étudier la médecine.

En 1853, il fut reçu officier de santé, mais il voulait obtenir le titre de docteur, et tout en exerçant la médecine à Voncq, canton d’Attigny, il put, à force de travail, obtenir ce grade en 1868.

On se souvient encore à Voncq du zèle qu’il déploya pendant l’épidémie cholérique de 1854.

Tout le monde admire également le courage dont il fit preuve, pendant la dernière guerre, pour tirer des mains de l’ennemi les notables de Voncq emmenés par les Prussiens, qui avaient tout d’abord brûlé et saccagé le village.

À ce moment, il n’habitait plus le pays ; après douze ans de séjour, attiré par le désir de trouver à Remis plus de moyens de s’instruire, il était venu s’y fixer et il s’y forma vite une excellente clientèle qu’il sut s’attacher par les qualités de praticien habile, par le soin et par l’exactitude qu’il apportait à l’exercice de sa profession.

Il paya cher son patriotisme : quelque temps après son intervention en faveur de ses anciens compatriotes, il fut arrêté par les Prussiens, ainsi que deux de ses confrères, les docteurs Henrot et Thomas, et fut emmené en Allemagne, où il subit la détention dans la forteresse de Magdebourg, du 16 novembre 1870 au 14 février 1871.

C’est pendant ces loisirs forcés qu’il composa son Catéchisme de la Justice, qui parut en 1875.

Il a publié en outre, indépendamment de nombreux articles dans les différents journaux et revues, les divers ouvrages suivants :

Principes de physiologie pathologique appliquée (1868) ;

Choléra épidémique considéré comme affection morbide personnelle (1868), ouvrage couronné par l’Institut ;

Le charbon ou fermentation bactérienne chez l’homme (1870) ;

La Liberté et l’Autorité.

Républicain très convaincu, M. Brébant fut appelé par les électeurs à l’honneur de les représenter soit au Conseil municipal de Remis (élections de 1870, 1871, 1874), soit au Conseil d’arrondissement, dont il fut le président six années, de 1878 à 1886 ; il se fit partout remarquer par la conscience scrupuleuse avec laquelle il remplissait son mandat.

Il étudia longuement et avec beaucoup de soin la question si délicate de l’épuration des eaux de la Vesle et de leur utilisation par l’irrigation directe, question qu’il développa dans plusieurs opuscules et dans des conférences sur l’hygiène à la Société industrielle.

Il était aussi un des fervents apôtres de la Ligue de l’Enseignement et du développement de l’instruction laïque.

Pour nous résumer, nous constaterons que M. Brébant était un chercheur, un travailleur, un homme de science, de dévouement et de patriotisme.

Source : AMB 1887.

BRÉHON (Charles).

Décédé à Châlons le 8 décembre 1896. Sculpteur distingué, dont les travaux d’art pour la restauration d’édifices religieux du diocèse de Châlons-sur-Marne, ont été pendant trente années appréciés comme style et comme ornementation dans les églises de Lépine, Mourmelon-le-Grand, Ay, Tours-sur-Marne, Aigny, Avize, Saint-Hilaire, Mairy-sur Marne, etc., et dans celle d’Orquevaux (Haute-Marne).

Ses capacités artistiques, son aménité et son caractère lui avaient attiré l’estime et l’affection des administrations, des architectes et de la grande famille des travailleurs, qui n’ont eu qu’à se louer de ses travaux et de ses relations. Foncièrement charitable, il faisait partie de toutes les sociétés de prévoyance de Châlons.

Source : AMB 1898.

BRÉMONT (Marie Laurent Philémon).

Architecte, décédé à Châlons-sur-Marne le 27 février 1905, était né à Boissy-le-Repos, près de Montmirail (Marne) le 5 mars 1855.

Il connut à peine son père, mort instituteur de Boissy. C’est à Châlons, où M. Brémont vint se fixer, que son jeune fils commença ses études professionnelles, dans les bureaux de M. Vagny, architecte, dont le souvenir s’est conservé vivace.

D’un esprit vif, apte à s’assimiler les choses du métier, il perfectionna son instruction en suivant les cours de différents établissements et devint bientôt pour M. Vagny un auxiliaire précieux. Il le montra dans les travaux confiés à son maître, tels la construction de la Synagogue, les restaurations de l’église Saint-Memmie et de la Chapelle de l’Adoration. C’est en 1880 que M. Brémont s’établit architecte, M. Vagny venait de mourir.

La ville de Châlons vit alors s’élever de nombreuses constructions dues à son talent, toutes empreintes d’un cachet de bon goût. C’est ainsi qu’il édifia l’école de Saint-Mard-sur-le-Mont, le groupe scolaire d’Écury-sur-Coole, le presbytère de Boissy, l’école des frères de la rue de l’abbé Becquey et encore le Pensionnat de Mlles Guillemot. Il restaura, avec le même soin qu’il avait mis à construire, les églises de Suippes et de Maurupt.

Dans les derniers temps, M. Brémont s’occupa surtout d’expertises d’incendie, fonctions qui nécessitaient de longs et fréquents voyages et qui furent peut-être da cause initiale de la maladie qui l’emporta.

M. Paul Dupont, président de la Société des Architectes de la Marne a dit, sur sa tombe, tout ce que le défunt possédait de qualités en mettant en relief sa grande loyauté.

M. Brémont avait reçu les palmes d’officier d’Académie.

Albert Baudon.

Source : AMB 1906.

BRÉMONT (Pierre Augustin)

Né à Vitry-le-François, le 10 décembre 1810, mort à Châlons, le 18 février 1895, emporté par une attaque d’influenza.

Il était depuis longtemps professeur au collège de Vitry-le-François, quand il demanda celui de Châlons, pour se rapprocher de son fils, l’abbé Brémont, vicaire à Notre-Dame. Mais ce jeune prêtre étant mort en 1870, M. Brémont, accablé de douleur, prit sa retraite, sans cesser toutefois de se dévouer à la jeunesse. Car un patronage ayant été fondé au quartier Sainte-Prudentienne, M. Brémont fut tout heureux d’y donner un précieux concours et de présider aux honnêtes récréations offertes à la jeunesse pour les préserver des entraînements de l’âge.

Source : AMB 1896.

BRETENAKER (Dr Charles).

Né à Metz le 3 juillet 1841, décédé à Châlons, le 26 mai 1905.

Le Dr Bretenaker fit ses études médicales dans son pays natal, à Metz, et il les compléta à la Faculté de Strasbourg. C’est dans cette ville, en 1869, qu’il passa sa thèse intitulée « Du traitement des fractures du fémur ».

D’abord installé en Lorraine, à Moyeuvre-la-Grande, il eut la douleur d’assister à nos désastres. Devant les scènes déchirantes entrevues sur ces champs de bataille aujourd’hui semés de tombeaux, il n’hésita pas un instant à prodiguer ses soins aux malheureux blessés. M. le Dr Langlet l’a rappelé en un beau discours : le Dr Bretenaker fit son devoir simplement a-t-il dit, « comme médecin d’abord, pansant les victimes de la guerre d’où qu’elles vinssent ; comme homme et comme Français ensuite » ; après un court séjour dans ce pays devenu ennemi, il se décida à chercher en Champagne, cette province sœur de la Lorraine, une entière liberté et c’est à Châlons, en 1880, qu’il vint y poursuivre son honorable ministère. Il ne tardait pas à y acquérir une réputation de praticien consommé et de bon et loyal citoyen. Cette estime devait lui attirer les suffrages des compagnies professionnelles, telle la Société de Prévoyance des Médecins de la Marne qui le compta parmi ses membres les plus dévoués, et encore celles des Alsaciens-Lorrains, des Volontaires et des Combattants de 1870, et du Souvenir Français.

Un fâcheux accident dut lui faire subir l’amputation des deux jambes, mais, résigné, il attendit la mort avec calme, et c’est entouré des soins de ses sœurs et de ses collègues qu’il succombait, unanimement regretté, dans cette ville de Châlons qui était comme sa seconde patrie.

Albert Baudon.

Source : AMB 1906.

BREUIL (Vicomte Charles René Marie du Hamel de).

Ancien officier de cavalerie, ancien commandant du 3e bataillon des Mobiles de la Marne, chevalier de la Légion d’honneur, né à Paris, le 17 avril 1833, décédé à Paris, le 18 mai 1902, et inhumé à Rosnay (Marne).

La mort qui frappa dans une verte vieillesse ce soldat aux traits mâles, atteignait aussi l’une des familles de notre valeureuse noblesse française. Le vicomte de Breuil était de ceux qui tout en conservant les traditions des ancêtres, mettent leur dévouement au service du bien public sans se soustraire aux charges qu’imposent aujourd’hui les besoins de la vie moderne.

Sa carrière militaire peut se résumer en quelques mots. Incorporé à sa sortie de Saint-Cyr au 8e hussards, il fit dans ce régiment la campagne d’Italie, à la suite de laquelle il fut nommé capitaine en 1857.

Ayant quitté l’armée active après son mariage, M. de Breuil reprit du service lors de la déclaration de la guerre de 1870. Avec le grade de commandant du 3e bataillon des mobiles de la Marne et sans jamais faillir à sa fière devise : « Tout ou rien », il payait largement de sa personne sur les champs de bataille d’Amiens, Pont-Noyelles, Bapaume et Saint-Quentin. Sa vaillantise lui valut la croix de la Légion d’honneur.

Dans ce milieu familial du château de Rosnay où il s’était retiré, l’ancien commandant n’oublia ni les intérêts de ses concitoyens, ni les déshérités de la fortune qu’il soulageait discrètement, ni les diverses sociétés dont il aimait d’entretenir l’émulation.

Il a publié, en 1901, peu de temps avant sa mort, une intéressante notice sur la commune de Rosnay, étudiée dans le présent comme dans le passé (in-8 de 108 pages), et il en avait généreusement distribué les exemplaires autour de lui.

Il sut, malgré ses opinions, être l’homme respecté et écouté de ses adversaires politiques, apportant toujours dans les discussions cette courtoisie et cette droiture de caractère qui étaient, pour ainsi dire, l’apanage de notre vieille société.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

BRIMONT (Arthur de).

Décédé le 30 mai 1874 à Caudebec, conseiller à la cour des comptes.

Né au milieu de la révolution de 1793, peu de jours avant celui où son aïeul périssait sur l’échafaud.

Son père, le vicomte de Brimont, ancien maire de Reims, n’échappa à la tourmente révolutionnaire que par son énergie. Gentilhomme de la chambre de Charles X, il fut député en 1830, et donna sa démission, motivée par ces nobles paroles : « nommé député dans des circonstances qui n’existent plus, je croirais déroger à mon mandat si je prenais part aux délibérations de la chambre, et je vous prie de faire agréer ma démission ».

Source : AMB 1875.

BRIMONT.

Né à Villers-devant-le-Thour, le 24 février 1792, ancien vicaire d’Attigny, curé de Wagnon, en dernier lieu, curé de Semuy depuis cinquante ans, où il est décédé, le 3 mars 1873, à l’âge de 81 ans.

Source : AMB 1874.

BRINCOURT (général).

Né à Sedan, l’un des plus jeunes généraux de l’armée française, avait épousé une demoiselle Bertêche, petite-fille de Bertêche, auquel la Convention nationale décerna une couronne de chêne pour avoir deux fois sauvé la vie au général Beurnonville à Jemmapes, et reçu dans la même bataille 40 coups de sabre et de feu.

La carrière militaire de Brincourt a été brillante et son avancement extrêmement rapide. Après avoir servi comme sous-lieutenant en Afrique, il revint de Crimée en 1855 comme capitaine, fut nommé chef de bataillon et commandant des zouaves à Lyon, promu bientôt au grade de lieutenant-colonel, et appelé en cette qualité à créer en Suède un corps de zouaves. Plus tard, il fit la campagne d’Italie et celle du Mexique, puis à son retour il fut nommé directeur de l’École militaire, à Paris. C’est là qu’il vivait, quand la déclaration d’une guerre aussi insensée qu’intempestive l’appela de nouveau sous les drapeaux.

Ce devait être sa dernière campagne. Dans la journée du 1er septembre 1870, il tombait foudroyé sous les murs de Sedan, sa ville natale, non loin des collines témoins des jeux de sa jeunesse.

Source : AMB 1872.

BRINCOURT (Louis).

Né à Sedan en 1796, décédé à Sedan le 2 janvier 1875 ; ancien officier sous le premier Empire, il se fit toujours remarquer par son courage et ses capacités.

Rentré dans ses foyers, il occupa ses loisirs en acceptant les fonctions de premier adjoint, qu’il remplit toujours avec habileté. Il participa aux travaux du tribunal de commerce et à l’administration de la caisse d’épargne.

Source : AMB 1876.

BRINCOURT (Mme Louis).

Née à Sedan le 21 mai 1797, membre de sociétés charitables auxquelles elle donna son activité, son temps et un dévouement à toute épreuve, décédée à Sedan le 4 novembre 1869.

Source : AMB 1871.

BRINQUANT (Jules Ferdinand).

Né à Bussy-le-Long (Aisne), le 20 août 1827, chanoine honoraire de Soissons, curé de Vauxbuin, y est mort le 24 janvier 1897, après y avoir exercé le ministère sacerdotal pendant 37 ans. À ses funérailles, célébrées devant une nombreuse assistance, le maire de la commune, M. le baron Sabatié-Garat, a prononcé un éloquent discours, rendant, en termes délicats, un légitime hommage au dévouement sacerdotal de ce digne pasteur.

Source : AMB 1898.

BRIQUELET (Alfred Louis).

Décédé à Givet le 27 janvier 1900, à l’âge de 66 ans, avait été pendant de longues années conseiller municipal et adjoint de cette ville. Il remplissait ces fonctions lorsque la mort est venue le frapper, après une existence consacrée au commerce d’abord et ensuite aux intérêts de la cité dans laquelle il comptait de nombreux amis.

Au cimetière, deux discours ont été prononcés, l’un par M. Fenaux, maire de Givet, l’autre, par M. Doyen (Eugène), négociant, vice-président de la Société de secours mutuels, chargé que remplissait M. Briquelet avant sa mort.

Le défunt était, en outre membre de la Chambre consultative des arts et manufactures, administrateur de la Caisse d’Épargne et du Bureau de bienfaisance.

M. Alfred Briquelet était né à Givet le 26 juillet 1833.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

BRIQUET (Pierre).

Docteur en médecine, médecin honoraire des hôpitaux de Paris, membre de l’Académie de médecine et de la Société académique de la Marne, officier de la Légion d’honneur, né à Châlons-sur-Marne en 1796, décédé à Paris le 25 novembre 1881.

Le docteur Briquet était issu d’une famille de libraires établie à Châlons depuis le XVIIe siècle, son père exerça cette profession jusqu’en 1810. Son grand oncle, le chanoine Briquet, était un bibliophile érudit.

Pierre Briquet commença ses études médicales à l’école secondaire de Reims et alla les terminer à la Faculté de médecine de Paris, dont il fut plusieurs fois lauréat.

Il fut reçu docteur en 1824, à l’âge de 28 ans. En 1827, il était professeur agrégé à l’école de médecine. En 1831, il devenait membre du Bureau central des hôpitaux et se faisait remarquer en 1832 parmi les plus zélés pour soigner les cholériques. En 1836, il publiait un mémoire sur la Limitation des bruits anormaux du cœur, et concourait pour la chaire d’hygiène par un autre mémoire sur l’Éclairage artificiel au point de vue de l’hygiène publique.

Reçu médecin de la Charité en 1846 ; l’année suivante, il était nommé chevalier de la Légion d’honneur dont il reçut la croix d’officier en 1871 pour services rendus pendant le siège de Paris comme attaché à l’ambulance de la rue de Clichy.

Après une vie si bien remplie, la vieillesse n’avait pû éteindre sa passion pour l’étude, et les procès-verbaux de l’Académie de médecine mentionnaient encore en 1881, des communications faites par lui et qui témoignaient de la vigueur de son intelligence.

En souvenir de ses premières études, M. Briquet a laissé sa bibliothèque à l’École de médecine de Reims.

Le Journal des Débats, en annonçant sa mort, témoigna de la haute estime que s’était acquise à Paris notre compatriote et de l’aménité de ses relations avec ses clients.

Le panthéon des illustrations du XIXe siècle a reproduit le portrait du docteur Briquet avec un autographe.

Source : AMB 1883.

BRISSE (Frédéric Léon).

Né à Versailles le 20 janvier 1827, décédé dans sa retraite à Meaux le 20 mai dernier, avait été chef des Ateliers de la Compagnie de l’Est à Épernay et c’est comme tel que nous consignons ici sa mémoire.

Ce fut un actif et un laborieux, un estimable chef surtout, ferme mais juste, pour qui le personnel placé sous ses ordres conserve une unanime reconnaissance.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

BRISSON (T.-P.).

Né à Lenharrée (Marne), en 1829, décédé à Châlons, le 22 octobre 1897, à l’âge de 68 ans.

M. T.-P. Brisson s’était fait connaître comme botaniste, par de nombreuses publications. On lui doit surtout un « Catalogue des Plantes phanérogames » ; une « Étude sur les lichens du département de la Marne », etc.

Il a publié dernièrement, dans la « Revue de Champagne et de Brie », la généalogie des seigneurs de Lenharrée.

Source : AMB 1898.

BROUTIN.

Ancien curé de Chavignon (Aisne), né en 1794, à Saint-Amand-les-Eaux (Nord), avait d’abord embrassé la carrière militaire, dans laquelle il servit pendant plusieurs années comme lieutenant de cavalerie. Instruit et capable, aimé de ses chefs et de ses camarades, un avenir brillant semblait s’ouvrir devant lui, lorsque se sentant appelé par une vocation plus élevée, il renonça, comme Saint-Martin, à la profession des armes, pour se vouer au service de Dieu et au salut des âmes.

Promu au sacerdoce, M. l’abbé Broutin fut envoyé en 1825, à Chavignon, paroisse importante du canton de Vailly ; c’est là que pendant 48 ans, il remplit un des ministères les plus actifs ; homme de devoir, ferme et charitable, il avait su se concilier les affections de tous.

Il mourut dans cette commune le 2 février 1873, emportant les regrets de tous les habitants dont il fut pendant si longtemps le conseiller, l’ami et le père.

Source : AMB 1874.

BROYÉ (Esther Elisabeth).

Supérieure des sœurs hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Reims. Née à Launois (Ardennes) le 29 avril 1803, décédée à Reims le 16 janvier 1872, après avoir consacré 44 ans de sa vie au service des malades.

Source : AMB 1873.

BROYON (Ferdinand).

Ancien ouvrier tisseur, né à Voulpaix (Aisne) le 8 juin 1798, décédé au même lien 1e 8 novembre 1886.

Ce vieillard était bien connu dans la fabrique de Reims, à laquelle il a rendu des services.

Contremaître de tissage à Voulpaix, il apporta plusieurs améliorations au métier à tisser à la main et contribua surtout à la propagation d’un régulateur dit avaloir, qui facilite le travail de l’ouvrier et la régularité du tissu.

Ces améliorations lui ont valu plusieurs médailles de la Société Industrielle en 1859, aux expositions de Châlons en 1861, de Troyes en 1862, et une navette d’honneur en ébène, offerte par les habitants de Voulpaix.

En raison de ces services, il recevait une pension de la Société des Déchets de Reims, à laquelle s’était ajoutée une autre petite pension qui lui était faite par quelques anciens fabricants.

Sentant sa fin prochaine, M. Broyon avait fait hommage de ses distinctions honorifiques à la Société Industrielle de Reims, où elles resteront déposées en reconnaissance des services rendus à l’industrie lainière.

Source : AMB 1887.

BRUGE-LEMAÎTRE (Louis Honoré).

Né à Attigny (Ardennes), le 16 mai 1823, mourait dans la même ville, le 3 novembre dernier.

M. Bruge-Lemaître est une de ces figures rares qu’on est heureux de montrer à notre jeune génération, comme un modèle à suivre, à imiter, s’il est possible.

Patriotisme, labeur, philanthropie, droiture, dignité de caractère, modestie, résignation, intelligence d’élite, telles sont les brillantes et enviables qualités qui, durant toute son existence, l’ont mis en relief dans le département des Ardennes, et particulièrement dans la vallée de l’Aisne.

Après avoir quitté l’école communale où, grâce à son intelligence il avait acquis rapidement les connaissances élémentaires, il fit l’apprentissage de la vannerie, profession qu’exerçait son père. Mais, dans ses moments de loisirs il acheva par lui-même cette instruction qu’il n’avait qu’ébauchée. Après plusieurs années d’un labeur opiniâtre et d’une persévérance extraordinaire, il se crut assez de talent pour essayer d’écrire ses impressions. Pendant que l’osier s’assouplissait entre ses mains pour se transformer en corbeilles ou en paniers, de son cerveau, toujours en activité, jaillissaient mille pensées qu’il exprimait en un style imagé aussi original que pittoresque. Nombre d’études sur les anciennes mœurs et coutumes ardennaises furent livrées à la publicité. Des légendes, des contes, des extraits de ses Mémoires trouvèrent place dans l’ouvrage : « Traditions, Légendes et Contes des Ardennes », d’Albert Meyrac. Ses « Voyages en zigzag dans la région champenoise-ardennaise », parurent dans l’« Écho vouzinois ».

Poète à ses heures, on a de lui plusieurs poésies fugitives qui ont une saveur particulière et qu’ont goûtées les nombreux lecteurs de l’« Almanach-Annuaire Matot-Braine ». Il fut en effet, pendant de longues années, le collaborateur de cette publication.

Il laisse en manuscrit une « Histoire d’Attigny » où l’on trouve de nombreux documents très précieux, et un album de « Types disparus » où sont peints d’une manière originale les types ardennais du commencement du dernier siècle.

Une nombreuse assistance conduisit Bruge-Lemaître à sa dernière demeure, et au cimetière, deux discours furent prononcés sur sa tombe : l’un par M. le docteur Beaudier qui parla de l’œuvre historique du défunt ; l’autre par M. Émile Lefèvre, qui retraça sa vie privée.

M. Bruge-Lemaître, qui avait été conseillé municipal et maire d’Attigny, était officier de l’Instruction publique.

H. Baudon.

Source : AMB 1902.

BRUNET (Édouard Alexis Jean de).

Né à Alençon le 18 janvier 1797, décédé à Reims le 5 janvier 1875, chevalier de la Légion d’honneur, ancien membre de la Chambre de commerce, ancien conseiller municipal, et dans ses dernières années président du Comité destiné à venir en aide à nos frères d’Alsace-Lorraine. M. de Brunet, par son zèle infatigable et ses connaissances commerciales, a contribué au développement et à l’essor des affaires de notre ville.

Source : AMB 1876.

BRUNETTE (Charles Céleste).

Né à Chauny, le 14 août 1820, décédé le 13 août dernier.

Ancien banquier, M. Charles Brunette ne s’était pas confiné dans les devoirs de sa profession. Appelé en 1870, à faire partie de l’administration de la ville de Chauny, il cessa ses fonctions lors de la nomination de la commission municipale provisoire et fut réélu conseiller le 30 avril 1871. Maire de Chauny, le 18 mai 1884, il fut le magistrat entouré de respect, bon et dévoué pour tous, avec les humbles surtout, malgré ce névrosisme dont il se défendait avec peine et que l’on aurait pu prendre pour un accès de méchante humeur.

M. Brunette avait été aussi président du Tribunal de commerce.

Son grand âge ne lui avait rien fait perdre de son activité, ni de sa lucidité d’esprit ; sa mort laisse à tous, comme on l’a dit, un exemple de sagesse raisonnée, de dévouement inépuisable et aussi de bienveillante tolérance qui était moins le fait d’une volonté timide que d’une supériorité consciente, capable d’indulgence pour les faibles et pour les vaincus.

La croix de la Légion d’honneur avait été pour lui la récompense de toute une existence consacrée au travail.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

BRUNETTE (Narcisse). Né le 15 août 1808 à Breuvery (Marne), mort à Reims le 8 octobre 1895.

Aîné d’une nombreuse famille, il comprit de bonne heure qu’il devait se faire une position par son travail et son intelligence. Ses attitudes prononcées pour le dessin et dirigèrent tout jeune vers la culture des arts. C’est à Châlons qu’il vint puiser les premières notions de dessin. Suivant avec assiduité les cours de dessin de cette ville, où il remportait chaque année de nombreux prix, il travailla en même temps au cadastre et à la lithographie Barbat, collabora ensuite avec M. Bienvenu, architecte, à la restauration de l’église d’Épernay, puis fut adjoint plus tard à Reims, à l’architecte de Paris, chargé de la construction du Palais de Justice. Comme il faisait preuve de talents exceptionnels, il obtint, en 1838, la place de l’architecte de la ville de Reims. Dès lors, réunissant sous sa direction les services de l’architecture, de la voirie et des eaux, il a été pendant 40 ans intimement mêlé à toutes les transformations qui ont embelli notre cité, et cela à travers tous les régimes, au milieu d’administrateurs d’opinions diverses, et s’imposant à tous par la rectitude de ses idées, la dignité de son caractère et son dévouement à la chose publique.

Longue serait l’énumération des édifices et monuments qu’il a restaurés au construits à Reims seulement. Dans la note religieuse, nous avons la magnifique basilique de Saint-Remi, Saint-Jacques, Saint-Maurice, Saint-Thomas, Saint-André, le Temple protestant, le Petit Séminaire, les monastères de l’Enfant-Jésus, de la Providence, etc. Pour l’instruction publique, il a édifié les groupes scolaires de Courlancy, d’Anquetil et de Carteret, l’École professionnelle, le Lycée et un certain nombre d’autres écoles.

Nous lui devons d’importantes constructions à l’Hôtel de Ville, à l’Hôtel-Dieu, à la Charité, à Saint-Marcoul, à l’Hôpital général, ainsi que la Maison de retraite. Citons encore le Bureau de mesurage, les Bains et Lavoirs publics, la caserne Colbert, les Abattoirs, le Marché couvert, la Halle à la criée, le Cirque, le Manège ; la restauration et la conservation de l’Arc de triomphe romain ; la démolition des remparts moyen âge, les grands boulevards Lundy, Cérès et Gerbert, le service des eaux et des égouts, l’érection des statues Drouet-d’Erlon et Colbert, la fontaine Godinot, le kiosque et les plantations des promenades et boulevards, etc. Il fut décoré en 1858. Nommé officier d’Académie, en 1870 ; il était déjà chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Au moment où il prit sa retraite, la municipalité le nomma architecte honoraire, et l’administration des Hospices lui décerna à titre de souvenir une médaille d’or. Il eut de plus la grande joie de laisser sa succession artistique à son fils Ernest Brunette, qui a hérité en même temps de l’aménité et de l’autorité de son honorable et regretté père.

M. Brunette était encore membre fondateur de l’Académie de Reims, de la Société des Amis des Arts et président honoraire de la Société des Architectes de la Marne.

Trois discours ont été prononcés sur sa tombe : par M. Henrot, maire de Reims ; par M. A. Gosset, au nom de la Société des Architectes de la Marne ; par M. Houlon jeune, au nom de la Chambre syndicale des entrepreneurs. Ces discours ont retracé la carrière laborieuse de cet homme de bien dont la vie fut à tous points de vue exemplaire.

Source : AMB 1896.

BUART (abbé Jean-Baptiste).

Ancien curé de Perthes, né à Osches (Ardennes), le 17 juillet 1827, décédé à Perthes, 1e 7 février 1894, entra au séminaire dans un âge assez avancé, sur la recommandation de feu 1'abbé Champagne ; il avait 31 ans quand, en 1858, il fut ordonne prêtre.

Il fut d’abord vicaire à Donchery puis curé de Bally ; il était curé de Perthes depuis 1870.

Il avait à un degré éminent la bonté qui lui avait acquis l’affection dans les trois paroisses qu’il dirigea.

Il aimait les pauvres et les malheureux, et leur donnait sans compter en leur adressant des paroles de consolation parties de son cœur. Il aimait les âmes, surtout celles des enfants, Il aimait aussi une belle église, de beaux offices, de belles cérémonies.

Il fit reconstruire son église par souscription, et donna au culte, par ses talents de musicien, tout l’éclat dont il était susceptible Dans ses trois paroisses, on dit de lui qu’il passa en faisant 1e bien et en laissant après lui des œuvres durables.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

BUCQUET (Louis Théodore).

Né à Lagery (Marne) le 20 mars 1820, mort subitement à Épernay le 4 janvier 1895.

Retiré des affaires il y a vingt ans, M. Bucquet, homme de cœur, d’expérience et de bon conseil, républicains de conviction, se consacra tout entier aux intérêts de ses concitoyens. Il fut conseiller municipal, adjoint au maire, président du conseil d’arrondissement, président-fondateur de la Caisse des écoles, directeur de la Caisse d’épargne, etc. Il est mort ayant à son actif une longue et honorable carrière administrative et de nombreux services rendus.

À ses obsèques, cinq discours ont été prononcés par : M. Puisard, au nom du conseil d’arrondissement ; M. Fleuricourt, maire d’Épernay ; M. Vallé, député d’Épernay ; M. Gérard, dont le défunt avait été adjoint ; enfin M. Chevauchey, au nom du comité de la Caisse des écoles.

M. Bucquet était officier d’Académie.

Source : AMB 1896.

BUFFET (Christophe Alexis).

Chanoine titulaire de l’église métropolitaine de Reims, curé-archiprêtre de Notre-Dame, membre du conseil de fabrique, né à Savigny-sur-Aisne près Vouziers le 24 février 1809. Ordonné prêtre le 24 mai 1834 par Mgr de Numidie, devint successivement curé de Reuil 1834, de Sermiers 1836, de Saint-André de Reims 1842, curé-doyen de Saint-Jacques 1859, enfin chanoine et archiprêtre de Notre-Dame 1865, décédé à Savigny le 10 juillet 1874.

Source : AMB 1875.

BUGG (Gustave Ernest).

Né à Verzy, le 12 février 1843, décédé à Reims, le 9 août 1898, dans sa 55e année, était directeur-propriétaire et rédacteur en chef du journal « Le Courrier de la Champagne ».

Fils d’un modeste instituteur de campagne, qui, sans autre fortune qu’une nombreuse famille, sut lui donner une solide instruction première, il se perfectionna par les soins de l’excellent instituteur rémois, M. Homo, et aussi à la Maîtrise, où son goût pour la musique l’avait fait admettre. Mais, sentant des ambitions d’avenir, il entra d’abord au bureau d’une maison de vins de Champagne ; puis par une orientation nouvelle, au « Courrier de 1a Champagne », où il fit son apprentissage d’administration et de rédaction sous deux distingués, MM. Lagarde et Charles Martin, auxquels il devait il devait succéder après quelques années de stage.

Voici comment le journaliste est apprécié par un confrère, M. Réal : « La vie d’Ernest Bugg s’est confondue pendant trente ans avec la vie publique de la ville de Reims. Il a célébré les joies de la cité, il en a pleuré les douleurs ; il a personnifié un parti avec ses préférences et ses hostilités, ses ardeurs et ses passions ; il a pris une part active à toutes nos luttes politiques ; et cependant, c’est un unanime concert de regrets et d’éloges qui s’élève autour de son cercueil ! »

Nous terminerons cette notice par ce passage du discours de M. Ogée : « Il était arrivé à une situation enviable, et tout semblait lui sourire, quand un mal insidieux, terrible et sans remède se déclare tout à coup et l’envahit peu à peu. Il se défend avec énergie. Mais lente, acharnée, douloureuse est cette lutte qui dure quatorze mois. Et malgré les affres de cette longue agonie, il dirige et rédige son journal presque jusqu’à son dernier jour. Et quand sa main débile laisse tomber la plume, il dicte encore. ses articles avec une grande lucidité d’esprit. De sorte, qu’à juste titre, on peut dire qu’il est mort sur la brèche, ayant jusqu’à la dernière minute, conservé sa pleine connaissance et mis ordre à ses affaires de ce monde et d’au-delà ».

Et enfin par ces lignes du rédacteur en chef des « Ardennes » : « M. Bugg, doyen de la presse rémoise, laissera de profondes sympathies parmi tous ceux qui l’ont connu. C’était un journaliste de vieille roche qui savait encore – ce que beaucoup ne savent plus maintenant – conserver une exquise urbanité dans les luttes les plus vives… »

La même note a été donnée unanimement par toute la presse de la Marne, de l’Aisne et des Ardennes, et même par les principaux journaux parisiens : « le Figaro », « le Gaulois », « le Temps », « les Débats », « la Gazette de France ».

Source : AMB 1899.

BUIRETTE (Eugène).

Manufacturier, décédé à Suippes, le 5 décembre 1902, était né à Marle, le 27 juin 1841.

De nombreux titres relevant de ses fonctions d’administrateur, recommandaient M. Buirette à l’attention de ses concitoyens, mais ce qui l’honorait le plus étaient cette probité et cette générosité, vertus essentiellement siennes, qu’il montra en maintes circonstances.

Les ouvriers de ses importants établissements de Suippes, savaient apprécier l’homme privé comme ils estimaient le patron. M. Buirette en avait pris la direction en 1868 et pendant trente ans, il ne cessa d’y apporter les perfectionnements que les progrès de l’industrie mettaient à sa disposition. La filature de Suippes, fondée en 1824, était ainsi devenue un modèle du genre.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1891, M. Buirette avait reçu la rosette d’officier en 1900, à la suite de l’Exposition universelle de Paris. Cette haute distinction ne récompensait pas seulement les services rendus par lui à l’industrie manufacturière, mais aussi ceux dont lui étaient redevables de nombreuses Sociétés ou Compagnies.

Maire de Suippes lors de sa mort, M. Eugène Buirette était également, vice-président de la Chambre de Commerce de Châlons-sur-Marne, censeur de la banque de France, président de la Société de secours mutuels de Suippes, président de la Délégation cantonale et suppléant de la justice de paix.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

BUIRETTE (Louis Eugène). Né le 13 décembre 1785 à Sainte-Ménehould. Louis Eugène Buirette est, à dix-neuf ans, admis en qualité d’élève pensionnaire à l’École spéciale militaire de Fontainebleau, où il entre le 5 frimaire an XII (26 novembre 1804).

Caporal, puis sergent, il est dix après son entrée à l’École, promu sous-lieutenant par décret impérial du 3 vendémiaire an XIII (25 septembre 1805) et incorporé au 53e de ligne qui est à Parme, en Italie.

Presqu’en même temps, l’empereur, par décret spécial du 26 vendémiaire an XIII (10 octobre 1805), lui confère le grade d’adjudant sous-lieutenant à l’École de Fontainebleau, mais il lui permet néanmoins de rejoindre son corps en Italie, où il touchera le traitement afférent aux deux grades ; car, écrit le ministre de la guerre au jeune officier, l’intention de Sa Majesté, en vous nommant adjudant sous-lieutenant à l’École militaire a été de récompenser le zèle, l’application et la conduite qui vous ont fait distinguer à Fontainebleau.

Eugène Buirette fait les campagnes de 1805 et 1806, aux grenadiers réunis de l’armée d’Italie, sous Masséna.

Le 27 octobre 1808, il est nommé lieutenant au 114e régiment d’infanterie de ligne. Le 114e est en Espagne, avec Suchet ; Eugène Buirette y court. On lui donne le commandement d’une compagnie devant Saragosse, et chaque sortie des assiégés lui fournit l’occasion de montrer sa bravoure et son intrépidité. Il monte l’un des premiers à l’assaut del Carmen ; aidé de quelques grenadiers, il tourne contre l’assiégé une des pièces de canon qu’il lui a prises, et contribue ainsi à arrêter l’ennemi qui sort pour la reprendre.

Ce glorieux fait d’armes, accompli sous les yeux du commandant en chef, le fait distinguer du général Musnier, qui l’attache à sa personne en qualité d’aide-de-camp ; ce choix est ratifié par le ministre de la guerre, le 22 mars 1810.

Trois mois après, le 23 juin, le lieutenant Buirette est nommé capitaine et reste attaché, avec son nouveau grade, à l’état-major du général Musnier.

Sa belle conduite à l’affaire d’Uldecona lui vaut une citation à l’ordre du jour de l’armée, et, le 15 mai 1812, le maréchal duc d’Albuféra lui envoie la lettre suivante :

« Je m’empresse de vous adresser, mon cher Buirette, un brevet de membre de la Légion d’honneur. Il y a longtemps que vous méritez cette honorable récompense et que je désirais vous la remettre. Votre nomination m’a fait le plus grand plaisir, et je vous envoie une de mes croix que je vous prie de porter. Soyez persuadé de mon attachement et de mon intérêt ».

Avant de quitter l’Espagne, où il combat depuis cinq ans aux côtés de son valeureux chef, Eugène Buirette est, par autorisation spéciale de l’empereur, du 19 mai 1813, appelé au commandement du second bataillon du 1er léger avec le grade de chef de bataillon au titre provisoire.

Le 13 juin, il est chef de bataillon au titre définitif et quitte avec son régiment cette terre d’Espagne, témoin pendant six années de nos désastres et de nos gloires.

Deux mois après son retour en France, le 1er léger, sous les ordres du brave et malheureux Cubières, est envoyé à Lyon, où commande Augereau. Le 18 mars 1814, on se bat à Saint-Georges ; le 1er léger accourt, et le commandant Buirette est atteint d’une balle à l’épaule droite, au moment où il charge l’ennemi à la baïonnette.

Bientôt Paris est pris ; Napoléon abdique et part pour l’île d’Elbe ; Louis XVIII rentre en France. Le commandant Buirette avec 14.000 de ses camarades qui, comme lui, ont gagné leurs épaulettes sur vingt champs de bataille, est renvoyé en demi-solde.

Cependant, le général Dupont qui l’a connu en Espagne, devenu ministre de la guerre, l’appelle au commandement d’un bataillon de la garde royale... Mais Napoléon a quitté son île et la France l’acclame. Eugène Buirette est à son poste au passage de la Sambre et, à Waterloo, quitte le dernier champ de bataille avec les débris de son régiment de grenadiers, qui a perdu son colonel, son lieutenant-colonel, trois chefs de bataillons, 23 officiers et 1.153 soldats.

L’empereur abdique de nouveau, et, le 15 mars 1816, le commandant Buirette reçoit du duc de Feltre, ministre de la guerre, l’avis que « n’étant pas compris dans la nouvelle organisation de l’armée, il est mis en non activité. »

De retour à Sainte-Ménehould, Eugène qui, en 12 ans, a fait 11 campagnes, y remplit successivement les fonctions de commandant de la garde nationale, de conseiller municipal, d’administrateur de l’hospice et de membre du bureau de bienfaisance.

Il est mort le 29 décembre 1873 ; après une courte mais douloureuse agonie, il a rendu sa belle âme à Dieu.

Eugène Buirette était de ceux qui croient encore à la religion, à la vertu et à l’honneur : Dieu doit aimer les hommes qui vivent comme il a vécu et qui meurent comme il est mort

Source : AMB 1875.

BUIRON (Émile).

Né à Saint-Étienne-à-Arnes (Ardennes), le 26 décembre 1844, décédé vicaire de Sedan le 12 octobre 1870.

Il contracta au service des soldats la fièvre qui l’a emporté.

Source : AMB 1871.

BUISSET (Denis Edmond).

Né à Dormans (Marne) le 14 juillet 1827, colonel de cavalerie en retraite, officier de la Légion d’honneur, décédé à Dijon le 26 décembre 1882.

M. Buisset, jeune encore, avait des états de services splendides, et il allait être promu au grade de général de brigade quand il fut enlevé à la suite d’une longue maladie qui l’avait obligé à prendre sa retraite.

Source : AMB 1884.

BUREAU (Achille).

Né à Rilly (Marne), chef du 1er bataillon de chasseurs à pied, tué le 7 août 1870 à la bataille de Frœschwiller.

Au mois de juillet dernier, le commandant, à la tête de son bataillon, traversait son pays natal sous des arcs de verdure. On applaudissait à son courage et ont saluait ses épaulettes vaillamment gagnées en Algérie, en Crimée, en Italie ; on félicitait sa famille qui partageait les honneurs de ce sympathique accueil, mais le commandant, tout heureux qu’il était de répondre aux étreintes de toutes ses mains amies qui se tendaient vers les siennes, ne pouvait écarter un sentiment de tristesse. « On ne revient pas d’une pareille guerre », disait-il. Il voyait juste. Ses soldats, qui promettaient de le ramener, sont pour la plupart tombés sous le boulet meurtrier. Les mêmes parents, les mêmes amis se réunissaient au chef de la famille, pour honorer ses dépouilles mortelles qu’ils ont retrouvées par un miracle de sentiment dans le vaste ossuaire que l’histoire appellera de trois noms : Wœrth, Frœschwiller et Reichshoffen. Il fallait à l’ennemi une armée de 230.000 hommes pour écraser un camp français de 40.000 soldats.

Source : AMB 1872.

BUREAU (Auguste Charles).

Avec cet homme au visage souriant et patriarcal disparaissait le digne et aimé fondateur de l’importante maison des « Galeries Rémoises » si connue dans tonte la région. Il fut l’initiateur de bien des services et c’est à lui qu’est due en grande partie la réputation de cette entreprise commerciale que M. H. Bataille, aidé de vaillants collaborateurs, fit prospérer encore davantage.

Nous devions ces quelques lignes à la mémoire de M. Bureau. Il était Rémois, étant né dans notre ville le 4 novembre 1821, et c’est tout près d’elle, à Rilly-la-Montagne, qu’il s’éteignait, le 16 juillet dernier.

Son père, M. Bureau-Diverchy, était le fondateur des « Deux Pommes d’or », maison qui fut l’origine des « Galeries Rémoises ». Son frère, Achille Bureau, fut tué comme commandant du 1er bataillon de chasseurs à pied à l’attaque des moulins de Bruckmuhl, près Woerth.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

BUREAU (Jean Charles).

Né à Reims le 13 avril 1815, décédé à Rilly-la-Montagne le 18 août 1878.

M. Charles Bureau avait été associé à l’une des plus importantes maisons de commerce de Reims, de laquelle il avait du se retirer par suite de sa mauvaise santé. Depuis il habitait Rilly-la-Montagne, et quand la maladie qui le minait lui laissait quelques loisirs, il s’occupait d’art et de peinture ; il avait même une certaine réussite dans le paysage. Aimant à encourager toutes les institutions utiles au pays, il avait fondé à Rilly-la-Montagne une Société de tir et de gymnastique, dont il était le président.

Il s’était engagé dans les mobiles en 1870, et avait été fait prisonnier à l’affaire de Passavant.

Source : AMB 1879.

BUREAU-DIVERCHY.

Ancien négociant, né à Grandpré le 15 novembre 1793, décédé à Rilly-la-Montagne le 12 février 1886.

Issu d’une famille peu aisée, M. Bureau partit de chez ses parents à l’âge de 15 ans ; entrait comme petit employé chez M. Bourgeois, négociant à Suippes, qu’il quittait un an après pour aller chercher un emploi plus lucratif à Rouen.

Venu quelque temps après à Reims, il entrait chez M. Arnould-Senart. Laborieux et intelligent, il inspira bientôt assez de confiance à son patron pour que celui-ci lui cédât son importante maison de rouennerie.

À partir de cette époque, ses affaires prirent une grande extension. C’est alors qu’il fonda l’établissement aujourd’hui si important et si justement renommé des Galeries Rémoises, où il fit rapidement une grande fortune.

Depuis bientôt 40 ans, il avait laissé la suite de ses affaires commerciales à ses enfants pour se retirer à Rilly-la-Montagne, dont il fut maire pendant 22 ans.

Son intelligence, son caractère conciliant et son obligeance en avaient fait l’homme le plus influent et le plus aimé du canton.

M. Bureau avait perdu à Reichshoffen son fils aîné, commandant du 1er bataillon de chasseurs à pied.

Il est mort à 93 ans, entouré du respect et de la sympathie de tous.

Source : AMB 1887.

BUSSENOT (Messire Auguste).

Vicaire général de Son Éminence le Cardinal-Archevêque de Reims, chanoine titulaire de l’église métropolitaine, vice-président du Conseil de Fabrique de la Cathédrale, ancien secrétaire général de l’Archevêque, Supérieur de l’Hôtel-Dieu et du Bon-Pasteur, dont la mort était déplorée de tout le clergé et de beaucoup de personnes, fut surtout un prêtre modeste.

Nommé en 1855 curé de la Neuville-aux-Larris, au doyenné de Châtillon-sur-Marne où il fut des plus précieux pour l’administration de cette paroisse, il ne tardait pas, le zèle et le tact qu’il apportait en toutes choses ayant été remarqués des autorités supérieures et en particulier de Mgr le Cardinal Gousset, à être appelé au secrétariat de l’Archevêché de Reims.

Collaborateur du regretté secrétaire général, M. le Chanoine Hannesse, il ne recula pas devant l’incessant labeur incombant à ses délicates fonctions, aussi le 5 avril 1878, Son Éminence le Cardinal Langénieux le nommait chanoine titulaire et le 14 octobre 1884, vicaire général.

M. Bussenot veillait encore aux intérêts de la communauté de Saint-Marcoul et à ceux de l’Hôtel-Dieu. C’était en outre un lettré et un chercheur sagace. On a de lui une méthode pour l’étude et l’exécution du chant de nos églises, une description de la basilique de Saint-Remi et une autre de la Cathédrale de Reims. Il édita aussi avec d’érudites annotations, les « Instructions spirituelles sur les divers états d’Oraison », du P. de Caussade. Mais cette longue vie consacrée aux institutions avait épuisé les forces du laborieux prêtre et en 1896, il dût quitter les bureaux de l’Archevêché. Il en sortait avec le titre de secrétaire général honoraire.

M. l’abbé Bussenot succombait le 8 avril 1904. Il était né à Prunay (Marne) le 28 août 1829.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

BUTIN (Ulysse).

Artiste peintre, né à Saint-Quentin le 15 mai 1838, décédé à Paris le 9 décembre 1883.

M. Ulysse Butin était un artiste consciencieux qui, grâce à un travail persévérant, s’était créé une belle situation.

Il avait commencé par être apprenti dans une fabrique de mousseline de Saint-Quentin, fréquentant après son travail les cours de dessin du soir de l’école Delatour. Plus tard, il vint à Paris, et fut l’élève de Picot et de Pils. Pendant longtemps, il avait continué à vivre de son ancien métier, faisant des dessins pour des fabricants de rideaux, artiste à ses moments de loisir.

C’est seulement en 1874 que le spectacle de la mer lui révéla sa véritable vocation ; il apporta dés lors dans sa peinture, ce sens véritable de l’observation, ces habitudes de franchise, ce goût de la vérité humaine, qui furent la marque indiscutable de sa personnalité.

Médaillé en 1875 pour son Attente, il conquit, en 1878, une médaille de seconde classe avec l’Enterrement à Villerville, qui est au Luxembourg, et trois ans après il était nommé chevalier de la Légion d’honneur avec acclamation de tous ses confrères.

Ulysse Butin avait commencé, pour l’Hôtel-de-Ville de Saint-Quentin, un tableau dont l’esquisse faisait l’admiration des amateurs.

Source : AMB 1885.

BUTOT (Messire Constant Louis).

Vicaire général de Son Éminence le Cardinal-Archevêque de Reims, chanoine, grand-chantre de l’église métropolitaine, chanoine de N.-D. de Lorette, ancien curé de l’église Saint-Jacques, membre de l’Académie nationale de Reims, né à Saint-Quentin (Aisne), le 11 novembre 1831, décédé à Reims le 28 mars 1902.

L’ancien curé de Saint-Jacques personnifiait la bonté même jointe à l’humilité la plus profonde et ces vertus, il ne cessa de les pratiquer aussi bien dans les dernières années de da vie qu’au début de son ministère. Les honneurs n’avaient pas changé son caractère et tel on l’avait connu dans les différents postes qu’il occupa précédemment, tel y resta pendant les dix-huit années qu’il a consacrées au service d’une des plus importantes paroisses de Reims.

M. l’abbé Butot était vicaire général depuis la mort de M. Chartier ; mais, par une attention délicate, son Archevêque voulut qu’il en conservât le titre en prenant possession de la cure de Saint-Jacques.

Son installation eut lieu le 11 septembre 1881 et Mgr le Cardinal qui la présidait y prononça ces paroles qui font le plus bel éloge de M. l’abbé Butot : « Je n’en veux dire qu’une chose, c’est qu’en le donnant tout entier à cette belle paroisse j’aurais fait un trop grand sacrifice, aussi ai-je désiré le conserver pour moi-même, pour le diocèse, en le laissant, comme vicaire général et membre de mon conseil, associé aux intérêts généraux de l’administration ; en sorte qu’il sera auprès de vous mon représentant, comme il sera le vôtre auprès de moi ».

En 1899, la maladie de cœur dont M. le chanoine Butot souffrait depuis de longues années s’aggrava. Craignant de ne plus pouvoir accomplir tous les devoirs de son ministère, il résigna ses fonctions de curé de Saint-Jacques.

Mgr Langénieux lui offrit un canonicat à la Cathédrale de Reims qu’il accepta avec reconnaissance.

Sa santé ne s’améliora pas et le jour du Vendredi-Saint, 28 mars dernier, après avoir reçu les Saintes-Huiles, M. le chanoine Butot s’endormait pieusement emportant avec les regrets de ses nombreux amis, l’estime et la reconnaissance de tous ceux à qui il avait fait du bien.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

BUZY (Jean-Baptiste).

Pendant assez longtemps professeur au Lycée de Reims, puis au Lycée de Sens, vient de mourir à Saint-Jean-d’Angely. Il fut lauréat de l’Académie de Reims en 1853. C’était un travailleur, poète à ses heures. On lui doit quelques monographies intéressantes, notamment celle de la chapelle Sainte-Anne de Clermont (Meuse), son pays natal.

Source : AMB 1897.