Notices nécrologiques - S

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

SACHS (Ferdinand Georges, baron de).

Comte romain, né au duché de Nassau le 2 mai 1818, chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand et de l’ordre de François-Joseph d’Autriche, ancien négociant, propriétaire, ancien maire de Breuil, décédé le 22 mars 1890, en son château de la Ville-aux-Bois, commune de Breuil-sur-Vesle (Marne), dans sa 72e année.

M. de Sachs, neveu de M. Werlé, était venu s’installer à Reims, il y a environ 50 ans. Entré dans la maison veuve Clicquot, il en devint l’associé jusqu’en 1868. Depuis quelques années, retiré à son château de la Ville-aux-Bois, qu’il habitait toujours, il s’occupa exclusivement de bonnes œuvres et de fondations catholiques. Il contribua pour une bonne part à la fondation du collège Saint-Joseph de Reims et des écoles libres de la même ville, et fut l’un des agents les plus actifs de fondation de la Trappe d’Igny ; à la suite de cette intervention, M. le baron de Sachs reçut, du pape Léon XIII, le titre de comte romain héréditaire. L’an dernier, M. de Sachs avait fondé, sur le territoire de Vendeuil, un hôpital destiné à recueillir les malades de treize villages aux alentours de son château.

Le bon fonctionnement de cette œuvre de bienfaisance était dans ses derniers temps sa préoccupation principale. Presque chaque jour, il se rendait à l’hospice pour visiter les malades ; 12 lits sont là constamment occupés, l’installation, confortable, comporte : salles d’isolements, salles d’opérations, salles de bains, etc. ; l’établissement est du reste bâti dans un site superbe, entouré d’un vaste jardin.

Aussi la population de la contrée doit-elle être particulièrement reconnaissante à la famille de Sachs et payer un tribut de vifs regrets à l’homme qui vient de disparaître. C’est en reconnaissance du rétablissement de Mme la comtesse de Sachs après une fort dangereuse maladie, que fut fondé l’hôpital de Sachs. En 1880, M. et Mme de Sachs avaient été douloureusement atteints dans leurs affections de famille. Un de leurs fils, M. Charles de Sachs, était enlevé à leur tendresse, et sa jeune veuve entrait bientôt en religion.

M. de Sachs laisse encore un fils, M. Paul de Sachs, qui était capitaine breveté d’état-major, officier d’ordonnance du général commandant la 32e brigade à Nevers, et qui vient de donner sa démission pour se consacrer uniquement aux œuvres de bienfaisance fondées par son père. M. Paul de Sachs est capitaine de la réserve de l’armée active, dans le service d’état-major.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

SAGET.

Né à Saint-Quentin, en 1830, entra à l’école de Saint-Cyr en 1854, d’où il sortit deux ans après avec le numéro 3. Il a fait la campagne de 1870 en qualité de capitaine, et s’est battu à Wissembourg, à Reichshoffen et à Sedan. Fait prisonnier après la capitulation, il fut conduit pieds nus à Erfurt, à coups de crosse de fusil et avec la pointe des baïonnettes. Quoique rendu à la liberté, les germes d’une maladie dont la cause remontait aux mauvais traitements de sa captivité, se développèrent, il mourut à Clermont-Ferrand, au milieu des regrets de tous. Son corps fut rapporté à Noyon où il a été inhumé le 31 août 1872.

Source : AMB 1873.

SAINGERY (Charles Barthélemy).

Curé-desservant de Rilly-aux-Oies, né à Belair le 2 septembre 1833, décédé à Rilly le 30 octobre 1871.

Source : AMB 1872.

SAINT-DENIS (Quentin).

Le dernier vivant des trois frères Saint-Denis, connus dans le monde agricole et forestier, décédé le 4 février 1869 à Boult-sur-Suippe.

Source : AMB 1870.

SAINTE-FOY.

L’artiste fort connu et aimé du public, est mort à Paris le 1er avril 1877. Il était né à Vitry-le-François le 13 février 1817 ; son véritable nom était Charles Louis Pubereau.

M. Étienne Gallois, ancien bibliothécaire du Sénat, son compatriote, lui a consacré une notice courte, mais pleine de sentiments affectueux, dans la Revue de la Champagne et de la Brie.

M. Pubereau père, ancien militaire, avait été nommé par ses compagnons d’armes Sainte-Foy, nom qu’il conserva en revenant à Vitry, où il donnait des leçons de musique et où il tenait un café qui porte encore le titre de Café Sainte-Foy.

Son fils, à sa sortie du collège, fut mis en apprentissage chez un ébéniste, mais il avait peu de goût pour cette profession.

Il laissait deviner en lui de grandes dispositions pour la musique et 1’art dramatique.

Le père, artiste lui-même, comprit bientôt son fils et le fit entrer au Conservatoire.

En 1842, il débutait à l’Opéra-Comique ; ce fut sur cette scène qu’il acquit en peu de temps une renommée toujours croissante.

Il jouait le plus souvent les comiques et les grotesques ; sa voix sympathique était d’une souplesse et d’une étendue remarquables.

Il serait trop long de donner ici la liste complète des emplois tenus par Sainte-Foy. Ses principaux rôles furent ceux de l’Anglais dans Fra-Diavolo, de l’Auvergnat dans Jeannot et Colin, du Grand-Consul dans le Déserteur, de Corentin dans le Pardon de Ploërmel, de Bertrand dans les Rendez-Vous Bourgeois, dans Galathée, dans Je Joail¬lier de Saint-James. Il créa son rôle dans le Roi l’a dit ; ce fut sa dernière création.

Mais outre ses talents dont l’appréciation est du ressort de tout le monde, il possédait un cœur d’or, dont ses compatriotes peuvent plus particulièrement témoigner. Ils se souviendront longtemps de son accueil charmant, de son dévouement à les obliger en toutes circonstances ; son affection pour sa ville natale lui faisait tout abandonner pour venir presque tous les ans donner une représentation sur le modeste théâtre de Vitry-le-François afin de grossir la recette destinée au Bureau de Bienfaisance.

Sainte-Foy est l’une des gloires de la Marne, mais, on ne sait ce que l’on doit regretter le plus de ses talents ou de ses qualités.

Source : AMB 1878.

SAINTIVE (l’abbé Victor Constantin).

Ce digne prêtre, le doyen du clergé du diocèse de Soissons, s’éteignit le 7 décembre 1899 à l’âge de 89 ans à Étréaupont où il vivait dans la retraite depuis quelques années.

M. l’abbé Saintive qui avait été nommé à cette importante paroisse en 1839, était né à Montcornet le 15 septembre 1811.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

SAINT-MARCEAUX (de).

Ancien maire de la ville de Reims, ancien conseiller général, est décédé dans un château de Limé (près Braine) à l’âge de 80 ans. M. de Saint-Marceaux appartenait à une ancienne famille originaire des Ardennes. Il avait embrassé dans sa jeunesse la carrière militaire : en juillet et août 1830 il était aide-de-camp du général Verrier. Nommé maire de Reims le 19 janvier 1835 il demeura le premier magistrat de la cité jusqu’au 19 mai 1845.

M. de Saint-Marceaux se montra constamment le défenseur des principes libéraux ; il était partisan de la liberté de la presse, de la liberté électorale des sociétés de prévoyance et de consommation ; il était aussi partisan des idées économiques qui ont pour objet l’assistance publique du pauvre dans la distribution des secours à domicile.

La ville de Reims lui doit un grand nombre de ses embellissements modernes. Écrivain clair et précis, M. de Saint-Marceaux a laissé des « Lettres à Cutius » et quelques opuscules sur les actes administratifs.

En 1849 il fit imprimer à Reims, chez Régnier, ses notes et documents pour servir à l’histoire de la ville de Reims pendant les quinze années de 1830 à 1845.

Source : AMB 1871.

SAINT-MARTIN (de) (Veuve MANICHON).

Décédée en février 1874 à Reims ; elle laisse 8.000 fr. à l’hôpital général et 8.000 fr. à la Maison de retraite.

Source : AMB 1875.

SAINT-MARTIN (de).

Président du tribunal civil de Châlons-sur-Marne, ancien avoué, ancien lauréat des concours du doctorat de la Faculté de droit de Paris, né à Bar-sur-Aube, décédé à Châlons-sur-Marne, en 1893.

Jurisconsulte éminent, il avait eu l’intention de se consacrer à l’enseignement du droit, mais pour des raisons de santé, il quitta Paris en 1851 pour retourner à Bar-sur-Aube, il y reprit une étude d’avoué, et. exerça, jusqu’en 1880, avec talent, droiture et distinction ; ses concitoyens l’avaient élu conseiller municipal.

En quittant ses fonctions d’avoué, il était entré dans la magistrature, et fut successivement juge à Provins en 1880, président à Dreux en 1883, président à Châlons en 1888.

Charles Remy.

AMB 1894.

SAINT-PIERRE (Mme), née Joséphine Victorine VUILLEFROY.

Religieuse de la communauté de l’Enfant-Jésus, née à Soissons le 16 août 1818, décédée à Reims, le 19 novembre 1892.

Demeurée orpheline à 10 ans, elle fut placée au pensionnat de l’Enfant-Jésus. À l’âge de 21 ans, elle entra au noviciat et y fit profession en 1841. Dès l’âge de 23 ans, elle fut associée au gouvernement de la communauté dont elle fut élue supérieure générale à l’unanimité en 1839. Elle a donc passé sans compter sa première éducation qui se fit au pensionnat, 53 ans à l’Enfant-Jésus, et la charge de supérieure lui a été renouvelée pendant 33 ans.

Que dire à présent de son intelligence, de sa piété, de sa modestie, de sa charité inépuisable ? Les faits parlent par eux-mêmes. Que de bien fit-elle aux enfants placés dans l’établissement ? Que de familles ont successivement puisé à cette source les sentiments de maternelle bonté et de solide piété dont elle était elle-même animée. Une longue et pénible maladie l’avait arrachée pendant les dernières années de sa vie aux soins extérieurs, mais sa présence y répandait encore jusqu’à la fin le parfum de ses vertus.

Charles Remy.

AMB 1894.

SAINT-PREUX (de).

Né à Montargis (Loiret), est entré à l’école de Saint-Cyr en novembre 1852, il en sortait en 1854 sous-lieutenant, élève à l’école d’État-major où il passait les années 1855 et 1856, nommé lieutenant d’État-major au 19e de ligne 1856 à 1858, il passe au 8e hussards pendant les années 1858 à 1860, époque à laquelle il prend part à la guerre d’Italie. Il avait été promu au grade de capitaine en mai 1859. De Saint-Preux a occupé successivement des postes d’honneur et de confiance. Aide-de-camp du général Mongin à Laon de 1860 à 1866, attaché à la division de Bayonne en 1867, aide-de-camp du général marquis de Liniers à Châlons en 1868 et 1869, aide-de-camp du général comte Brayer en 1870. Son général et lui ont été tués l’un à côté de l’autre à la glorieuse bataille de Vionville, le 16 août 1870. Il avait épousé le 11 mai 1857 Mlle Marie de Hédouville à Bourguignon, et laisse quatre enfants. De Saint-Preux est mort comme il avait vécu, en bon chevalier sans peur et sans reproche, sa foi de chrétien n’avait fait que relever sa bravoure militaire et lui avait créé de nombreuses sympathies. C’est un de nos officiers les plus aimés et les plus regrettés. Inhumé d’abord dans le cimetière de Dancourt à côté de son général et du général Legrand, son corps a été rapporté dans le cimetière de Royaucourt-Bourguignon, sa paroisse, et où réside sa digne épouse et ses jeunes enfants.

Source : AMB 1872.

SAINT-VALLIER (Charles Raymond de LA CHEVRIÈRE, comte de).

Grand-croix de la Légion d’honneur, diplomate, ancien ambassadeur, ancien commissaire spécial de la France près des armées allemandes, vice-président du Conseil du département de l’Aisne, ancien sénateur, né au château de Coucy-lès-Eppes (Aisne) le 12 septembre 1833, décédé an même lieu le 4 février I886.

Il entra à 20 ans dans la diplomatie, comme attaché à la légation de France à Lisbonne, et passa en la même qualité, en 1856, à la légation de Munich.

Le 28 juillet 1859, il revenait à Paris et fut alors attaché au cabinet du comte de Walewski, ministre des affaires étrangères.

En 1860, il était nommé secrétaire de l’ambassade de France à Constantinople.

En 1868, il fut chargé d’une mission à Stuttgart, auprès de la cour de Wurtemberg et signala au Ministre des affaires étrangères les tendances hostiles à la France de tous les alliés de la Prusse, ce qui lui valut de la part de M. de Grammont un injuste blâme, à cause de sa prévoyance d’événements qui se réalisèrent trop tôt. La guerre de 1870 le trouva à ce poste.

Rentré en France, aussitôt après la déclaration de guerre, il se tint à l’écart de toute politique et consacra ses efforts à atténuer dans son département les souffrances de l’invasion étrangère.

Après la signature de la paix en 1871, M. Thiers qui avait apprécié son dévouement, ses aptitudes, sa connaissance parfaite de la langue et des mœurs de nos ennemis, lui confia la pénible mission de commissaire spécial auprès de l’état-major de l’armée d’occupation, à Compiègne, à Nancy, puis à Verdun. Par son tact et sa fermeté, il rendit à la patrie des services signalés qui lui vaudront dans l’avenir sinon des statues, au moins une grande place dans l’histoire. Il peut être regardé comme un de ceux qui ont le plus contribué, par leur esprit de conciliation, a la libération du territoire.

En 1877, il fut nommé ambassadeur à Berlin où il resta quatre années et s’y montra un diplomate de la plus haute valeur. Sa correspondance mérite d’être classée parmi les documents les plus intéressants des archives françaises.

Il était sénateur depuis 1876.

Source : AMB 1887.

SAISSEVAL (le comte de).

Président honoraire du Tribunal civil de Reims, chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, mort à Reims le 14 janvier 1874 à l’âge de 69 ans.

M. de Saisseval arriva à Reims, comme juge en 1841, et par son affabilité, la sûreté et le charme de ses relations, la finesse de son esprit, il sut bientôt acquérir l’affection de ses collègues et de tout ceux qui l’approchaient.

Le 14 février 1827, il fut nommé juge auditeur au Tribunal de Saint-Pierre Martinique ; en 1836, il fut appelé comme substitut au Tribunal de Vervins, puis le 13 février 1831, juge d’instruction à Château-Thierry ; il devint ensuite, le 31 décembre 1841, juge au Tribunal de Reims, et le 11 juillet 1866, président du même tribunal. Les infirmités le forcèrent à prendre sa retraite en 1868, et il fut nommé président honoraire du même tribunal.

Les discours prononcés sur sa tombe par M. le président actuel et par M. Paris témoignent assez du regret que cause son décès, et c’est le plus bel éloge que l’on puisse faire d’un magistrat intègre et consciencieux.

Source : AMB 1875.

SAISSEVAL (Madame la Comtesse de).

Née Caroline Henriette BERTHERAND, décédée à Reims dans sa 74ème année le 27 août 1888.

La vénérable défunte était veuve de M. le comte de Saisseval, ancien président du Tribunal civil de Reims, retraité en 1868, mort en 1874, laissant une haute réputation de mérite et d’intégrité.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

SALLE (Léandre).

Docteur en médecine, chirurgien, puis médecin en chef des hôpitaux unis, ancien adjoint au maire, membre de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne et de l’Académie de Reims, chevalier de la Légion d’honneur, né à Châlons-sur-Marne le 2 mars 1799, décédé à Châlons le 5 août 1881.

Fils d’un médecin déjà distingué, après de brillants succès, tant dans ses études classiques au collège de sa ville natale, que dans ses études professionnelles, le docteur Salle revint à Châlons, s’établir à côté de son père, et y consacra sa vie toute entière à l’étude et à la pratique des sciences médicales. Dès 1825, il est admis à l’École des arts ct métiers comme médecin adjoint, à côté de son père, auquel il succéda en 1836 dans la charge de chirurgien en chef, qu’il exerça jusqu’à sa mort.

Il avait été l’élève de Dupuytren, dont il conserva toujours le souvenir.

En 1832, le choléra sévissait avec intensité à Châlons. Le docteur Salle se prodigua dans les ambulances et dans sa clientèle et obtint au dire de ses collègues, des succès inespérés. Il étudiait en même temps cette maladie encore peu connue, même des médecins et publia un travail sur ce sujet.

Les services qu’il rendit alors le firent désigner en 1836, comme chirurgien en chef des hôpitaux unis, et à la mort de M. le Dr Prin, il lui succéda comme médecin en chef.

Il était encore membre du Conseil départemental d’hygiène, médecin de l’École normale et président de la Société de charité maternelle.

Avant la création de l’École de médecine de Reims, l’hôpital de Châlons avait la faculté d’enseigner l’anatomie et la clinique, et de créer des officiers de santé, le docteur Salle y professa longtemps avec succès.

Nous aurions encore beaucoup à dire sur sa carrière médicale, si longue et si bien remplie.

Nous avons hâte d’examiner sa vie sous tous ses aspects.

La pratique de l’étude et la vulgarisation de la science étaient après l’exercice de sa profession, le principal souci de sa vie.

Longtemps professeur de physique, de chimie et d’histoire naturelle à l’école normale primaire, il publia ses leçons en deux volumes. Conférencier brillant, il fit devant un nombreux public, à l’Hôtel-de-Ville, plusieurs conférences sur l’origine de l’Homme ; et sur l’Histoire de 1a ville de Châlons. Il a laissé un opuscule charmant sur l’histoire des invasions de 1814 et 1815 à Châlons et en Champagne, intitulé modestement : Souvenirs d’un demi-siècle racontés par un Grand-Père à ses Petits Enfants. Dés 1830, il était membre titulaire de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Marne, dont il fut plusieurs fois président. Ce qu’il dépensa d’activité pour cette société est encore incroyable.

Pendant cinquante ans, il assista assidûment aux séances, et à chacune d’elles il communiquait verbalement ou par écrit, le résultat de ses lectures, sur un ou plusieurs des ouvrages adressés à la Société ; les sujets les plus variés lui étaient familiers. On trouve imprimés dans les mémoires de la Société, une vingtaine de rapports ou discours remarquables. Les notions sur les Communes du département la Marne et la Faune du même département ont été composés par lui, pour servir au dictionnaire géographique, historique et archéologique de la France.

En 1836, il fut élu au Conseil municipal et en 1863, il avait été nommé adjoint au maire.

Tous ces services lui valurent la décoration de la Légion d’honneur.

À considérer les travaux multiples et les nombreux services du docteur Salle, on oublierait volontiers qu’il eut lui-même sa part dans les chagrins de la vie, il en fut abreuvé à pleine mesure ; mais la trempe de son caractère, l’amour de l’étude et sa grande activité les lui firent surmonter, et il parcourut à l’avantage de tous, une longue carrière trouvée encore trop courte pour ses nombreux amis.

C. R.

Source : AMB 1882.

SALLERON (Charles Louis Émile).

Appartenait à une famille originaire de Châlons-sur-Marne : il fut successivement juge à Vervins, à Château-Thierry, puis président du Tribunal civil de Soissons. Magistrat intègre, mais caustique et sévère, il n’en a pas moins laissé dans le public des regrets mérités. En sa qualité de président de la Société d’horticulture de Soissons, il a rendu à sa ville natale les plus signalés services. M. Charles Salleron est mort à Soissons, le 27 novembre 1872, à l’âge de 55 ans.

Source : AMB 1874.

SALLERON (Claude Henri).

Ancien avoué, ancien maire de Soissons, chevalier de la Légion d’honneur, conseiller général, président de la Société d’agriculture de l’Aisne, membre du conseil départemental de l’instruction publique, administrateur des hospices et du collège, né à Soissons le 10 mars 1820, décédé à Nice le 7 février 1887.

Issu d’une vieille famille de magistrats, Henri Salleron fit ses études classiques dans sa ville natale, puis, après avoir été reçu licencié en droit, il vint reprendre, en 1845, l’étude d’avoué que son père avait possédée avant M. Vieillard, le dernier titulaire. Il exerça cette charge jusqu’en 1858.

M. Paul Deviolaine, son oncle, alors maire de Soissons, l’associa alors à l’administration de la cité, en le faisant nommer premier adjoint ; et c’est à leurs efforts communs qu’est due la réussite de l’œuvre qui fait le plus d’honneur à la mairie de Deviolaine, la distribution en ville des eaux de Villeneuve.

Mais, la guerre de 1870, le bombardement de Soissons, l’occupation allemande, ont donné la mesure de l’habileté administrative de M. Salleron qui, retenu à Vichy par sa santé, était accouru à Soissons, aussitôt la déclaration de guerre, pour seconder M. Deviolaine, demeuré à son poste, quoique démissionnaire.

Après la dissolution de l’ancien conseil, il fut appelé, par la confiance de ses concitoyens, au périlleux honneur de 1a mairie, et, malgré sa santé ébranlée, il soutint jusqu’à la fin de l’occupation la lourde charge, tâche imposée à son patriotisme. Après la paix, il obtint de l’autorité allemande, que les avances faites par la ville aux troupes, s’élevant à plus de 200.000 francs, lui seraient remboursées. Ces services lui valurent, du gouvernement provisoire, la croix de la Légion d’honneur.

Après nos désastres, M. Salleron resta à la tête de l’administration municipale, et se dévoua, de tout son pouvoir, à effacer les traces de la guerre, et à poursuivre l’exécution de nombreux travaux d’utilité publique : percement de rues, construction d’écoles, remaniement du port, amélioration du service des eaux et une foule d’autres mesures fécondes.

En 1878, forcé par sa santé, il donna sa démission de maire de Soissons.

Il continuait encore à rendre d’importants services à ses concitoyens, lorsque la mort vint terminer une vie si utile, à Nice, où il s’était retiré pour y trouver un climat meilleur.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

SALLERON (Eugène).

Ancien médecin principal de 1ère classe, officier de la Légion d’honneur, décédé en janvier 1891 à Drouilly (Marne).

Né dans ce petit village du canton de Vitry-le-François en 1806, le docteur Salleron fut d’abord attaché aux hôpitaux militaires d’Algérie, puis, pendant la guerre de Crimée, il dirigea comme médecin en chef l’hôpital de Dolma-Bagtché à Constantinople, fit la guerre d’Italie et termina sa carrière militaire à l’hôpital de Lyon. On lui doit un certain nombre de travaux appréciés parmi lesquels nous citerons un mémoire sur l’Emploi du perchlorure de fer contre la pourriture d’hôpital et l’infection purulente (1859) ; un autre sur la Désarticulation du coude (1857-1858). Rappelé à l’activité en 1870, il organisa un service d’ambulances à Châlons-sur-Marne.

Il avait la réputation d’un chirurgien habile, et à Drouilly, où il s’était retiré depuis vingt ans, il laisse d’unanimes regrets.

Union Médicale du Nord-Est.

Source : AMB 1892.

SALLERON (François).

Boulanger et poète, né le 2 avril 1814 à Vitry-le-François, décédé dans cette ville le 19 novembre 1885, à l’âge de 71 ans.

Il publia plusieurs recueils sous la forme de fables, contes, satires, épigrammes ; quelques-unes de ses productions ne sont pas sans mérite.

Source : AMB 1887.

SALLERON (Jules Bernard).

Né à Troyes, le 18 mai 1829, mort à Melun, le 22 juillet 1897, était un homme très sympathique, connu de tous les Champenois pour ses travaux œnologiques. Le regretté défunt avait cédé son établissement d’appareils de chimie œnologique à M. Dujardin, qui continue depuis 1889 les travaux commencés par celui dont il était depuis 1876 l’élève et le collaborateur.

Source : AMB 1898.

SARAZIN (Jacques Félix).

Décédé à Fismes le 11 septembre 1899 à l’âge de 76 ans; avait de nombreux titres à son actif, et c’est presque faire sa biographie que de les énumérer ici : notaire honoraire, ancien maire de Fismes ; conseiller municipal, ancien président du conseil général ; membre du Conseil général du département de la Marne ; président de la délégation cantonale ; président de la section cantonale, pour le canton de Fismes, du Comice agricole de Reims ; administrateur de l’hospice et du bureau de bienfaisance ; président d’honneur de la Croix-Rouge (section de Fismes) ; telles étaient les multiples fonctions de cet homme qui joignait à ses sentiments profondément républicains, les éminentes qualités du cœur. La sympathie respectueuse dont il était entouré se manifesta le jour de ses obsèques célébrées au milieu d’une assistance nombreuse.

M. Sarazin, apprenons-nous, a fait de nombreux legs à diverses sociétés de bienfaisance de la région de Fismes ; celles-ci trouveront en la personne de Madame Sarazin une généreuse exécutrice de ses dernières volontés.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

SARS (Anatole de)

Ancien maire d’Urcel, décédé à Paris le 22 octobre 1899, avait conservé dans le pays laonnois de nombreuses et sympathiques relations.

M. de Sars avait épousé Mlle de Bauer, bien connue comme femme de lettres.

Une nombreuse assistance suivit le corps, inhumé au cimetière de Laon, après un service célébré à l’église Saint-Martin.

C’est à la famille de Sacs que l’on doit la fondation de la maison des religieuses d’Urcel.

Albert B audon.

Source : AMB 1901.

SARS (Madame Veuve Alphonse de), née Adélaïde Eugénie DRAGON de GOMIECOURT.

Décédée à Laon au mois de novembre 1894, à l’âge de 85 ans, mérite une mention spéciale comme étant l’une des représentantes des familles les plus anciennes et les plus honorées du pays.

Ses œuvres charitables étaient surtout remarquables par leur pieuse discrétion qui fait que la plupart ne sont connues que de Dieu.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

SATIS (abbé Auguste Eugène).

Curé de Montigny-sur-Crécy, décédé le 30 septembre 1889, né à Bernay (Eure), le 26 avril 1839.

D’abord curé au diocèse d’Évreux, il passa au diocèse de Soissons en 1878, et fut nommé curé de Saint-Paul-aux-Bois et aumônier du couvent. Il passa ensuite à Nanteuil-la-Fosse, le 16 juillet 1881, puis à Fontaine-Uterte, le 28 avril 1883. Il était curé de Montigny-sur-Crécy depuis 1887.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

SAUBINET (Étienne).

Bibliophile, ancien juge au tribunal de commerce, ancien membre du conseil municipal de Reims, décédé à Jouy (Marne) le 17 août 1869, a légué son cabinet et sa bibliothèque à la ville de Reims.

Source : AMB 1870.

SAURET-ROBERT.

Ancien censeur et administrateur du Crédit Foncier, ancien conseiller général de l’Aisne, ancien inspecteur de l’Enregistrement et des Domaines, décédé à Paris, à l’âge de 67 ans.

Madame Sauret-Robert avait légué 100.000 francs à la ville de Bohain pour la fondation d’un hospice, et 50.000 francs pour aider à la construction d’une nouvelle église. On assure que les dispositions testamentaires de M. Sauret sont aussi très favorables à la ville de Bohain.

Il a laissé le souvenir d’un excellent homme, très serviable, très bienfaisant.

Ses obsèques ont eu lieu à Bohain.

Source : AMB 1899.

SAUVAGE (Charles Joseph).

Chanoine honoraire de Reims, curé-desservant d’Écordal, né à Rosnay, le 30 octobre 1820, décédé à Écordal le 14 novembre 1871.

Source : AMB 1872.

SAUVAGE (François Clément).

Commandeur de la Légion d’honneur, ingénieur en chef des mines, député de la Seine, et directeur du chemin de fer de l’Est.

Né à Sedan, le 4 avril 1814, M. Sauvage fit de brillantes études.

Il entra à l’École polytechnique à l’âge de dix-sept ans, pour en sortir, en 1833, le premier de sa promotion : nommé ingénieur des mines, il fut envoyé à Mézières : de curieuses recherches sur la métallurgie, la minéralogie et la chimie le signalèrent bientôt au monde savant.

À la même époque, avec la collaboration de M. Buvinier, il dressa les belles cartes géologiques de la Marne et des Ardennes et fit paraître la Description géologique de ce dernier département.

En 1838 et en 1842, M. Sauvage fut chargé d’explorations scientifiques en Espagne, dans les houillères des Asturies et les mines métallifères de la province de Carthagène. Envoyé en Grèce en 1845, pour étudier la question du desséchement du lac Capaïs, M. Sauvage publia à son retour une Description géologique de la Grèce.

En 1846, il quitta le corps des mines pour entrer comme ingénieur au service de la compagnie des chemins de fer de l’Est et construisit une section de Frouard à la frontière. En 1848, il fut envoyé par le gouvernement en qualité de commissaire extraordinaire pour rétablir l’ordre au Creusot.

Le 4 avril suivant, le pouvoir lui confiait l’administration du séquestre du chemin de fer d’Orléans.

Rentré à la compagnie de l’Est, il en fut nommé directeur le 1er mars 1861.

M. Sauvage, a fait preuve dans ces différentes fonctions d’un grand zèle et de véritables capacités administratives. Pendant le siège de Paris. le directeur de la compagnie de l’Est s’est distingué par son esprit patriotique et son activité dans la fonderie de canons placée sous sa direction.

Nommé député à l’Assemblée nationale le 21e sur 43 à Paris, avec une majorité de 102.690 voix, aux élections du 8 février 1871, il siégeait à la Chambre au centre gauche.

Décédé à Paris le 11 novembre 1872, des suites d’une albuminurie, son corps a été transporté le soir même pour être inhumé dans un caveau de famille, à Sedan.

Notre pays perd en M. Sauvage un spécialiste de premier ordre qui aurait pu rendre à l’Assemblée dans les grandes questions de travaux publics, de transport et d’industrie, d’inappréciables services.

Source : AMB 1873.

SAUVAGE (Gabriel).

Lieutenant d’artillerie, né à Vouziers le 27 mars 1874, décédé à Paris le 27 août 1902.

Gabriel Sauvage commença ses études classiques à l’institution Glatigny, à Vouziers et les continua au Lycée de Reims. Après avoir obtenu le diplôme de bachelier avec dispense d’âge, il entra au Lycée Saint-Louis à Paris, mit ses brillantes aptitudes et son travail assidu lui valurent le premier prix d’honneur et le prix d’excellence dans le cours de mathématiques spéciales

Reçu à dix-huit ans à l’École Polytechnique, il en sortit en 1894 et fut admis à l’École d’application de Fontainebleau. Nommé lieutenant au 7e d’artillerie en octobre 1896, puis au 25e en 1899, il est resté dans ce poste jusqu’en 1902, époque à laquelle le mauvais état de sa santé l’obligea à demander sa mise en non activité. Le mal empira malgré les soins dévoués de sa mère et de sa jeune épouse, et bientôt la perte du jeune officier fut imminente. Le 27 août il succombait à l’âge de 29 ans, regretté de ses camarades et de ses amis qui s’empressèrent d’accompagner son corps au cimetière de Vouziers, témoignant ainsi à ses parents éplorés l’estime que le défunt emportait dans la tombe.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

SAVIGNY (Louis Joseph Célestin).

Né à Verly le 25 février 1842, ancien notaire et conseiller général de Sedan administrateur de l’hospice, décédé le 7 octobre 1898, à Grand-Verly (Aisne), où ses obsèques ont eu lieu le lundi 10 octobre.

M. Savigny était maire de Grand-Verly, et toute la commune assistait à la cérémonie funèbre, ainsi que de nombreux amis de Charleville et de Sedan.

Nous extrayons le passage suivant du discours prononcé sur sa tombe, par M. le docteur Peltier :

« Affable et bienveillant, toujours prêt à rendre service, il était d’un commerce sûr, ce qu’il promettait, il le tenait ; ce qu’il voulait, il l’exécutait, et cela avec fermeté, avec ténacité ».

Source : AMB 1899.

SAVY.

Agent-voyer en chef honoraire, président de la Société d’agriculture du département de la Marne, chevalier de la Légion d’honneur, né en 1808, décédé à Châlons le 3 avril 1875.

Comme agent-voyer, M. Savy a laissé des regrets. Il aida beaucoup à la création et à l’achèvement du réseau vicinal, ses travaux sur les voies romaines et gauloises du département seront toujours des sources précieuses pour l’érudit et l’historien. Quelques semaines avant sa mort, il avait eut le malheur de perdre son fils, et cette perte cruelle avait abrégé ses jours.

Source : AMB 1876.

SCHMITZ (Richard).

Artiste peintre lithographe, né à Sedan le 23 juillet 1819, décédé à Reims le 21 octobre 1871.

M. Schmitz n’était pas seulement un peintre et un artiste graveur, c’était aussi un poète d’un certain mérite ; il laisse des romances et des pièces fugitives estimées. Comme peintre, ses tableaux sont recherchés des amateurs.

Source : AMB 1872.

SCHOTT (Caroline Chrétienne de).

Comtesse douairière de Mareuil, née à Stuttgart (Wurtemberg) en 1791, décédée en son château d’Ay (Marne) le 29 décembre 1881.

Veuve de M. le comte Durant de Mareuil, ancien ambassadeur à Naples, grand-croix de la Légion d’honneur, pair de France, décédé à Ay le 13 janvier 1855.

Femme et belle-fille d’ambassadeur, la comtesse de Mareuil laisse un fils qui a été ministre plénipotentiaire sous le gouvernement de juillet, actuellement conseiller général et ancien maire d’Ay.

C’était une femme d’une rare distinction, faisant beaucoup de bien aux pauvres de la contrée.

Source : AMB 1883.

SCHWAB (Théophile Marie).

Notaire à Reims, trésorier de la communauté consistoriale israélite, né à Verdun, le 18 avril 1846, décédé à Reims, le 4 mai 1893, avait d’abord exercé le notariat à Souilly (Meuse) pendant cinq ans, quand il fut nommé notaire à Reims, en remplacement de M. Follet, par décret du 14 octobre 1884.

En 1887, il avait perdu à un mois d’intervalle, ses deux petites filles qu’il adorait ; ce souvenir funèbre le minait lentement et il est mort six ans après à la suite d’une courte maladie.

M. Lefort, président de la chambre des notaires, dans l’allocution prononcée sur sa tombe, loue son amour du travail, son exactitude en affaires et la correction de ses rapports avec ses collègues.

Charles Remy.

AMB 1894.

SCHWŒBEL (Eugène Antoine).

Receveur principal des Contributions indirectes, né le 28 avril 1843, à Sarrebourg (Lorraine), décédé à Soissons le 10 octobre 1898, dans sa 55e année.

Ses funérailles ont été célébrées au milieu d’une nombreuse assistance, n’oubliant pas les services rendus au moment de l’invasion prussienne de 1870.

Deux discours ont été prononcés sur sa tombe, le premier par M. Beaumont, sous-directeur des Contributions indirectes à Soissons, le second par le général de Kerbreck, ami du défunt.

M. Boudin, directeur des Contributions indirectes à Laon, a également, en quelques mots, résumé la vie toute de devoir de M. E. Schwœbel : il le montre intelligent, consciencieux, homme modèle, excellent père de famille. Il rappelle le courage qu’il a déployé en 1870 pour sauver le baron de Kerbreck, ancien écuyer de l’Empereur, aujourd’hui général inspecteur.

Source : AMB 1899.

SÉAUX (Jacob Adrien).

Né à Regniowez (Ardennes), le 6 septembre 1833, receveur des douanes en retraite, décédé presque subitement à Chenay (Marne) chez son fils M. l’abbé Jules Séaux, le 13 avril 1899.

Le lundi 17 avril, ses funérailles réunirent autour de son cercueil toute la population de Chenay et un grand nombre de ses amis venus de Reims et des environs.

Par ses manières loyales, franches et joviales, M. Séaux avait su se faire estimer et aimer de tous dans les diverses situations qu’il occupa.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

SÉGALAS (Mme Anaïs, née Anaïs MENARD).

Femme de lettres, poète, romancière, née à Paris en 1814, décédée au même lieu le 31 août 1893.

Fille de M. Charles Menard, petite-nièce de M. l’abbé Menard, ancien curé de Sermaize, puis principal du collège de Châlons, l’un des initiateurs de la plantation des pins en Champagne, elle appartenait a une famille d’origine champenoise.

À dix-sept ans, elle avait déjà fait paraître ses premières œuvres poétiques, qui commencèrent sa célébrité.

De bonne heure elle avait épousé M. Ségalas, avocat, le dernier des frères du célèbre chirurgien Ségalas ; et depuis elle prit pour signature littéraire le nom d’Anaïs Ségalas, sous lequel elle est universellement connue.

Parmi ses poésies, les Algériennes, les Oiseaux de passage, les Enfantines, les Mystères de la Maison et nombre de pièces détachées dans les recueils, les revues et les journaux littéraires : elle était le poète de la bienfaisance, de la charité, de l’amour maternel et des pensées religieuses ; et elle savait passer son âme dans tous ces sujets et les traiter avec un merveilleux talent.

Elle a donné au théâtre un drame intitulé : La Loge d’Opéra, et une comédie en deux actes : Le Travailleur.

Elle composa aussi de nombreux romans dont quelques-uns ont été fort appréciés, entre autres le Mont de la Souffrière, remarquable par la beauté des descriptions de quelques paysages des Antilles.

Mme Ségalas aimait la Champagne, et aimait à habiter dans la belle saison, sa ferme de Notre-Dame de Cheniers, à une lieue de Châlons. Là, dans un kiosque élevé au milieu des verts sapins, elle a composé bien des pièces de vers. Elle aimait à assister aux séances du Comice, de la Société d’agriculture de la Marne, dont elle était membre honoraire et à L’Académie champenoise d’Épernay dont elle faisait partie. Bien de ses belles productions y ont vu plusieurs fois le jour et plus d’une fois elle les a récitées elle-même.

Mais ce qu’elle aimait par dessus tout, c’était sa fille qui fut l’inspiratrice de ses plus beaux vers et qui depuis la mort du regretté M. Ségalas fut sa compagne inséparable.

Malgré ses 79 ans, Mme Anaïs Ségalas avait conservé une figure où respirait la beauté du génie accompagné de la grâce et de l’amabilité qui la caractérisait.

Charles Remy.

AMB 1894.

SÉGUR (Philippe de).

Membre de l’Académie française, général de division, auteur très estimé d’un ouvrage intitulé : Campagne de Russie. Décédé à Paris, au moins d’août 1873.

La mort de M. de Ségur nous remet en mémoire la part glorieuse que ce général prit à la bataille de Reims, le 14 février 1814. Nous empruntons les détails suivants à l’intéressante publication du Journal d’un Bourgeois de Reims que nos lecteurs ne liront pas sans intérêt.

« Le soir même de la prise de Reims, par le général Saint-Priest, Napoléon fut instruit de ce fâcheux événement : considérant notre ville comme un point très important dans ses calculs stratégiques, il résolut à tout prix de la reprendre sur l’ennemi. Une des causes principales qui lui fit prendre cette détermination, c’est qu’il attendait des secours importants de Mézières, et qu’il avait reçu l’avis qu’une division, partie de cette ville, était en route pour le rejoindre. Laissant donc sous Soissons, en face de Blücher, le maréchal de Trévise avec trois divisions d’infanterie et deux de cavalerie, il partit pour Fismes avec le reste de son armée.

Les divisions de la garde, commandées par les généraux Friant et Boyer, ainsi que la cavalerie, se mirent en mouvement le 13 au matin, suivies du 6e corps et du 1er de la cavalerie sous les ordres du duc de Raguse, et arrivèrent à midi, à trois lieues de Reims.

Le général Saint-Priest (Français émigré), confiant dans les rapports qui lui étaient parvenus, annonçant l’anéantissement complet de l’armée française sous les murs de Laon, avait résolu de faire prendre les cantonnements à ses troupes ; il avait donné l’ordre à l’infanterie de s’étendre dans les villages depuis Cormontreuil jusqu’à Rosnay, laissant un bataillon à Sillery et faisant occuper Jonchery par la cavalerie. Peu de temps après, ces troupes furent attaquées par les gardes d’honneur, mais Saint-Priest, persuadé que cette attaque n’était faite que par les fuyards de Laon et de Reims, n’en tint aucun compte et se contenta d’ordonner à sa cavalerie de se replier sur Rosnay et maintint ses premières dispositions.

Le général Bordesoul rencontra les avant-postes ennemis à Rosnay ; c’était la cavalerie prussienne, il la mit en déroute ; cette troupe dans sa fuite entraîna les bataillons qui étaient à Gueux, Thillois et Muizon. Deux bataillons de la landwehr prussienne qui se trouvaient à Rosnay, surpris au moment où ils déjeunaient, essayèrent en vain de résister. Le général Ricard les poursuivit, l’épée dans les reins, et ils mirent bas les armes à Gueux.

Enfin, le général Saint-Priest, averti par la cavalerie et les divers bataillons qui rétrogradaient, que les troupes françaises s’approchaient, fit prendre les armes à ses soldats et alla prendre position hors des murs de la ville sur les hauteurs de Sainte-Geneviève où le général Jagow l’avait devancé à la tête sa division.

Cette armée formait deux lignes, les Russes à droite et les Prussiens à gauche ; 24 pièces de canon couvraient la position. La cavalerie des deux nations fut portée à la hauteur de Tinqueux, au devant de l’avant-garde française. Vers une heure, la canonnade commença et fut assez soutenue, Napoléon était arrivé sur ces entrefaites, il défendit que l’attaque fut poussée à fond, afin de donner le temps à ses troupes d’arriver.

Vers quatre heures, ses renforts étant sous sa main, il apprit que les ponts sur la Vesle avaient été détruits, reconnut l’impossibilité de tourner Reims et ordonna l’attaque de front. Alors l’armée française se déploya et les différents corps prirent position. L’action fut engagée par la division Merlin qui, ayant culbuté la cavalerie ennemie, entama son aile gauche et sabra trois bataillons dont une grande partie resta prisonnière ; la division Ricard attaqua à son tour l’infanterie russe et la refoula jusqu’au faubourg de Vesle. Cette attaque, faite avec vigueur, fit plier l’ennemi sur toute la ligne. Dans cet instant, le général de Ségur chargea à la tête de ses gardes d’honneur par la droite de Tinqueux, enfonça la cavalerie qui lui était opposée, s’empara de 8 canons et accéléra par ce trait de bravoure, le mouvement de retraite de l’ennemi.

Celui-ci, cerné de tous côtés, ayant sa retraite coupée par notre cavalerie se précipita sur la chaussée de Paris pour rentrer en ville. Le général Saint-Priest venait d’être blessé par un éclat d’obus qui lui avait fracassé l’épaule et dont il mourut à Laon 8 jours après.

Quant au général de Ségur, il fut blessé dans la charge vigoureuse qu’il exécuta à la tête de ses gardes d’honneur, car ces braves, emportés par leur courage, s’étaient précipités au milieu de l’ennemi et peu s’en fallut qu’ils n’entrassent avec lui en ville. Mais l’encombrement des voitures, des fuyards, arrêtèrent leur élan et ils furent obligés de se faire jour à coups de sabre, non sans avoir à souffrir beaucoup de la fusillade. Le général de Ségur y aurait perdu presque tout son monde, si la division Ricard n’était arrivée assez à temps pour le dégager et refouler l’ennemi dans la ville dont celui-ci ferma les portes. »

Source : AMB 1874.

SÉJOURNÉ (le Général).

Décédé à Couzon (Rhône) le 8 novembre 1902, était originaire de Châlons-sur-Marne.

Sorti de Saint-Cyr en 1850, lieutenant en 1853, capitaine en 1859, chef de bataillon en 1868, il appartenait au 28e de ligne lors de la guerre de 1870 et fut blessé à Saint-Privat. Lieutenant-colonel en 1874, colonel en 1879, au 81e de ligne, il fut promu général de brigade le 24 octobre 1885 et placé à la tète de la 5e brigade d’infanterie à Saint-Étienne. Le général Séjourné commandait la 62e brigade lorsqu’il fut admis à la retraite par décret du 4 août 1888.

Nous regrettons que le manque de renseignements ne nous permette pas de nous étendre davantage sur la noble carrière du général Séjourné.

Le défunt était commandeur de la Légion d’honneur.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

SELLIER (Georges Étienne).

Né à Châlons-sur-Marne en septembre 1854, ancien sous préfet, ancien chef de cabinet de M. Bourgeois, dont il était le beau-frère, receveur particulier des finances à Vassy, décédé à Suresnes(Seine), le 10 avril 1898, à l’âge de 43 ans, et inhumé le 13 avril , à Châlons.

Une nombreuse assistance, parmi laquelle on remarquait tous les corps électifs, tous les chefs de service et d’administrations publiques, le Conseil municipal de Châlons et de nombreux maires des communes de l’arrondissement, suivaient le convoi.

Le deuil était conduit par M. Sellier, père du défunt, et par MM. Léon et Georges Bourgeois.

Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Parmentier, ancien sous-préfet, percepteur à Châlons ; Bauny, directeur de l’Enregistrement ; Goerg, négociant, et Granthille, industriel et conseiller municipal.

Trois discours ont été prononcés sur sa tombe : par MM. Parmentier, Bauny, et Berton, ce dernier fondé de pouvoir de la recette des Finances de Vassy.

Source : AMB 1899.

SENART (Jean François Léon).

Ancien notaire, ancien maire de Villers-Cotterêts, né à Villers-Cotterêts (Aisne) le 21 novembre 1817, décédé au même lieu le 24 mai 1894.

Issu d’une famille de notables commerçants, après avoir fait ses études au collège Bourbon, il fit son droit en même temps qu’il faisait son stage d’abord dans une étude d’avoué, ensuite dans une étude de notaire. En 1842, il succéda à Me Odent, notaire dans son pays natal, où il fut bientôt apprécié.

En 1848, il entrait au conseil municipal, à la place de son père, et depuis il n’a cessé de faire partie de cette assemblée jusqu’en 1888, époque à laquelle il avait jugé avoir le droit à un repos bien mérité. Pendant ce temps, il fut premier adjoint en 1853 ; et maire de 1855 à 1867. Il fut de nouveau appelé à la mairie en 1882 à laquelle il renonça en 1884, ainsi qu’à son mandat de conseiller qui lui fut renouvelé en 1892 avec la fonction de maire pour la troisième fois.

Pendant la longue période de sa vie administrative, M. Senart rendit à la cité qui l’a vu naître et qu’il a quittée pour faire ses études, d’éminents services. C’était un véritable administrateur connaissant à fond les affaires. Il savait traiter de haute main toutes les questions, même les plus élevées.

Pendant la guerre, quoiqu’il ne fut plus maire à cette époque, il fut appelé à la commission et fit échapper la ville de Villers-Cotterêts à la contribution de près de 100.000 francs qui lui était imposée par les ennemis, grâce à son énergie et à sa persévérance.

À cette époque encore, M. Guay, alors maire, était menacé d’être passé par les armes à cause de son énergie à défendre les intérêts de la ville, lorsque M. Senart et M. l’abbé Angot, alors curé-doyen, allèrent se placer de chaque côté du maire, demandant au vainqueur de partager son sort. Cette démarche eut le pouvoir de fléchir l’ennemi.

M. Senart fut pendant 40 années premier suppléant de la justice de paix.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

SENART (Ovide Félix).

Né à Suippes le 6 janvier 1824, décédé à Reims le 23 décembre 1899, appartenait à une vieille famille bien connue dans la région. Il avait été maire de Suippes et c’est au cimetière de ce village que son corps fut inhumé au milieu d’une grande partie de la population.

M. Ovide Senart était le frère de M. Alexandre Senart, président de la Cour d’appel de Paris.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

SÉNÉ (Amand).

En religion Dom Pascal, de l’ordre des Chartreux, né à Remaucourt (Ardennes) le 27 septembre 1806.

Ordonné prêtre en 1833, il fut envoyé à Courville, puis à Brienne, et en 1840, dans l’importante commune des Hautes-Rivières.

En dehors des travaux que lui imposait une paroisse d’une population de deux mille âmes, d’une étendue de plusieurs lieues, il forma dans son presbytère comme un petit collège, d’où sortirent plusieurs prêtres érudits. Sa santé étant épuisée, Mgr Gousset lui donna la paroisse de Mareuil-sur-Ay, où il laissa les meilleurs souvenirs.

Toutefois, il aspirait à la solitude du cloître. Après avoir essayé la vie des Trappistes, il entra, en 1854, à la Grande-Chartreuse ; il fut bientôt nommé coadjuteur de l’ordre, et les nombreux visiteurs de tous pays et de toutes conditions qu’il recevait n’eurent qu’à se louer de son bon accueil.

En 1873, Dom Pascal fut nommé prieur de la Chartreuse de Bosserville, près de Nancy, où il resta dix ans ; il obtint de retourner à la Grande-Chartreuse, pour prendre un peu de repos ; il y mourut le 15 mars 1885.

Source : AMB 1887.

SÉNEMAUD (Jean Augustin).

Sera-t-elle inépuisable cette série de deuils qui frappent les Ardennes ?

Après Natalis de Wailly et Jean Hubert, M. Sénemaud !!!

Né à Montmoreau (Charente) le 20 avril 1820, il est décédé à Mézières le 19 avril 1887.

Entré dans l’enseignement en 1839, M. Sénemaud occupa la chaire d’histoire dans les collèges de Carcassonne (1843), d’Ajaccio (1851), de Langres (1853). Il laissa partout le souvenir de la plus entière bienveillance comme de la plus complète érudition. Il avait traversé les premières crises politiques du second empire sans se mêler à la politique ; mais, sollicité par ses amis, il suivit le mouvement qui devait nous conduire an régime impérial, ne songeant pas aux déceptions qui lui étaient réservées. Après avoir soutenu de sa plume le gouvernement, il fut frappé un des premiers par la disgrâce, et envoyé dans un collège, comme professeur de cinquième. À la suite de ce changement, il quitta l’Université en 1862.

Durant son professorat, M. Sénemaud s’était attaché à l’étude de la numismatique, de la paléographie et de l’archéologie, ces sciences indispensables à l’historien qui, s’affranchissant des passions, veut aller puiser ses connaissances à leur source même. Servi par une mémoire remarquable, il s’était facilement assimilé ces sciences et put en tirer bientôt parti. L’emploi d’archiviste du département des Ardennes étant devenu vacant, M. Sénemaud aborda le concours, et le 16 septembre 1862, il prenait possession de ce poste à Mézières, où la mort vint le surprendre.

Les vingt-cinq années de séjour qu’il fit parmi nous, lui ont permis d’exhumer de l’oubli de nombreux documents sur la Champagne en général et sur les Ardennes en particulier, qu’il a publiés dans une Revue qu’il fonda, et à laquelle collaborèrent des hommes dont l’érudition égalait à la sienne. Là, ne s’arrêtent pas ses titres à la reconnaissance de ceux qui s’occupent d’histoire. Des mains indélicates, ayant détourné des archives, de nombreux documents, parmi lesquels les manuscrits de Dom Ganneron, le cartulaire de Laval-Dieu, etc., M. Sénemaud se rendit acquéreur de ces précieux monuments de notre histoire, et nous sommes persuadés que si la mort n’était venue le surprendre, il n’aurait pas manqué d’en disposer par une clause testamentaire, en faveur du département (Le département des Ardennes, en l’absence de tout testament, a exercé son droit de revendication, en vertu d’un arrêté ministériel qui interdit à tout fonctionnaire ou conservateur de musée, bibliothèque, etc., de collectionner).

Il avait rassemblé une bibliothèque d’amateur très remarquable, et nous devons regretter, à plus d’un titre, la disparition de notre département, de cette collection qui comportait à peu près toutes les éditions de Rabelais, des livres d’Heures et des Bibles d’un très haut prix, des reliures de luxe du siècle dernier, etc.

Au lendemain des funérailles, nous avons salué la mémoire de M. Sénemaud, en rappelant, dans mie notice spéciale (Notice sur M. Sénemaud, par Jules Poirier, brochure in-8°), les différents travaux qui couronnent son existence, et qui feront revivre, à travers les âges, les hautes qualités de son érudition.

Après avoir été secrétaire de la Société archéologique de la Charente, il fit partie, successivement, de la Société archéologique et historique du Limousin, de la Société des antiquaires de l’Ouest, et membre correspondant de l’Académie de Reims.

Tant de services rendus à la science et à l’enseignement, lui valurent les palmes d’officier d’Académie.

Malgré cette digne récompense, il en trouvait encore une autre, non moins légitime, dans les sympathies que lui concilièrent son érudition et sa chaleureuse cordialité.

Jules Poirier.

Source : AMB 1888.

SÉNICOURT-BERNARD (Louis Valentin).

Président de la Société de secours mutuels de Saint-Vincent, vice-président de la Société d’horticulture et de viticulture, décédé à Épernay le 23 avril 1900, était né à Chézy-l’Abbaye (Aisne) le 11 septembre 1826.

M. Sénicourt était chevalier du Mérite agricole.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

SIBUET (le baron de).

Décédé le 25 janvier 1874 en son château de Vireux à l’âge de 62 ans, inhumé à Givet le 28 du même mois. Ancien député des Ardennes, ancien conseiller général et officier de la Légion d’honneur.

Source : AMB 1875.

SIEGRIST (Georges).

Né le 29 juillet 1824 à Berlingen (Alsace), s’était engagé le 1er juin 1841 au 8e régiment d’infanterie ; ses talents musicaux l’ayant fait remarquer, il fut affecté à la musique si réputée du 4e voltigeurs de la garde impériale. Nommé sous-chef de musique au 38e de ligne en 1858, il fut élevé au grade de chef du 57e. C’est à la tête de la musique de ce régiment que, se trouvant le 28 août 1870 à la sanglante bataille de Saint-Privat, il contribua par son ardeur et son sang froid admirables, à relever le courage de nos soldats qui, aux accents de la « Marseillaise », reprirent les positions abandonnées.

Siegrist, fait prisonnier le 28 octobre suivant, ne rentra en France que le 22 avril 1871. Il consacra les dernières années de sa vie à la direction de la musique de l’École d’artillerie de La Fère, puis, après sa retraite comme chevalier de la Légion d’honneur, il fut nommé directeur de la Société philharmonique de Saint-Gobain et de l’Harmonie municipale de Laon.

C’était un vaillant soldat et un homme de cœur.

M. Siegrist mourut, le 26 Janvier 1900, à Bruyères-sous-Laon.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

SIEYÈS (Adolphe Paul, comte).

Vice-président de la Société d’agriculture de Soissons, ancien conseiller municipal, né en 1821, décédé au château de Chevresy le 9 novembre 1892, était un petit neveu du célèbre abbé Sieyès qui siégea aux États-Généraux, à la Convention, au Consulat, aux Cinq-Cents, au Directoire, puis au Sénat.

Le comte Sieyès se rattachait au Soissonnais par sa mère qui était la femme du baron Quinelle, ancien maire de Soissons, et par son mariage avec l’une des filles de M. de Rivocet, ancien conseiller général de l’Aisne.

Après avoir fait ses études, partie au collège de Soissons et partie au collège Rollin, il fit son droit et fut attaché pendant quelques années à la Cour des comptes.

Il siégea longtemps au Conseil municipal de Soissons et fit partie, pendant le siège de Soissons, de la commission municipale pendant que son château de Chevresy était occupé par les Prussiens, qui enlevèrent entre autres choses, l’épée de son grand-oncle, collègue de Bonaparte et de Cambacérès au Consulat. Il est mort subitement dans ce même château.

Il était aussi président du conseil de fabrique de l’église Sainte-Eugénie, où ont eu lieu ses funérailles.

Les pauvres perdent en lui un bienfaiteur.

Charles Remy.

AMB 1893.

SIEYÈS (le comte Emmanuel Ange Paul).

Chef d’escadron au 22e dragons, né à Paris, le 27 mars 1852, décédé à l’hôpital de Troyes, des suites de fatigues excessives endurées pendant les manœuvres. C’était un homme de cheval accompli et un officier passionné pour sa profession. Il avait été professeur à Saumur et avait écrit sur le cheval d’armes, un ouvrage qui fait autorité.

Fils aîné de feu le comte Sieyès, ancien conseiller municipal de Soissons, il avait épousé Mlle Lefèvre-Tarbé. Il était frère le frère de Mme de Chauvenet de Lesdins, et de Mme la générale de Chauvenet.

Source : AMB 1899.

SIMON (Jean-Pierre).

Artiste peintre-décorateur, né à Reims, le 25 février 1813, décédé à Reims, le 5 novembre 1875.

Issu d’une famille rémoise chargée de l’entretien et de la restauration des verrières et des fresques de la cathédrale depuis deux siècles, M. Simon avait réuni dans son cabinet tous les livres, brochures et gravures relatifs à la peinture et à l’histoire de sa ville natale.

Homme de goût et de savoir, il avait surpris, par des études persévérantes, les secrets des maîtres dessinateurs, verriers du XVIe siècle, dont les créations gracieuses et symboliques font encore aujourd’hui l’admiration des touristes. On lui doit les calques exacts de la mise en plomb de la cathédrale de Reims ; cette œuvre immense, fruit de longues années de travail, permettrait d’écrire sur les verrières de la basilique un ouvrage similaire à la monographie des verrières de la cathédrale de Bourges, par les PP. Cahier et Martin.

Outre les peintures murales si remarquables de la cathédrale, M. Simon décora beaucoup de maisons particulières avec un goût et une originalité tout nouveaux.

Reims perd en M. Simon un peintre émérite et hors ligne. Ses deux fils continuent dans cette famille les vieilles traditions des peintres rémois.

Source : AMB 1877.

SIMON (Jules SUISSE, dit Jules).

Jules Suisse, dit Jules Simon, était né à Lorient, le 27 décembre 1814. Sa mère était Bretonne. Son père était de Lorraine ; il s’était battu à Jemmapes, puis avait quitté le service militaire et était venu s’établir sur les côtes du Morbihan. L’enfant fut élevé dans le double attachement au sol natal et à la grande patrie française, Breton par la foi en l’idéal, lutteur d’avant-garde comme un Lorrain, mais conservant toujours dans son cœur le trait commun de ces deux fortes races : la fidélité aux souvenirs.

Après avoir fait ses études aux collèges de Lorient et de Vannes, il devint répétiteur suppléant au collège de Rennes, entra à l’École Normale supérieure en 1833, passa son agrégation de philosophie en 1836, professa successivement la philosophie à Caen, à Versailles et enfin, à l’École normale. En 1839, M. Cousin le choisit pour suppléant dans sa chaire de philosophie à la Sorbonne.

Il entra dans la politique en 1848, comme membre de la Constituante, et, à partir de ce moment, fut mêlé à tant de choses et remua tant d’idées que sa biographie complète serait une véritable encyclopédie. Nous devons nous borner ici à une stricte nomenclature, nous attachant de préférence aux relations suivies qu’il a entretenues avec la ville de Reims.

Conseiller d’État en 1849, il donna sa démission de député. Au coup d’État ayant refusé de prêter serment à l’Empire, il dut quitter la Sorbonne, où son cours était supprimé Ce ne fut que dix ans plus tard qu’il rentra dans la politique, élu député par le 7e arrondissement de Paris, en 1863. En 1869, il posa sa candidature dans plusieurs circonscriptions électorales, notamment à Reims. S’il ne réussit pas ici, il n’en était pas moins élu à la fois, par Paris et par Bordeaux. Mais après la guerre, il devint, en même temps que M. J. Warnier, le représentant de la ville de Reims dans la députation de la Marne. Nommé peu après ministre de l’Instruction publique, il prêta plus d’une fois son puissant concours à nos administrateurs municipaux, et présida le 3 mai 1873 à l’inauguration du grand Théâtre de Reims.

Orateur remarquable, écrivain supérieur, il a laissé de nombreux ouvrages tels que « l’Ouvrière », « le Devoir », « les Mémoires des autres », qui ont obtenu un vif succès ; travailleur infatigable, jusqu’à ses dernières années, il écrivait dans les journaux, dans les revues, présidait des associations de bienfaisance, d’assistance, etc., où on aimait à entendre sa parole élégante. Membre de l’Académie des Sciences morales et politiques depuis 1863, il en était devenu le secrétaire perpétuel et avait en cette qualité écrit des éloges qui étaient des merveilles de style et de critique.

Le 25 décembre 1875, il fut nommé à la fois sénateur à vie et membre de l’Académie française. Un an plus tard, il était président du Conseil et Ministre de l’Intérieur. On sait dans quelles circonstances le cabinet donna sa démission le 17 mai 1877. Depuis ce temps, il prit une part active à toutes les discussions politiques, soit comme sénateur, soit comme journaliste. Il y a un peu plus de cinq ans, il vint à Reims sur l’invitation du maire, M. le docteur Henrot, donner au Théâtre une conférence sur « l’Alliance française pour le développement de la langue », et nos concitoyens se rappellent encore cette brillante et spirituelle causerie. En 1892, il alla représenter la France au Congrès de Berlin, où son attitude patriotique fut remarquée.

Il était d’une infatigable activité au travail, qui se traduisait dans les dernières années par un labeur quotidien écrasant. Il tint la plume jusqu’à son dernier jour.

Jales Simon, est mort, à Paris, le 8 juin 1896, où le Gouvernement lui a fait des obsèques d’État.

Source : AMB 1897.

SIMON (Pierre Théodore).

Ancien professeur, officier d’Académie, maire de la Neuville-au-Pont (Marne), né en cette commune le 22 juillet 1822, et décédé au même lieu le 26 mars 1881.

Fils de l’instituteur de cette commune, il avait fait de très bonnes études, et après avoir été professeur au collège de Sainte-Ménehould, il voulut succéder à son père ; tout en remplissant ses devoirs professionnels, il perfectionna son instruction ; et après avoir pris tous les degrés, y compris le brevet de capacité pour l’inspection primaire, il se démit de ses fonctions d’instituteur et fonda à la Neuville-au-Pont, un pensionnat qui prospéra pendant une dizaine d’années ; ce fut là que l’on vint le chercher pour professer à l’École normale primaire les cours de français et d’histoire. Les nombreux maîtres qu’il a instruits pendant une longue période ont conservé de lui les meilleurs souvenirs, et ses supérieurs ont regretté que sa santé l’obligea à prendre sa retraite en 1869. Il retourna alors à la Neuville-au-Pont, d’où il fut bientôt nommé maire. C’était un homme de principes et de foi ; partout où il a passé on se souvient de l’aménité de son caractère, de 1a bonté de son cœur, de ses bons conseils, de sa grande charité pour les pauvres et de ses services rendus à tous, et dans les circonstances les plus diverses.

Source : AMB 1882.

SINGIER.

Avocat à Châlons-sur-Marne, décédé le 10 janvier 1880.

D’une nature franche et loyale, il était aussi plein de verve et pétillant d’esprit.

Sa parole éloquente et assurée lui donnait de l’autorité près des juges ; son obligeance pour ses collègues et son esprit de confraternité faisaient de chacun d’eux autant d’amis, et dans la vie privée il était rempli d’affabilité et de bons procédés ; son caractère généreux, un peu insoucieux de l’avenir, ses goûts artistiques lui avaient créé une grande popularité. Il fut longtemps président de la Société philharmonique.

Source : AMB 1881.

SIRET (Achille).

Ancien avoué à Reims, était entré dans la magistrature en 1883 et après avoir été juge d’instruction à Épernay, il fut appelé en 1891 à la présidence du tribunal de Nogent-sur-Seine. En octobre 1893, il revint à Épernay où il présida jusqu’à sa mort arrivée le 7 mai dernier.

M. Siret était un magistrat impartial, ce qui ne lui enlevait en rien l’aménité et la courtoisie dont il fit constamment preuve dans ses relations. Ces qualités l’avaient placé en haute estime dans la population sparnacienne dans laquelle il laisse de vifs regrets.

M. Siret était né à Oiry (Marne) le 15 mai 1844.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

SISMOND de MOYDIER (Jules).

Né à Bastia le 17 décembre 1797, décédé à Laon en 1889, à l’âge de 88 ans, était le dernier survivant des pages de Louis XVIII ; il était le beau-père du général Théremin d’Hame, qui fut mortellement à l’explosion de la citadelle de Laon en 1870, cousin germain de l’historien de Sismondi et parent du général Serrurier.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

SOIN (Louis César).

Né à Reims le 22 septembre 1805, décédé le 23 mai 1875, chanoine honoraire, ancien aumônier de Hôtel-Dieu de Reims, curé doyen de Monthois.

Source : AMB 1876.

SOMMÉ (l’abbé Jean Nicolas).

Né à Rocroi le 16 octobre 1795, décédé à Bayonville le 7 octobre 1869.

Source : AMB 1870.

SOREL.

Juge de paix de Soissons, né en 1804, décédé le 10 décembre 1875, à l’âge de 72 ans.

Ancien élève du collège Stanislas, il remporta de très brillants succès, et même, dans un concours, il reçut un prix donné par Charles X. Avoué à Soissons jusqu’en 1848, puis sous-préfet jusqu’en 1851, conseiller municipal pendant de longues années, il remplit jusqu’à ses derniers moments, et malgré sa maladie, les fonctions délicates de juge de paix. Membre du conseil d’administration du collège de Soissons, il contribua beaucoup au succès de cet établissement.

Source : AMB 1877.

SORET (Charles Louis Édouard).

Ancien vice-président du Conseil général des Ardennes, était un industriel actif, plein d’initiative. Né à Oran (Algérie), le 1er janvier 1851, c’est au château de La Buchère, près Hierges, qu’il mourut le 18 août dernier.

À ses obsèques, célébrées à Vireux-Molhain, M. Henri Dunaime, député, son successeur au Conseil général, a résumé sa vie d’une manière parfaite :

« Après avoir fait la campagne de 1870, comme engagé volontaire, il entrait dans les bureaux de la Préfecture. En 1874, il quittait cet emploi pour entrer aux usines de la Cachette. Sous son énergique impulsion, ces ateliers prirent de suite des développements considérables. Poussé par son esprit d’initiative hardie, familiarisé bien vite avec les questions si complexes qui se rattachent à la métallurgie il s’intéressa activement au mouvement industriel, à la poussée économique, à l’activité intense qui se manifestaient alors dans la vallée de la Meuse.

Il se plaça bientôt à l’un des premiers rangs dans le monde industriel ardennais, et grâce à la confiance qui rayonnait de lui, il fit de ces usines un établissement prospère. Philanthrope éclairé, grâce à sa franchise, à sa loyauté, il avait su se faire apprécier, estimer, aimer par l’élite ouvrière qui constitue la population de Nouzon.

Au Conseil général, où le canton de Charleville l’envoya siéger sans interruption depuis 1886 jusque sa retraite volontaire, commandée par l’excès précaire de sa santé, il sut acquérir, par la bonté de sa nature française et loyale, les sympathies de ses collègues qui l’élevèrent à la vice-présidence de l’assemblée départementale ».

Nous n’ajouterons rien à ces paroles. Elles ratifient la pensée de tous ceux qui ont connu M. Soret, soit dans son intimité, dans ses rapports administratifs ou commerciaux.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

SOUBRIER (Jules François Auguste).

Médecin à Saint-Erme (Aisne), né à Anspet (Haute-Garonne) le 20 février 1803, décédé à Saint-Erme le 11 février 1882, commença ses études médicales à Toulouse ; il vint les terminer à Paris en 1832. C’est alors qu’apparut le choléra.

Soubrier, poussé par un dévouement que rendait plus méritoire encore le danger à courir, demanda à être envoyé en province sur les lieux où sévissait le fléau.

Il fut dirigé sur Neuilly-Saint-Front, arrondissement de Château-Thierry ; de là sur Sissonne où il parvint à enrayer la maladie. Aussitôt il accourut à Longpont près Soissons, où le nombre des victimes croissait tous les jours. Là il se multiplia et parvint à arracher à la mort un grand nombre de malades que l’on croyait perdus.

Aussi les vieillards de Sissonne et de Coucy parlent encore de M. Soubrier avec une respectueuse reconnaissance.

Après la disparition du choléra, Soubrier vint se fixer à Saint-Erme où il s’allia à une des familles des plus honorables du pays.

Pendant 47 ans, il y exerça la médecine avec un grand dévouement jusqu’à ce que, après la mort de sa compagne, des infirmités causées par la vieillesse et par des accidents le forcèrent d’abandonner l’exercice d’une carrière qu’il aimait.

Il laissa en mourant une mémoire vénérée par les pauvres qu’il soigna toujours avec désintéressement et par les riches qui, dans toutes les circonstances de sa vie, lui témoignèrent leur attachement.

Source : AMB 1883.

SOULLIÉ (Prosper).

Né à Reims le 21 juillet 1815, décédé à Reims le 8 février 1895.

C’était un homme de bien, doublé d’un fin lettré et d’un érudit. Il fut longtemps professeur de rhétorique au Lycée de Reims, et quand il prit sa retraite, il se fixa définitivement dans sa ville natale, où le retenaient de nombreuses relations de famille et d’amitié. Il partageait son temps entre ses chères études et le patronage des écoles chrétiennes libres. C’était aussi un des plus actifs membres de l’Académie de Reims, dont les fascicules renferment de lui de nombreux et intéressants travaux.

M. Soullié était agrégé de l’Université, docteur ès-lettres et officier de l’Instruction publique.

Source : AMB 1896.

SOULLIÉ.

M. Soullié, ancien représentant du peuple et député au Corps législatif, est décédé à Reims le 6 janvier 1868, dans sa soixante-treizième année. Il était né à Cumières (Marne) en 1795.

M. Soullié était étudiant en droit à Paris lors des événements qui amenèrent la chute de Napoléon 1er. Il n’hésita pas à s’engager comme volontaire dans un régiment de dragons et se fit remarquer pour un énergique soldat : À la seconde invasion, au lieu de suivre à Gand la cause des Bourbons, comme tant d’autres de ses camarades de l’école, il entra de nouveau dans un régiment de cavalerie et fit la campagne des Cent-Jours. Ces épisodes, dans sa vie d’étudiant, n’empêchèrent pas le jeune Soullié de continuer avec succès ses études de prédilection et il obtenait dans les premières années de la Restauration le grade de docteur en droit, auquel peu d’élèves osaient aspirer alors.

Avocat à Reims, dans l’arrondissement auquel il appartenait par sa naissance, il exerça cette profession jusque vers 1830 ; il s’était fait remarquer par une profonde érudition et une grande rectitude de jugement. Par disposition d’esprit, M. Soullié était du reste plutôt jurisconsulte qu’orateur. Ses solides qualités devaient le recommander, à ses concitoyens, aussi le voyons-nous sous le gouvernement de Louis-Philippe, membre du Conseil municipal de la ville de Reims, adjoint au maire, membre du Conseil général de la Marne, après 1848, représentant du peuple et enfin député au Corps législatif : il servait alors la cause du libéralisme.

Dans ces dernières années, l’Empereur avait récompensé par la croix de la Légion d’honneur, l’héroïsme des jeunes années militaires de l’étudiant redevenu un chaud partisan de l’Empire. Ses collègues de nos grandes assemblées ont pu apprécier dans les bureaux des commissions ce que sous des formes rudes et une simplicité d’une autre époque, M. Soullié cachait de connaissances sérieuses ; avec quel esprit de sage critique il examinait un budget, les questions de législation et d’économie sociale les plus élevées.

Source : AMB 1869.

SOUPLET (Henri).

Né à Saint-Quentin, le 26 décembre 1818, mort dans la même ville, le 24 janvier 1896.

Sorti en 1848 de l’École centrale, il fut d’abord professeur de physique et chimie au collège de Saint-Quentin, et plus tard directeur d’une grande manufacture d’imprimerie sur tissus. Entre temps, il publia des mémoires scientifiques, fonda et dirigea des cours d’adultes et fut investi du fonctions municipales. Type d’honorabilité et de droiture, sa vie fut toute consacrée au bien public et surtout à l’éducation populaire.

Source : AMB 1897.

SOUSSILLON (Jean Pierre Lucien).

Négociant à Reims décédé dans notre ville le 1er octobre dernier, était né à Alland’huy (Ardennes), le 27 octobre 1835.

Le nom de M. Soussillon est désormais écrit sur la liste des bienfaiteurs de notre ville. Par ses nombreuses libéralités, il a donné un exemple de solidarité sociale, consacrant par un acte de philanthropie, une carrière des mieux remplies dans le commerce.

M. Soussillon fut, en effet, l’homme actif par excellence et c’est à ses aptitudes commerciales et à sa ténacité qu’il dut la position brillante à laquelle il était arrivé. Il se souvenait d’ailleurs de ses humbles débuts dans la maison Bourgon, Balourdet et Radière, dont il devait devenir le chef, et montrait une déférence aimable pour le solliciteur comme pour l’employé.

Intéressé dans les affaires, il était devenu, en 1872, l’associé de la maison qui porte aujourd’hui son nom.

M. Poullot, président de la Chambre de commerce de Reims, a retracé sa vie d’honnête homme et de philanthrope.

Son buste, en marbre blanc, œuvre de M. Gasq, est aujourd’hui au Musée de la ville.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

SOYE.

Docteur en médecine, membre du Conseil général et député de l’Aisne, membre de la Société des Médecins de Laon, Vervins et Château-Thierry, né à Cauze (Gers) le 3 mars 1824, décédé accidentellement près du village de Bossus (Aisne) le 4 octobre 1882.

Le docteur Soye avait fait de brillantes études professionnelles aux Facultés de Montpellier et de Paris et était venu exercer la médecine à Aubenton dès 1851. Praticien consommé, il ne laissait rien au hasard et obtenait, par sa perspicacité, des guérisons parfois inespérées ; aussi sa réputation s’étendit-elle au loin dès les premières années de son exercice.

Toujours obligeant, M. Soye était toujours plein d’empressement. Pendant la guerre de 1870 et l’invasion de la patrie, il ne se ménagea point et travailla avec énergie au réveil de la nation, à son pays.

Il en fut récompensé par le mandat de député et de conseiller général ; mais sa santé avait subi de graves atteintes à cette activité dévorante ; il fut obligé de renoncer à l’exercice de sa profession et d’aller chercher dans des climats plus doux une guérison que facilitèrent surtout les soins empressés de sa compagne dévouée.

Sorti de ces épreuves, il n’avait plus qu’à goûter les joies de la famille, quand une affreuse catastrophe vint mettre fin à ses jours.

Pendant que M. le Dr Bocquet était absent, on vint requérir son ministère pour un malheureux ouvrier qui venait de se fracturer la jambe. M Soye n’hésita point à aller suppléer son confrère et partit la nuit par des chemins en mauvais état pour gagner le village de Bossus, où le patient attendait le médecin. Mais à l’entrée de ce village, la route tourne brusquement sur une descente rapide : le cheval, lancé à toute vitesse, ne put tourner à temps et fut lancé contre un mur; M. Soye fut précipité du haut de la voiture ; il eut le crâne fracassé.

On peut juger de l’émotion et de l’affluence au milieu desquelles se firent les funérailles de cette victime de son dévouement. Des discours furent prononcés sur sa tombe au nom de l’Assemblée législative par M. Villain, député, au nom du Conseil général par M. Turquet, au nom de l’Association des Médecins par M. le Dr Hugot, de Laon.

Source : AMB 1883.

SPARRE (comte de).

Ancien capitaine d’État-major. Il avait donné sa démission en 1830, pour se retirer dans sa terre de Chierry près de Château-Thierry, où il est mort entouré de l’estime et de la vénération de tous : d’origine suédoise, il aurait pu comme sa famille aspirer aux plus belles places dans l’armée ; malgré sa modeste fortune, il refusa toute espèce d’avancement pour rester fidèle à ses convictions. Il est mort comme il avait vécu, en parfait gentilhomme et en vrai chrétien, le 16 avril 1872.

Source : AMB 1873.

STAAL (Pierre Gustave).

Dessinateur, né à Vertus le 2 septembre 1817, décédé à Paris le 19 octobre 1882.

Artiste éminent et distingué, toutes ses compositions sont empreintes d’une réelle valeur qui dénotent un crayon fin et délicat.

Dans le cours d’une longue carrière, consacrée au travail, il a illustré et enrichi les plus belles publications de la librairie contemporaine. Son illustration des Femmes de la Bible a été son chef-d’œuvre.

Source : AMB 1883.

STÉVENIN (Antoine).

Né à Auboncourt-Vauzelles, le 2 mai 1801, décédé curé de Guincourt le 19 décembre 1871.

Source : AMB 1873.

STOQUELET.

Curé-archiprêtre de Soissons, décédé à Soissons le 21 avril 1875. Cet honorable ecclésiastique fut successivement supérieur du Petit-Séminaire de Liesse, de Saint-Léger, vicaire capitulaire pendant les vacances du siège, et enfin curé-archiprêtre de Soissons avec le titre de vicaire général en retraite.

Source : AMB 1876.

STRAPART (Charles).

Docteur en médecine, né à Reims, le 10 mars 1823, mort dans cette ville, le 8 octobre 1901.

Le monde médical rémois atteint déjà par les morts successives des docteurs Bettinger et Adolphe Henrot, perdait son doyen en la personne do M. le docteur Strapart et en même temps l’un de ses membres les plus notables.

C’était aussi l’un des plus modestes.

Sa longue carrière se passa tout entière dans sa ville natale. Nommé chef des travaux anatomiques à l’École de Médecine lors de la réorganisation de cet établissement en 1853 ; il y devint professeur de pathologie interne. Successivement il fut appelé au poste de médecin suppléant et de médecin titulaire de l’Hôtel-Dieu, à la Société médicale et à la Société protectrice de l’enfance , dont il resta le trésorier jusqu’à sa mort.

Président de la Société des médecins et chirurgiens des hôpitaux de Reims, c’est à lui que l’on doit l’isolement des varioleux. Il ne cessa d’ailleurs d’améliorer dans la mesure du possible les différents services et ainsi que le disait M. le docteur Langlet, « on doit savoir gré à M. Strapart d’avoir maintenu dans le corps médical des hôpitaux, pendant sa présidence, l’union, la cohésion nécessaires pour obtenir quelque chose des administrations qui se sont succédées ».

L’an dernier, M. le Dr Strapart avait été décoré de la croix de la Légion d’honneur et la cordiale manifestation que lui firent, au lendemain de cette récompense, ses confrères rémois, montra suffisamment le respect qui entourait ce beau vieillard dont la physionomie vient s’ajouter dignement à la galerie des illustrations contemporaines de notre École de Médecine.

M. le docteur Charles Strapart était le beau-père de M. le docteur Hoël, si sympathiquement connu dans notre ville.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

SUBÉ (Auguste Frédéric).

Nous ne pouvons oublier le nom de ce Rémois qui vient de prendre place au rang des insignes bienfaiteurs de notre ville.

Ami personnel de M. Lundy qui légua, comme on sait, en 1881, sa galerie de tableaux au Musée de Reims, M. Subé décédé à Saint-Germain-en-Laye, au mois de juin dernier, à l’âge de 91 ans, rendit lui-même la cité rémoise héritière d’une partie de la fortune considérable qu’il avait acquise dans le commerce des laines.

Il était né à Reims, le 12 septembre 1807.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

SUIN (Victor).

Né à Laon le 28 octobre 1797, ancien avocat-général près la Cour de Paris, ancien sénateur, grand-officier de la Légion d’honneur, décédé le 16 décembre 1877, à l’âge de 80 ans, à Chatou, inhumé à Laon le 21 du même mois.

Nous ne pouvons mieux faire son éloge que d’emprunter les détails de sa vie, si bien remplie, au discours prononcé sur sa tombe par M. Bénard, président de Chambre de la Cour d’appel d’Amiens.

M. Victor Suin est né à Laon, le 28 octobre 1797. Il avait treize ans lorsque son père, qui était avoué près le tribunal de première instance de Laon, vint à mourir. Sa mère, restée veuve avec deux enfants et une fortune modeste, sut faire des sacrifices pour lui donner une éducation complète. Après d’excellentes études commencées à Laon et terminées au collège Louis-le-Grand, il suivit les cours de la Faculté de droit de Paris et fut reçu licencié en 1820. Il se fit inscrire de suite au barreau de Laon. Ses éminentes qualités se révélèrent promptement. Versé dans la science du droit, homme d’affaires consommé, maître dans l’art de la parole, il se fit, en quelques années, une grande clientèle, et lorsque la Révolution de 1830 éclata, il comptait parmi les hommes les plus considérables de la contrée. S’il eût été ambitieux, il aurait pu, dès cette époque, parvenir à de hautes fonctions. En février 1831, il refusa le poste de procureur général près la cour d’Amiens ; mais quelques mois après il acceptait un modeste siége de juge suppléant au tribunal de Laon.

Il faisait partie du Conseil municipal, Il fut même adjoint au maire.

En 1836, il entra au Conseil général du département de l’Aisne, où, grâce à sa merveilleuse aptitude, il rendit les services les plus importants. En 1842, il se fit remarquer en luttant eu faveur de l’administration contre l’opposition dans l’ardente question du recensement, lutte dans laquelle son principal adversaire était M. Odilon Barrot, qui avait pris, dans un intérêt politique, le rôle de défenseur des libertés municipales.

Il faut le dire ici, pour l’honneur réciproque des deux combattants, c’est dans cette lutte surtout que M. Barrot put apprécier M. Suin à sa valeur. Aussi, dès qu’il fut garde des sceaux, il lui offrit une place d’avocat général à la Cour d’appel de Paris. M. Suin aimait sa profession ; il était à la tête d’une grande et fructueuse clientèle ; il jouissait de l’estime générale. Il hésita beaucoup à l’accepter. Des raisons de santé et les conseils de quelques amis le décidèrent à quitter le barreau, qui lui était cher, et sa ville natale, qu’il aimait tant. Ce fut un sacrifice.

La magistrature est un état qui exige des qualités spéciales d’esprit, de caractère, de tenue et de conduite, lentes à se former chez les hommes ordinaires. Dès le début, M. Suin fut un magistrat accompli. Pendant trois ans, il fit ses preuves publiques, dans les chambres civiles ou criminelles auxquelles il était attaché, ainsi qu’à la cour d’assises, où il portait la parole avec autant de courage que de talent et d’autorité dans les affaires de presse. M. le premier président Troplong le tenait en haute estime comme jurisconsulte. M. le procureur général Baroche, qui ne le prisait pas moins, comme orateur militant et courageux, le désigna deux fois au choix du gouvernement pour l’assister dans la fonction du ministère public près la haute cour nationale siégeant à Versailles et à Bourges pour le jugement de grandes causes politiques.

De tels services rendus dans ces temps agités le signalaient naturellement à l’attention des hommes chargés de recruter des auxiliaires pour les fonctions les plus élevées. C’est ainsi que M. Suin fut nommé, en 1852, conseiller d’État en service ordinaire.

À peine était-il entré dans ce conseil, que le gouvernement y apporta les projets des décrets de confiscation des biens de la famille d’Orléans. M. Suin n’était attaché par aucun lien à cette famille, mais son âme n’acceptait pas la raison d’État qui avait inspiré ces décrets. Il les combattit avec tant de force que plusieurs de ses collègues, qui étaient d’abord favorables aux projets présentés par le gouvernement, changèrent d’avis et votèrent, comme lui, contre les décrets. Il avait fait à l’avance le sacrifice de sa position. Il s’attendait à une révocation. Il n’en fut rien.

Que les gouvernements seraient heureux s’ils étaient toujours ainsi servis !

M. Suin fit partie pendant onze ans de la section de législation. Les affaires les plus difficiles lui arrivaient de plein droit. Il les traitait avec la supériorité de son esprit, 1’indépendance de son caractère et l’autorité qu’il tenait de sa longue et riche expérience.

Il fut plusieurs fois chargé de soutenir devant le Sénat et le Corps législatif des projets de loi présentés par le gouvernement. Il faut citer parmi ces projets celui relatif à d’importantes modifications introduites dans le code pénal.

Tant de travaux sérieux et prolongés, tant de services rendus appelaient une récompense.

En octobre l863, M. Suin fut élevé à la dignité de sénateur.

Loin de se livrer au repos dans cette nouvelle situation, il ne cessa de montrer que son zèle était infatigable. Il faut citer parmi les travaux qui lui furent confiés, celui concernant l’examen de la législation relative aux aliénés et les changements qu’il conviendrait d’y introduire, travail immense qu’il mena à bonne fin, dans un espace de temps très court, eu égard à son importance.

Nommé en 1867, membre de la grande commission chargée de faire l’enquête agricole, il fut délégué pour les départements de l’Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais. Il s’acquitta de cette mission avec son entrain ordinaire. Il fut le premier à déposer son rapport, qui servit de modèle à la plupart de ses collègues.

Il faut noter encore parmi les affaires que traita M. Suin celle résultant du débat élevé entre le vice roi d’Égypte et la Compagnie du canal de Suez, et dont le jugement avait été déféré à l’appréciation de l’Empereur, choisi comme arbitre par les parties. Cet immense travail fut confié à M. Suin, qui rédigea la rapport à l’Empereur et la sentence arbitrale qui réglait le différent.

M. Suin n’a jamais suivi qu’une route, celle du travail, pour arriver au faîte où il est parvenu. C’est aussi par le travail et ses services qu’il a successivement parcouru les degrés de la Légion d’honneur. Il a obtenu la croix de chevalier comme avocat et conseiller général, celle d’officier comme magistrat de la Cour d’appel de Paris. Ses travaux au Conseil d’État lui ont valu le cordon de commandeur, et c’est comme sénateur et à la suite da l’affaire de l’isthme de Suez qu’il a été élevé au grade éminent de grand-officier.

La Révolution du 4 septembre frappa cruellement M. Suin. Elle lui enleva son titre de sénateur.

Avant la Commune, il se réfugia avec sa famille à Laon, chez son neveu, M. Jules Pourrier, qui était alors vice-président du conseil de préfecture.

Après cette terrible tourmente, il retourna à sa maison de Chatou, souillée et ravagée par les soldats allemands.

C’est là que, rendu à la vie privée, il partageait son temps entre les soins donnés à sa propriété et la culture des lettres, qu’il a toujours aimées.

Source : AMB 1879.

SUIN.

Notaire honoraire, ancien président de la Chambre des notaires de Soissons, ancien vice-président de la Société archéologique, est mort bien malheureusement en tombant du haut de la cathédrale. M. Suin était un homme très intelligent, un littérateur distingué : ses rapports comme délégué de la Chambre des notaires étaient très goûtés et ses études archéologiques sur la vie sociale au XVIe siècle, d’après les minutes notariées sont restées comme des modèles ; comme fonctionnaire et homme du monde, il jouissait, à juste titre, de l’estime générale : aussi fut-il l’objet des regrets unanimes de tous ceux qui l’ont connu.

Source : AMB 1874.

SURY (Victor).

Archiprêtre de Mézières, ancien curé-doyen de Givet, où il a laissé de profondes sympathies, est mort le 6 avril 1880 à Mézières.

M. Sury, né à Donchery le 1er avril 1811, avait été nommé chanoine honoraire de Reims quelques années avant de quitter Givet. Il était officier d’Académie, membre du conseil départemental de l’instruction publique, etc.

Source : AMB 1881.

SUSBIELLE (Baron Bernard de).

Général de division, grand officier de la Légion d’honneur, né à Rome le 4 octobre 1808, d’un officier supérieur du premier Empire, décédé à Libourne en 1893, était le beau-père de notre sympathique concitoyen M. P. de Larquelay ; il tenait encore au département de la Marne pour avoir commandé de 1862 à 1870 la subdivision de Châlons-sur-Marne, et avoir habité après sa retraite, le château de Marzilly, commune d’Hermonville.

Entré à Saint-Cyr en 1826, il en sortit en 1828 avec le grade de sous-lieutenant ; lieutenant en 1832, capitaine en 1838, chef de bataillon en 1846, il était lieutenant-colonel en 1852, colonel en 1855, il avait gagné tous ses grades en Afrique. Sa belle conduite à Solférino, lui avait valu, en 1859, la croix d’officier de la Légion d’honneur. Il fut créé général de brigade en 1862 et, jusqu’à la guerre de 1870, il commanda la subdivision de Châlons. À cette époque, il fit partie de la division de Vinoy et prit part à la glorieuse retraite de celui-ci sur Paris.

Il était à la bataille de Champigny à la tête de la première division du deuxième corps d’armée.

Le 18 mars 1871, jour où éclata l’insurrection de la Commune, il faillit tomber entre les mains des insurgés et subir le sort des généraux Lecomte et Clément Thomas.

Son concours au second siège de Paris, fut des plus glorieux ; il fut admis dans le cadre de réserve en 1873 et fait grand officier de la Légion d’honneur. Admis à la retraite en 1879, il s’était laissé porter, en 1877, par les conservateurs de Reims comme candidat à la députation.

Il quitta à cette époque le château de Marzilly pour soigner sa santé dans des climats plus tempérés.

Charles Remy.

AMB 1894.

SUSCET (Jean-Baptiste).

Né le 13 septembre 1830 à Bertrichamp (Meurthe), curé de Villers-en-Argonne, décédé le 31 Janvier 1872.

Source : AMB 1873.

SUTAINE (Henri François).

Ancien président de la Société musicale « La Sainte-Cécile », né à Reims, le 14 mars 1828, décédé à Reims, le 10 juin, dans sa 70e année.

En ce vieux Rémois, serviable et bon, s’éteint le nom d’une ancienne famille de Reims, alliée à toutes les notabilités locales. C’est à un Sutaine, lieutenant des habitants, qu’on doit l’établissement de la place Royale. Son grand-père, Sutaine-Duvivier, un fin lettré, un bibliophile érudit, homme de goût et de savoir, sauva, au péril de ses jours, plusieurs citoyens sous la Terreur. Enfin, son père, l’honorable M. Maxime Sutaine, fut un des promoteurs des Expositions locales des Beaux-Arts. Artiste lui-même, il a publié sur les artistes rémois vivants (1835-1855), des biographies curieuses, pleines d’idées neuves et primesautières. On doit à sa plume alerte une monographie du vin de Champagne, qui n’a pas vieillie.

Source : AMB 1899.

SUTAINE (Maxime).

Nous emprunterons à M. Loriquet le discours prononcé par lui sur la tombe d’un de ses collègues à l’Académie impériale de Reims, M. Maxime Sutaine : Messieurs, a dit l’érudit secrétaire,

Quand, il y a peu de jours, l’Académie déplorait ici la perte de son président annuel, nous étions loin de penser qu’un nouveau deuil dût sitôt l’attrister. Bien que la maladie de M. Sutaine nous privât depuis quelque temps de sa présence et que le caractère inquiétant qu’elle avait pris laissât peu de place à l’espoir, nous aimions à reculer le terme de son existence, en le voyant appliquer ce qui lui restait de force à ses études de prédilection, et naguère encore payer son tribut ordinaire à l’Académie par l’intermédiaire d’un de nous, son ami le plus cher.

Héritier d’un nom qui s’est illustré dans les conseils et les charges municipales de la cité, négociant honoré et porté le vote de ses concitoyens à la magistrature consulaire, joignant à des connaissances variées un goût naturel pour les arts, que développèrent la pratique et l’étude, M. Maxime Sutaine était naturellement désigné au choix des fondateurs de l’Académie, et, dès 1843, il prenait place parmi les premiers soutiens de l’institution naissante.

Notre but, en effet, messieurs, n’était pas seulement de recueillir les débris des civilisations passées, de secouer la poussière des vieux parchemins et des anciennes chroniques, nous voulions tirer de nos études des leçons pour le présent comme pour l’avenir, et de nous nous imposions le devoir de réchauffer le culte du beau, d’encourager les tentatives utiles ou même généreuses partout où elles se produiraient, dans les lettres, dans les sciences, dans les arts, dans l’industrie.

Peu d’hommes plus que M. Sutaine étaient aptes à comprendre cette mission et à la réaliser dans la mesure imposée aux efforts humains. Aussi affectionnait-il l’Académie et la regardait-il comme une création dont la prospérité importait le plus à l’honneur et à l’avenir de sa ville natale.

Ce sentiment si vif chez lui ne pouvait demeurer stérile. D’utiles travaux de M. Sutaine vinrent excessivement enrichir nos annales. Parmi eux je me contenterai de citer, après de lumineux rapports sur divers procédés relatifs à la vinification, une rapide et substantielle histoire du vin de Champagne et de nombreuses notices sur les artistes rémois, dont plus d’un lui devra d’avoir sauvé de l’oubli ses œuvres et son nom.

Nommé deux fois président de la compagnie, nul n’apporta dans sa tâche plus d’activité, de zèle, d’esprit conciliant, de dignité. On a gardé notamment le souvenir du langage élevé qu’il adressa au chef de l’État en le complimentant à son passage à Reims en août 1850.

Enfin, l’Académie doit à la reconnaissance de dire que M. Sutaine, au dernier moment, n’a pas perdu de vue les liens qui l’attachaient à nous. Cette généreuse pensée et le bienfait que nous lui devrons ajouteront encore aux motifs que nous avions de chérir et d’honorer sa mémoire.

Mais qu’est-il besoin de parler plus longuement de nos regrets et des titres de celui que nous pleurons à l’estime de tous ? Pourtant, ceux qui m’entendent me reprocheraient de taire ici les qualités aimables que M. Sutaine possédait à un degré si éminent, cette affabilité, cette égalité d’humeur, qui le rendaient bienveillant et clément, si je puis dire, à l’égard des événements comme à l’égard des hommes ; cette sérénité de l’âme que de longues souffrances ne purent altérer, et qui puisa de nouvelles forces dans les suprêmes consolations que Dieu donne à ceux qui l’appellent ».

Source : AMB 1865.

SUTER.

Général de brigade d’artillerie en retraite, né à Niort (Deux-Sèvres), mort à l’âge de 76 ans, à l’Abbaye-Saint-Nicolas (Aisne). Il prit part comme capitaine d’artillerie aux attaques de Malakoff. À Sedan, après avoir sauvé ses deux batteries, il se rendit à l’armée de la Loire, où il prit le commandement de l’artillerie du corps d’armée de l’amiral Jaurès. – Promu général de brigade, le 19 février 1880.

Source : AMB 1897.