Notices nécrologiques - X Y Z

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

XÉNARD (Madame Hyacinthe).

Religieuse de la communauté des sœurs de Saint-Charles de Nancy, née en 1815 à Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle), décédée supérieure de l’Hôtel-Dieu de Château-Porcien (Ardennes) le 1er août 1888, dans sa 73e année.

La partie la plus active de cette existence, consacrée tout entière à la bienfaisance chrétienne, s’écoula dans la petite ville de Château-Porcien au service des enfants, des pauvres et des malades. Placée en 1851 à la tête de l’important établissement hospitalier qu’elle dirigea pendant trente-sept ans, la respectable supérieure acquit un ascendant merveilleux autour d’elle et dans la contrée voisine par le simple effet de sa bonté et de sa vertu. Femme d’intelligence et de tact, elle géra à merveille les intérêts matériels de la maison, dans un accord parfait avec l’autorité civile et la commission administrative. Femme de science pratique et d’initiative, elle veilla avec un plein succès au bon ordre du service médical et pharmaceutique, aux soins des vieillards, au soulagement d’incessantes misères, à l’instruction et à l’éducation de nombreuses orphelines. À tous les déshérités de la fortune et du monde, elle a apporté, on peut le dire, dans le cercle de son active charité, un adoucissement et une consolation. Mieux encore, elle a fait le bien avec la parfaite abnégation de sa vocation et la douce simplicité de sa nature.

Il était impossible que ce dévouement quotidien ne reçût pas la récompense qu’il méritait ici-bas, celle de la reconnaissance publique. Elle a été exprimée de la façon la plus touchante et la plus vraie sur la tombe de l’honorable religieuse, enlevée trop prématurément encore par une soudaine attaque d’apoplexie à l’estime et à l’affection de tous. Sa vie finissait, comme elle avait commencé, dans l’accomplissement ponctuel du devoir, dans le zèle pacifique et réglé, dans l’amour de ses semblables, vertus indispensables au bonheur de la société, exemples profitables qui laisseront un souvenir plein de gratitude dans le cœur de tous ceux qui l’ont connue.

H. J.

Source : AMB 1889.

YUND (Joseph).

Sous-chef de la Musique municipale, né à Moyenvic (Moselle), décédé à Reims le 20 juillet 1888, était un ancien soldat de Sébastopol, où, malgré sa qualité de musicien, il fut souvent appelé à la tranchée. Lorsqu’il prit sa retraite, il était première clarinette solo dans les dragons de l’impératrice. C’est alors qu’il vint se retirer à Reims en 1865, où M. Bazin, qui ne recherchait que des artistes, l’attacha comme sous-chef de la Musique municipale.

C’était un modèle de discipline, d’exactitude et de bonne volonté.

C’est avec des hommes tels que Yund et tant d’autres que nous pourrions nommer, que son chef éminent, M. Bazin, a pu conduire la Musique municipale à la conquête assurée des plus glorieux succès à Lille, à Tourcoing, à Vienne, à Valence, à Paris, à Londres, etc.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

ZELLER (l’abbé Alphonse Victor).

Décédé à Liesse, le 1er octobre. À ses obsèques assistaient le vicaire capitulaire M. Cardon, les doyens de Vailly, de Braine, du Nouvion, de La Fère, de nombreux chanoines. L’absoute a été donnée par M. Cardon, et la conduite au cimetière présidée par M. Batou, curé-archiprêtre de la cathédrale de Laon. Les cordons du poêle étaient tenus par M. Tirhard, supérieur du grand séminaire, M. le doyen de Sissonne, M. le chanoine Ply, curé de Saint-Martin, de Laon, M. Lecomte, aumônier de l’hôpital de Soissons.

Au cimetière, pour répondre à la volonté du défunt, ni discours, ni couronnes : M. l’abbé Zeller a voulu être enterré comme il avait vécu : simplement. Nous ne rappellerons pas moins sa noble et patriotique conduite en 1870, à Viffort, commune dont il était le curé. Apprenant que les Allemands vont brûler Viffort, comme résidence de plusieurs francs-tireurs, il court parlementer avec eux. Sommé de faire connaître les francs-tireurs, il s’y refuse et est aussitôt garrotté et mis en prison. Le dimanche suivant, il demande la liberté pour aller dire sa messe ; les Prussiens la lui accordent, sur sa promesse de revenir aussitôt. Il revint en effet, et les Prussiens, frappés de cette énergie patriotique, lui rendirent la liberté et ne brûlèrent par son village.

Source : AMB 1898.